Le Gaspillage Alimentaire : Définition et Solutions

Le gaspillage alimentaire représente un enjeu mondial qui soulève des défis d’ordre environnemental, social et économique. Dans un monde où les ressources naturelles viennent à manquer, le gaspillage des denrées alimentaires ne cesse pourtant de s’accroître.

Chaque année dans le monde, la quantité de pertes ou de gaspillage de denrées alimentaires destinées à la consommation humaine s’élève à plus d’un milliard de tonnes. En France, chaque année, presque 10 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées, ce qui représente 150 kg par an et par habitant. Un gaspillage massif, qui ne concerne malheureusement pas que les produits alimentaires.

La situation fait écho à plusieurs problématiques :

  • Une problématique d'ordre éthique, tout d'abord, puisque de nombreuses personnes ne mangent pas à leur faim alors même que des millions de tonnes d'aliments consommables sont disponibles.
  • Une problématique d'ordre économique et écologique, avec d'un côté la surproduction et de l'autre la pollution engendrée par le gaspillage.

C'est pour faire face à ces défis vertigineux que la France s'est dotée, ces dernières années, d'un arsenal législatif renforcé. Plusieurs lois coexistent désormais, qui permettent de lutter contre le gaspillage alimentaire et non alimentaire, mais aussi d'œuvrer à un changement de modèle de production.

Définition du gaspillage alimentaire

Le gaspillage alimentaire se définit par la perte ou la dégradation de la nourriture destinée à être consommée par l’homme. Ce phénomène survient lors des différentes étapes de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. De la récolte à la consommation, en passant par le transport, la transformation et la distribution, les causes du gaspillage sont multiples.

Impacts du gaspillage alimentaire

Les données sur l’impact environnemental sont alarmantes. Cela résulte de l’émission de méthane issu de la transformation des aliments (décomposition). Ce gaz épuise les ressources naturelles et vitales comme l’eau et la terre, conséquence d’une agriculture intensive répondant à une consommation croissante. Cette pratique accélère la pollution des sols et de l’eau, et requiert une énergie considérable pour produire des aliments qui ne seront finalement pas consommés.

La FAO (Food and Agriculture Organization) estime le coût du gaspillage alimentaire mondial à 2600 milliards de dollars par an. En France, cela représente une valeur de 16 millions d’euros. Cette perte entraîne des coûts significatifs pour tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement, affectant les finances des ménages et des producteurs.

En France, chaque année, 10 millions de tonnes de nourriture sont perdues ou gaspillées tout au long de la chaîne alimentaire. Ces 10 millions de tonnes d'aliments représentent 16 milliards d'euros, soit 50 kg et 240 euros par Français chaque année.

Même si cela est facile à oublier, un kilo de farine ou un kilo de viande ont nécessité de nombreuses ressources en amont de leur production. Par exemple, pour produire de la viande, il faut mobiliser des terres agricoles pour nourrir le bétail, et de l'eau pour l'abreuver. Ainsi, selon le WWF, la production de bétail consomme environ 23 % de toute l'eau utilisée en agriculture. Cela équivaut à plus de 1 150 litres par individu et par jour.

Chiffres clés du gaspillage alimentaire

Indicateur Valeur
Gaspillage alimentaire mondial 1,3 milliard de tonnes par an
Gaspillage alimentaire en France 10 millions de tonnes par an
Coût du gaspillage en France 16 milliards d'euros par an
Gaspillage par habitant en France 50 kg et 240 euros par an

Causes du gaspillage alimentaire

De nombreux obstacles peuvent survenir pendant la période des récoltes, avec d’importantes répercussions sur la productivité agricole. Certains aliments, notamment ceux soumis à la chaîne du froid, requièrent une gestion rigoureuse. Des lacunes dans leur stockage peuvent engendrer d’importantes pertes.

Les exigences strictes des distributeurs augmentent les quantités de perte de certains aliments. C’est le cas notamment des fruits et légumes. Les distributeurs rejettent certaines denrées pour des raisons esthétiques (taille, forme, couleur), alors qu’elles sont comestibles. Le surplus de commandes de produits périssables conduit également à une augmentation des pertes alimentaires.

Dans les pays développés, les habitudes des consommateurs contribuent activement au gaspillage alimentaire. De nombreux aliments sont jetés à la poubelle alors qu’ils sont encore consommables.

Faire ses courses en optant pour le strict nécessaire peut se révéler être un véritable challenge. Face à la multitude de promotions sur l’alimentation et la vaste gamme des produits disponibles en rayon, les consommateurs sont incités à la surconsommation. Cette tendance engendre l’accumulation de produits superflus qui ne sont pas consommés et terminent en déchets alimentaires.

