Croisement Porc Sanglier: Informations Essentielles

Les cochons... sont des sangliers ! En effet, les cochons des élevages, tout comme les cochons de compagnie (cochons nains), sont issus d’une sélection génétique destinée à les faire correspondre à certaines attentes et utilisations humaines mais ils sont restés très proches des sangliers, dont ils sont en fait… une sous-espèce. C’est pourquoi les truies peuvent se reproduire avec les sangliers, pour donner naissance à de petits hybrides appelés sanglochons ou cochongliers !

Qu'est-ce qu'un Cochonglier ?

Cochonglier et sanglochon résultent du croisement d’un cochon avec un sanglier. Ce sont ce que l’on appelle des hybrides. Pour s’y retrouver dans les dénominations d’hybrides, retenez que c’est le mâle qui est mentionné en premier. Le sanglochon est donc le résultat du croisement d’un sanglier mâle avec une truie, la femelle du cochon, tandis que le cochonglier est le résultat d’un cochon mâle avec une laie, la femelle du sanglier.

C’est amusant que l’appellation des bébés hybrides se base sur le même principe de paternité que pour les humains. À savoir, on dit “cochonglier” lorsque l’hybride naît d’un mélange entre un cochon mâle avec une laie (femelle du sanglier).

Si ce type de pratique est habituelle en période de guerre, en France, depuis 1982, l’État encadre de tels croisements afin de préserver la pureté génétique du sanglier sauvage. Malgré tout, de tels croisements naturels ne sont pas exceptionnels dans les régions où les cochons sont élevés en plein air.

Mais à côté des accidents naturels, des éleveurs peu scrupuleux recourent tout de même aux hybridations en raison des avantages qu’ils peuvent en tirer. En effet, les femelles issues de ces croisements sont plus fécondes et leurs petits grossissent plus vite.

Les Causes de l'Hybridation

La récente review de Fulgione & Buglione (2022) liste les principales causes de l’explosion des populations de Sangliers. Nous y retrouvons le réchauffement climatique, la modification des habitats, la régulation des prédateurs, les déplacements de faune sauvage, et enfin l’hybridation entre Suidés. Voilà donc le fameux Cochonglier cité dans les cinq grands facteurs de croissance des populations.

Plusieurs facteurs contribuent à l'hybridation :

  • L'élevage porcin en plein air.
  • Les cas d’hybridation cynégétiques.
  • Les échappés d’élevages amateurs ou professionnels.

Or Iacolina et al. (2008) pointent dans le cas de la France la responsabilité des élevages porcins en plein air. Tout comme le font Fulgione & Buglione (2022) au sujet du cochonglier. Rien n’exclut non plus l’influence de lâchers clandestins d’hybrides sur des territoires de chasse.

Pour l’heure, l’origine de leur présence sur le secteur reste une énigme. Difficile de savoir si l’accouplement est survenu à la suite de la mise en liberté illégale d’un porc de compagnie ou après qu’un sanglier a tout simplement pénétré dans un enclos en période de chaleur.

Le cas des cochons vietnamiens

« À Igé, il semble que l’hybridation se soit faite avec des cochons vietnamiens, explique Stéphane Camus, technicien cynégétique et référent sanglier pour la fédération. Ils font partie des nouveaux animaux de compagnie (NAC). Le souci, c’est qu’ils soient parqués à l’extérieur, avec un risque d’hybridation si le grillage n’est pas assez solide par exemple. »

Comment Détecter l'Hybridation ?

La formule chromosomique du Sanglier (Sus scrofa) vaut 2n =36 soit 18 paires de chromosomes. Chez le porc domestique (Sus domesticus) elle est de 2n = 38 soit 19 paires de chromosomes. La technique classique en génétique pour détecter des cochongliers ou hybrides de première génération consiste à réaliser un caryotype.

C’est à dire isoler et aligner les chromosomes condensés pour les photographier puis les compter. Pas de soucis pour détecter un cochonglier de 1ere génération. Or un croisement entre deux hybrides de première génération (2n = 37) peut très bien donner des marcassins de seconde génération (2n = 36).

Pour traquer le cochonglier parmi les populations de Sangliers, il faut faire appel à une autre méthode. Comme par exemple déceler des introgressions génomiques. C’est à dire un flux de gènes d’une espèce vers une autre à la suite d’hybridations répétées.

Afin de suivre les traces d’introgressions au sein d’une population ou d’une espèce, on peut employer des marqueurs de polymorphisme nucléotidique, ou SNP (Single Nucleotide Polymorphism) en anglais. C’est ce qu’explique l’article technique de Lorenzini et al. (2020) dans le cas des introgressions de gènes depuis le Cochon domestique vers le Sanglier. A partir de ces protocoles, il est donc possible de traquer les anciennes traces d’hybridation.

