Les éleveurs de porcs français traversent aujourd'hui une crise existentielle. Tout est bon dans le cochon, mais rien ne va plus dans la filière. La filière du porc français a appelé à un "soutien urgent de l'État" pour éponger 440 millions d'euros de pertes subies par les éleveurs en 2021. C'est une "crise historique", dénoncée fin janvier par la filière porcine, que traversent les éleveurs français depuis un an.
Causes de la crise
Plusieurs facteurs contribuent à cette crise:
- Perte de compétitivité: Les producteurs français sont soumis à la concurrence européenne.
- Baisse de la demande: Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la souffrance animale et aux dégâts de l'élevage intensif de porc sur l'environnement et la santé humaine.
- Effondrement du cours du porc: La conjoncture du marché mondialisé fragilise la filière.
- Perturbation des flux dus au COVID-19: La pandémie a perturbé les chaînes d'approvisionnement et les marchés.
- Repli de la demande chinoise: Une fois surmontée la peste porcine, la demande chinoise a diminué.
- Bond des coûts de production: L'augmentation des prix des céréales destinées à l'alimentation des bêtes (blé, maïs, tourteaux de soja et colza) a fait grimper les coûts.
- Aléas géopolitiques: L'embargo russe sur la viande de porc en 2014 a également eu un impact.
- Envolée des prix de l'énergie: Depuis 2021, l’envolée des prix de l’énergie affecte l’économie française, pour cause, la reprise économique post-Covid et le risque de pénurie d’énergie dû à la guerre en Ukraine.
En deux ans, les prix du gaz et de l’électricité sur les marchés à termes ont été multipliés par 9. Les élevages et les entreprises de l’aval de la filière porcine ont des besoins d’énergie importants dans leur processus de production.
Conséquences de la crise
La crise a des conséquences importantes pour les éleveurs et l'ensemble de la filière:
- Ventes à perte: Les éleveurs sont contraints de vendre à perte leurs bêtes face à la chute du cours du porc et à l'envolée des coûts de production.
- Pertes financières: L'interprofession porcine Inaporc a estimé les pertes à environ 440 millions d'euros en 2021.
- Abandon de la production: Nombre d'éleveurs abandonnent leur production, ou envisagent de le faire.
- Difficultés de recrutement: La filière peine à recruter, notamment les "tâcherons" qui s'occupent de la découpe et du piéçage.
- Baisse de la production: La production tricolore devrait baisser de 3% en 2022.
Impact environnemental
La production porcine est également critiquée en raison de son impact environnemental. Le bilan environnemental est également critiqué en raison de la prolifération des algues vertes, présentant un risque sanitaire majeur.
Les violentes gesticulations de certains éleveurs, toujours prêts à mettre à sac un bâtiment officiel pour obtenir une subvention supplémentaire, le sont tout autant. Ils restent néanmoins les principaux responsables de la surproduction chronique de viande porcine.
Solutions envisagées
Afin de répondre à la demande de "soutien urgent" de l'interprofession porcine Inaporc dans un communiqué de presse, l'État a débloqué 270 millions d'euros dans le cadre d'un plan d'aide massif face aux ventes à perte et au marché saturé, qui ont provoqué "440 millions d'euros de perte".
Si les outils de concertation entre éleveurs semblent les plus aisés à mettre en œuvre pour trouver des solutions face à la crise et aux scandales sanitaires, certains se détournent de l'élevage par caillebotis. Ils produisent du porc haut de gamme respectueux de l'environnement, quitte à augmenter les prix. "C'est un phénomène d'économie d'échelle", explique Gaëlle Petit, "on peut produire autant ou plus avec des ressources limitées (...) et se pose la question de la valeur des produits, avec la traçabilité".
Une aide pour les entreprises grandes consommatrices d’énergie a été mise en place depuis juillet. Néanmoins, une aide pour les entreprises grandes consommatrices d’énergie a été mise en place depuis juillet.
Un grand espoir réside dans l'annonce, lundi dernier, de la reconnaissance officielle de l'Interprofession nationale porcine (INAPORC). "Il est du rôle de l'Interprofession porcine de s'engager dans une campagne de relance de la consommation et de revalorisation de l'image de la viande porcine", affirme le SNCP. Une campagne de publicité, initiée par l'association Viande de Porc Française (VPF) a d'ailleurs commencé jeudi, avec pour thème "le porc, j'adore" sur cinq radios, couplée avec des actions de promotion dans la grande distribution.
Restent les compromis, la problématique de la souffrance animale et la situation en Ukraine qui feront pencher ou non l'élevage porcin du côté de la durabilité.
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