Quel trésor, dans nos cocottes ! Sous son aspect sauvage, la viande qu'on y mitonne cache une richesse symbolique d'une telle force qu'elle est, aujourd'hui comme autrefois, un sujet de questionnement pour nos sociétés.
Manger de la Viande: Pourquoi Faire?
À question simple, réponse simple : pour vivre. C'est du moins ce que l'on peut conclure de l'étymologie du mot, issu du latin vivere (« vivre »).
Mais jusqu'au XIXe siècle, ce terme renvoyait à toutes sortes de nourritures, aussi bien animales que végétales, voire liquides. Notre « viande » n'était qu'un aliment parmi d'autres nous permettant de subsister.
L'Évolution de la Consommation de Viande à Travers l'Histoire
Il y a 2 millions d'années, nos lointains ancêtres l'avaient bien compris et se précipitaient pour disputer aux charognards les carcasses des animaux que des prédateurs plus habiles qu'eux avaient terrassés. Cela tombait bien ! Ils avaient besoin de temps à consacrer à l'élaboration d'armes de plus en plus perfectionnées pour gagner leur combat contre le gibier dans une savane qui, aridité oblige, offrait de moins en moins de nourriture végétale.
La viande est vite devenue un facteur de cohésion : il fallait se rassembler pour chasser, dépecer, partager les trophées, distribuer et traiter les peaux... Toute une organisation ! Sans compter qu'un petit feu de bois était bienvenu pour rendre les aliments plus digestes et éliminer les parasites.
Une mâchoire de compétition, des prémolaires impressionnantes... Il fallait bien cela pour que les singes herbivores qui peuplent le début de notre arbre généalogique puissent venir à bout des feuilles qui composaient leur menu. Avec l'arrivée de la viande, la mastication perd du terrain et les dents se font plus discrètes.
Certes, il faut l'attendrir avec le feu et la découper en morceaux, mais le résultat vaut le coup : l'effort musculaire est moindre que pour un régime purement végétal. C'est ainsi que la longueur des intestins comme la largeur des dents ont diminué tandis que la mâchoire s'est petit à petit rapetissée, permettant le développement du langage et bouleversant l'équilibre tout entier de la tête.
De son côté, le gros museau, désormais inutile comme outil de repérage, a été remplacé par un nez plus discret. Enfin, riche en protéines, la viande aurait favorisé le développement du cerveau, fort consommateur d'énergie.
Vers 80 000 avant J.-C., direction le Nord ! À la suite de son cousin Homo Erectus, Sapiens quitte l'Afrique en traversant la mer Rouge. L'Europe lui tend les bras, lui offrant comme terrain de chasse ses steppes traversées par des troupeaux de rennes, chevaux, bisons et mammouths. Neandertal lui emboîte le pas, se régalant particulièrement des grands herbivores qui passent à sa portée. Rien de tel qu'un bon morceau de viande pour acquérir cette énergie dont on a tant besoin lorsque les températures sont glaciales. Les actuels Inuits en savent quelque chose...
Lorsque le climat se fait plus doux, l'alimentation carnée cède devant la concurrence des végétaux, deux fois plus présents dans les menus. Il suffit pour s'en convaincre d'admirer nos grottes ornées qui révèlent l'apparition d'une belle sensibilité esthétique pour lui rendre hommage.
La technique n'est pas en reste, avec par exemple l'invention du rôtissage, du fumage ou, plus récent, du propulseur il y a 20 000 ans.
La chèvre et le mouton : voici, après le chien, les premières victimes de la domestication des animaux, vers 8 000 avant J.-C. Il faut dire que le contenu des assiettes a évolué avec le développement de l'agriculture qui produit des céréales aisées à cuisiner et conserver dans les nouvelles poteries. Mieux vaut garder la viande fraîche pour les jours de fête !
Pour les grandes occasions passera aussi sous le fil du rasoir le bœuf dont l'importance est toujours visible de nos jours dans notre écriture : la lettre Aleph, devenu notre A, est en effet dérivée d'une représentation d'une tête de bœuf, première des richesses des peuples sumériens.
C'est d'ailleurs au Moyen Orient, en Jordanie, que l'on a trouvé trace de la première boucherie, datée de 8 500 avant J.-C.
Le Mot "Viande": Une Histoire Fascinante
Dans de nombreuses langues, parler de viande, c’est, très logiquement, évoquer la chair de certains animaux. En espagnol, on dit carne, et cela n’a rien de péjoratif.
Le mot viande est parmi les plus anciens de la langue : on le trouve au XIe siècle ; il vient par tradition orale d’un mot latin altéré, vivanda, pour un dérivé du verbe vivere, « vivre ».
Vivenda, pour les Romains, étaient les choses qui servent à conserver la vie ; les « viandes », au moyen âge, sont toutes les nourritures, les provisions. Encore au XVIIe siècle, Madame de Sévigné considérait comme des «viandes » à la fois « un ragoût, une salade de concombres, des cerneaux » (noix).
