La Viande de Baleine : Nutrition et Consommation

Dès le Moyen Âge, les Basques chassent les baleines dans le golfe de Gascogne, sur la côte atlantique. Leurs cibles : les grands cachalots, les baleines franches et les baleines grises. Les deux dernières espèces présentent l’intérêt d’être des animaux côtiers, à la nage lente, et toutes les trois ont en commun l’avantage d’être faciles à ramener à terre, flottant lorsqu’elles sont abattues.

À la fin du XVe siècle, les Basques étendent leur zone de chasse jusque dans l’Atlantique Nord. Les produits dérivés de baleine se répandent alors à travers le monde, avant que la chasse aux cétacés ne fasse l’objet d’un moratoire dans les années 1980. Entre temps, les populations de cétacés des côtes européennes se sont effondrées. Il ne reste aujourd’hui plus que 450 baleines franches aux États-Unis, tandis que les populations de baleines grises se sont retranchées dans le Pacifique. Une étude récente suggère même que, bien plus tôt, les Romains ont chassé ces deux espèces en Méditerranée, les faisant disparaître de la région.

Usages Traditionnels de la Baleine

Mais que pouvait-on donc bien tirer d’une baleine ? Depuis le Moyen Âge, et peut-être dès l’Antiquité romaine, l’huile tirée de la fonte du lard des baleines à fanons - surtout des baleines grises et franches, particulièrement riches en graisse - était un produit courant. Elle entrait dans la composition du savon, servait de combustible pour les lanternes, d’imperméabilisant pour le bois des maisons ou des bateaux, au tannage du cuir ou encore à la lubrification des outils.

C’est principalement pour se lancer dans ce commerce que les Basques ont voyagé dans des régions de plus en plus éloignées, notamment en Norvège, jusqu’à l’île arctique de Spitzberg, puis en Islande et même dans le nord du Nouveau Monde, au niveau de l’actuelle province canadienne de Terre-Neuve-et-Labrador. Une seule baleine pouvait remplir de 70 à 140 barils, contenant chacun 160 l d’huile. La cargaison d’un bateau, chargé à pleine capacité, rapportait l’équivalent actuel de plusieurs millions d’euros.

Aujourd’hui, il reste des traces des fonderies de transformation de la graisse de baleine à Red Bay, sur les rives du détroit de Belle-Isle, dans le nord-est du Canada ; un site inscrit depuis 2013 sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité.

La Viande de Baleine : Un Aliment Historique

Les espèces de baleine chassées pesaient au moins 30 tonnes. De quoi récupérer de la nourriture en quantité industrielle ! La chair de baleine n’était pas très bonne, mais présentait l’intérêt d’être très bon marché. Au Moyen Âge, durant les périodes de carême, consommer de la viande était strictement prohibé. Les paysans contournaient l’interdit en se concoctant des plats à base de graisse de baleine. Le lard de l’animal était salé, accompagnant ainsi des recettes traditionnelles. Les Basques préparaient une sorte de petit salé à la graisse de baleine avec des petits pois.

Autres Dérivés de la Baleine

Il s’agit d’une concrétion pathologique formée dans l’intestin des cachalots à partir des sécrétions biliaires et de restes alimentaires, notamment les becs cartilagineux des calamars et des sèches. L’ambre était généralement récoltée sur les plages. La substance - encore utilisée comme fixateur de parfum - entrait dans la composition de cosmétique, de pommade ou de chandelle. Elle fit d’ailleurs la fortune des royaumes d’Afrique de l’Est durant le Moyen Âge, qui revendaient à prix d’or l’ambre gris déposé sur leurs côtes… jusqu’à ce que la chasse aux cétacés se développe et que l’on découvre, à la Renaissance, que la substance se cachait dans les entrailles du cachalot.

Les baleines franches et grises, traditionnellement visées par la chasse, sont des baleines à fanons. C’est-à-dire qu’elles sont pourvues d’une mâchoire supérieure recouverte de lames de kératine, ce qui leur permet de filtrer la nourriture. Au XIXe siècle, les fanons sont utilisés pour rigidifier les soutiens-gorge, les corsets ou encore les parapluies. Ces structures, aujourd’hui remplacées par du plastique ou du métal, portent encore le nom de “baleine”, en mémoire de leur composition originelle.

Le spermaceti est une substance blanche, semi-liquide et cireuse, extraite de la tête des cachalots, qui lui permet de se stabiliser dans les profondeurs. Cette matière lipidique entrait dans la composition de cosmétiques, savons, bougies, ou servait de lubrifiant pour le tannage du cuir. Son commerce connu son apogée du XIXe siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avant que les grands cachalots, en voie d'extinction, ne soient protégés par la Commission baleinière internationale (CBI) en 1985.

