Bien quâil sâagisse dâun aliment interdit par certaines religions, le porc reste la viande la plus consommĂ©e en France. Ăchines, travers, cĂŽtes et autres rĂŽtis de porc reprĂ©sentent en effet 45,8 % des viandes de boucherie achetĂ©e par les mĂ©nages en 2021, devant le bĆuf (17,4 %), la volaille (29,1 %), le veau (2,8 %) et lâagneau (1,8 %) selon lâagence France Agrimer. Son faible coĂ»t et ses qualitĂ©s gustatives jouent, bien sĂ»r, en sa faveur, mais ce nâest pas tout. Le porc recĂšle aussi de nombreux atouts nutritionnels, trop souvent mĂ©connus.
Pourquoi la viande de porc est-elle intéressante ?
Le fameux dicton populaire « tout est bon dans le cochon » nâest pas un hasard. Sur un animal de 100 kg, on obtient 80 kg de viande. Câest le meilleur rendement, tous types de viande confondus, car pratiquement tous les morceaux sont utilisables. La viande de porc apporte en outre de nombreux bienfaits nutritionnels.
Valeur nutritionnelle
Sa teneur en protĂ©ines est Ă©levĂ©e avec une moyenne de 25 g pour 100 g de viande cuite, soit Ă peu prĂšs autant quâun blanc de poulet (sans peau) ou un bifteck grillĂ©. Et comme pour le bĆuf, lâagneau, le veau ou la volaille, ses protĂ©ines possĂšdent une haute valeur biologique car elles recĂšlent tous les acides aminĂ©s indispensables au corps pour maintenir notamment sa masse musculaire et son capital osseux. Et contrairement Ă certaines croyances, sa viande nâest pas grasse mais maigre car son tissu musculaire ne contient pas plus de 5 Ă 6 % de lipides. Il est peu persillĂ©, Ă lâinverse de la viande de bĆuf.
Teneur en lipides
Oui mais la production porcine a beaucoup changĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies : elle fournit dĂ©sormais des animaux moins gras quâauparavant. Et la plus grande partie de ce gras peut ĂȘtre sĂ©parĂ©e de la viande par le boucher, par le cuisinier ou par nous-mĂȘmes Ă la maison. De plus, le gras de porc nâest pas mauvais pour la santĂ©, Ă condition de ne pas en abuser tout de mĂȘme. Les lipides quâil renferme se composent Ă 12 % dâacides gras polyinsaturĂ©s et Ă 49 % dâacides gras mono-insaturĂ©s, soit un profil protecteur vis-Ă -vis des maladies cardiovasculaires. Ils favorisent la baisse du taux de « mauvais » cholestĂ©rol (LDL), celle des triglycĂ©rides sanguins et augmentent sensiblement le taux de « bon » cholestĂ©rol (HDL). Avec un contenu infĂ©rieur Ă 40 % de graisses saturĂ©es, les plus nĂ©fastes pour la santĂ© des artĂšres, la viande de porc nâa donc rien Ă envier aux volailles en termes de lipides.
Avec une teneur supérieure à 0,8 mg pour 100 g de viande cuite, la viande de porc est riche en vitamine B1. Cette vitamine hydrosoluble joue un rÎle essentiel dans le métabolisme des glucides et s'avÚre indispensable pour le bon fonctionnement du systÚme nerveux et musculaire.
Comment consommer au mieux ?
La viande de porc se prĂȘte Ă une grande diversitĂ© de prĂ©paration culinaire. Il est cependant recommandĂ© de ne pas dĂ©passer 70 g par jour sous forme de viande et pas plus de 25 g par jour sous forme de charcuterie. MĂȘme si leur gras nâest pas mauvais, en manger trop nâest pas souhaitable. Le taux de lipides du saucisson sec ou de la saucisse avoisine en effet souvent 35 %, contre 5 % pour le jambon blanc et 7 % pour le rĂŽti. MĂȘme si le porc se mange bien cuit, attention Ă ne pas le faire trop griller. Il faut stopper la cuisson avant que des traces noires apparaissent. Une Ă©tude vient dâen faire une nouvelle fois la dĂ©monstration.
Les risques liés à la consommation de viande de porc
Viande maigre, viande rouge, viande blanche, et mĂȘme bientĂŽt viande artificielle⊠On peut sây perdre au vu du nombre de variĂ©tĂ©s de viande que lâon peut se procurer. Pour la santĂ©, il y aurait un type de viande dont il vaudrait mieux diminuer drastiquement la consommation, comme le dĂ©montre une nouvelle Ă©tude scientifique (parue dans la revue The Lancet Planetary Health).
Viande transformée mise en cause
Si la viande rouge fait rĂ©guliĂšrement lâobjet dâĂ©tudes Ă charge, notamment concernant le risque cardiovasculaire, câest ici la viande transformĂ©e, quâelle soit rouge (issue du bĆuf, du porc ou encore de lâagneau) ou blanche (poulet, dinde), quâil faudrait Ă©viter. Une Ă©quipe de lâAcadĂ©mie mondiale des systĂšmes dâagriculture et dâalimentation de lâUniversitĂ© dâĂdimbourg (Royaume-Uni) a ainsi dĂ©veloppĂ© un outil de simulation pour estimer les impacts sur la santĂ© de la rĂ©duction de la consommation de viande transformĂ©e et de viande rouge non transformĂ©e.
