Films Culte: Quand le Barbecue Devient Scène de Cinéma

Le barbecue, plus qu'un simple mode de cuisson, est un véritable rituel social. Qu'il s'agisse d'un moment de convivialité entre amis ou d'une scène de confrontation, le barbecue a trouvé sa place dans le cinéma français. FrenchMania nous propose un florilège de scènes mémorables où le barbecue est à l'honneur.

Le Barbecue au Cinéma : Un Symbole de Convivialité et de Comédie

« Barbuc’ ce soir ? », c’est évidemment LA question qui va ponctuer l’été. Réflexe pavlovien, la simple évocation du mot “barbecue” peut en mettre plus d’un en état de transe - bave qui coule au coin des lèvres incluses. L’appel de la viande rouge ? Pas seulement.

Le barbecue est aussi un cérémonial, celui de la cuisson par le feu - et le mâle moderne se sent tout d’un coup aussi viril qu’un néandertalien dès lors que chauffent les braises et qu’il peut crier à ses invités “saignant ou à point ?“. Exercice de virilité, moment de franche convivialité ou de discussions enflammées, il faut de tout pour faire une bonne scène de barbecue.

Trafic (1971) - Jacques Tati

Dans la famille Mr Hulot, on demande Trafic ! Ici, Mr Hulot (Jacques Tati) troque son costume d’estivant pour celui de designer automobile chez Altra, petit fabricant parisien de véhicules-gadgets. La multi-fonctionnalité délirante de ce pot de yaourt, ancêtre des Transformers, surgit lors d’une scène drolatique de fouille à la douane allemande : du coffre jaillit deux sièges de camping-car et lorsque la calandre se rabat… hop, un barbecue apparaît comme par magie !

Le barbecue ou le symbole de l’embourgeoisement des classes moyennes durant les Trente Glorieuses. Le compagnon de route de Mr Hulot, jusqu’au-boutiste, y installe d’ailleurs un morceau de viande sorti ni vu ni connu de sa poche, tout ça sous le regard attentif des douaniers. Pratique. Comme quoi, avec un barbecue, tout se passe mieux, même entre voisins.

Les Visiteurs (1993) - Jean-Marie Poiré

Fraîchement débarqués dans les années 1990, le comte Godefroy de Montmirail et son serviteur Jacquouille découvrent le monde de leurs “p’tits p’tis p’tis p’tis fillots“. C’est d’abord comme des crèves-la-faim que les autres les perçoivent. Des dingues en costumes moyenâgeux qui piquent des grillades sur le barbecue d’un resto de bord d’autoroute (un Courte-Paille), à l’épée, c’est plus chic.

Des bouts de steaks bleus dont les deux compères se bâfrent comme des sagouins. Pas de couverts, avec les doigts et les dents, comme en 1100. Des bonnes manières qui tapent immédiatement dans l’œil de Dame Ginette (Marie-Anne Chazel), vagabonde accordéoniste qui ne serait pas contre une côtelette. C’était sans compter sur l’arrivée du propriétaire de l’établissement qui, carabine à la main, fait détaler les piqueurs comme des lapins. « Taïaut messire taïaut !! ». Pas de barbecue pour tous par ici…

OSS 117 : Rio ne répond plus (2009) - Michel Hazanavicius

Pour Hubert Bonisseur de La Bath alias OSS 117 (Jean Dujardin), le barbecue est une affaire d’homme, une histoire de testostérone. Dans OSS 117, Rio ne répond plus, l’espion macho veut prouver à l’espionne qui l’accompagne dans sa mission qu’aucune situation ne lui échappe. Alors quand ils sont perdus au milieu de nulle part après un crash aérien, OSS 117 prend les choses en main.

Au pistolet, il abat un alligator qui pèse le poids d’un âne mort, puis demande à Dolorès (Louise Monot) de cuisiner la bête pour le dîner, en toute simplicité. “J’ai besoin de vitamines moi” lâche-t-il à la jeune femme qui refuse de lui préparer son souper et le laisse se débrouiller avec son immangeable trophée. C’est à la broche qu’il décide de cuire l’animal, sans penser que son cuir mettrait bien du temps à cuire… La broche tourne toute la nuit, mais le crocodile reste cru. Échec du barbecue. KO le macho.

