La confiserie Moinet régale les papilles des curistes, des touristes et des Vichyssois depuis 1852. Sept générations jalonnent cette histoire sucrée qui perdure passionnément. Savourer les multiples douceurs de la gamme Moinet, c’est laisser s’exhaler le récit de cette lignée de confiseurs qui débute avec Jules Rondepierre.
Les Débuts de la Confiserie
En 1852, le confiseur, épaulé par son épouse Marie-Madeleine Moinet, a pignon sur rue. Sa boutique située au 4, rue de la source de l’Hôpital comprend également un atelier de fabrication attenant, consacré de nos jours à la fabrication artisanale des chocolats et bonbons glacés, caramels, nougats et pralines.
Le couple lance l’activité avec la production de pâtes de fruits, de sucres cuits et de gommes, portée par le succès du thermalisme et des curistes toujours plus nombreux chaque année. À la fin du 19e, Vichy rivalise avec les autres villes d’eaux d’Europe. Elle est une référence où on aime se soigner et se divertir. Les confiseries sont alors nombreuses dans la ville.
L'Ascension de Rémi Moinet
À la mort de son père en 1924, Rémi lui succède. Durant deux ans, Rémi partira faire son service militaire. Sa mère Juliette assurera l’activité de l’entreprise. Juliette Moinet diversifie la gamme de bonbons en 1929. En 1929, Rémi épouse Marguerite Jourdan, fille de propriétaire vichyssois. Ils auront un enfant, Jean-Claude, en 1930. Marguerite s’occupe de la gestion du magasin, du conditionnement, des boitages ainsi que de la vente, comme la plupart des femmes de la famille.
Au fil des ans, Rémi Moinet acquiert son indépendance au sein de l’entreprise familiale. Il impulse de nombreuses nouveautés qu’évoquent sa petite-fille Élisabeth Moinet-Michaille et son mari, Gilles qui dirigent la confiserie et la société Moinet Vichy Santé. « Il avait une forte personnalité, travaillait beaucoup et créait sans cesse de nouveaux bonbons. Il avait pour ami Paul Devaux (graveur et illustrateur vichyssois) qui a dessiné de nombreuses boîtes de confiserie. » Gilles ajoute : « Il avait le sens du marketing, de la publicité, du boîtage. Avec lui, le magasin familial est devenu une PME. Il conquiert d’autres marchés que le local et développe un réseau de grossistes.
La petite boutique de quartier prend finalement son essor avec Juliette Moinet, troisième génération à la tête de l’entreprise, qui diversifie la gamme de bonbons en 1929 et double le chiffre d’affaires. Surtout, la confiserie change de dimension avec son fils Rémi.
L'Acquisition de la Source Roger
En 1932, Rémi Moinet, fils d’Henri, achète la Source Roger à Hauterive, à côté de Vichy. Cette source avait été forée par les frères Planchin en 1901. L’histoire a débuté en 1932 lorsque Rémy Moinet a racheté la source Roger, à Hauterive. C’est lui qui achète en 1932 la source Roger, à Hauterive, grâce au financement de sa belle-famille, propriétaires vichyssois.
L’année suivante, il fait alors édifier un bâtiment autour de la Source et se munit de l’appareillage nécessaire à l’évaporation de l’eau du Bassin de Vichy, pour en extraire les sels minéraux (utilisés dans la composition des fameuses pastilles). S’il a d’abord fabriqué ses bonbons dans sa boutique de la rue de la Source de l’Hôpital à Vichy, Rémy Moinet s’est ensuite installé en 1964 à Hauterive, dans l’usine d’extraction des sels.
En 1932, Rémi Moinet achète la source Roger et se lance dans la production de pastilles siglées Bassin de Vichy. "Au début des années 1900, il y avait une trentaine de fabricants de pastilles de Vichy, nous n’en faisions pas partie. Mais quand nous avons voulu vendre nos confiseries en dehors de Vichy, cela manquait à la gamme. Sans cette source, nous n’existerions plus aujourd’hui", avance Lucas Michaille, qui souligne que 50 % du chiffre d’affaires de l’entreprise (près de 4,5 millions d’euros l’an dernier) est justement réalisé avec les pastilles.
Production et Innovation
Dans la famille Moinet, on finit toujours par mettre la main dans la confiserie. Poussé par son père, Jean-Claude, alors pharmacien, développe des produits vendus dans l’officine d’Yvette, son épouse : « Il y avait une complémentarité entre les deux activités : confiserie et pharmacie. Je me souviens que ma mère offrait un sachet de bonbons pour une belle ordonnance. Mon père venait me chercher à l’école avec la camionnette Moinet qui servait à livrer les hôtels en bonbons glacés, sucre d’orge, pastilles, gommes… Il l’a fait jusque dans les années 80.