Il en ressort quâune rĂ©duction dâenviron un tiers de la consommation de viande transformĂ©e pourrait permettre dâĂ©viter plus de 350 000 cas de diabĂšte aux Ătats-Unis sur une pĂ©riode de 10 ans. Une rĂ©duction de 30 % de la consommation de viande transformĂ©e chez les adultes amĂ©ricains, soit lâĂ©quivalent dâenviron 10 tranches de bacon par semaine, permettrait Ă©galement de rĂ©duire de plusieurs dizaines de milliers le nombre de cas de maladies cardiovasculaires et de cancer colorectal, selon les auteurs de lâĂ©tude.
Impact environnemental
Dans un communiquĂ©, le Pr Lindsay Jaacks, coauteure de lâĂ©tude, a rappelĂ© que âla rĂ©duction de la consommation de viande a Ă©tĂ© recommandĂ©e par des organisations nationales et internationales pour rĂ©duire les Ă©missions de gaz Ă effet de serre, notamment le ComitĂ© sur les changements climatiques ici au Royaume-Uni et le Groupe dâexperts intergouvernemental sur lâĂ©volution du climat des Nations Unies ou GIECâ. âNos recherches montrent que ces changements dans les rĂ©gimes alimentaires pourraient Ă©galement avoir des effets bĂ©nĂ©fiques significatifs sur la santĂ© aux Ătats-Unis. Il sâagit donc dâune situation gagnant-gagnant Ă©vidente pour les personnes et la planĂšteâ, a-t-elle soulignĂ©.
Notons que la viande ultratransformĂ©e, notamment la charcuterie, est rĂ©guliĂšrement pointĂ©e du doigt par les autoritĂ©s sanitaires du fait de la prĂ©sence dâadditifs, notamment nitrates et nitrites, qui augmenteraient le risque de certains cancers, notamment colorectal. En 2015, lâOrganisation mondiale de la santĂ© (OMS) avait dâailleurs inscrit la charcuterie dans la liste des produits certainement cancĂ©rogĂšnes (niveau 1).
Autres risques
Les porcs nourris de déchets, particuliÚrement dangereux, ont probablement été à la source de l'exclusion du porc des religions juives et musulmanes. Utilisé dans les charcuteries ou aprÚs une cuisson satisfaisante (tuant les parasites), il est sans danger, mais la mode du porc mal cuit (rosé) nécessite un contrÎle trÚs important. Dans l'alimentation actuelle, le porc et la charcuterie représentent aussi la plus grande source de sel, qui est devenu l'un des trois ennemis prioritaires pour la santé publique.
Un autre problÚme est le risque d'hépatite virale liée à la consommation de foie de porc dans la saucisse de Toulouse et à celle des figatelli corses. De maniÚre intéressante, l'analyse des figatelli montre que certains sont faits avec des foies infectés importés de Chine !
Par ailleurs, l'élevage de porc, en concentrant les animaux, déclenche des épidémies parfois invisibles. Ainsi, en Europe, il est maintenant établi que ce sont les élevages de porc qui sont à l'origine des épidémies d'infections au staphylocoque doré, en particulier en Hollande. C'est aussi chez les porcs que se sont développées des épidémies d'infection à Escherichia coli, agent de septicémie et d'infections urinaires.
Enfin, il existe des formes d'allergie au porc extrĂȘmement dangereuses. En effet, certains patients reçoivent des valves issues de porc pour remplacer leur valve cardiaque dĂ©ficiente.
Au total, le porc est un aliment important de l'Europe, de la Chine, et du Sud-Est asiatique. Comme tout aliment, il peut prĂ©senter des dangers, et son Ă©levage intensif peut ĂȘtre Ă l'origine d'Ă©pidĂ©mies.
Traçabilité de la viande de porc
La viande de porc est issue de l'Ă©levage de cochon. Sa popularitĂ© remonte Ă l'antiquitĂ© oĂč il Ă©tait trĂšs apprĂ©ciĂ© des romains, des grecs puis des gaulois. Il est le met le plus courant au moyen Ăąge tant son Ă©levage est facile. Comme le dit l'adage populaire, " dans le cochon, tout est bon ". La viande de porc est soit utilisĂ©e pour confectionner de la charcuterie soit pour la consommation directe.
Comme pour toutes les filiÚres de viandes, la traçabilité de la viande de porc est totale. Chaque animal vivant est identifié (boucle aux oreilles ou tatouage) puis chaque piÚce de viande est numérotée. Le systÚme à l'origine de la traçabilité (Viande de Porc Française VPF) contrÎle l'élevage (alimentation, contrÎles vétérinaires, traitements administrés aux animaux. L'abattage et le conditionnement sont tout autant surveillés et l'on peut à tout moment remonter d'une piÚce de viande de porc à l'animal d'origine.
Teneur en lipides selon les morceaux
La teneur en lipides varie avec les morceaux. Le filet mignon ne contient que 4,2% de lipides.
Morceau de porc | Teneur en lipides |
---|---|
Filet mignon | 4,2% |
Saucisson sec ou saucisse | environ 35% |
Jambon blanc | 5% |
RĂŽti | 7% |