Les Neiges du Kilimandjaro (2011) - Robert Guédiguian

Les cigales, le pastis, les réflexions autour de la gentrification des classes populaires, tout ça, autour d’un barbecue. Pas de doute, on est bien dans un film de Robert Guédiguian. Puis il y a l’Estaque, bien sûr. Inspiré du poème hugolien “Les pauvres gens”, Les Neiges du Kilimandjaro conte l’histoire de Michel (Jean-Pierre Darroussin), un soudeur mis sur le carreau par son entreprise.

Un soir, il se fait braquer tout l’argent collecté par ses amis - une somme qui était destinée à un voyage en Tanzanie avec sa dulcinée, Marie-Claire (Ariane Ascaride). Récit douloureux d’un prolétaire, comme il aime à s’appeler, dévalisé par un autre prolétaire. Quid de la scène du barbecue direz-vous ? Elle est familiale et pittoresque, dans un style parfaitement guédiguianesque. Autour de l’objet qui chauffe, les protagonistes s’échauffent sur des sujets politiques, comme dans tout bon repas de famille. “Eh Jeannot ! Tu piques les merguez toi avant de les cuire ?“. Le vrai débat est là…

Les Bêtises (2015) - Rose et Alice Philippon

Enfant adopté et atteint du syndrome de Peter Pan, François (Jérémie Elkaïm) souhaite à tout prix retrouver sa mère biologique (Anne Alvaro) qui se refuse, elle, à le rencontrer. Tenace, le héros s’infiltre à l’occasion d’un anniversaire guindé chez celle-ci et s’improvise serveur. Adroit ? L’homme ne l’est pas et enchaîne les gaffes les plus crétines, se comportant comme un gamin turbulent qui gâche la fête des adultes.

A sa charge soudain, la “mission grillade”… Aïe. Ni une ni deux, la farce reprend de plus belle : le chien s’empare goulûment des brochettes, le barbecue se transforme en brasier infernal, et Fédor y brûle son doux pelage, pauvre bichon. Égaré dans une fumée quasi-volcanique, un invité, le fameux René, restera même introuvable. Vite, un saut d’eau ! Les incertitudes généalogiques de François se dissipent enfin. Se dévoile face à lui le visage embrumé d’une femme en qui François reconnaît pour la première fois sa mère. Morale de l’histoire : c’est cuit pour le barbecue. S’y sont éteints les doutes d’un enfant mal-aimé. Mais une question reste toujours en suspens : “Vous n’avez pas vu René ?“.

Barbecue et Plancha : Quand les Amis se Retrouvent

Pour ses 50 ans, Antoine a reçu un cadeau original : un infarctus. Désormais, il va adopter un nouveau régime. L’idée d’un film sur les amis est venue d’une citation. C’est qu’il y a des hommes qui font le barbecue mais qui ne font que ça dans les tâches ménagères et qui considèrent qu’ils sont à égalité avec leurs femmes alors que les femmes s’occupent de faire les courses, laver la maison, faire travailler les enfants, faire le linge.

Le tournage de Barbecue s’est déroulé sur une période de deux mois dans la région des Cévennes. On aperçoit dans le film notamment le Cirque de Navacelles.

Huit ans après le succès de Barbecue, Eric Lavaine sort ce mercredi Plancha, second volet de sa comédie de potes mélancolique. Après les Cévennes, direction la Bretagne.

Succès modéré à sa sortie il y a huit ans, avant de battre des records d'audience sur TF1 et Netflix, la comédie de potes Barbecue inspire à son réalisateur Eric Lavaine une suite, Plancha, qui sort ce mercredi 16 octobre au cinéma. Lambert Wilson, Franck Dubosc, Guillaume de Tonquédec et Jérôme Commandeur rempilent dans cette comédie dramatique sur les affres de cette bande de cinquantenaires.

Après un premier volet situé dans les Cévennes, la suite se déroule en Bretagne, où le groupe se retrouve pour des vacances improvisées dans le manoir ancestral de l'un d'entre eux. Sur place, la cohabitation s'annonce compliquée et les amis de toujours se brouillent lorsque d'importantes révélations sont faites. A en croire Eric Lavaine, Plancha a séduit ses premiers spectateurs lors des avant-premières.

Le public semble très heureux de retrouver ces personnages. "Les gens sont attachés à l'ambiance de films comme Barbecue. Ils y voient autre chose qu'une simple comédie", insiste le réalisateur, dont le film a fait l'objet de parodies en ligne. "Il y a eu un phénomène étonnant avec Barbecue. Il a fait un carton sur Netflix, ce qui a un peu rajeuni la cible. Il y avait pas mal de jeunes aux avant-premières de Plancha."

