Habitant, depuis environ 700 000 ans, les forêts et les régions boisées d'Europe, le sanglier n'a pas changé. Le sanglier (Sus scorfa) est un mammifère forestier. Il appartient à la famille des Suidés. Le sanglier représente la famille des Sus scrofa. Le mâle porte le nom de sanglier, quant à la femelle, il s'agit de la laie. Les petits se font appeler les marcassins.
Habitat et Comportement du Sanglier
Le sanglier s'adapte à toutes sortes de milieux, forêt, garrigue, maquis, marais ou zones à forte dominante agricole, à condition d'y trouver de l'eau pour s'abreuver et prendre son bain de boue. Très sociables, les sangliers se déplacent par groupes matriarcaux de 2 à 5 animaux, constitués des laies et de leur progéniture. La femelle dominante est la plus âgée et la plus massive. Les jeunes mâles de 1 à 2 ans vivent en périphérie du groupe.
Dès que l'occasion se présente, les sangliers profitent des trous d'eau et des flaques pour se rouler dans la boue. Ces souilles, parfois utilisées par plusieurs d'entre eux à la fois, sont des lieux de rencontre privilégiés. Souffles, grognements, cris, ébrouements ou crissements de dents accompagnent les activités du sanglier. Marchant presque toujours au pas alterné ou au trot, le sanglier parcourt de 2 à 14 km par nuit. En forêt, il utilise toujours les mêmes passages, créant des coulées.
Les gîtes, ou bauges, où il passe la journée, sont établis à même le sol ou légèrement creusés avec le boutoir et les pattes antérieures. En règle générale, ils diffèrent d'un jour à l'autre, sauf pour les laies suitées ou proches du terme, qui sont plus sédentaires. Un sanglier sillonne en moyenne en 24 heures un domaine vital de 50 à 75 ha. Le domaine vital mensuel et annuel d'un mâle, plus important que celui d'une femelle, varie de 300 à 15 000 ha. Les sangliers d'un même groupe matriarcal exploitent le même domaine vital saisonnier.
Les mâles cherchent plutôt à s'éviter, sauf en période de rut, au cours de laquelle ils s'affrontent violemment. S'élançant l'un contre l'autre, ils se frappent de la tête et tentent mutuellement de se renverser en se servant de leurs canines acérées comme d'armes. Avant le rut, une véritable armure protectrice se forme sur les épaules, l'échine et les flancs.
Comportement Reproducteur
Pendant la période du rut, de novembre à janvier, le mâle adulte recherche activement les femelles réceptives, au point d'en négliger souvent son alimentation. Dès qu'il approche d'une harde, il chasse les jeunes de l'année précédente qui sont encore dans le groupe. Durant les préliminaires, parfois longs, le sanglier mâle salive, urine, émet divers sons et flaire le groin, les flancs et la région ano-génitale de la laie en lui donnant de légers coups de boutoir sur le ventre.
Si elle s'éloigne, il la poursuit puis pose son groin sur son dos. Si la femelle refuse l'accouplement et s'arrête pour uriner, il flaire son urine, dont l'odeur le renseigne sur l'état sexuel de celle-ci. L'accouplement, qui peut durer assez longtemps et se renouveler plusieurs fois, a lieu lorsque la laie s'immobilise et prend une posture rigide, reins cambrés.
La gestation est en moyenne de 115 jours (un peu moins de 4 mois), mais peut durer de 100 à 140 jours. Peu avant la mise-bas - celles d'un même groupe sont souvent synchrones -, chaque femelle gestante s'isole à l'abri d'un arbre ou d'un buisson épais et prépare un nid en forme de chaudron, parfois tapissé de végétaux. Une portée peut compter de 1 à 12 petits ; une laie jeune met bas 3 marcassins ; une laie plus âgée et plus lourde a, en moyenne, 6 petits. Ceux-ci, presque glabres, sont fragiles.
