Chaque début d’année, l’Épiphanie apporte avec elle une tradition gourmande qui rassemble petits et grands : la galette des rois. Nous plongeons directement dans l'univers délicieux de la galette des rois et de sa fidèle compagne, la fève. C'est bien plus qu'une pâtisserie, c'est un moment où famille et amis se rassemblent depuis une éternité. Imaginez : chaque part de cette galette, dorée à souhait et parfumée d'une fève mystérieuse, devient comme une quête pour dénicher le futur roi ou la future reine de la journée. Alors, prêts à découvrir les origines et les petits secrets qui gravitent autour de cette galette pleine de mystère ? Voici son histoire.
Origines de la tradition
La galette des rois est célébrée le 6 janvier. Chaque année, les gourmands attendent avec impatience de la déguster et surtout de savoir qui aura la fève. Mais sais-tu d’où vient cette tradition ?Bienvenue dans un voyage temporel jusqu'à la Rome Antique, une époque de festivités païennes marquées par les Saturnales, une célébration du solstice d'hiver. Au cœur de cette tradition, émerge la désignation d'un "roi" pour une journée, donnant naissance à la célèbre galette des rois. Cependant, attachez vos ceintures, car cette galette est loin de ressembler à celle que nous connaissons aujourd'hui. À cette époque, il s'agit simplement d'un rond de pâte, préparé et cuit à la broche. Le seul élément partagé avec notre version est la présence d'une fève sèche qui symbolisait la fertilité des terres et la prospérité. La découverte de cette fève offre à celui qui la trouve le statut de "roi" ou "reine" pour une journée, assorti de privilèges exceptionnels lors des festivités.
De la tradition païenne à la tradition chrétienne
Plus tard, les chrétiens ont repris cette tradition de la galette pour célébrer l’arrivée des Rois mages devant le berceau de l’Enfant Jésus. C’est l’Epiphanie.
Habituellement fêtée le 6 janvier - ou le premier week-end du mois si le jour n’est pas chômé - dans la religion catholique, l’Épiphanie célèbre l’arrivée des Rois mages après la naissance du Christ.La galette des rois est dégustée généralement autour du 6 janvier, date de L’Épiphanie, la fête chrétienne de l’adoration des rois mages devant l’enfant Jésus.
Dans l’évangile selon Matthieu, dans lequel les rois mages sont cités pour la première fois, il n’y a aucune description précise, pas même de prénoms. Il faudra attendre le manuscrit d’un chroniqueur italien, Jacques de Voragine, au 13e siècle, pour lire leurs noms, inspirés des continents dont ils provenaient. Gaspard, Melchior et Balthazar auraient été guidés par une étoile, selon l’évangile de Matthieu, jusqu’à l’enfant Jésus. Ils auraient offert trois cadeaux à l’enfant Jésus, né douze jours avant leur rencontre. De l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Les premières preuves de la présence de fèves dans les galettes ne remontent pas au-delà du XIVe siècle. Dans son livre, elle explique qu’une charte datée de 1311, de Robert de Fouilloy, alors évêque d’Amiens, atteste d’un gâteau, contenant une fève, partagé entre plusieurs convives.
La symbolique de la galette et de la fève
« La galette des Rois est ronde pour évoquer le soleil (le Christ est la lumière du monde) et l’univers (le Christ Dieu de l’univers) ; la couronne rappelle quant à elle les Rois mages et la royauté divine du Christ, la fève désigne sa venue cachée, rappelle Marie-Odile Mergnac dans son ouvrage Petite histoire de nos fêtes en France. Ce fameux gâteau, résumé d’un cours de théologie à lui seul, existe au moins depuis le XIIIe siècle (on l’évoque comme coutume déjà ancienne dans un texte rédigé à Amiens en 1311). »
Au cours du Moyen-Âge, « les Français dégustaient une boule de pain, dans laquelle ils inséraient un haricot : la fève », rappelait en 2021 la radio RTL. Le choix de cette graine de légumineuse ne doit rien au hasard : « C’était l’une des premières graines comestibles à pousser au printemps. La fève qui, comme l’œuf, porte en elle-même son embryon, devint très tôt symbole de vie et de fécondité », détaille Nadine Cretin.
Dès la Grèce antique, entre le VIe et le Ve siècle avant notre ère, les fèves étaient déjà estimées. À cette époque, elles étaient censées contenir les âmes des morts qui attendaient leur réincarnation. Elles servaient aussi à élire les magistrats de la Grèce antique.
Évolution de la fève
Au départ, c’était une graine de fève ou de haricot. Puis, une pièce d’or ou d’argent. Au XVIIIe siècle, la fève est devenue une figurine en porcelaine, représentant les personnages de la crèche.C'est seulement en 1875 que les graines de légumineuse ont été remplacées par des figurines en porcelaine de Saxe, pour éviter que les convives ne l’avalent involontairement.
La fabophilie : l'art de collectionner les fèves
Au cours du XIXe siècle, la véritable fève (graine de haricot) a peu à peu été remplacée par des personnages en porcelaine. D’abord des santons liés à la thématique religieuse, avant de se diversifier… Pour le plus grand plaisir des collectionneurs.
Si les premières fèves sont d’inspiration religieuse, avec des représentations de personnages de la crèche ou des angelots, progressivement, l’étiquette religieuse de la fève disparaît pour laisser place à une fête plus traditionnelle. Et les thématiques évoluent ; les fèves peuvent évoquer la chance (trèfle, fer à cheval), mais aussi des animaux ou des objets du quotidien, voire des symboles républicains (bonnet phrygien). Aujourd’hui, les sujets sont très variés, entre l’actualité, les personnages de BD, dessins animés et films à la mode, ou encore la publicité… Chaque année, près de 5 000 fèves différentes sont créées en France pour la fête des rois, déclinées en une multitude de séries variées, qui font le bonheur des fabophiles, les collectionneurs de fèves, ayant même leur association nationale !
Les traditions et coutumes
La tradition veut que le plus jeune de l’assemblée se cache sous la table, et assure à l’aveugle la distribution des parts. Celui qui trouve la fève en mangeant est déclaré « roi ».Il était de coutume d’offrir à boire aux autres invités lorsque l’on tombait sur la fève. Certains, alors peu désireux de se soumettre à cette coutume, « s’empressaient d’avaler sournoisement la fève », raconte encore Nadine Crétin dans son ouvrage.
Le "roi boit"
Attestée dès le XIVe siècle, la coutume du « roi boit » est une coutume qui tire son nom de l’acclamation, criée par toute la tablée, à chaque fois que le roi désigné par la fève boit. Généralement, la tradition voulait que le roi d’un jour paie sa tournée.
La galette des rois à travers les régions
Si dans les trois quarts de l’Hexagone on mange de la galette, on préfère le gâteau des rois dans le sud de la France. La galette à la frangipane est aujourd’hui la plus consommée dans l’Hexagone. Composée de crème aux amandes entourée de pâte feuilletée, elle s’est imposée peu à partir du XVIe siècle, suite à une querelle entre pâtissiers et boulangers.
À l’époque, les deux corporations se disputent le monopole de la vente du fameux gâteau des rois, fabriqué à partir d’une pâte au levain. Ils en appellent au roi de France, François Ier, qui tranche en faveur des premiers. Qu’à cela ne tienne, les boulangers contournent cette interdiction en remplaçant le gâteau par une galette à base de pâte feuilletée ! Mais d’autres recettes ont perduré dans certaines régions, en fonction des traditions. Ainsi, dans le sud de la France, on mange toujours le gâteau des rois, sorte de brioche en forme de couronne agrémentée de fruits confits. En Franche-Comté, la galette bisontine est un gâteau à base de pâte à choux, aromatisée à la fleur d’oranger. Autre exemple, dans les Flandres, cette pâtisserie est composée de pâte briochée fourrée d’une crème au beurre aromatisée au rhum ou au kirsch. On trouve un gâteau similaire, appelé Nourolle, en Normandie…
Anecdotes et faits marquants
Au moment de la Révolution française, certains parlementaires ne voient pas la galette des rois d’un bon œil. En 1792, un député de la Convention, Pierre-Louis Manuel, propose à l’Assemblée l’interdiction de la fête des Rois, sans succès. L’année suivante, L’Épiphanie change de nom : « C’est aujourd’hui la fête de la liberté ; ce jour, autrefois, était consacré à la superstition et au royalisme ; les prêtres seuls fêtaient le jour des Rois ; aujourd’hui, tous les vrais patriotes vont fêter un jour qui est devenu la fête des sans-culottes », explique à la tribune un député jacobin. Le gâteau est ainsi rebaptisé galette de l’Égalité et ne contient pas de fève. Le 6 janvier 1794, le comité révolutionnaire de Paris dénonce les pâtissiers qui vendent encore des galettes le jour de L’Épiphanie. « ne peuvent avoir de bonnes intentions. Même plusieurs particuliers en ont commandé sans doute dans l’intention de conserver l’usage superstitieux de la fête des rois… ». Les forces de police sont sommées de saisir toutes les galettes dans la capitale. Pourtant, la tradition séculaire est tenace, et la Révolution a d’autres choses plus importantes à gérer que d’interdire une pâtisserie ! C’est ce qui sauva la galette à la fin du XVIIIe siècle.
La galette des rois à l'étranger
En Espagne, on profite du « Jour des trois Rois » pour échanger les cadeaux de Noël puisque, originellement, ce sont les rois mages qui apportèrent des présents, 12 nuits après la naissance de l’enfant Jésus. La veille, des carrosses paradent dans les rues. On lance fruits confits et des bonbons, prémices du lendemain. En Italie, l’Épiphanie est aussi l’occasion de recevoir ou non des cadeaux et quelques gourmandises : une sorcière issue du folklore italien, la « Befana », profite du 6 janvier pour apporter des sucreries aux enfants sages, et… du charbon aux autres ! En Allemagne, la tradition de l’Épiphanie est musicale ! Il est coutume de voir, dans les régions à dominante catholique comme la Bavière, des « Sternsinger », ou « chanteurs à l’étoile » : ces jeunes choristes déguisés en Rois mages passent de maison en maison, munis d’un bâton de pèlerin surmonté d’une étoile. Leurs chants ont vocation à récolter des dons et quelques friandises au passage. En Russie, le 6 janvier est le jour de la fête de Noël selon le calendrier orthodoxe. Selon la tradition, le père Gelo distribue des cadeaux avec Babushka, une vieille femme qui l’aide dans sa distribution. Il est également courant pour les orthodoxes de prendre un bain glacé dans des cours d’eau bénis préalablement par des prêtres. En Bulgarie et en Grèce on plonge également dans les eaux d’un lac, à la recherche d’une croix lancée par un prêtre orthodoxe. En Roumanie, des courses de chevaux sont organisées. Les cavaliers sont bénits par des prêtres.
La galette des rois aujourd'hui
Aujourd’hui, les artisans boulangers, mis à mal par la crise de l’énergie, ne manque pas d’imagination pour attirer les clients.Chaque année, plus de 30 millions de galettes des rois sont vendues en France pendant cette période.
Préférences des consommateurs
Les Français achètent leurs galettes en boulangerie plutôt qu’en grandes et moyennes surfaces, plus appréciées par les jeunes adultes.
Le marché de la galette des rois
En janvier, la vente de galettes des rois permet donc aux professionnels d’augmenter leur chiffre d’affaires de 30 à 40 % par rapport à un mois normal.
Mise en garde contre les arnaques
Gare aux arnaques ! Avec un business aussi lucratif, les dérapages sont inévitables et des artisans boulangers et pâtissiers réclament un “label tradition” pour protéger la galette faite dans les règles. Car si certains des 32000 boulangers-pâtissiers continuent de confectionner leur propre pâte feuilletée et leur frangipane dans leur fournil, d’autres trompent la clientèle sur la marchandise. Elle sont souvent achetées congelées à bas prix sur catalogue et simplement cuites au four.
Les différentes galettes des rois en France
La galette des rois parisienne se compose de pâte feuilletée fourrée à la frangipane (crème d’amande et crème pâtissière) ou simplement de crème d’amande C’est la galette la plus consommée en France puisqu’on la retrouve dans tous les départements ! c’est la seule galette proposée dans plusieurs régions du Centre et du Nord de la France! A la base, cette Galette des Rois était simplement faite à partir d’une pâte feuilletée bien dorée pendant la cuisson. Elle se dégustait avec de la confiture.
Dans le département du Nord (59), on déguste la galette des rois dunkerquoise ! Comme son nom l’indique, cette galette est originaire de la ville de Dunkerque. Cette pâtisserie pourrait se rapprocher de la Tropézienne ou encore du Nid d’abeille, gâteau d’origine allemande consommée dans la région de l’Alsace et dans le département de la Moselle (57). C’est une galette faite à base de pâte à brioche garnie d’une crème au beurre aromatisée au rhum.
Cette autre variante de la galette des rois est appelée la galette franc-comtoise, galette comtoise ou encore galette bisontine du nom des habitants de la ville de Besançon, dans le département du Doubs (25). Ce gâteau de fête se compose d’une base de pâte à choux aromatisée à la fleur d’oranger ou au rhum.
Il s’agit de la galette des rois normande ! Cette pâtisserie est originaire du département de la Manche(50). Elle est également faite à partir d’une pâte briochée et de beurre et elle doit avoir la forme de douze petites boules correspondant à chacun des apôtres de Jésus Christ ! On en retrouve d’ailleurs l’esprit aujourd’hui encore dans les brioches du commerce vendues sous le nom de « brioche à tête » ou encore « brioche parisienne », mais sans la fève indispensable à toute vraie Nourolles de l’Épiphanie !
On le trouve dans le sud de la France. C’est la deuxième galette des Rois la plus consommée en France après la galette des rois traditionnelle à la frangipane. On la trouve principalement dans la partie Sud de la France où elle porte le nom de « gâteau des rois ». Elle est faite à partir d’une pâte à brioche aromatisée à la fleur d’oranger. On y retrouve souvent des gros grains de sucre et/ou des morceaux de fruits confits sur le dessus.
Elle est sans nul doute la plus exotiques des galettes ! On la consomme en Guyane où la tradition de la tradition de la galette est très bien implantée. On y déguste la galette tous les vendredis durant toute la période du Carnaval qui débute à l’Épiphanie pour se terminer le lendemain du Mardi Gras (47 jours avant Pâques). La galette guyanaise est totalement différente des autres versions de galettes des Rois vues précédemment puisqu’elle est faite à base d’une pâte sablée sucrée garnie de crème de coco, de crème pâtissière ou de confiture de goyave, d’ananas ou encore de banane au miel !
Tableau récapitulatif des différentes galettes des rois régionales
| Région | Type de Galette | Description |
|---|---|---|
| Paris et Île-de-France | Galette Parisienne | Pâte feuilletée fourrée à la frangipane ou crème d'amande |
| Nord | Galette Dunkerquoise | Pâte à brioche garnie d'une crème au beurre aromatisée au rhum |
| Franche-Comté | Galette Franc-Comtoise (Bisontine) | Pâte à choux aromatisée à la fleur d'oranger ou au rhum |
| Normandie | Galette Normande (Nourolle) | Pâte briochée en forme de douze boules, symbolisant les apôtres |
| Sud de la France | Gâteau des Rois | Pâte à brioche aromatisée à la fleur d'oranger, avec des fruits confits et du sucre perlé |
| Guyane | Galette Guyanaise | Pâte sablée sucrée garnie de crème de coco, crème pâtissière ou confiture de fruits exotiques |
Que vous la confectionniez vous-même, que vous l’achetiez en boulangerie ou surgelée la galette est toujours l’occasion de se réunir en début d’année et de partager un moment gourmand en famille ou entre amis. Parmi les nombreuses variétés de galettes proposées sur le marché, chacun trouvera son bonheur pour devenir la reine ou le roi d’un jour !
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