L’objectif de la production porcine moderne est de maximiser la quantité et la qualité de la viande porcine produite par truie par an (ou au cours de sa vie) à coût réduit. Sur le plan économique, l’alimentation des porcs reste le poste le plus déterminant en élevage porcin. Le succès et la rentabilité de l’exploitation dépendent de la qualité de l'alimentation des porcs.
Besoins nutritionnels des porcs
Le porc est un animal omnivore, c’est-à-dire qu’il assimile aussi bien les aliments d’origine végétale que ceux d’origine animale. Cependant, au sein des élevages français, leur alimentation est à base de produits végétaux. Un porcelet n’aura pas les mêmes besoins qu’une truie par exemple. Le porc doit avoir de l’eau en libre accès en permanence. Les conseils d’alimentation présentés sont adaptés à un système conventionnel et un logement des porcs sur caillebotis.
Les premiers jours du porcelet
A la naissance, le porcelet tète le colostrum qui est un aliment très riche en anticorps et qui lui assurera les défenses naturelles essentielles au bon déroulement du début de sa vie. Dès la naissance, la qualité du lait maternel est importante pour leurs croissances. Le colostrum (premier lait produit par les mamelles de la truie peu de temps avant et immédiatement après la mise bas) qui est riche en immunoglobines et en nutriments joue un rôle déterminant pour le développement du système immunitaire des porcelets. La consommation de colostrum et de lait constitue le premier instinct initial pour les porcelets après la naissance. Il est essentiel de veiller à ce que chaque porcelet consomme environ 250 g de colostrum. Cependant, la production de colostrum est limitée et peut varier.
Pour maximiser cette production, il sera important de favoriser le développement optimal de la glande mammaire et de sa synthèse en fin de gestation. Une accumulation excessive de graisse dans la glande peut entraver la mammogenèse. Par conséquent, il ne faut pas suralimenter les truies pendant la gestation. Vous avez sûrement déjà vu un porcelet qui commence à fondre comme une glace en été au bout de 2-3 jours même s’il tète. C’est mal barré pour lui : il n’a pas eu sa dose de colostrum, et vous ne pourrez rien y faire, c’est la fin assurée. En plus, il faut s’assurer qu’il ait bien chaud.
Jusqu’à son sevrage, le porcelet tètera 1 litre de lait maternel par jour. Le lait maternel fournit environ 12 MJ/kg et il doit être complété par des aliments pré-sevrage (poudre, granulés, pépinières liquides) à partir de la deuxième semaine pour permettre aux porcelets de s’adapter à une alimentation solide. Le porcelet a besoin d’une alimentation riche en acides aminés pour assurer sa croissance. Pour cela, il est nourri essentiellement avec de la poudre de lait mélangée avec du blé et des céréales en flocons. Des compléments peuvent être distribués pour aider le porcelet durant ses premières semaines de vie. On retrouve par exemple le complément FORCIX qui permet de réduire la dysbiose intestinale.
BON A SAVOIR : chaque petit possède sa tétine préférée, et ils choisissent en un éclair après la naissance. Changer de tétine pour un porcelet dans la même portée ? impossible !!
Sevrage et croissance
Le sevrage se fait généralement 3 à 4 semaines après la naissance et un poids de 7 a 8 kg. Les besoins nutritionnels des porcelets changent. Ils doivent consommer des aliments solides à haute digestibilité, avec des niveaux de protéines ajustés (18 à 20 %) pour réduire le stress post-sevrage. Des acides aminés essentiels comme la méthionine et la lysine restent vital pour une bonne croissance.
Alimentation des truies
En général, la ration alimentaire d'une truie en gestation doit être suffisante pour couvrir ses besoins énergétiques et protéiques, tout en évitant l'excès de poids. Une ration riche en fibres est également importante pour favoriser la satiété et maintenir la santé digestive de la truie. Pendant la lactation, la ration alimentaire doit être augmentée pour répondre aux besoins accrus en énergie, en protéines, en minéraux et en vitamines. Une truie en gestation nécessite environ 13 MJ d'énergie métabolisable par jour, tandis qu'une truie allaitante peut en nécessiter jusqu'à 18 MJ/jour. La production laitière des truies est influencée par le nombre de porcelets, leur vitalité et l'apport alimentaire quotidien des truies.