Selon les époques, les civilisations, les sociétés, le mot viande et ses équivalents en d’autres langues correspondent à toute utilisation alimentaire de certaines parties, surtout musculaires, des animaux.
Les tabous religieux (le porc pour les musulmans, par exemple), les interdits culturels (le chat, le chien pour les Européens, le lapin pour la plupart des Anglo-Saxons, la vache pour les hindouistes…) varient selon les cultures, et certaines, pour des raisons religieuses ou philosophiques, éliminent de leur régime toute viande.
Cependant, dans l’histoire alimentaire de l’humanité, la viande est essentielle, quelles que soient les variantes : omniprésence du porc et du canard en Chine, du boeuf et du mouton en Angleterre, qui a exporté dans le monde entier la consommation des viandes grillées, alors que, jusqu’au XIXe siècle, la chair animale était conservée salée, fumée, ou longuement cuite.
Les variations, les nuances de goût, les évolutions de la cuisine sont intenses, ce qui fait que le vocabulaire de la viande est immense. Quelques notions-clés, cependant, sont (presque) universelles. Celle qui correspond au commerce de détail de la viande en fait partie.
Le Boucher: Plus Qu'un Simple Commerçant
Interviennent alors le boucher et la bouchère, le masculin pour des raisons culturelles séculaires étant étroitement lié à la viande, à son choix, à sa préparation, à sa présentation.
Et si le mot viande surprend par son rapport à la vie, boucher est encore plus étrange, plus inattendu : c’est un dérivé très ancien de bouc. Au moyen âge, on a parlé de viandier, mais le mot, qui venait du sens ancien de « nourriture », désignait une personne qui nourrissait bien ses hôtes, de même que le vivandier, puis la vivandière, chargés de nourrir les troupes, jusqu’à ce que la cantinière ne détrône la vivandière. Rien à voir avec ce spécialiste qu’est le boucher.
De même que le boulanger ne fabrique pas des boules, sauf de pain, et n’est pas le panetier qu’il devrait être, le boucher n’a plus rien à voir avec le bouc, même s’il vend parfois de la viande caprine. En fait, le « boucier » du XIIIe siècle était celui qui abattait les bêtes pour les vendre.
La référence au bouc était sans doute symbolique, et ce mot voulait dire « sacrificateur », donnant à l’élevage la valeur que cette notion a chez Homère, certaines bêtes étant réservées aux dieux. Or, l’animal sacrificiel par excellence fut dans notre moyen âge le bouc, chargé de pouvoirs surnaturels.
Ces pouvoirs venaient d’un lointain passé. On peut rappeler que la fête du sacrifice du bouc, dans la Grèce antique, a donné naissance au spectacle « tragique », terme dérivé du mot tragos, « le bouc ».
Le boucher d’aujourd’hui n’est sans doute plus le prêtre d’un sacrifice solennel. Mais son domaine s’est élargi : il est passé du bouc au mouton, au boeuf, parfois encore à la chèvre et au chevreau, laissant le porc au « cuiseur de chair », que dissimule notre charcutier familier, mais s’emparant parfois d’autres espèces.
Si les mots boucher et boucherie, employés au figuré, gardent des traces de leur origine, l’abattage, lorsqu’ils s’appliquent au métier, qui est plus qu’un commerce, ils supposent un savoir-faire traditionnel très élaboré.
On dit que, si l’on peut devenir cuisinier, on naît rôtisseur, ce qui suppose un sens inné de cet art.
Jeux de mots et calembours
Les jeux de mots ou calembours sont très appréciés par les amoureux de la langue française. Basés sur la polysémie, la paronymie et l’homophonie, ils permettent de mieux maîtriser le vocabulaire tout en s’amusant. Parfois, les calembours permettent même d’en savoir davantage sur la diversité de la culture en France et ailleurs.
D’après l’histoire, ce terme est utilisé pour la première fois par Denis Diderot. Cet auteur le qualifie à l’époque de barbare et le classe au même rang que les jeux de mots utilisés par les turlupins.
C’est seulement deux ans plus tard que le mot calembour est à nouveau employé. Il apparait alors dans la 6escène de comédie de Jean-Joseph Vadé intitulé « Le mauvais plaisant ou le drôle de corps ».
C’est en 1977 que la première définition du calembour est introduite dans l’encyclopédie.
Il est bon de savoir que Molière, Voltaire et Victor Hugo, ces auteurs et philosophes qui ont marqué l’histoire de la langue française, n’appréciaient pas les calembours. Ils considéraient que ces jeux de mots ne valorisaient nullement la richesse de cette langue.
Les jeux de mots sont appréciés autant par les petits que par les grands. Ils se présentent souvent sous forme de blagues, de citations ou de phrases courtes. Un calembour réussi doit avant tout proposer un son agréable lorsque vous le prononcez. Il doit aussi être court et parvenir à un point nommé. Ce jeu de mots doit être prononcé avec sérieux.