Leur mère ne les lèche pas, mais les flaire fréquemment. Pour allaiter, elle se couche sur le côté et les appelle avec un grognement bas et continu : chaque marcassin s'approprie une mamelle, qu'il stimule par des massages afin de faire monter le lait. Les groupes matriarcaux se reforment de 1 à 5 semaines après les mises-bas. C'est alors une période très importante pour la socialisation des jeunes, qui sont sevrés entre 3 et 4 mois après leur naissance. Les jeunes mâles de l'année s'éloignent entre la fin de décembre et la fin de février, et gravitent quelque temps en périphérie du groupe.
Le Régime Alimentaire du Sanglier
Le sanglier est un omnivore qui se nourrit en grande partie de végétaux tout au long de l'année. En Europe, son alimentation est variée : les études ont montré que l'espèce consomme plus de 52 sortes de plantes différentes. Au printemps, le sanglier a une prédilection pour les tiges (chaumes) et les feuilles de graminées. Les fleurs et graines de céréales cultivées et d'essences forestières seraient primordiales en été et à l'automne. Ainsi, au mois d'août, dans l'Hérault, des fèces de sanglier collectées dans des cultures à gibier étaient constituées pour 81 % de leur poids sec par des restes de blé, alors que les restes des glands de chênes verts formaient 93 % de celles récoltées dans le maquis. En Camargue, le riz et le maïs représenteraient environ 80 % de l'alimentation des sangliers entre septembre et octobre.
La part des éléments de source animale dans l'alimentation du sanglier est loin d'être négligeable. Elle serait plus importante pour les jeunes sangliers, sans toutefois dépasser 20 % de leur alimentation. Au cours de ses déplacements, il vermille : avec le groin, il fouille, à la recherche des vers ou les parasites des arbres tels que larves de hannetons et de mouches à scie, ou chenilles de papillons. L'importance des vers de terre (lombrics) dans les selles de sangliers, et donc dans leur alimentation, a également été montrée. Le sanglier se nourrit aussi d'insectes (notamment de coléoptères adultes).
Le sanglier, étant un animal nomade, se déplace beaucoup à la recherche de nourriture. Son régime alimentaire est du type omnivore : fruits forestiers (glands, faines...), fruits divers (pommes, raisins), racines, tubercules, céréales (maïs en lait puis en grains), de lombrics et de viande (des animaux morts mais aussi de jeunes faons). Il possède une forte propension à pouvoir s’adapter à des variations alimentaires importantes en fonction des saisons. Le sanglier mange des aliments d’origine animale ou végétale. Il est donc à la fois herbivore et carnivore, ce qui lui permet de survivre dans des environnements très différents.
Répartition et Habitat
Espèce largement chassée, le sanglier a une vaste aire de répartition naturelle. On le rencontre pratiquement de l'Atlantique au Pacifique et il faisait partie de la faune indigène des îles suivantes : Irlande, Corse, Sardaigne, Sri Lanka, Andaman, Japon, Taiwan, Hainan, Sumatra, Java. Il a été exterminé dans les îles Britanniques - avant d'y être réintroduit -, en Scandinavie et en Égypte. Les premiers cochons débarqués aux États-Unis sont ceux qui ont été emportés par les Polynésiens aux îles Hawaii au xe siècle et par les Espagnols dans le sud-est du pays au début du xvie siècle. Le sanglier européen a également été introduit pour la chasse.
En France, on trouve des sangliers sur tout le territoire, excepté en haute montagne au-delà de la limite des alpages dans les Alpes ; mais l'analyse de la répartition des tableaux de chasse montre que les plus faibles densités se situent dans l'Ouest et l'extrême Nord. Le sanglier s'adapte à toutes sortes d'habitats pourvu qu'il y ait de la nourriture, une végétation haute où il puisse se dissimuler, de l'eau pour boire et prendre ses bains de boue. Les grands massifs forestiers feuillus ou mixtes sont son domaine de prédilection, surtout s'ils sont peu visités et si leur étage inférieur est riche en fourrés, ronciers ou bruyères, où il peut se bauger au sec et à l'abri du vent.