Phase de finition
La phase de finition, qui commence lorsque les porcs atteignent près de 70 kg, nécessite une alimentation qui optimise la conversion alimentaire et la prise de poids, souvent ciblée à 2,4 à 2,6 kg d'aliment pour 1 kg de gain de poids. Le niveau énergétique des rations augmente à environ 13 à 14 MJ/kg, tandis que la teneur en protéines est réduite à environ 15 à 17 % pour éviter les excès d'azote et les coûts inutiles.
Besoins énergétiques et nutritionnels
Cette valeur peut être exprimée en énergie digestible (ED), en énergie métabolisable (EM) et en énergie nette (EN). L'énergie nette est le critère le plus pertinent pour évaluer la valeur réelle d'un aliment pour l'animal. Ces éléments constituent les protéines et sont cruciaux pour la croissance des porcs. Certains acides aminés, appelés essentiels, doivent être apportés par l'alimentation car le porc ne peut pas les synthétiser. La lysine est l'acide aminé limitant, et son apport conditionne l'utilisation des autres acides aminés. Les besoins en acides aminés sont déterminés en fonction de leur digestibilité par l'animal. Essentiel pour le métabolisme énergétique et la santé osseuse des porcs, le phosphore doit être présent en quantité adéquate dans l'alimentation. Un excès de phosphore peut également contribuer à la pollution environnementale. Les besoins en énergie et en acides aminés sont interdépendants et sont exprimés sous forme d'un rapport entre la lysine digestible et l'énergie nette.
Importance d'une alimentation équilibrée
Une alimentation équilibrée est importante pour la prévention des maladies et le bien-être général des porcs. Par exemple, une carence en zinc peut entraîner des problèmes de peau, tandis qu'un manque de vitamine E et de sélénium peut causer des troubles musculaires. L’alimentation influence directement les taux de croissance, la conversion alimentaire et la qualité de la viande. Des études montrent qu'un régime bien équilibré peut améliorer la croissance journalière de 15 à 20 % et réduire le temps nécessaire pour atteindre le poids de marché de 10 à 15 jours. Une alimentation riche en acides aminés essentiels et en énergie permet d'optimiser le rendement de viande maigre, augmentant ainsi la rentabilité.
Un apport adéquat en nutriments essentiels, tels que les protéines, les acides aminés, les vitamines et les minéraux, est indispensable pour une croissance optimale. Un régime équilibré favorise une meilleure synthèse des protéines musculaires, ce qui se traduit par une croissance journalière plus importante de 15 à 20% selon les études. La conversion alimentaire représente l'efficacité avec laquelle les animaux convertissent la nourriture en gain de poids. Un régime riche en nutriments digestibles et appétissants encourage une meilleure absorption des nutriments, réduisant ainsi la quantité de nourriture gaspillée. L'alimentation joue un rôle important dans la composition et les caractéristiques de la viande. Un régime riche en acides aminés essentiels favorise le développement des muscles maigres, ce qui se traduit par une viande plus tendre et plus savoureuse.
Pour réduire les coûts, les producteurs peuvent utiliser des ingrédients locaux ou des sous-produits de l'industrie agroalimentaire. L'incorporation de coproduits, tels que les drêches de distillerie, peut réduire les coûts sans compromettre la qualité nutritionnelle. Dans les élevages français, l’alimentation des porcs n’est constituée que de produits végétaux sélectionnés pour leurs grandes qualités nutritives. L’alimentation des porcs répond à des exigences qualitatives et sanitaires strictes. Les éleveurs de porcs assurent à leurs animaux une alimentation adaptée à leurs besoins. Au sevrage, un porcelet pèse déjà 8 kilos et consomme surtout de la poudre de lait mélangée avec du blé et des céréales en flocons. Cette phase dure 5 à 6 semaines. Pendant la phase d’engraissement, le porc absorbe tous les jours un kilo de nourriture. Grâce à une préparation essentiellement constituée de maïs, de blé et d’avoine, de pois et de soja, il grossit de 600 grammes par jour. Les céréales, comme le blé ou le seigle, peuvent constituer jusqu’à 75 % de l’alimentation des porcs, ces derniers devant être engraissés pour la production de viande. De plus, l’alimentation des porcs doit être techniquement performante, car elle constitue la part principale des coûts de production d’un élevage.