Plancha est né par hasard. "Je n'avais pas vocation à faire de suite. Quand j'ai commencé à réfléchir aux petites intrigues que l'on voit dans le film, je n'étais pas sûr de le faire avec les personnages de Barbecue", assure Eric Lavaine. Puis, avec le succès à retardement du film, le cinéaste s'est laissé convaincre de les faire revivre. "C'est quand même un confort extraordinaire, puisqu'ils existent", concède-t-il.

"Ils nous ont fait gagner beaucoup de temps, ajoute-t-il. D'un point de vue marketing, c'était plus intéressant pour tout le monde. Vous montez un plus gros film. Vous avez plus de moyens. Ça facilite beaucoup les choses." Et dans un contexte de crise du cinéma, trouver des financements était ainsi plus facile: "Vous annoncez que vous faites la suite de Barbecue, votre film se monte instantanément."

Le casting avait accepté l'idée de la suite, mais à la condition que le scénario soit à la hauteur: "J'ai réécrit plusieurs fois, notamment pour Lambert, parce qu'il trouvait que son personnage n'avait pas assez de profondeur. J'ai ajouté une histoire personnelle, sur la mort de mon père, qui se trouve très proche de ce qu'il a vécu d'ailleurs avec le sien. Ça a d'un coup apporté une dimension un peu plus intéressante."

Plancha est ainsi un film plus dramatique que Barbecue. Une manière d'être plus sincère avec le public, insiste-t-il: "Quand vous faites une suite, ce qu'il faut, c'est que ça ne soit pas gratuit. Je vais être très honnête. La suite d'Un tour chez ma fille [sortie l'année dernière, NDLR] n'était pas indispensable. C'était sympathique. Là, avec Plancha, il y a une dimension plus intéressante."

Le résultat est aussi "plus sombre", prévient Eric Lavaine: "Je pense que Plancha est plus triste que Barbecue. Barbecue parlait de l'usure de l'amitié. Et Plancha du temps qui passe. Comme dit Lambert dans le film, on ne va pas vers le beau temps. Il ne nous reste pas des dizaines de Noël en bonne santé", raconte le réalisateur, qui a retiré du film certains gags, "parmi les plus savoureux, parce qu'on perdait en véracité."

Une plancha provoquerait-elle plus de tristesse qu'un barbecue? Eric Lavaine en est persuadé: "Quand vous avez une plancha, vous pouvez cuisiner pour vous seul, alors que le barbecue, c'est vraiment convivial", détaille le réalisateur. "Vous pouvez avoir une plancha à l'intérieur alors que le barbecue, si vous n'êtes pas dehors au soleil, ça ne marche pas."

Le choix de la plancha, comme de la Bretagne, n'est ainsi pas anodin et reflète la bile mélancolique de ses personnages: "Cinématographiquement parlant, la Bretagne, c'est très beau. Mais je trouve aussi que le climat breton correspond un peu à l'humeur globale du film", analyse le cinéaste. "Dans les groupes d'amis, on passe par des tempêtes et des moments de bonheur."

Avec la crise du cinéma, Eric Lavaine a conscience qu'"il faut proposer de meilleurs films". Ce qu'il a "l'impression" d'avoir réussi avec Plancha. "A chaque fois, on essaie de faire le meilleur film. Je prends du temps au public. Je vais lui prendre 1h30, donc je ne veux pas qu'il s'ennuie! C'est une valeur importante à respecter. Après, est-ce qu'on arrive à faire un bon film ou pas, c'est un autre débat."

Plancha : Une Comédie sur l'Amitié et le Temps qui Passe

Dans Plancha, une bande de copains décide, malgré tout, de partir en vacances au bord de la mer comme chaque année. Leur amitié, leurs certitudes, leur culpabilité, leurs amours en seront ébranlées.

Huit ans après avoir dépassé la barre du million d'entrées dans les salles en 2014, Plancha essaye de reproduire le succès de Barbecue en se basant sur une recette quasi-inchangée. Les acteurs reviennent à table - à l'exception de Florence Foresti, partie en solo avec sa série Désordres sur Canal+ -, l'histoire reste la même : des amis se réunissent pour partir en vacances en Grèce, à l'occasion du cinquantième anniversaire d'Yves (Guillaume de Tonquédec). Problème : leur voyage est subitement annulé. En solution de secours, Yves propose à ses camarades de poser leurs bagages dans son manoir familial de Kerzellec, en Bretagne.

