L'Alimentation du Porc : Guide Complet

L’objectif de la production porcine moderne est de maximiser la quantité et la qualité de la viande porcine produite par truie par an (ou au cours de sa vie) à coût réduit. L’alimentation des porcs répond à des exigences qualitatives et sanitaires strictes. Les éleveurs de porcs assurent à leurs animaux une alimentation adaptée à leurs besoins.

Bases de l'alimentation du porc

Le porc est un animal monogastrique, c’est-à-dire qu’il peut valoriser la plupart des aliments. Cependant, pour pouvoir avoir une croissance efficace, il est nécessaire de subvenir au mieux à ses besoins sans excès, ce qui aurait pour effet de produire du gras en trop grande quantité et de rejeter le surplus de protéines dans ces excréments.

En effet, une trop grande quantité d’énergie dans l’aliment favorise la production de graisse qui se fixe en superficie du muscle sans apporter de réelles valeurs gustatives à la viande et surtout difficilement exploitable lors de la découpe et transformation de la viande.

La valorisation des protéines est plus complexe. Les porcs valorisent tout type de protéines en les transformant en celles dont il a besoin pour faire du muscle. Cependant, certains acides aminés qui composent les protéines ne peuvent pas être produits par le porc, il est donc essentiel de les apporter dans l’aliment en quantité suffisante au risque que toutes les protéines en surplus ne terminent dans ses déjections.

Besoins nutritionnels spécifiques du porc

Un apport adéquat en nutriments essentiels, tels que les protéines, les acides aminés, les vitamines et les minéraux, est indispensable pour une croissance optimale. Les besoins en énergie et en acides aminés sont interdépendants et sont exprimés sous forme d'un rapport entre la lysine digestible et l'énergie nette. Ces éléments constituent les protéines et sont cruciaux pour la croissance des porcs. Certains acides aminés, appelés essentiels, doivent être apportés par l'alimentation car le porc ne peut pas les synthétiser. La lysine est l'acide aminé limitant, et son apport conditionne l'utilisation des autres acides aminés. Les besoins en acides aminés sont déterminés en fonction de leur digestibilité par l'animal.

Essentiel pour le métabolisme énergétique et la santé osseuse des porcs, le phosphore doit être présent en quantité adéquate dans l'alimentation. Un excès de phosphore peut également contribuer à la pollution environnementale.

Phases d'alimentation du porc

Dès la naissance : Colostrum et lait maternel

Dès la naissance, la qualité du lait maternel est importante pour leurs croissances. Le colostrum (premier lait produit par les mamelles de la truie peu de temps avant et immédiatement après la mise bas) qui est riche en immunoglobines et en nutriments joue un rôle déterminant pour le développement du système immunitaire des porcelets. Il est essentiel de veiller à ce que chaque porcelet consomme environ 250 g de colostrum. Cependant, la production de colostrum est limitée et peut varier. Pour maximiser cette production, il sera important de favoriser le développement optimal de la glande mammaire et de sa synthèse en fin de gestation. Une accumulation excessive de graisse dans la glande peut entraver la mammogenèse. Par conséquent, il ne faut pas suralimenter les truies pendant la gestation.

BON A SAVOIR : chaque petit possède sa tétine préférée, et ils choisissent en un éclair après la naissance. Changer de tétine pour un porcelet dans la même portée ? impossible !! Vous avez sûrement déjà vu un porcelet qui commence à fondre comme une glace en été au bout de 2-3 jours même s’il tète. C’est mal barré pour lui : il n’a pas eu sa dose de colostrum, et vous ne pourrez rien y faire, c’est la fin assurée. En plus, il faut s’assurer qu’il ait bien chaud.

Le lait maternel fournit environ 12 MJ/kg et il doit être complété par des aliments pré-sevrage (poudre, granulés, pépinières liquides) à partir de la deuxième semaine pour permettre aux porcelets de s’adapter à une alimentation solide.

Sevrage

Le sevrage se fait généralement 3 à 4 semaines après la naissance et un poids de 7 a 8 kg. Les besoins nutritionnels des porcelets changent. Ils doivent consommer des aliments solides à haute digestibilité, avec des niveaux de protéines ajustés (18 à 20 %) pour réduire le stress post-sevrage. Des acides aminés essentiels comme la méthionine et la lysine restent vital pour une bonne croissance.