Certains éleveurs ont fait le choix de fabriquer eux-mêmes leurs aliments. C'est le cas de plus de 35% des éleveurs, qui cultivent eux-mêmes ou achètent directement les matières premières, principalement des céréales et des graines oléoprotéagineuses.
Systèmes d'alimentation innovants
Les systèmes d'alimentation traditionnels sont utilisés depuis des décennies, mais avec l'avancement de la technologie, des systèmes d'alimentation innovants ont sont apparus, avec pour but d’améliorer l'efficacité alimentaire et réduire les coûts de main-d'œuvre.
- Les systèmes d'alimentation automatique ont révolutionné l'alimentation des porcs. Ces systèmes fournissent une quantité régulière et précise d'aliment aux porcs. Les aliments sont distribués en quantités prédéterminées à des moments précis de la journée, ce qui garantit que les porcs sont nourris régulièrement. Les systèmes d'alimentation automatique peuvent être programmés pour distribuer différents types d'aliments, en fonction de l'âge, du poids et des besoins nutritionnels des animaux. Le système réduit non seulement les coûts de main-d'œuvre, mais améliore également l'efficacité alimentaire et le gain de poids. Un exemple de système d'alimentation automatique est le système «DryRapid» de Big Dutchman. Ce système dispose d'un distributeur d'alimentation électronique qui distribue des aliments secs en quantités précises. Le système peut être programmé pour distribuer différents types d'aliments à différents groupes de porcs, en fonction de leurs besoins nutritionnels.
- Les systèmes d'alimentation humide-sec fournissent aux porcs une combinaison d'aliments humides et secs. Le système utilise de l'eau pour humidifier les aliments secs, ce qui facilite la digestion et l'absorption des nutriments par les porcs. Les systèmes d'alimentation humide-sec réduisent le gaspillage alimentaire, améliorent l'efficacité alimentaire et augmentent la prise de poids. Un exemple de système d'alimentation humide-sec est le système «Maximat Feeder» de Skiold. Ce système dispose d'un distributeur d'eau qui humidifie les aliments au fur et à mesure qu'ils sont distribués, fournissant aux porcs des aliments frais et humides. Le système peut être programmé pour distribuer différents types d'aliments, en fonction de l'âge et des besoins nutritionnels des porcs.
- Les systèmes électroniques d'alimentation des truies (DAC) sont conçus pour nourrir les truies individuellement, ce qui permet à chaque animal de recevoir un régime alimentaire personnalisé en fonction de ses besoins nutritionnels individuels. Les systèmes de DAC utilisent des boucles ou des colliers électroniques pour identifier les truies, ce qui permet au système de distribuer la bonne quantité d'aliments. Un exemple de système de DAC est le système «Compident» de Schauer Agrotronic. Il utilise des distributeurs électroniques d'aliments qui distribuent des aliments aux truies individuelles en fonction de leurs besoins nutritionnels. Le système est équipé de capteurs qui surveillent le comportement alimentaire de la truie, garantissant qu’elle consomme la bonne quantité d’aliment.
- Les systèmes d'alimentation de précision utilisent des technologies de pointe, telles que des capteurs et l'intelligence artificielle, pour surveiller le comportement et les habitudes alimentaires des porcs. Ces systèmes collectent des données sur la consommation alimentaire, le poids corporel et d'autres variables de chaque porc, qui sont utilisées pour optimiser l'allocation des aliments et réduire le gaspillage alimentaire. Un exemple de système d'alimentation de précision est le système «ProGrow» de Skov. Ce système utilise des capteurs pour mesurer la quantité d'aliments consommée par chaque porc, ainsi que le poids corporel et le niveau d'activité du porc. Les données sont ensuite analysées à l'aide d'algorithmes d'intelligence artificielle pour optimiser l'allocation des aliments et réduire le gaspillage alimentaire. Le système permet d’avoir une vue d'ensemble claire des données, et ainsi connaitre la corrélation entre la consommation d'aliments et la croissance. Si les conditions de production optimales sont compromises, cela sera visible dans les données collectées, et l’éleveur peut ajuster les paramètres avant que les performances ne soit compromises.
- Les systèmes d'alimentation liquide sont de plus en plus populaires en élevage porcin. Ces systèmes utilisent des aliments liquides, constitués d'un mélange d'eau, de céréales et d'autres additifs, pour nourrir les porcs. Les aliments liquides sont plus faciles à digérer que les aliments secs, ce qui peut améliorer l'efficacité alimentaire et le gain de poids. Un exemple de système d'alimentation liquide est le système « Liqmix » de Aco Funki. Ce système dispose d'un réservoir de mélange qui mélange l'eau et les aliments secs, créant ainsi un aliment liquide qui est distribué aux porcs. Le système peut être programmé pour distribuer différents types d'aliments, en fonction de l'âge et des besoins nutritionnels des porcs.
Pratiques d'élevage en France
Les élevages de porcs, ou élevages porcins, produisent uniquement de la viande. La truie met bas pour la première fois autour d'un an. Elle est élevée en groupe. La durée de gestation est de 3 mois et 3 semaines et 3 jours. En France, les porcelets sont sevrés au plus tôt à l’âge de 21 jours et généralement à l'âge de 28 jours. Pendant la période de lactation, la truie n’est pas féconde. Après le sevrage de ses porcelets, la truie est remise à la reproduction et pour les porcelets deux phases suivent : une phase dite de post-sevrage pendant 2 mois, puis une phase d'engraissement, jusqu'à 6 mois d'âge. Parmi les comportements normaux du porc, ce dernier a besoin d'exprimer le fouissage : le fait d'explorer avec le groin, mais également le mâchonnement. Il lui est donc nécessaire d'avoir à disposition des matériaux manipulables qui lui permettent de fouir et mâchonner. Comme la plupart des espèces domestiques, le porc est une espèce sociale qui vit en groupe organisé selon une hiérarchie. Toutefois, il peut avoir tendance à l'agressivité, notamment en cas de stress (lorsque la densité est forte, le groupe est changé, la température varie brutalement, etc). Ces agressions se traduisent par des morsures entre porcs. Le plus souvent, ils se mordent la queue, on parle alors de caudophagie, voire les oreilles.
L'origine du déclenchement de ce comportement est multifactorielle donc difficile à corriger. C'est pourquoi l'éleveur (ou autre personnel formé) peut être amené à réaliser la coupe de queue (caudectomie) avant 7 jours de vie des porcelets (le plus souvent en pratique entre 2 et 4 jours). La plupart des éleveurs français sont naisseurs-engraisseurs, c'est-à-dire que les porcs naissent et grandissent sur place jusqu'à être envoyés à l'abattoir. La grande majorité des porcs sont vendus en tant que porcs charcutiers à un poids de 115 à 120 kg (équivaut à 6 mois d'âge). Il arrive que le porc charcutier mâle produise une viande à l'odeur désagréable. Lorsqu'elles sont moins performantes, les truies de réforme sont envoyées à l'abattoir. La directive européenne 2008/120/CE du Conseil du 18 décembre 2008, transposée en droit français par l'arrêté ministériel du 16 janvier 2003 consolidé renforce la protection des porcs en élevage. Des contrôles des services vétérinaires sont réalisés pour vérifier les conditions d'hébergement des animaux, la qualité de l'identification, le bon état général des animaux, les soins vétérinaires éventuellement apportés. La réglementation s'applique à tous les élevages. Toutefois, certains porcs sont élevés selon des cahiers des charges plus stricts qui ont pour but de différencier les produits. Sous l'impulsion de l'Union européenne, la France s'est dotée fin 2017 d'une stratégie visant à arrêter la pratique de la caudectomie systématique. Un arrêt de la castration à vif.
Le saviez-vous ?
La France est le 3ème producteur européen de viande de porc avec 2,2 millions de tonnes produites en 2017. Un français consomme en moyenne 28 kg de porc par an. La viande de porc est la deuxième viande la moins chère pour le consommateur.
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