Importation Alimentaire en France : Analyse et Statistiques

Dans son plus récent rapport, publié en janvier, le Haut Conseil pour le climat relève que la France importe 20 % de son alimentation. En valeur, les importations alimentaires du pays ont doublé depuis 2000. Alors que la pandémie de Covid-19 et l'invasion de l'Ukraine ont mis en lumière certaines fragilités dans le système alimentaire français, notre dépendance aux importations reste particulièrement importante pour certains produits, comme le montre notre infographie, basée sur les plus récentes données de FranceAgriMer.

C'est l'une des principales revendications des agriculteurs. Beaucoup d’agriculteurs français s’estiment victimes de concurrence déloyale de la part des pays extérieurs. La concurrence déloyale qui existe avec les pays producteurs étrangers, couverts par des normes moins strictes, relance le débat sur la souveraineté alimentaire française. Dans ses dernières annonces, le Premier ministre Gabriel Attal n’a pas hésité à rappeler son importance.

Pourtant, les contours de la concurrence déloyale restent flous même si les chiffres sont connus. Dans le même temps, les exportations ont connu une augmentation de 70 %, relève le rapport du Haut-commissariat au Plan. En parallèle, Gabriel Attal a annoncé la publication d’un « rapport annuel sur notre souveraineté alimentaire et nos dépendances » d’ici au Salon de l’agriculture.

Produits les plus importés

Dans le détail, les fruits et légumes ainsi que les poissons et crustacés sont les produits les plus importés en France. Au total, près de 71 % des fruits consommés sont d’origine étrangère, contre 28 % pour les légumes. Un fait qui s’explique surtout par l’achat de produits exotiques et tropicaux non cultivés sur le territoire métropolitain. Près de la moitié des importations de fruits viennent d’Espagne, des Canaries, des Baléares et d’Italie. Le reste est souvent issu de pays lointains (Amérique latine, Afrique).

Importation de volailles et poisson en hausse

Concernant les produits issus de la pêche et de l’aquaculture, la France est en situation de dépendance, les productions couvrant moins d’un tiers de nos besoins nationaux, souligne le rapport du Haut-commissariat au Plan. Environ 4 poissons d’élevage consommés en France sur 5 sont directement importés, ajoute le Comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture. Une nouvelle fois, le phénomène est renforcé par le fait que les consommateurs préfèrent des poissons (thon, saumon…) qui ne sont pas produits en France.

Même constat pour la viande ovine et le poulet qui proviennent généralement de Pologne, Ukraine ou du Brésil. Au total, respectivement 53 % et 42 % de ces produits sont issus d’un pays étranger, selon un rapport de FranceAgriMer. Pour le porc, un quart de la consommation est importé. Une production qui provient majoritairement d’Espagne et d’Allemagne.

Pour la viande bovine, c’est un cinquième de la consommation des Français qui est importée. La viande de bœuf vendue dans la grande distribution est à 93 % d’origine française, note le Haut-commissariat au Plan, là où elle est plutôt d’origine étrangère dans le domaine de la restauration. Enfin, les produits laitiers sont aussi très touchés par l’importation. À titre d’exemple, 40 % du beurre et 36 % du fromage ont une origine étrangère.

La France, reine des céréales

Si la France est par excellence le pays du vin, un quart de sa consommation totale est tout de même importé, selon FranceAgriMer. En revanche, les céréales semblent être le seul produit agricole où elle est souveraine. C’est un peu moins de 10 % du blé tendre, de l’orge et du maïs qui sont issus du commerce extérieur. Seul le riz est presque totalement importé.

Au total, les principaux produits agricoles et agroalimentaires consommés par les Français proviennent de pays étrangers. Les plus gros fournisseurs de la France sont surtout les pays de l’Union européenne et frontaliers (Espagne, Allemagne, Italie…). Une concurrence qui touche de plein fouet les agriculteurs français et qui a poussé le Premier ministre a déployé de nouvelles mesures. De son côté, Emmanuel Macron a réclamé une série de mesures européennes en faveur des agriculteurs, dont des simplifications « tangibles » de la PAC et une force sanitaire spéciale pour « éviter » la « concurrence déloyale » entre États membres.