Mais on le rencontre aussi dans le maquis méditerranéen, les garrigues, les landes ou les marais. Il peut même habiter des zones de culture où la surface boisée résiduelle n'atteint que 10 %. En montagne, l'été, il peut monter jusqu'aux alpages les plus élevés. S'il le faut, il nage bien et longtemps. Fouillant la terre à longueur d'année, le sanglier l'aère et la modifie. En limitant le nombre de souris qu'il trouve occasionnellement en fouillant la terre, et en mangeant quantité de chenilles et de larves, le sanglier favorise le bon état sanitaire des arbres et peut même être utile aux agriculteurs.
Le goût du sanglier pour les vers de terre l'expose à une grave maladie : la parasitose pulmonaire à Metastrongylus. Une étude a montré qu'en forêt de Chambord, sur les sites de nourrissage favoris des sangliers, 100 % des vers de terre étaient porteurs de larves de Metastrongylus. Le blaireau occupe une niche écologique voisine de celle du sanglier et peut être pour lui un compétiteur.
En Europe occidentale, les prédateurs du sanglier sont rares. On cite souvent le renard du fait d'observations de poils de sanglier dans les laissées de cet animal, mais rien ne prouve qu'il ne s'agit pas plutôt de cas de nécrophagie. Les chiens errants ont peut-être un rôle dans la mortalité des marcassins. En tout cas, il est certain que les loups, dans les régions où ils sont encore abondants, ont une influence sur la dynamique des populations de sanglier. Ainsi, dans la réserve du Caucase, les loups détruisent-ils parfois des hardes entières de sangliers. Mais ils s'en prennent surtout aux petits encore allaités et aux jeunes, évitant les laies et les mâles aux défenses imposantes. Les lynx, les chats sauvages, les panthères des neiges et les léopards peuvent également être des prédateurs du sanglier.
Caractéristiques Physiques
Le sanglier est un mammifère de taille moyenne avec une tête allongée et pointue, un cou trapu, des pattes très courtes et un corps massif de forme cylindrique. Le groin, mobile, est tronqué et muni d'un cartilage circulaire à son extrémité. Il est renforcé par un os spécial, le prénasal, situé sous l'extrémité des os nasaux du crâne. Le pelage se compose de très grosses soies noires longues de 10 à 13 cm au niveau du garrot et de 16 cm au bout de la queue. Leurs pointes sont rousses, souvent bifides ou même plus divisées. Ces soies dépassent d'une épaisse bourre de poils très serrés. L'ensemble du pelage a une coloration noire, grisâtre ou roussâtre, plus grise en été et plus noire en hiver. Les pattes et le pourtour du boutoir sont noirs. Ce dernier est nu et gris.
Les poils des joues sont plus clairs et longs. Une crinière suit la ligne du dos à partir du front et se hérisse en cas de colère. La mue annuelle a lieu en mai-juin, plus tard chez la laie suitée. Elle débute par la perte de la bourre du ventre et finit avec la perte des soies de la crinière. Le sanglier de 6 mois a le poil plus long, rude et roux : on l'appelle « bête rousse ». À un an, il fonce et devient « bête noire », ou « bête de compagnie ». L'année suivante, les défenses sortent de la gueule du mâle, alors appelé « ragot ». Il quitte la compagnie, puis devient successivement « tiers-an », « quartanier », « vieux sanglier » et « grand vieux sanglier » (au-dessus de 6 ans). Un vieux mâle qui vit seul est dit « solitaire ».
Le sanglier ne transpire pas, à cause de l'atrophie de ses glandes sudoripares. Le sanglier est un animal monogastrique : il n'a qu'un seul estomac à 2 chambres, contrairement aux ruminants comme les antilopes, qui ont un estomac à 4 chambres. La laie est mature sexuellement entre 8 et 18 mois (9 mois en moyenne) ; elle pèse alors au moins 35 kg.
