Intoxication Alimentaire à Escherichia Coli : Symptômes et Traitement

Escherichia coli (E. coli) est une bactérie présente dans le microbiote intestinal de l’humain et des animaux. On en dénombre une très grande variété. La plupart de ces bactéries vivent paisiblement dans notre tube digestif. En effet, on la retrouve naturellement au sein de la flore intestinale, elle en constitue même 80 %. Toutefois, il existe plusieurs souches différentes d'E.coli. La plupart d'entre elles sont sans danger, et même nécessaires au bon fonctionnement du microbiote intestinal. Mais au cours de l’évolution, certains types de bactéries ont acquis des facteurs de virulence, les rendant pathogènes pour certaines parties de notre corps.

Sources de contamination et transmission

Il existe plusieurs biais de contamination par des souches d'E. coli pathogènes. La contamination par les Escherichia coli entérohémorragiques est essentiellement due à l’ingestion d’aliments contaminés, consommés crus ou insuffisamment cuits. L'une d'entre elles étant l'ingestion d'aliments contaminés. Par ailleurs, le contact direct ou indirect avec des matières fécales contenant des souches pathogènes d'E.coli peut aussi entraîner une infection. Certaines souches d'E.coli pathogènes peuvent être transmises d'une personne à une autre par contact direct, en particulier si l'hygiène personnelle n'est pas adéquate. Enfin, boire de l'eau contaminée par des souches d'E.coli pathogènes est une autre voie d'infection possible.

Le réservoir naturel des ECEH étant principalement le tube digestif des bovins, les produits alimentaires concernés sont généralement la viande crue ou insuffisamment cuite, les produits laitiers au lait cru, et plus rarement les produits végétaux crus. La contamination peut également survenir lors de la traite ou l’abattage de ces animaux. La transmission interhumaine de ECEH est également possible, mais elle survient plus rarement.

Les Escherichia coli entérohémorragiques vivent dans le tube digestif des ruminants. Lors de l'abattage ou lors de la traite, des matières fécales contaminées peuvent souiller du lait ou des carcasses.

Facteurs de risque

  • Un manque d’hygiène corporelle.
  • Un manque d’hygiène des mains.
  • Des conditions sanitaires insuffisantes sur le plan alimentaire : consommation d’aliments crus ou de produits avariés, le fait de briser la chaîne du froid pour la conservation des aliments, un manque de cuisson des aliments, le fait de ne pas laver correctement les fruits et légumes, un frigo sale…
  • Un voyage à l’étranger dans un pays dont les conditions d’hygiène sont précaires (risque de tourista).
  • La consommation d’une eau non potable.
  • Le port de strings ou de pantalons trop serrés.
  • Des pratiques sexuelles anales.
  • Une incontinence urinaire ou fécale.
  • Une immunodépression.

Personnes à risque

Les infections à E.coli sont très fréquentes et peuvent toucher n’importe qui. Certaines personnes sont plus à risque :

  • Les femmes (notamment les petites filles et les femmes ménopausées) qui connaissent généralement un ou plusieurs épisodes de cystite au cours de leur vie.
  • Les patients immunodéprimés, hospitalisés (infection nosocomiale) et les nouveau-nés plus exposés à des formes sévères d’infection à E.

Symptômes de l'infection à E. coli

Les symptômes provoqués par une infection à Escherichia coli dépendent de la souche responsable. Néanmoins, l'E.coli entraîne généralement des infections intestinales ou urinaires. Les symptômes provoqués par ECEH (E. coli entérohémorragiques) apparaissent entre 3 et 4 jours après l’infection.

Pour résumer, voici les symptômes les plus courants associés à une infection à E. coli:

  • Il s’agit de douleurs abdominales et de diarrhées, lesquelles peuvent évoluer vers des formes sanglantes (colites hémorragiques).
  • Des vomissements et de la fièvre peuvent aussi survenir.
  • Il s’agit de douleurs abdominales, de crampes, de diarrhées qui peuvent devenir rapidement sanglantes.

Une semaine après cet épisode digestif peut survenir une infection beaucoup plus sévère : le syndrome hémolytique et urémique. Les infections à Escherichia Coli se manifestent le plus souvent par des gastro-entérites et des infections urinaires dans une période de 1 à 10 jours après la contamination.

Dans les cas les plus graves, certaines souches de cette bactérie peuvent aussi être responsables de méningites ou de septicémies, quoique plus rarement. Elles peuvent aussi entraîner d'autres complications telles que le syndrome hémolytique urémique (SHU), qui affecte les reins et les globules rouges.

Types d'infections

  • Infections intestinales à E. Coli: Lorsqu’elles sont ingérées, ces souches peuvent provoquer des symptômes comme une diarrhée. Ces infections sont rarement invasives. Toutefois, elles peuvent être sévères chez les nouveau-nés et les patients immunodéprimés. Certaines souches peuvent provoquer des diarrhées hémorragiques, des diarrhées aqueuses, des diarrhées inflammatoires ou des diarrhées chroniques.
  • Infections urinaires à E. Coli: E. coli peut provoquer des infections des voies urinaires basses (cystite, urétrite, prostatite, épididymite…) ou infections des voies urinaires hautes (pyélonéphrite, pyélite).
  • Autres sites d’infections à E. Coli: Des infections hépatobiliaires, péritonéales, cutanées et pulmonaires sont également possibles. Chez les nouveau-nés, les nourrissons prématurés en particulier, E. coli est une cause fréquente de bactériémie ou de méningite.