Les restes des cétacés, notamment les intestins, étaient utilisés pour fabriquer des cordages, souvent issus de substances animale ou végétale, avant que n'apparaissent les fibres synthétiques. Leur peau servait à la confection de ceintures et les os des mammifères marins étaient transformés en toutes sortes d’objets.

La Baleine dans l'Écosystème Marin

Comme tous les autres êtres vivants, les baleines doivent s’alimenter pour survivre et ainsi assurer la continuité de leur espèce. Leur taille impressionnante les oblige cependant à ingérer une grande quantité de nourriture afin de subvenir à leurs besoins. Mais de quels aliments parle-t-on ? Il est tout d’abord important de rappeler qu’en zoologie, le terme générique « baleine » désigne en réalité plusieurs espèces de mammifères marins, appartenant à l’ordre des Cétacés (Cetacea). Ces dernières se divisent ensuite en deux familles : les mysticètes, qui regroupent les cétacés à fanons, et les odontocètes, pour les cétacés à dents.

Les mysticètes (Mysticeti), de leur surnom « vraies baleines », demeurent les plus grands animaux de la planète vivant à notre époque. On retrouve dans cette catégorie la baleine bleue, la baleine grise, la baleine pygmée, la baleine à bosse ainsi que les rorquals (Balaenopteridae). Ce groupe se caractérise donc la possession de fanons, lames cornées qui garnissent leur mâchoire supérieure. Les odontocètes, généralement plus petits que les mysticètes, regroupent quant à eux les bélugas, les cachalots, les orques, les dauphins, les marsouins, les narvals ou les globicéphales.

L'Alimentation des Baleines

Les fanons incarnent l’instrument essentiel pour la nourriture des baleines. Ces derniers, composés de kératine, se composent de plaques rigides encerclées par des poils, visibles sur la partie interne, vers l’intérieur de la bouche. On pourrait ainsi les comparer aux picots d’un peigne. Le diamètre des poils, la longueur, la largeur et la couleur varient en fonction de l’espèce. L’alimentation de la baleine se base ensuite sur un processus de filtration.

Les baleines « engouffreuses » ou « avaleuses », comme les rorquals ou les baleines à bosse, avancent en ouvrant grand la gueule une fois leur nourriture localisée. Elles avalent une grande quantité d’eau de mer qu’elles emprisonnent dans leur bouche : un bouchon buccal vient sceller leurs voies respiratoires, afin d’empêcher l’eau de pénétrer dans leurs poumons. En appuyant leur langue contre les fanons, elles laissent alors s’échapper le surplus d’eau par les sillons, tout en retenant les éléments solides qui les intéressent. Ce phénomène peut être très impressionnant au vu des quantités d’eau ingérées puis rejetées, d’autant plus que ces espèces remontent en surface à ce moment précis. Une fois le filtrage terminé, elles peuvent ensuite avaler la nourriture.

Les baleines « écrémeuses » ou « filtreuses », dont font partie les baleines boréales ou les baleines franches, utilisent davantage leurs fanons latéraux pour bloquer la nourriture. Elles avancent lentement à la surface, tout en absorbant moins d’eau.

Les baleines « fouisseuses », comme la baleine grise, nagent quant à elles sur le flanc en longeant le fond marin. Cette position leur permet de racler et d’aspirer la vase, avant d’opérer un tri et de piéger les proies dans les fanons.

Comme c’est le cas pour la plupart des animaux, la disponibilité de la nourriture conditionne les habitudes alimentaires des cétacés. Les scientifiques ont cependant mis en évidence le fait que les baleines sont des animaux carnivores, et qu’elles possèdent leurs propres préférences alimentaires.

Le Krill : Aliment de Base des Baleines

Le krill incarne l’aliment de base des baleines. Ces petits crustacés, appartenant à l’ordre des Euphausiacea, se retrouvent dans toutes les eaux froides du globe. Leur nom commun, provenant du norvégien, cache en réalité 80 espèces différentes. Membres du zooplancton permanent, les individus se regroupent en bancs gigantesques, pouvant peser plusieurs tonnes et s’étendre sur de nombreux kilomètres. La baleine mangerait jusqu’à 1,2 kilo de krill par minute ! Le krill assure donc un rôle essentiel au sein de la chaîne alimentaire, ainsi que pour l’écosystème marin.

Les copépodes figurent également au menu de ces grands cétacés. La baleine ingère par ailleurs du phytoplancton, qui se colle naturellement au zooplancton et constitue de toute façon la nourriture de ce dernier. De nombreux petits poissons, d’autres crustacés ou des calamars se trouvent souvent pris avec le krill, et sont aussi consommés par la baleine.

