Consommation de Viande en France : Évolution et Enjeux

Depuis une dizaine d'années, la consommation de viande par les Français stagne. Néanmoins, la consommation totale de viande en France continue d'augmenter, portée par la croissance démographique.

Évolution de la Consommation

En 2000, la France consommait 5 290 milliers de tonnes équivalent-carcasse (TEC), une unité qui permet de prendre en compte le poids de viande des animaux abattus et des produits transformés contenant de la viande. Néanmoins, mis à part quelques variations dues aux effets de prix ou aux scandales sanitaires, la consommation de viande par habitant s'est stabilisée autour de 84 kgec (kilogrammes équivalent-carcasse) depuis 2010. L'année 2023 marque toutefois une légère baisse.

Cette relative stabilité s'est néanmoins accompagnée de certains changements d'habitudes : si les Français ont ralenti leur consommation de viande à domicile, celle-ci a été compensée par une consommation en dehors du domicile. Pourtant, il est difficile de conclure que la prise de conscience écologique est à l'origine de cette inflexion. Parmi les facteurs évoqués pour expliquer ce léger recul de la consommation en 2023 : l'inflation, mais aussi les questions de bien-être animal.

D'autres éléments pourraient être à l'origine de cette relative décrue de la consommation de viande. Si les quantités consommées par personne sont relativement stables sur le long terme, les habitudes de consommation ont, elles, évolué. Cette évolution constitue un progrès si l'on se concentre uniquement sur les enjeux d'émissions de gaz à effet de serre, constate la chercheuse. Mais cette avancée doit être remise dans le contexte de l'urgence climatique actuelle. De plus, pour aborder la question du changement climatique dans sa globalité, d'autres facteurs doivent être pris en compte.

Tendances Récentes

Après deux années de hausse liée à la reprise post-Covid-19, la consommation de viande en France a chuté en 2023. En vingt ans, la consommation de viande bovine par habitant en France a chuté de 19 %, selon une note de synthèse publiée le 27 juin par FranceAgriMer, un établissement dépendant du ministère de l’Agriculture. La plupart des viandes sont également affectées par cette baisse, notamment la viande ovine (mouton, agneau) et porcine. Seules celles de volailles voient leur consommation augmenter.

Toutes viandes confondues, la consommation moyenne par habitant a chuté de 5,8 % entre 2003 et l’an dernier, et de 1,7 % entre 2022 et 2023. Cette baisse intervient après deux ans de hausse de la consommation (en 2021 et 2022), dans un contexte de reprise économique post-Covid-19. Les viandes de boucherie sont particulièrement concernées par la chute de l’an dernier, "dans un contexte inflationniste qui pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs", souligne FranceAgriMer. En moyenne en France l’an dernier, chaque habitant a consommé 83,5 kg équivalent-carcasse (kgec), contre 85,1 kgec en moyenne chaque année entre 2013 et 2022.

La viande de volailles est la seule à tirer son épingle du jeu en 2023 : en moyenne par habitant, sa consommation s’élevait à 29 kgec, en hausse de 0,9 kgec par rapport à 2022.

Comparaison avec les Objectifs Climatiques

Diviser sa consommation de viande par deux : voilà l'une des conditions nécessaires pour que la France soit en mesure de respecter ses objectifs climatiques. "L'alimentation représente 22% de l'empreinte carbone nationale", rappelle le rapport. Il s'agit donc d'un des leviers majeurs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Impact Environnemental

L'élevage de granivores, comme les porcins et les volailles, nécessite ainsi de dédier des parcelles à l'alimentation de ces animaux, alors même que ces terrains agricoles pourraient être utiles directement pour l'alimentation humaine. De plus, les volailles d'élevage sont nourries essentiellement avec du soja, dont la culture favorise la déforestation, notamment en dehors de l'Europe.

Alors que les régimes carnés sont 59 % plus émetteurs de gaz polluants que les régimes végétariens et que l’élevage est responsable de 69 % des émissions de l’agriculture française, ces nouvelles tendances apparaissent plus que prometteuses pour espérer atteindre les objectifs environnementaux et climatiques fixés par la France et l’Union européenne.

Consommation et Tendances Actuelles

Il n’est plus rare aujourd’hui de croiser, au détour d’une rue, un restaurant « exclusivement végan », d’entendre ses proches parler de « flexitarisme » ou de tomber nez-à-nez avec le rayon végétarien bien rempli de notre supermarché. Cette tendance semble s’être infiltrée dans tous les domaines de notre vie, de la table familiale à la cantine scolaire, en passant par les restaurants entre collègues : près de la moitié des français déclarent aujourd’hui avoir réduit leur consommation de viande et plus d’un tiers d’entre eux assurent être prêts à la réduire davantage.