1 - Pendant la phase « Aliment sous la mère », il est important de distribuer un peu d’aliments aux porcelets tous les jours pour qu’il s’habitue à manger autre chose que du lait. Cela facilitera le sevrage.

2 - L’aliment premier âge est certes coûteux, mais répond parfaitement au besoin des porcelets, 1 kg d’aliment premier âge consommé par les porcelets donnera 1 kg de poids vifs. Aucun autre aliment ne permet un tel indice de consommation, il est donc important de ne pas commencer l’aliment deuxième âge trop tôt.

3 - Entre chaque changement d’aliment, une transition alimentaire doit être effectué pour éviter une diminution de la consommation de l’aliment et surtout les diarrhées.

Engraissement

Pendant la phase d’engraissement, le porc absorbe tous les jours un kilo de nourriture. Grâce à une préparation essentiellement constituée de maïs, de blé et d’avoine, de pois et de soja, il grossit de 600 grammes par jour.

La phase de finition, qui commence lorsque les porcs atteignent près de 70 kg, nécessite une alimentation qui optimise la conversion alimentaire et la prise de poids, souvent ciblée à 2,4 à 2,6 kg d'aliment pour 1 kg de gain de poids. Le niveau énergétique des rations augmente à environ 13 à 14 MJ/kg, tandis que la teneur en protéines est réduite à environ 15 à 17 % pour éviter les excès d'azote et les coûts inutiles.

Alimentation des truies en gestation et lactation

Les truies en gestation et en lactation ont des besoins nutritionnels spécifiques pour soutenir leur portée et leur production de lait. Une truie en gestation nécessite environ 13 MJ d'énergie métabolisable par jour, tandis qu'une truie allaitante peut en nécessiter jusqu'à 18 MJ/jour. La production laitière des truies est influencée par le nombre de porcelets, leur vitalité et l'apport alimentaire quotidien des truies.

En général, la ration alimentaire d'une truie en gestation doit être suffisante pour couvrir ses besoins énergétiques et protéiques, tout en évitant l'excès de poids. Une ration riche en fibres est également importante pour favoriser la satiété et maintenir la santé digestive de la truie. Pendant la lactation, la ration alimentaire doit être augmentée pour répondre aux besoins accrus en énergie, en protéines, en minéraux et en vitamines.

Importance de la structure des aliments

La transformation des régimes alimentaires des porcs a fait l'objet d'une attention accrue ces dernières années. Dans la plupart des pays de l'UE, les régimes alimentaires des porcs ont traditionnellement été fortement transformés en broyant d'abord toutes les matières premières, généralement à l'aide d'un broyeur à marteaux, puis en les transformant en granulés ; de cette manière, l'efficacité alimentaire des porcs peut être augmentée de 2 % par rapport à l'utilisation de régimes à base de farine.

Cependant, on constate plus souvent que si les aliments sont broyés trop finement (>80% de particules < 200 µm), le temps de rétention dans l'estomac devient trop court, ce qui peut entraîner des ulcères d'estomac et un dysfonctionnement de la barrière gastrique. En revanche, un temps de rétention prolongé du contenu de l'estomac peut, dans une certaine mesure, être bénéfique pour les porcelets.

Il est donc important de créer une structure suffisante dans l'alimentation en ajoutant des particules grossières pour stimuler une fonction optimale de l'estomac et une transition/un flux progressif des particules de digesta de l'estomac vers l'intestin grêle. Cette structure de l'aliment peut être créée en broyant un seul ingrédient à faible énergie comme le son de blé ou la paille de blé.

Il a été démontré (Molist et al. 2011) que l'alimentation des porcelets avec du son de blé grossièrement moulu plutôt que finement moulu (niveau d'inclusion de 4 %) pendant les deux premières semaines suivant le sevrage est efficace pour réduire l'adhésion d'E. coli à la muqueuse iléale et diminuer la gravité de la diarrhée après un challenge avec E. coli entérotoxigène.

Dans une étude réalisée par Hedemann et al. (2005), de jeunes porcs d'engraissement (33 kg de poids corporel) qui ont été nourris avec des aliments grossièrement moulus sous forme de farine ou de granulés (80,1 % de particules <1000 µm, 15,6 % entre 1000 et 2000 µm, 2,1 % entre 2000 et 3500 µm et 2, 3% > 3500 µm) ont montré un poids relatif de l'estomac vide plus élevé (+7%) par rapport à ceux nourris avec des régimes à mouture fine (93,6% de particules <1000 µm, 6,4% entre 1000 et 2000 µm et 0,0% > 2000 µm).