Décor (souvent pluvieux) où chacun videra son sac et se libérera de ses angoisses les plus profondes : peur de la mort, peur de vieillir, peur d'être abandonné ou de ne rien laisser derrière soi. Tout comme Barbecue, qui démarrait sur l'infarctus du personnage incarné par Lambert Wilson, la mort rôde dans Plancha. Elle installe un climat de comédie qui n'avance jamais totalement le cœur léger, qui se rêverait en exutoire calibré pour le dimanche soir sur TF1 mais qui en réalité semble plus attiré par le drame qu'autre chose.

Toutes les situations qui devraient prêter à sourire sont en fin de compte imprégnées d'une tension qui désactive la possibilité de rire aux éclats. Baptiste, un quinquagénaire campé par Franck Dubosc, est convaincu qu'il va prochainement être licencié de son travail du fait de son vieillissement. La séquence, d'une grande futilité, est étirée sur plusieurs minutes avec un sérieux qui paraît presque lunaire au vu du sujet évoqué.

On sent chez Éric Lavaine la volonté d'évoquer, derrière la mécanique de la comédie, des sujets très contemporains qui donneraient à Plancha une allure autre que celle du simple produit télévisuel, prêt à l'emploi. Le réalisateur aimerait causer de crise de masculinité, de misogynie et des infernaux diktats de la réussite mais passe aussi son temps à gâcher ces opportunités avec des saynètes au mieux vieillottes, parfois carrément rétrogrades.

Au bout de 40 minutes, le personnage de Jean-Mich (Jérôme Commandeur) débarque pour passer du bon temps avec ses amis. Désormais riche et marié à une belle et jeune femme costaricienne (Alice Llenas, tristement reléguée au statut de “trophy wife”), l'homme est devenu un objet désirable, dont certains potes jalousent discrètement la vie si bien rangée, le petit bonheur familial qu'il expose à qui veut l'entendre.

Au lieu d'insister sur le fait que la réussite dont Jean-Mich est devenu l'emblème pourrait paraître purement matérielle et anachronique, le film préfère se focaliser sur le fait que le protagoniste a d'abord pris une revanche sur la vie et que ce sont les autres, ceux à qui tout souriait, qui doivent désormais passer à la caisse des souffrances.

En sortant de Plancha, on se souvient moins des moments de rigolade, finalement peu nombreux et limités à un ping-pong verbal sans surprise, que de la tristesse qui a inondé ses personnages, chacun leur tour, et que le film détaille parfois très crument. Éric Lavaine tente autant qu'il le peut de sauver les apparences avec des scènes de joie artificielles et de la musique sirupeuse, comme pour répondre à un certain cahier des charges de la comédie populaire.

Les Films de Potes : Une Sélection Incontournable

Voici une sélection de films qui explorent les thèmes de l'amitié, des vacances et des relations humaines, souvent avec une touche d'humour et d'émotion :

  • Un éléphant ça trompe énormément (1976) : L'histoire de quatre copains, restés de grands enfants à l'approche de la quarantaine.
  • Le Coeur des hommes : Quatre amis à la fois solides et immatures, sont au tournant de leur vie d'adulte.
  • Quatre garçon pleins d'avenir : Les aventures de quatre copains, étudiants en droit à Aix-en-Provence.
  • Five : Cinq amis d'enfance rêvent depuis toujours d'habiter en colocation.
  • Tout ce qui brille : Deux amies d'enfance partagent tout et rêvent ensemble d'une autre vie.
  • Le Péril jeune : Quelques jeunes hommes se réunissant plusieurs années après avoir quitté le lycée.
  • Mes meilleurs copains : Quelques amis de jeunesse approchant de la quarantaine.
  • Les Petits mouchoirs : À la suite d'un événement bouleversant, une bande de copains décide, malgré tout, de partir en vacances au bord de la mer comme chaque année.
  • L'Aventure c'est l'aventure : Cinq truands décident de se recycler en enlevant des personnalités.
  • Comme t'y es belle : Quatre femmes sont liées par leurs familles séfarades autant que par leur amitié.

Vers un Troisième Opus ?

Après Barbecue et Plancha, à quand Raclette et Pierrade? Eric Lavaine rêve néanmoins d'un Wok en Thaïlande. "Le double sens m'intéresse. Il existe, dans la comédie française, un sous-genre très particulier qu'on ne semble retrouver nulle part ailleurs : celui des suites des films qu'on n'attendait pas mais pour lesquelles on finit par développer une étrange curiosité.

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