Exploration du Cannibalisme au Cinéma: Des Classiques Controversés aux Œuvres Modernes

Le cinéma a toujours été fasciné par les aspects les plus sombres et les plus tabous de l'existence humaine. Parmi ceux-ci, le cannibalisme occupe une place particulière, suscitant à la fois l'horreur et la fascination. Cet article explore la représentation du cannibalisme dans le cinéma, en mettant en lumière des œuvres marquantes qui ont marqué le genre.

Les Origines du Film Cannibale

Dans les années 70, un nouveau genre de films a fait son apparition : le film cannibale. Né en Italie, il s'est rapidement répandu et est devenu un genre phare du cinéma bis. Dès ses débuts, le film cannibale s'est révélé être un sous-genre cinématographique bien codé, mêlant films érotiques et films gores de manière récurrente. De par son aspect scandaleux et ses faibles moyens de production, le cannibal movie est un des grands genres du cinéma bis.

Un des aspects scandaleux des films cannibales à l’époque était que certaines scènes sont bien réelles. Dans le cas de Cannibal Holocaust, l’équipe de tournage avait certifié ces scènes violentes de mise à mort d’animaux comme « sans trucages ».

Le film cannibale illustre donc la volonté de créer la peur chez le spectateur par la différence ethnique. Une peur entrainant rejet de l’autre et sentiment que l’horreur se trouve ailleurs : dans l’inconnu, dans un mode de vie et des traditions différentes des nôtres.

Cannibal Holocaust (1980): Un Film Controversé

Ainsi de ce film culte, adoré autant qu’haï, où une équipe de télévision part à la recherche d’une équipe de chercheurs et de reporters portée disparue dans la jungle amazonienne. Ce film Z est loin de The Lost city of Z et frise l’insoutenable. Animaux tués et charcutés, femmes violées ou empalées, têtes tranchées, avortement sauvage et dégustation de chair humaine.

Le film fut l’objet de multiples polémiques. On a accusé Deodato de pratiques snuff sur ses acteurs (faux), d’avoir blessé ou tué de vrais animaux (vrai)… Surtout, on a reproché au réalisateur d’avoir ourdi un film ultraviolent alors qu’il entendait dénoncer le sensationnalisme des médias. Difficile à regarder, il ne faut pas oublier que Cannibal Holocaust est avant tout du cinéma, du fake, du grand guignol, mais réalisé de façon tellement réaliste et convaincante qu’on en oublie l’aspect simulacre.

Le réalisateur Ruggero Deodato fut convoqué par la justice italienne pour prouver que les effets spéciaux de Cannibal Holocaust étaient véritablement des effets spéciaux et que les acteurs étaient... de vrais acteurs !

Véritable choc pour tout amoureux du cinéma, Cannibal Holocaust est avant tout un film surprenant, jouant avec une facilité déconcertante sur le vrai ou le faux. Maîtrisé de bout en bout techniquement parlant, le film de Deodato enchaîne les scènes d’horreur avec un naturel presque trop simple. Pas de discours idiots sur le primitivisme et violence gratuite. On préfère opter pour la dénonciation d’un journalisme fana du ...

L'Évolution du Thème du Cannibalisme au Cinéma

Progressivement le cannibal movie va devoir se réadapter aux problèmes que nos sociétés traversent. Avec Nouvelle cuisine, film Hong-kongais sorti en 2004, c’est par exemple la question de la longévité et du refus de vieillir qui est abordée par Fruit Chan. Plus récemment on peut citer le très bon Grave, sortie en 2017, qui va encore plus loin dans l’intériorisation de l’horreur cannibale. Un film qui parle d’une jeune fille végétarienne depuis l’enfance qui devient cannibale sans être trop capable de se l’expliquer. De quoi créer de l’empathie chez le spectateur qui essaye lui aussi de s’expliquer l’irrationnel. Comme si l’on était à la place de Justine, on cherche à comprendre le phénomène de l’anthropophagie.

Apparaît en parallèle à cette intériorisation du phénomène anthropophagique un nouveau type de films cannibales. Des films où l’anthropophagie devient involontaire. On passe donc de films très codés ou le cannibalisme est un véritable rite à des films où le cannibalisme est involontaire et repose sur l’unique besoin de s’enrichir comme c’est le cas dans Les bouchers verts.

On constate donc une véritable volonté de modernisation du thème du cannibalisme au cinéma. Le cannibalisme n’est plus l’élément central et vendeur que l’on affiche dans le titre de son film mais devient un simple élément horrifique permettant de critiquer des sociétés en perpétuel mouvement. À l’image de nos sociétés changeantes, le film cannibale change lui aussi, passant d’une horreur qui nous est inconnue à une horreur que l’on essaie de comprendre et de se figurer. L’horreur devient imaginable dans nos propres sociétés, qu’elle soit volontaire ou que l’on consomme de l’être humain sans le savoir.

Grave (2016): Une Nouvelle Perspective

Avec Grave, Julia Ducournau signe une entrée marquante en cinéma en bousculant un peu le paysage habituel du jeune cinéma français. Il n’est en effet pas si courant sous nos latitudes de mêler deux veines à priori aussi éloignées que le teen movie initiatique et le genre gore, l’anthropophagie étant ici le signe des métamorphoses du corps adolescent et de l’éveil de la sexualité.

En cela, le film de Julia Ducournau marche dans un sillon qui est aussi un peu français: peu de films ont aussi bien décrit ce vertige cannibale guettant derrière tout baiser que le Trouble Every Day de Claire Denis (2001).

Le Cannibalisme comme Métaphore

Dans un texte important où il évoque aussi Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974) et La colline a des yeux (Wes Craven, 1977), le critique américain Robin Wood a parfaitement identifié la puissance métaphorique de ces cannibales modernes : « Le cannibalisme, écrit-il, représente le summum de la possessivité et, par conséquent, l’aboutissement logique des relations humaines dans le capitalisme. » Image du capitalisme ou simplement de la possessivité ordinaire, le cannibalisme n’est que le scénario extrême d’une emprise.

Quelques Films Marquants sur le Cannibalisme

Voici une liste de quelques films notables qui explorent le thème du cannibalisme sous différentes formes :

  • Cannibal Holocaust (1980) de Ruggero Deodato
  • Cannibal Ferox (1981) de Umberto Lenzi
  • Le Dernier Monde cannibale (1977) de Ruggero Deodato
  • La secte des cannibales (1980) de Umberto Lenzi
  • La Montagne du dieu cannibale (1978) de Sergio Martino
  • Emanuelle et les derniers cannibales (1977) de Joe D'Amato
  • Vorace (1999) de Antonia Bird
  • Delicatessen (1991) de Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet
  • Soleil vert (1973) de Richard Fleischer
  • Grave (2016) de Julia Ducournau

Tableau Récapitulatif de Quelques Films

Titre Année Réalisateur Genre
Cannibal Holocaust 1980 Ruggero Deodato Aventure, Épouvante-Horreur
Cannibal Ferox 1981 Umberto Lenzi Épouvante-Horreur
Le Dernier Monde cannibale 1977 Ruggero Deodato Épouvante-Horreur
Grave 2016 Julia Ducournau Épouvante-Horreur, Drame
Delicatessen 1991 Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet Comédie, Policier

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