Diagnostic

Le diagnostic d'une infection à Escherichia coli est possible à partir d'un examen clinique mettant en évidence les symptômes de la maladie (douleurs abdominales, selles molles, etc.). Le médecin peut aussi vous poser des questions sur votre historique médical et vos antécédents de voyage.

Pour détecter la bactérie E.coli, le meilleur moyen est une analyse des selles du patient en laboratoire. La détection des infections à Escherichia coli entérohémorragiques se fait par un examen de laboratoire appelé coproculture. Afin de prévenir une infection à E. coli, le diagnostic peut être établi par le médecin par un premier test au moyen d’une bandelette urinaire. L’examen est complété par un examen cytobactériologique des urines (ECBU).

Si une bactérie est identifiée à l’issue de ces examens, une étude de sa sensibilité à différents antibiotiques (antibiogramme) est réalisée. Si E. coli est en cause, une antibiothérapie adaptée peut être administrée.

Le diagnostic repose sur une évaluation clinique (manifestations et symptômes de la maladie, aspect des selles), un examen cytobactériologique des urines, si infection urinaire (ECBU), une numération formule sanguine, un ionogramme sanguin, les taux d'urée et de créatinine (atteinte rénale) et éventuellement une hémoculture en présence de fièvre.

Traitement des infections à E. coli

Le traitement des infections à Escherichia coli dépend de la gravité de l'infection et des symptômes présentés. En premier lieu, il est essentiel de maintenir une bonne hydratation, en particulier en cas de diarrhée, pour éviter la déshydratation. Boire beaucoup de liquides, tels que de l'eau, des solutions de réhydratation orale ou des bouillons clairs, est recommandé.

Le patient doit également se reposer et surveiller attentivement ses symptômes. Des médicaments en vente libre peuvent être utilisés pour soulager les symptômes, tels que les crampes abdominales, la fièvre et les maux de tête : on parle de traitement symptomatique. Le traitement de l’infection intestinale est le plus souvent symptomatique avec des pansements intestinaux, une réhydratation et des médicaments contre la fièvre.

La plupart des antibiotiques sont déconseillés pour traiter les infections à ECEH. En détruisant les bactéries, ces derniers entraînent la libération de Shiga-toxines dans l’organisme, ce qui peut aggraver le SHU. Cependant, des traitements à base de certains antibiotiques, comme l’azithromycine, n’entraînant pas le relargage de ces toxines sont en cours d’évaluation.

Différents antibiotiques peuvent être employés en cas d’infection à E.coli en fonction du siège de l’infection et de l’antibiogramme. L’hospitalisation peut être nécessaire en cas de symptômes aigus.

  • En cas d'infection intestinale : dans la majorité des cas, l'unique traitement consiste à boire beaucoup d'eau.
  • En cas d'infection urinaire : le traitement recommandé pour les cystites non compliquées de la femme jeune à E. coli est la fosfomycine par voie orale en prise unique (" traitement minute ").

Prévention

La prévention des infections à Escherichia coli repose essentiellement sur des mesures d'hygiène et de sécurité alimentaire. La prévention des infections Escherichia coli entérohémorragiques repose tout d’abord sur l’hygiène des mains.

  • Lavage des mains : Lavez-vous les mains fréquemment et correctement avec de l'eau et du savon pendant au moins 20 secondes, en insistant sur les zones entre les doigts, les ongles et les poignets. Il est indispensable de se laver les mains régulièrement et après chaque passage aux toilettes.
  • Consommation d'aliments sûrs : Choisissez des aliments sûrs et de qualité, évitez les produits laitiers non pasteurisés et vérifiez les dates de péremption.
  • Hygiène lors des voyages : Assurez-vous de consommer de l'eau potable sûre en utilisant des bouteilles d'eau scellées ou en faisant bouillir l'eau.

L'Anses recommande de bien cuire à cœur les viandes hachées ou produits à base de viande hachée consommés par les jeunes enfants ou les personnes âgées : une température à cœur de 70°C pendant 2 minutes doit être atteinte lors de la cuisson des steaks hachés de bœuf. Après cuisson, l'intérieur du steak doit être brun-gris et en aucun cas encore rouge ou rosé. La cuisson des viandes, et surtout de la viande hachée de bœuf, doit être effectuée à cœur.

En revanche, via des tests, il est possible de déterminer si un animal est porteur de la bactérie. Le cas échéant, la viande peut subir un traitement bactéricide qui consiste à la chauffer ou à l’irradier. Ces techniques, bien qu’étant efficaces, ne garantissent pas systématiquement l’absence de ECEH dans les aliments.

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