Un bon calembouriste ne doit jamais rire de ses propres mots. Enfin, pour être agréable, ce jeu doit aussi être gratuit. C’est-à-dire que vous ne devrez nullement attendre une réaction venant de vos interlocuteurs. S’ils apprécient votre humour, ils riront toujours à cœur joie.
Comment créer vos propres jeux de mots ?
Il suffit d’être créatif et d’avoir de bonnes bases en langue française. Sur une feuille de papier, essayez de rassembler une polysémie, une homophonie ou une paronymie puis essayez de les mettre dans une phrase correcte. Si celle-ci sonne bien et qu’il est facile de la comprendre, vous pouvez la proposer à vos proches.
La richesse de la langue française n’est pas un secret. Elle propose de nombreux homophones avec une similarité de son impressionnante. La langue préférée de Molière a permis aux plus créatifs d’inventer des jeux de mots à la fois amusants et drôles. Ces derniers sont de plus en plus appréciés.
Certains auteurs français connus se sont aussi mis à la création de jeux de mots. Les plus célèbres calembouristes de tous les temps sont notamment Jacques Prévert, Raymond Devos, Alphonse Allais et Boby Lapointe.
Exemples de Calembours Célèbres:
- « Nous le savons pas seulement de Marseille. »
- « De deux choses lune, l’autre c’est le soleil. »
- « Demandez nos exquis mots. »
- « Pourquoi vouloir mettre une femme dans son lit si on ne sait pas comment la border ? »
- « Le poisson qui me bouffera est pas né ! »
- « Il y a deux manières de prendre une femme : par la taille et par les sentiments. »
- « D’un homme tout est possible, d’une femme tout est probable. »
- « Mozart était tellement précoce qu’à 35 ans, il était déjà m*rt. »
- « La discrétion est ma devise. Je ne dis jamais rien. Même sur ma carte de visite, je n’ai rien d’écrit. »
- « Quand dans une réunion, un homme ne dit rien alors que tout le monde parle, on n’entend plus que lui.
Quelques Jeux de Mots Amusants:
- Quel est le nom donné à un chat tout-terrain ? Un chat de chantier.
- « Je suis timbré et fier de lettre.
- Quel est ton nom ? Ton nom de domaine.
- Quel est le bar préféré des Espagnols ? Le bar-celona.
- Qu’est-ce qu’un oiseau migrateur ? Un oiseau qui fait de l'intérim.
- Quel crustacé est le plus léger de la mer ? La moule.
- Quelle fée est le plus paresseuse ? La fée néante.
- - Que se passe-t-il lorsque vous lancez un ail dans le mur ? Il s’écrase.
- Et comment appelle-t-on un alligator qui enquête ? Un investi-gator.
- Pourquoi iun téléphone veut-il se gratter ? Parce qu'il a la puce qui le démange.
- Que fait la vache lorsqu’elle a les yeux fermés ? Elle fabrique du lait concentré.
Le Louchébem: L'Argot des Bouchers
Si elle est savoureuse dans l’assiette, la viande de boeuf a également son univers sémantique et son vocabulaire souvent imagé. La viande a sa langue, c’est le louchébem.
Bon ce n’est pas réellement une langue mais plutôt un jargon (largonji justement en louchébem) argotique dérivé du javanais et du verlan.Les premières références au louchébem remontent au premier quart du dix-neuvième siècle.
On attribue sa création aux bouchers parisiens des halles de la Villette mais cette version est contestée.La création lexicale est relativement simple mais demande une certaine habitude pour parler couramment.
On déplace la première lettre à la fin du mot et on la remplace par un l. Enfin on ajoute le suffixe em en fin de mot.B-oucher -> L-oucher-B-em par exemple.
Mode d’expression de tradition orale, le louchébem n’est pas strict sur l’orthographe. Mais surtout la terminaison em théoriquement obligatoire est souvent remplacée par autre chose, certainement à des fins phonétiques ou de prononciation.
Voilà vous êtes parés pour larlépem le louchébem. Pour vous y aider et si vous souhaitez vous perfectionner, nous vous conseillons l’ouvrage de David Alliot, Larlépem-vous Louchébem?
Les termes argotiques pour désigner la viande sont assez nombreux. Le meuglard est quant à lui le petit veau. Qui meugle souvent…. A l’inverse le boeuf est au coeur de nombreuses expressions populaires qui bien souvent envoient du steak.
Commençons par l’effet boeuf qui signifie avoir un impact important ou un vif succès.Avoir un bœuf sur la langue indique que l’on a été payé pour ne rien dire.Les musiciens quant à eux feront facilement un boeuf, une session musicale improvisée.Un vent violent, lui, décornera les boeufs.
Les « boeufs » qui en argot désigne aussi la police.Être le bœuf n’est jamais une position enviable. C’est le pigeon, le dindon de la farce ou le cornard.Enfin c’est souvent mieux que de tomber dans le boeuf c’est à dire les ennuis ou la misère.
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