L’étude de Mary et al. (2022) vient à ce titre compléter nos lacunes génétiques en France. L’étude discute des limites du caryotypage pour la recherche d’hybrides. Or pour contourner les limites de cette technique génétique, Mary et al. (2022) proposent aussi d’utiliser des marqueurs SNP pour suivre l’introgression entre Sanglier et Cochon domestique.

Mary et al. (2022) étudient un échantillon de 362 Sangliers dans leur milieu sauvage ou d’élevage : 3,6 % d’entre eux présentent une proportion du génome d’origine « domestique » > 40 %. Pour les 349 restants, la part de génome « sauvage » varie à 83 -100 % (médiane : 94 %). Cela ne règle pas la question des flux de gènes actuels entre Cochons et Sangliers.

Les 3,6 % « hautement hybridés » étant probablement des hybrides récents, ayant pour la plupart une ascendance de porc domestique asiatique (Mary et al., 2022). Est-ce la preuve génétique de Cochons vietnamiens relâchés ? Car les auteurs n’apportent pas de scénario sur l’origine exact de ces « super-hybrides » !

Conséquences de l'Hybridation

L’augmentation de la population sauvage est, en partie, liée à l’augmentation de la prolificité. « Le sanglier d’autrefois élevait 3 à 5 marcassins par portée ; celui d’aujourd’hui 7 à 8. La femelle peut désormais faire plus d’une portée par an, sans que l’on sache si c’est dû à l’hybridation ou au changement climatique (hivers plus doux). Elle est également plus précoce sexuellement ».

Parce que selon Fulgione & Buglione (2022), les génotypes mixtes peuvent améliorer au final la fitness des Sangliers et créer une sélection artificielle. Or Fulgione et al. (2016) avaient discuté cet avantage sélectif chez le gène MRC1R : certaines mutations faux-sens courantes d’allèles MC1R propres au Cochon domesique augmentent la taille des portées.

Selon l’hypothèse de Fulgione et al. (2016), L’introgression de tels allèles du gène MC1R de signature « cochon domestique » contourne la sélection naturelle. Ce pourraient être des introgressions ayant un impact sur la fertilité des Sangliers. Nous sommes dans l’idée que ces introgressions peuvent augmenter la fitness des hybrides, et donc potentiellement conférer un avantage environnemental.

Si ces allèles introgressés sont conservés, ils peuvent aussi se répandre dans les populations au fil des générations.

Le risque, selon lui, c’est un affaiblissement progressif de l’espèce sanglier, un animal adapté à la vie sauvage que des croisements pourraient rendre moins résistant au froid ou à certaines maladies.

La situation en Corse

Dans les années 90’, la Corse était menacée par la disparition de cochons reproducteurs. Il ne restait qu’une centaine identifiée. Pour prendre le dessus sur une éventuelle extinction, les bergers-éleveurs se sont mobilisés en gérant notamment les accouplements consanguins de leur bétail.

En effet, une dizaine d’années plus tard, les reproductions se sont multipliées et la race de cochons Corses a été inscrite, sous l’appellation de “porcu nustrale” au livre généalogique collectif des races locales de porcs (Ligéral). La différence entre les deux demeure dans leur cadre de vie. Le premier est un animal domestique, le deuxième est sauvage.

D’ailleurs, le porcu nustrale, soit le cochon noir Corse est proche du sanglier. Il appartient à la Corse depuis des siècles. Les cochons Corses élevés traditionnellement, se nourrissent des restes ainsi que de fruits d’arbres dont le gland et la châtaigne.

Le résultat de l’accouplement entre le sanglier Corse et le cochon noir est époustouflant. Ce mélange donne lieu à des élevages très rentables.

Le sanglier Corse est d’autant plus petit que le reste de son espèce. Il est recouvert d’une robe noire avec des poils courts et un dos arrondi. Il a une longue tête allant jusqu’au groin.

Les cochons porcu nustrale sont élevés en Haute-Corse en région Castagniccia qui est connue pour ses châtaigniers et zones boisées. Par ailleurs, on retrouve cette race, également, au sud de l’île de beauté, notamment sur le côté occidental.

Gestion et Contrôle

Pour les autorités, il faut donc agir le plus rapidement possible par des prélèvements.

Comment peut-on pratiquer avec la bénédiction des autorités le double langage qui consiste à se lamenter de la prolifération des sangliers et à favoriser publiquement leur pullulation artificielle ?

Tableau récapitulatif des croisements et dénominations

Croisement Dénomination Description
Sanglier mâle x Truie (femelle du cochon) Sanglochon Hybride issu d'un sanglier mâle et d'une truie.
Cochon mâle x Laie (femelle du sanglier) Cochonglier Hybride issu d'un cochon mâle et d'une laie.

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