Pourtant, la viande, au cœur du repas traditionnel quotidien, reste très importante dans l’alimentation des Français. La viande est ancrée dans la culture et dans les traditions françaises, une tendance encore renforcée par l’américanisation de la société durant les Trente Glorieuses, notamment avec la popularité grandissante des chaînes de restauration rapide, et par l’élevage intensif qui a fortement baissé le prix de la viande. Les Français figurent ainsi aujourd’hui parmi les plus gros consommateurs de viande d’Europe et du monde, et consomment plus de 45 kilogrammes de viande par personne annuellement.

Production et Commerce

La viande constitue un marché important pour la France. Avec des recettes dépassant les 47 milliards de dollars en 2023, la France est le cinquième marché de la viande le plus rémunérateur du monde. La production de viande, en croissance continue dans le monde, a un impact environnemental élevé. En plus de la problématique de la souffrance animale liée à l’élevage intensif, la production de viande nécessite d’importantes quantités d’eau et contribue significativement au réchauffement climatique en raison des fortes émissions de CO2 qu’elle génère.

La viande consommée par les Français est donc principalement de la viande d’élevage, et la France en produit en grandes quantités, surtout du porc, du bœuf et du poulet. En 2022, le porc était la viande de loin la plus produite en France, avec plus de 2,1 millions de tonnes produites.

La viande constitue un commerce important pour la France, qui exportait l’équivalent de plus de 950 millions d’euros de viande porcine et plus d’un milliard d’euros de bœuf en 2023. Mais la France importe aussi beaucoup de viande. Chaque année, elle importe l’équivalent de plus de 3,4 milliards d’euros de viande et d’abats de d’autres pays de l’Union européenne (UE), et 500 millions d’euros du reste du monde. Pour la volaille, la balance commerciale de la France est déficitaire depuis des années. En 2021, elle était déficitaire de plus de 530 millions d’euros. En revanche, concernant la viande bovine, la France bénéficiait d’un excédent de plus de 630 millions d’euros en 2022.

Impact de l'Inflation

L’inflation galopante déclenchée par la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie et les importantes sommes d’argent versées aux entreprises pendant la pandémie de Covid, qui a touché la France en particulier en 2022, a également impacté le secteur de la viande. L'indice des prix à la consommation (IPC) de la viande, qui permet de mesurer l'inflation, après être resté stable entre février 2021 et février 2022, était en forte hausse entre février et mai 2023. Depuis ce moment-là, les prix se maintiennent à un niveau élevé. Ces importantes hausses de prix ont de fortes conséquences sur le pouvoir d’achat des Français et sur leurs comportements de consommation.

Consommation et Santé

La consommation excessive de viande présente aussi des risques pour la santé. La viande fournit au corps des protéines, des nutriments et du fer, mais des risques de cancer ayant été liés à la consommation de viande, l’Assurance maladie française conseille de limiter la consommation de viandes rouges et de charcuteries et d’éviter les préparations panées ou frites.

Mais ce n’est pas la santé qui inquiète le plus, ce sont bien la conscience environnementale et le bien-être animal qui sont les deux premières raisons invoquées par les personnes ayant réduit leur consommation de viande en France.

Alternatives à la Consommation de Viande

A la place de la viande, il est possible de consommer des protéines d’origine végétale, comme les lentilles ou les pois chiches (végétarien ou végan), ou de remplacer la viande par des œufs ou encore par du poisson (pescétarien ou pesco-végétarien). Les 33 % de Français susceptibles de manger moins de viande peuvent paraître peu nombreux par rapport à leurs voisins européens, mais la tendance est bien là, avec des jeunes générations de plus en plus végétariennes ou même végans.

Recommandations

Le Programme National Nutrition Santé recommande de limiter sa consommation de viande, toutes en dehors de celle de volaille (bœuf, veau, agneau, porc, viande chevaline...) à 500 g/semaine. Cette quantité de 500 g correspond à la viande consommée, donc cuite.

Tableau Récapitulatif : Évolution de la Consommation de Viande en France

Année Consommation (milliers de tonnes équivalent-carcasse) Consommation par habitant (kgec)
2000 5 290 Non spécifié
2010 Non spécifié ~84
2013-2022 (Moyenne) Non spécifié 85.1
2023 Non spécifié 83.5

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