Analyse des importations alimentaires

Comme le relève le dernier rapport du Haut conseil pour le climat, «la France importe 20% de son alimentation». En milliards d’euros, les importations alimentaires tricolores ont doublé depuis 2000. Dans le même temps, les exportations ont progressé moins vite, augmentant d’un peu plus de 70%, selon le dernier rapport du Haut-commissariat au Plan. Dans le détail, «les fruits et légumes et les poissons et crustacés sont les produits dont la part importée est la plus élevée», constate le dernier rapport du Haut conseil pour le climat.

Au global, c’est près d'un fruit et légume sur deux consommés en France qui est aujourd'hui importé, contre environ un tiers il y a vingt ans. Une part beaucoup plus importante pour les fruits (71%) que pour les légumes (28%). Ce qui n’empêche pas que certains fruits et légumes «tempérés», dont les Français souhaitent disposer toute l'année, sont aussi concernés par une dépendance structurelle aux importations. Par exemple, si l’on prend les fruits et légumes les plus consommés en France, la part importée atteint 40 à 50 % pour les tomates, concombres et courgettes, selon un rapport de l’Ademe datant de 2019. Pour les fruits, les importations représentent 39% pour les poires, plus de 40% pour les pêches/nectarines et jusqu’à 74% pour le raisin de table, les pommes faisant figure d’exception en étant essentiellement produites en France.

Sur les produits de la pêche, «environ trois quarts des volumes consommés sont importés», principalement de Norvège, rapporte FranceAgriMer (89% pour les seuls poissons). Côté viandes, la dépendance aux importations est particulièrement forte pour la viande ovine et le poulet, avec respectivement 53% et 42% des produits consommés au France qui viennent de l’étranger, toujours selon FranceAgriMer. Le poids des importations de poulet est en forte hausse, puisqu’il était de 25% en 000. Un rapport du Sénat publié en 2022 l’explique notamment par «la hausse des importations de volailles d'Europe de l'Est, en lien avec la croissance de la consommation hors domicile dont l'approvisionnement repose sur l'importation de découpes de volaille».

Pour le porc, un quart de ce qui est consommé en France (notamment les jambons) est importé. Cette production «provient majoritairement d'Espagne ou d'Allemagne, principalement comme matière première destinée à l'industrie de transformation», souligne le rapport du Sénat précité. Pour la viande bovine, c’est un cinquième de ce qui est consommé. «La viande de bœuf vendue dans la grande distribution est très largement d'origine française (à 93 %), mais plus de la moitié de la viande bovine vendue dans la restauration est importée», note le Haut-commissariat au Plan.

S’agissant des produits laitiers, la France «importe une part conséquente de sa consommation apparente», comme le note FranceAgriMer. Par exemple 40% de son beurre ou 36% de son fromage ou de sa crème. Elle est pourtant dans le même temps «exportatrice nette de produits laitiers». En outre, bien que la France soit LE pays du vin, FranceAgriMer rapporte que, «de manière assez peu intuitive, on constate que, en volume, les importations sont du même ordre que les exportations». En effet, un quart des volumes de vin consommé en France provient de l’étranger.

Les céréales semblent être les seuls produits agricoles où la France est globalement souveraine : moins de 10% du blé tendre, de la farine de blé, de l’orge ou du maïs consommés en France viennent de l’étranger. Avec deux exceptions notables : le blé dur d’une part, largement importé (75%), principalement d’Italie, car «exporté sous forme de grain mais largement importé sous forme de produits élaborés (pâtes sèches, semoule)». Les deux tiers des pâtes consommés en France viennent notamment de l’étranger.

Au global, sur les principaux produits agricoles et agroalimentaires, la dépendance de la France à l’étranger vient majoritairement de pays de l’UE. «Notre premier fournisseur à l'importation est le plus souvent un pays de l'Union européenne et en premier lieu l'Espagne (fruits et légumes, vin, porc et volailles) suivie des pays du Nord (Belgique, Allemagne et surtout Pays-Bas)», observe en effet FranceAgriMer.

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