La Baleine et l'Homme : Mythes et Réalités

Nous avons tous à l’esprit cette fameuse scène du film d’animation Pinocchio, où le célèbre pantin se fait avaler par la baleine Monstro. S’il est vrai que la taille d’une baleine a de quoi effrayer et pourrait en dire long sur ces capacités d’ingestion, la réalité est cependant tout autre. Il faut en effet rappeler que celle-ci se nourrit avant tout de petites proies, grâce à son système de prise alimentaire spécifique.

La probabilité pour qu’un humain nage au milieu d’un banc de zooplancton est déjà très faible. Même si cela se produisait, le diamètre de l’œsophage des mysticètes n’est ensuite tout simplement pas adaptée. Celui d’une baleine bleue mesure par exemple entre 15 et 25 centimètres, ce qui est loin d’être suffisant pour laisser passer un être humain ! Par ailleurs, l'immense gueule de la baleine à bosse mesure 3 mètres de long et pourrait donc aisément capturer un homme... Qui ne serait cependant jamais avalé, étant donné que sa gorge ne mesure que 38 centimètres lorsqu'elle est élargie au maximum. Un humain pourrait être simplement englouti, et recraché dès que la baleine se rendrait compte de son erreur : c'est ce qui est arrivé dans plusieurs histoires de pêcheurs qui ont fait les gros titres de la presse ces dernières années.

On peut enfin se questionner sur le cas des odontocètes, comme les épaulards ou les cachalots. Ces derniers possèdent en effet des dents et sont capables de chasser de très grandes proies, comme des calamars colossaux. Ils sont d’ailleurs les seuls qui possèdent un appareil anatomique suffisant pour avaler un homme. Pas de panique cependant : notre espèce ne figure pas parmi leurs préférences alimentaires. De plus, la probabilité d'une rencontre entre un cachalot et un être humain est extrêmement infime (une sur un milliard), ces animaux évoluant principalement en haute mer et à plus de 3000 mètres de profondeur.

Il convient toutefois de rester prudent lors d'une sortie en mer. Si vous avez la chance de croiser un cétacé, les spécialistes recommandent une observation responsable de la faune : laisser de l'espace, se tenir à distance et éviter tout mouvement susceptible de l’effrayer.

La Viande de Baleine et les Oméga 3

Les peuples Inuits du Groenland ont très peu de maladies cardio-vasculaires. Pourquoi ? Les scientifiques ont constaté que la nourriture des Esquimaux, essentiellement constituée de poissons, de viandes de phoque et de baleine, était très riche en matières grasses, plus spécialement en oméga 3. Notre cœur et nos artères, notamment, ont besoin de ces acides gras que le corps ne sait pas produire et que l'on ne trouve que dans l'alimentation.

En dehors des phoques et des baleines, les aliments les plus riches en omega 3 proviennent des poissons gras, comme le saumon, le thon, le maquereau, le hareng, la sardine et l'anchois. Certaines huiles : lin, colza, noix… sont riches en oméga 3. La mâche et les œufs en contiennent également. Mais concernant ces derniers, la quantité d’oméga 3 peut varier de 1 à 20 selon l’alimentation de la poule pondeuse !

Pour augmenter les oméga 3 dans notre alimentation, nous disposons de trois stratégies : consommer régulièrement du poisson gras et des huiles végétales, manger davantage de viande d’herbivores non ruminants, comme le lapin, l'oie, le cheval,... qui restituent à l'homme l'oméga 3 de l'herbe et des autres végétaux, ou complémenter l’alimentation de nos animaux d'élevage en oméga 3.

Ainsi les poules, les vaches et les porcs nourris avec des produits riches en oméga 3 produiront des œufs, du lait et de la viande avec une haute teneur pour cet acide gras. Pour l’alimentation animale, de tous les végétaux, c’est la graine de lin qui est la source la plus riche en acides gras oméga 3.

L’équipe de Jacques Mourot, directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Rennes, a comparé deux groupes de porcs, le premier nourri avec un régime à base d'huile de tournesol, le second avec un régime à base de graines de lin (5% de l'alimentation pendant deux mois). Les résultats ont montré que le régime lin augmentait la teneur en oméga 3 à la fois dans le tissu adipeux du dos de l'animal et le muscle «Longissimus dorsi», composant principal du rôti de porc.

La nutrition reste toutefois une affaire complexe. Comme le rappellent les médecins, la prévention des maladies cardiovasculaires et le bon fonctionnement du cerveau ne peuvent pas reposer uniquement sur la consommation d'oméga 3, mais sur une alimentation variée et équilibrée et la pratique d'une activité physique régulière.

La Chasse à la Baleine Aujourd'hui : Controverses et Moratoire

La saison de la chasse à la baleine se déroule en Norvège entre les mois d’avril et de septembre. Les rapports confirment que 660 baleines de Minke ont été massacrées en 2015. En raison des mauvaises conditions climatiques, seuls 660 ont «pu» être tuées, contre 736 l’année précédente.

