Empreinte Carbone : Comparaison entre le Poisson et la Viande

L'alimentation est un facteur majeur de notre empreinte carbone globale. Il est donc crucial de comprendre l'impact environnemental de nos choix alimentaires, en particulier la consommation de viande et de poisson. Cet article compare l'empreinte carbone de ces deux sources de protéines et propose des pistes pour une consommation plus durable.

L'Impact Carbone de la Production Alimentaire

Les émissions liées à l'alimentation sont principalement dues à la production d'aliments pour animaux (50%), avec du protoxyde d'azote (N2O) libéré par la fertilisation azotée chimique, et au méthane (CH4) éructé par les ruminants (40%), notamment les bovins. Le reste provient du méthane produit par le stockage des fumiers et purins.

L'élevage représente environ 90% des gaz à effet de serre (GES) de la production agricole en France, car 80% des céréales et des légumineuses produites sont destinées à l'alimentation animale. Il est donc clair que la consommation de viande a un impact significatif sur notre empreinte carbone.

Une grande part des émissions de GES de l’alimentation (43 %) n’est pas issue de l’agriculture, mais du système de distribution-transformation-conservation-consommation des aliments. L’adoption d’une démarche d’ensemble de transformation de tous ces éléments est un enjeu essentiel de la réduction des émissions de l’alimentation en France.

Manger de la viande une fois par jour (moitié volaille, moitié bœuf) consomme le quota admis de 2 tCO2e / an. En manger une fois par semaine, en optant pour des menus végétariens avec oeufs et fromage pour les autres repas représente 1,2 t CO2e sur l’année. Or, cette consommation représente moins que la consommation moyenne française, qui est de 50 kg/an, soit 950 g toutes les semaines.

Aller vers une alimentation à dominante végétarienne est une action prioritaire pour réduire de façon significative son empreinte carbone. La viande rouge est celle qui a le bilan carbone le plus élevé par kilo produit.

Le Poisson : Une Alternative Plus Écologique ?

Le bilan environnemental de la pêche, en particulier la pêche industrielle, est souvent sous-estimé. On estime généralement qu’un kilo de poisson pêché produit entre un et cinq kilos de carbone, contre 50 à 750 kg pour un kilo de viande rouge.

L'océan joue un rôle fondamental dans la régulation du climat grâce à son effet "pompe à carbone". Ce mécanisme naturel absorbe et stocke une partie du CO₂ émis par les activités humaines. La pompe physique capte le CO₂ dans les eaux froides des profondeurs, tandis que la pompe biologique utilise le phytoplancton pour absorber le CO₂ par photosynthèse.

Ce processus est menacé par les pratiques de pêche industrielle, en particulier le chalutage de fond, qui remue les sédiments marins et libère le carbone stocké. La surpêche réduit également les populations de poissons et d'organismes marins qui participent au cycle du carbone, perturbant ainsi la dynamique de stockage du CO₂. La dégradation des écosystèmes marins nuit à la prolifération du phytoplancton, réduisant encore l'absorption du CO₂.

Pêche Artisanale vs Pêche Industrielle : Deux Mondes, Deux Impacts

Il est essentiel de distinguer la pêche artisanale de la pêche industrielle, car leurs impacts environnementaux sont très différents.

Pêche Artisanale

La pêche artisanale, pratiquée sur de petits bateaux par des pêcheurs indépendants ou en petites coopératives, respecte les saisons et les quotas pour préserver la ressource. Elle fournit directement les marchés locaux et les restaurants, limitant ainsi l'empreinte carbone liée au transport. Cette pêche est moins invasive, limite les prises accessoires et contribue à préserver la biodiversité.

La pêche artisanale produit autant de captures pour la consommation humaine que la pêche industrielle en utilisant un huitième du carburant brûlé par la grande pêche.

Pêche Industrielle

La pêche industrielle, quant à elle, vise à optimiser les rendements en capturant un maximum de poissons en un minimum de temps. Elle utilise de gigantesques navires-usines et des techniques agressives comme le chalutage de fond, la senne tournante et les filets dérivants. Cette pêche de masse entraîne la surpêche, la destruction des habitats marins, la capture d'espèces menacées et le rejet en mer de tonnes de poissons non commercialisables.

Le chalutage de fond est l'une des techniques les plus dommageables pour l'environnement, responsable de 57% des émissions totales de CO₂ des flottilles étudiées.

D'un côté, la pêche artisanale - pratiquée sur de petits bateaux locaux - privilégie des techniques sélectives qui respectent les saisons et les quotas, ainsi que la durabilité des ressources marines et l'emploi local. De l'autre, la pêche industrielle, avec ses navires-usines et ses méthodes de capture massive, vise la rentabilité à grande échelle, au détriment de l'environnement, en provoquant une surpêche et des dommages considérables aux habitats marins.

Empreinte Carbone de la Pêche : Les Chiffres

D'après une étude sur les émissions de gaz à effet de serre liées à la pêche, un kilo de poisson pêché génère entre 1 et 5 kilos de CO₂. Cependant, ce calcul ne tient compte que des poissons pêchés pour être consommés. Il est important de considérer que de nombreux poissons morts et inutilisés sont rejetés dans l'eau, où ils se décomposent et rejettent du CO₂ dans l'atmosphère.

Pour calculer l'empreinte carbone réelle de la pêche, il faudrait tenir compte des poissons effectivement capturés, ainsi que ceux qui ont été rejetés. De nombreux facteurs entrent en compte :

  • Le type de technique de pêche utilisée (chalutage de fond, pêche artisanale à la ligne, etc.)
  • La taille des bateaux et leur motorisation (chalutiers industriels, grands navires-usines, petits bateaux de pêche côtière, etc.)
  • La distance parcourue (pêche hauturière, pêche côtière)
  • La gestion des captures et des déchets (avec le rejet des prises accessoires)
  • La chaîne logistique et le transport des produits de la mer (transport du poisson, surgélation et réfrigération)
  • La surpêche et la pression sur les stocks, qui oblige les navires à parcourir plus de kilomètres
  • L'impact sur les écosystèmes marins (destruction des habitats marins et surexploitation des espèces)

Si certains chiffres annoncent des émissions de la pêche de l’ordre de 179 millions de tonnes équivalent CO₂, elles pourraient en réalité être nettement supérieures si l’on tient compte de l’ensemble des facteurs.

Manger du Poisson et Limiter Son Impact Carbone : C'est Possible ?

Il est possible de réduire l'impact carbone de sa consommation de poisson en faisant des choix éclairés :

  • Privilégier la pêche locale et artisanale : un poisson pêché près de chez vous aura toujours un impact carbone plus faible qu’un produit importé de l’autre bout du monde.
  • Réduire la consommation de poissons carnivores : le saumon, le thon ou le cabillaud nécessitent beaucoup de ressources pour leur croissance. Privilégier des espèces locales et plus durables comme la sardine, le maquereau ou les coquillages.
  • Consommer des poissons de saison : respecter leur saisonnalité permet d’éviter la surpêche et de limiter les importations coûteuses en énergie.
  • Éviter le poisson d’élevage intensif : se tourner vers des élevages durables et labellisés.

WWF a mis en place son « Consoguide » des produits de la mer pour vous aider à y voir plus clair, avec un système de couleurs simple : vert pour les poissons à privilégier, jaune pour ceux à consommer avec modération et rouge pour ceux à éviter.

Le Calcul de l'Empreinte Carbone des Produits Alimentaires

L'empreinte carbone des produits alimentaires est calculée en additionnant les émissions de gaz à effet de serre générées par la production, la transformation, le stockage et le transport de chacun des ingrédients, ainsi que les émissions générées par l’emballage.

Les principaux facteurs qui influent sur l'impact carbone d'un produit alimentaire sont :

  1. L'amont agricole : l'empreinte carbone liée à la production du produit, de la graine à la sortie du lieu de production.
  2. Le transport : les émissions de gaz à effet de serre liées au mode de transport utilisé et à la distance parcourue.
  3. Le stockage : les émissions de gaz à effet de serre liées aux différents modes de stockage et à la durée de stockage moyenne.
  4. L'emballage : les émissions de gaz à effet de serre liées à la production de l’emballage.

Pour comparer les produits entre eux, une échelle allant de A+ à E est utilisée, où A+ représente les produits avec l’empreinte carbone la plus faible et E les produits à l’empreinte carbone la plus élevée.

Quelques Idées Reçues sur l'Empreinte Carbone des Aliments

  • Un produit venant de loin génère-t-il plus de carbone ? Pas forcément ! Une tomate française hors saison aura un impact carbone près de 10 fois supérieur à une tomate de saison venant d’Espagne.
  • Le verre est-il meilleur que le plastique en terme d’impact carbone ? Malheureusement non. L’impact carbone du verre est 3 à 5 fois plus élevé que celui du plastique.
  • Un critère est-il plus important que les autres ? Tout dépend du produit étudié. La production représente généralement la majeure partie de l’impact d’un produit.

Agir pour une Consommation Responsable

Réduire sa consommation de viande, surtout de viande rouge, est l’un des gestes les plus efficaces pour limiter l’empreinte carbone de ses repas. Il est également important de lutter contre le gaspillage alimentaire, de privilégier les produits locaux et de saison, et de choisir des modes de production plus durables.

Chaque achat est un acte de vote ! En faisant des choix éclairés, nous pouvons tous contribuer à réduire l'impact environnemental de notre alimentation et à construire un avenir plus durable.

Comparaison des émissions de CO2 de différents aliments
Aliment Émissions de CO2 (par 100g)
Boeuf cru 3,5 kg
Poisson 600 g
Poulet 500 g
Tofu 500 g
Légumes secs 100-250 g

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