Selon les personnes interrogées pour les besoins de l'étude, ce gaspillage est imputable à la société de consommation, et notamment au comportement des industriels et des supermarchés qui produiraient ou mettraient à disposition un excès de produits.

Législation française contre le gaspillage alimentaire

Plusieurs lois coexistent désormais, qui permettent de lutter contre le gaspillage alimentaire et non alimentaire, mais aussi d'œuvrer à un changement de modèle de production. Il faut aussi noter l'émergence de nouvelles entreprises qui entendent lutter, à leur manière, contre le gaspillage. Elles proposent souvent une application et reflètent l'importance que le sujet occupe ces dernières années dans la société.

Pour ce faire, la France a mis en place un plan d’action visant à diviser par deux le gaspillage alimentaire : le pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire. En France, l’ADEME (l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie) œuvre activement contre le gaspillage alimentaire à l’échelle nationale.

Depuis 2013, la lutte contre le gaspillage à tous les niveaux de la chaîne est devenue une priorité. L'objectif est clair : réduire le gaspillage de 50 % par rapport à son niveau de 2015 dans les domaines de la distribution alimentaire et de la restauration collective d'ici 2025 et d'ici 2030 dans les domaines de la consommation, de la production, de la transformation et de la restauration commerciale.

Loi Garot (2016)

Promulguée en 2016, la loi Garot est une des mesures mises en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Elle met en avant deux dispositifs clés concernant les acteurs de la distribution alimentaire. La première mesure impose aux magasins de plus de 400 m² de donner leurs invendus alimentaires encore comestibles aux associations caritatives.

Loi EGALIM (2018)

Adoptée en 2018, la loi EGALIM introduit des mesures visant à renforcer les relations commerciales entre producteurs et distributeurs. Les objectifs de cette loi sont multiples : lutter contre le gaspillage alimentaire, garantir une nourriture saine et durable, notamment en introduisant des produits biologiques en restauration collective, et en améliorant l’éducation alimentaire (apprendre à en plus se nourrir de junk food).

Loi AGEC (2020)

Entrée en vigueur en février 2020, la loi AGEC (acronyme pour Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) pose un objectif principal de réduction des déchets.

La loi AGEC met notamment fin à l'élimination des invendus non alimentaires : produits électriques et électroniques, vêtements et chaussures, meubles, livres, produits d'hygiène et de puériculture devront être donnés à des associations ou à des structures de l'économie sociale et solidaire. À défaut de don, le recyclage est encouragé.

Par ailleurs, les initiatives vertueuses sont valorisées grâce à la création d'un label national Anti-Gaspillage Alimentaire. Ce label peut être accordé à toute personne morale qui contribue aux objectifs nationaux de réduction du gaspillage alimentaire. Il est délivré par des organismes certificateurs sélectionnés et agréés par l'État.

Solutions et actions concrètes

La réduction du gaspillage alimentaire à la maison passe par un changement de nos habitudes de consommation. Cela implique des achats plus réfléchis, afin d’optimiser l’utilisation des ressources. La lutte contre le gaspillage alimentaire représente un engagement collectif et des actions concrètes de la part de tous les acteurs du système agroalimentaire.

Voici une série d’actions que vous pouvez mettre en œuvre à titre individuel :

  • Planifier vos repas : Établissez une liste de courses en fonction de ce que vous avez déjà et des repas que vous comptez préparer.
  • Conserver correctement vos aliments : Apprenez les techniques de conservation adaptées à chaque type d’aliment (au réfrigérateur, au congélateur, dans un endroit sec, etc.)
  • Cuisiner les restes : Ne jetez pas les restes de repas, utilisez-les pour créer de nouveaux plats ou pour un déjeuner rapide.
  • Comprendre les dates de péremption : Faites la différence entre la date limite de consommation (DLC) et la date de durabilité minimale (DDM).
  • Acheter des fruits et légumes « moches » : Ne les boudez pas, ils sont tout aussi bons que les autres et moins chers.
  • Pratiquer le « batch cooking » : Préparez plusieurs repas en une seule session pour éviter de gaspiller des aliments frais.

Les agriculteurs sont encouragés à cultiver de façon responsable en répondant à la demande et en évitant la surproduction. L’objectif est de réduire le surplus de production qui risque de se transformer en déchets alimentaires.

Pour en finir avec les gaspillages, il convient de redéfinir les codes. Repenser le système alimentaire est un défi d’envergure mondiale.

Lorsqu’une prise de conscience est nécessaire face aux impacts écologiques, économiques et sociaux du gaspillage alimentaire, il est impératif d’adopter des comportements et des pratiques responsables pour obtenir des résultats.

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