La Norvège fixe elle-même ses propres quotas de pêche à la baleine. Et, depuis 2006, ces quotas ont augmenté de 30%. Pour l’année 2015, le quota a été fixé à 1286 unités, identique à celui de l’année précédente, ce qui correspond néanmoins au quota le plus élevé depuis 25 ans. La Norvège a repris la chasse commerciale de la baleine en 1993 et en a tué 9500 depuis.

Paradoxalement, la Norvège consomme moins de viande de baleines qu’auparavant - elle a essayé de créer un marché plus étendu encore pour sa viande de baleine en la vendant au Japon et à d’autres pays. Cependant, une partie de la viande de baleine exportée de Norvège a récemment été refusée par les autorités japonaises, car certains tests sanitaires effectués sur la viande avaient révélé qu’elle contenait jusqu’à deux fois plus de pesticides potentiellement dangereux pour l’homme que le niveau autorisé.

Ces tests réalisés par le Ministère Japonais de la Santé, du Travail et des Affaires Sociales démontrent que la viande de baleines importée de Norvège contient:

  • Un niveau dangereux de pesticides comme l’aldrine, la dieldrine et le chlordane
  • Substances qui violent les standards acceptés en matière de santé publique et qui peuvent causer des malformations congénitales
  • Des troubles neurologiques
  • Certaines formes de cancer si l’être humain en consomme en trop grandes quantités.

Ce n’est pas la première fois que la viande de baleine norvégienne fait l’objet de toutes les préoccupations sanitaires : en 2009, elle avait déjà été renvoyée par le Japon, car elle contenait un niveau trop élevé de bactéries vivantes.

L’industrie de la pêche norvégienne a bénéficié, depuis les deux dernières décennies, du soutien financier du gouvernement norvégien et d’entreprises d’investissements pour développer sa recherche sur l’utilisation de l’huile de baleines dans les domaines pharmaceutiques, de la nutrition humaine et animale, ainsi que de l’industrie cosmétique. Des millions de couronnes norvégiennes ont ainsi été dépensées pour trouver un nouvel usage à ces baleines de Minke qui sont massacrées chaque année par ce pays. (source: www.nifes.co)

La Baleine de Minke : Une Espèce Particulièrement Chassée

La chasse aux baleines de Minke a diminué entre 1960 et 1990, car la Norvège les considérait comme trop petites pour la chasse. Mais, depuis les années 90, cette chasse aux baleines de Minke s’est à nouveau accélérée car plusieurs autres espèces de baleines avaient été trop chassées.

Les baleines de Minke vivent normalement entre 30 et 50 ans. Dans certains cas, elles peuvent même atteindre les 60 ans.

La baleine de Minke est l’espèce de baleine la plus chassée au monde. La Norvège en massacre plus de 600 par an et le Japon, plus de 500 - au nom de la « recherche scientifique ». Les quotas de pêche sont mêmes plus élevés aujourd’hui qu’il y a 20 ans (1286 en 2015 pour la Norvège).

Le Moratoire International et ses Limites

Depuis le milieu des années 90, la chute de la population des baleines à travers le monde a encouragé l’adoption d’un moratoire international sur la pêche commerciale de la baleine. Il est entré en vigueur en 1986. Selon ce moratoire, la chasse à la baleine est légale si et seulement si elle se pratique au nom de recherches scientifiques ou pour des raisons de subsistances aborigènes. Malgré ce moratoire, presque 40 000 baleines ont été massacrées sur les 27 dernières années.

L’AWI (Animal Welfare Institute) et l’EIA (Environmental Investigation Agency) ont sommé le gouvernement norvégien d’arrêter tout soutien à la pêche à la baleine et d’appliquer l’embargo international sur les produits issus de cette pêche. La Norvège ne le respecte pas.

Il reste à ce jour cinq pays qui continuent de chasser la baleine et à en faire le commerce de sa viande: la Norvège, le Japon, le Groenland, les Îles Féroé et l’Islande. Chacun de ces 5 pays ignore totalement les décisions internationales prises à l’encontre de cette activité!

Des Méthodes de Chasse Cruelles

Les chasseurs norvégiens tuent les baleines à l’aide de harpons, une technique qui n’a pas évoluée depuis plus de 100 ans ! Pour des raisons de visibilité, de houle et de tangage du bateau de pêche, il est pratiquement impossible que le coup de harpon soit assez précis pour tuer la baleine instantanément.

Les données officielles du gouvernement norvégien démontrent qu’au moins une baleine sur cinq ne meure pas immédiatement, mais agonise plutôt pendant de longues heures.

TAG: #Viand

En savoir plus sur le sujet: