Les Jolies Cocottes: Histoire et Évolution d'une Figure Parisienne

Parler des petits-maîtres apporte de la gaieté, de la fantaisie et de l’humour. Je trouve dans ce sujet plein de vie, de l’invention, de la créativité, du merveilleux et de l’élégance. La nouveauté propre à ces merveilleux renseigne aussi sur ce qui les précède, notre passé, et sur ce que sont la beauté, l'élégance et d'autres beaux éléments, un peu comme le négatif d’une photographie qu’il suffit de développer pour y voir une image claire.

C’est le cas pour les premières de celles que l’on appelle les « cocottes », qui sont des jeunes et jolies femmes à la mode, indépendantes et libres ou souhaitant afficher une certaine liberté. Leurs manières sont vues par beaucoup comme provocantes, voire un signe de mœurs légères. Elles sont vite imitées par toute une ‘jungle’.

Il faut rappeler qu'au XIXe siècle, la vie des femmes est loin d'être facile, et que beaucoup veulent exposer de plus en plus leur indépendance, ce qui ne plaît pas à certains hommes qui préfèrent les voir comme de simples objets de leurs vouloirs.

L'Émergence des Cocottes et des Demi-Mondaines

Alexandre Dumas fils (1824 - 1895) invente le mot de « demi-mondaine », et évoque ce genre de femmes dans plusieurs de ses romans et pièces de théâtre.

Dans le Paris 1900, on les surnomme aussi « demi-mondaines » - selon l’expression d’Alexandre Dumas fils - ou encore « cocottes », peut-être pour souligner leur goût pour les toilettes emplumées… Leur maxime ? « La fortune vient en dormant… à condition de ne pas dormir seule », comme le clame la Belle Otero. A son image, elles sont une quarantaine d’artistes de scène qui assument de monnayer leurs faveurs.

Ce sont les courtisanes, reines incontestées de la mode et des nuits parisiennes sous le Second Empire. Ces demi-mondaines n'avaient pas leurs pareilles pour faire chavirer les cœurs et les têtes… de préférence couronnées. Ce numéro de Secrets d'Histoire dévoile le destin passionnant de ces amazones de l'amour, people avant l'heure qui donnèrent le ton à une époque assoiffée de plaisirs, de luxe et d'extravagance. Et auront incarné par leur liberté farouche et leur soif d'indépendance un féminisme qui n'osait pas encore dire son nom.

Les premiers dans un nouveau genre de petits-maîtres sont toujours éloignés de ceux qui les copient et ternissent leur image, et de ceux qui les critiquent, peut-être par jalousie de leur jeunesse, de leur beauté, de leur courage de s’afficher différemment…

Le Style et l'Apparence des Cocottes

Les cocottes, cocodettes et autres crevettes se maquillent beaucoup, comme dans l'Ancien Régime, de blanc, de rouge et s'ajoutent des mouches sur le visage. Du reste on est encore dans l'Ancien Régime, à sa toute fin avec le Second Empire (1852 - 1870), ce qui n'est plus le cas pour la cocotte représentée ici et dont les habits sont de vers 1890 (robe à strapontin qui donne un effet 'retroussé') . Dans le dernier tiers du XIXe siècle, elles font aussi ressortir leurs yeux en les entourant de noir, ce qui donne des visions très pittoresques, peu naturelles mais très stylées.

La Vie et l'Influence des Cocottes

Les têtes couronnées, du tsar Alexandre II à Napoléon III en passant par le prince de Galles, succombent à leurs charmes. Car la condition de cocotte n’a rien à voir avec celle des quelque 6 000 prostituées « fichées » par la préfecture de police de Paris à la Belle Epoque. Encore moins avec les 90 000 modestes lorettes, grisettes ou filles de joie qui font le pied de grue sur les boulevards. Elles seules décident !

Ce sont des amazones, des scandaleuses, des horizontales! Leur maxime ? « La fortune vient en dormant… à condition de ne pas dormir seule », comme le clame la Belle Otero.

Avec près de 300 cafés-concerts et une quarantaine de théâtres, le Paris de la Belle Epoque regorge de lieux où les bourgeois viennent, au minimum, se rincer l’œil. Inscrits en grosses lettres sur des affiches colorées, les noms - et les images de leurs visages et de leurs corps - de la Belle Otero, Liane de Pougy, Cléo de Mérode ou encore Emilienne d’Alençon offrent la garantie de déplacer les foules. Du Casino de Paris à l’Olympia en passant par l’Alcazar, les cocottes se livrent une concurrence sans merci.

Un hôtel particulier, une voiture, des rivières de diamants, des fourrures… Les cocottes monnaient chèrement leurs faveurs pour s’offrir un train de vie de grandes dames. Certaines tapent directement dans le haut du panier comme la Belle Otero, experte en conquêtes du gotha - ducs, princes, maharadjahs et rois. La voir nue et l’appeler « mon bébé rose » ? 80 000 francs à débourser pour le librettiste Henri Meilhac. L’addition du comte polonais Roman Potocki ? 5 000 francs… par jour ! Il faut au moins ça aux courtisanes pour parader en grande tenue - elles dépensent des sommes folles chez les couturiers - au bois de Boulogne ou au théâtre. C’est là que ces femmes, souvent de basse extraction, se font remarquer par leurs futurs amants.

Connue pour ses talents d’« horizontale », Irma de Montigny sait se vendre ! Cette comédienne est prête à tout pour qu’on parle d’elle. Et les journalistes en redemandent ! La presse fait son miel de la moindre aventure des demi-mondaines : comme la fois où la Belle Otero a perdu son porte-monnaie sur le boulevard des Italiens, anecdote que narre Le Figaro du 22 mars 1900… Ou, versant plus tragique, dans Le Matin du 12 octobre 1906, le récit de l’accident de voiture qui a failli coûter la vie à Liane de Pougy. Les cocottes sont les people de l’époque !

Sacrées reines de la Belle Époque, Caroline Otero, Liane de Pougy, Cléo de Mérode, Émilienne d’Alençon, Mata Hari et d’autres oubliées font une entrée fracassante dans le demi-monde de la galanterie. Ces « cocottes » font chavirer les cœurs et tourner bien des têtes, de préférence couronnées. Dans Paris, la capitale des plaisirs, les « grandes horizontales » sont aussi des vedettes du music-hall naissant.

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