Dans une deuxième étude (Warneboldt et al., 2016) avec des porcs de la même classe de poids, il a été montré que le pH du contenu de la zone du fundus gastrique des porcs nourris avec des aliments grossièrement moulus (diamètre moyen géométrique 671 µm) était plus faible (pH de 2,5) par rapport aux porcs nourris avec des aliments finement moulus (diamètre moyen géométrique 217 µm ; pH de 5,0).

Dans une troisième étude menée par Bornhorst et al. (2013), le temps de rétention dans l'estomac a été mesuré chez des porcs de 30 kg nourris avec un régime contenant une forte proportion de riz brun (avec des écorces de riz) ou de riz blanc décortiqué. Le temps de rétention dans l'estomac des porcs nourris au riz brun était plus long que celui des porcs nourris au riz blanc décortiqué. Cet effet positif sur la rétention stomacale a été attribué au fait que la balle de riz reste plus longtemps dans l'estomac. La rétention plus longue de la balle de riz dans l'estomac a entraîné un pH stomacal plus faible 20 minutes après l'alimentation des porcs par rapport à ceux nourris avec le riz blanc décortiqué.

Bonnes pratiques et réduction des coûts de production

Pour respecter au mieux les besoins du porc, il doit être alimenté en respectant ses besoins. Aujourd’hui la plupart des aliments du commerce respecte ces besoins et sont composés des bonnes quantités de protéines et d’énergie, distribuées en respectant des quantités précises en fonction de l’âge de l’animal. Cela permet de limiter le coût tout en optimisant la croissance des porcs.

Il est tout de même possible d’alimenter ces porcs avec des produits locaux comme des tubercules (manioc, patate douce), et des fruits (Banane, Jacquier, …). Mais attention a l’équilibre de la ration. Ces produits sont souvent riches en énergie mais beaucoup moins en protéines, de plus ils contiennent souvent peu d’acides aminés essentiels. Il est donc nécessaire de complémenter les porcs avec un aliment riche en protéines. Pour cela des courbes de rationnement ont été réalisées et ont été distribuées aux éleveurs.

Ces courbes s’accompagnent de conseils individuels pour adapter au mieux l’alimentation à l’élevage et ainsi gagner en productivité tout en maitrisant les coûts alimentaires. Si vous n’avez plus ces courbes, demandez les nous!

Une alimentation équilibrée est importante pour la prévention des maladies et le bien-être général des porcs. Par exemple, une carence en zinc peut entraîner des problèmes de peau, tandis qu'un manque de vitamine E et de sélénium peut causer des troubles musculaires.

Pour réduire les coûts, les producteurs peuvent utiliser des ingrédients locaux ou des sous-produits de l'industrie agroalimentaire. L'incorporation de coproduits, tels que les drêches de distillerie, peut réduire les coûts sans compromettre la qualité nutritionnelle.

Dans les élevages français, l’alimentation des porcs n’est constituée que de produits végétaux sélectionnés pour leurs grandes qualités nutritives.

Impact de l'alimentation sur la croissance et la qualité de la viande

L’alimentation influence directement les taux de croissance, la conversion alimentaire et la qualité de la viande. Des études montrent qu'un régime bien équilibré peut améliorer la croissance journalière de 15 à 20 % et réduire le temps nécessaire pour atteindre le poids de marché de 10 à 15 jours. Une alimentation riche en acides aminés essentiels et en énergie permet d'optimiser le rendement de viande maigre, augmentant ainsi la rentabilité.

Un régime équilibré favorise une meilleure synthèse des protéines musculaires, ce qui se traduit par une croissance journalière plus importante de 15 à 20% selon les études. La conversion alimentaire représente l'efficacité avec laquelle les animaux convertissent la nourriture en gain de poids. Un régime riche en nutriments digestibles et appétissants encourage une meilleure absorption des nutriments, réduisant ainsi la quantité de nourriture gaspillée.

L'alimentation joue un rôle important dans la composition et les caractéristiques de la viande. Un régime riche en acides aminés essentiels favorise le développement des muscles maigres, ce qui se traduit par une viande plus tendre et plus savoureuse.

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