Les canines continuent à pousser pendant toute la vie de l'animal. Le mâle a 4 canines très développées ; celles du bas, ou défenses, qui se recourbent en arrière avec l'âge, sont caractéristiques des suidés ; elles s'aiguisent contre les grès, ou canines supérieures, et sont coupantes comme des rasoirs. Le record de longueur pour les défenses serait détenu par un sanglier mâle abattu en Pologne en 1930 (défenses de 30 cm). Les défenses de la laie sont appelées « crochets » ; elles restent petites et sont invisibles à gueule fermée.
La dentition complète définitive est typique d'un omnivore. Le groin cartilagineux est un organe à la sensibilité tactile très développée. Le sanglier a 4 doigts à chaque pied (les doigts 2, 3, 4 et 5), mais les doigts 2 et 5 sont rudimentaires. Les doigts proprement dits comprennent chacun un métatarsien qui est prolongé de trois phalanges. Sur les empreintes du sanglier (de 6 à 7 cm de large), les gardes, ou doigts 2 et 5 (postérieurs), marquent le sol à toutes les allures, quel que soit le terrain.
Indices de Présence du Sanglier
Le sanglier (Sus scrofa) marque profondément les territoires qu'il occupe. Son mode de vie et son comportement alimentaire laissent des traces caractéristiques dans la nature. Les sangliers retournent régulièrement le sol à la recherche de leur nourriture. Ces zones labourées témoignent de leur quête de lombrics et autres invertébrés. Leurs empreintes distinctives révèlent deux onglons principaux et deux petits à l'arrière, formant une signature unique dans les sols meubles. Les souilles, ces mares de boue qu'ils utilisent pour se débarrasser des parasites, constituent un autre indice de leur présence. Les sangliers fréquentent les zones agricoles où ils s'alimentent de céréales et autres cultures.
Leurs empreintes se caractérisent par quatre doigts formant un sabot distinct. Ces traces sont plus larges et s'enfoncent davantage dans le sol comparées à celles des cervidés. La forme unique comprend deux onglons principaux à l'avant et deux plus petits à l'arrière. La présence d'excréments cylindriques mesurant entre 8 et 23 centimètres de long constitue un signe caractéristique. Les sangliers aménagent des espaces particuliers dans leur habitat. Les souilles, véritables mares de boue, leur servent à éliminer leurs parasites. Le sol retourné témoigne de leur recherche active de nourriture, notamment les lombrics. Les forêts de feuillus et mixtes représentent leurs zones de prédilection. Dans ces espaces, ils créent des zones de repos et laissent des marques de frottement sur les arbres. Cette activité s'intensifie pendant la période du rut, entre septembre et mars.
Impact et Conservation
Le sanglier est une espèce remarquable, ubiquiste aux capacités d’adaptation très élevées. La présence du sanglier qui, de son groin, assure l’introduction de l’humus dans le sol et détruit un certain nombre de larves, est bénéfique à la forêt. Le scientifique Roland M. Libois (Univ. de Liège) rapporte qu’en Pologne, "toute chasse au sanglier est interdite dès que certaines espèces de lépidoptères se répandent. La menace que ces parasites représentent pour les arbres est alors efficacement écartée".
Il n’a pas vraiment besoin de nourrissage artificiel qui le rend prolifique. Tout encouragement à sa prolifération témoignerait d’une politique à courte vue préjudiciable au milieu naturel et aux productions agricoles. La chasse a généré des pratiques néfastes d’hybridations suivies de lâchers. Quand, de surcroît, les résineux ont supplanté les feuillus, les forêts ne peuvent subvenir aux besoins de l’espèce qui provoque alors des dégâts aux arbres et surtout aux cultures voisines car le sanglier quitte son domaine initial d'autant qu'il est attiré par le maïs dont la culture s'est répandue ...
Il est important de noter que la détention d’un sanglier (marcassin ou adulte) est interdite pour un particulier. Recueillir un animal sauvage blessé est un acte de plus en plus fréquent mais les centres habilités à le recevoir accueillent principalement les espèces protégées, ce qui n’est pas le cas du sanglier.
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