En 1989, Élisabeth et Gilles quittent Paris pour épauler Jean-Claude Moinet. Avec cette 6e génération la saga familiale se poursuit. En 1993, ils ouvrent une nouvelle boutique Côté Sucré rue Georges-Clemenceau à Vichy. « C’était à Pâques. Je me souviens, mon père transportait les moulages de chocolat dans une carriole qu’il avait repeinte.» Le couple s’illustre par l’innovation, le développement et la sauvegarde du savoir-faire familial.
Pour adapter l’outil de production à la demande, la confiserie construit une nouvelle usine, inaugurée en 2000, lui permettant de passer de 320 tonnes de pastilles en 1991 à 650 tonnes en 2001. Ce segment "marque de distributeur" représente aujourd’hui les deux tiers de la production du bonbon. Gilles et Élisabeth Michaille, qui ont pris la direction en 2005, développent en parallèle les magasins de la marque, avec une deuxième boutique à Vichy, une à Paris ouverte en 2015 et une à Clermont-Ferrand en 2016.
Elle a beau être la plus ancienne confiserie de Vichy, l’entreprise Moinet est bien entrée dans la modernité. Pour preuve, elle vient d’installer 457 panneaux photovoltaïques à proximité immédiate de son usine du Bioparc à Hauterive, dans l’Allier. "Cette réflexion a été entamée il y a deux ans. À cette période, notre facture d’électricité est passée de 40 000 euros par an à 20 000 euros par mois. Il fallait agir pour ne plus être totalement dépendant des marchés", raconte Lucas Michaille, directeur de la production et représentant de la septième génération de cette entreprise familiale qui compte une trentaine de salariés.
Les Pastilles du Bassin de Vichy
Moinet est, en effet, l’un des deux derniers fabricants de cette douceur bien connue des Français, réalisée à partir de sels minéraux extraits de l’eau thermale et qui, avant d’être un bonbon, était un médicament contre les ballonnements. La confiserie Moinet se partage, aujourd’hui, le marché avec le géant Carambar & Co, également propriétaire de Malabar ou Michoko. L’industriel produit, chaque année, 1 300 tonnes de ce bonbon blanc de forme octogonale, inventé en 1825 par le chimiste Jean-Pierre-Joseph d’Arcet. Quand la confiserie Moinet, elle, en fabrique 850 tonnes.
Si la confiserie Moinet fabrique des pastilles depuis 1932, l’entreprise a été créée bien avant cela, en 1852 par Jules Rondepierre et Marie Madeleine Moinet.
Pourtant, cette spécialité, il a fallu batailler pour la conserver. Dans les années 1990, la confiserie est attaquée pour contrefaçon par son concurrent américain du moment, Warner-Lambert ainsi que l’État français, propriétaire à l’époque des sources vichyssoises. Après avoir perdu en première instance et en appel, la Cour de cassation donne finalement raison à la confiserie Moinet. "Cela a laissé des traces dans l’entreprise et un goût amer. On garde encore en tête les images de ces policiers venus retirer nos pastilles des rayons de la Samaritaine à Paris ou d’autres boutiques. Mais nous nous sommes relevés. L’entreprise décide alors de se tourner vers la grande distribution et commence à produire, sous le format "marque de distributeur", pour des grandes surfaces comme Leclerc, Carrefour ou Leader Price…
Production de Sels Minéraux
Si au cours de son histoire, Hauterive a été particulièrement marqué par les crues de l’Allier, la commune est aussi largement liée aux ressources en eau de son sous-sol. Nous l’évaporons pour en extraire les sels à raison de 5,9 g/l, ce qui est une bonne moyenne. Les boues chargées de sels sont ensuite mises à sécher avant d’être broyées finement puis bicarbonatées avec le gaz carbonique de la source.
L’usine d’extraction des sels minéraux et l’unité de fabrication emploient 23 personnes pour produire annuellement 750 tonnes de pastilles du bassin de Vichy. Ce qui représente un tiers du marché de cette sucrerie.
Image de Marque et Héritage
Élisabeth s’attache, en particulier, à éditer ou rééditer des boîtes en fer attrayantes. Car c’est aussi l’une des marques de fabrique de l’entreprise : son packaging. La confiserie reprend les visuels développés par Rémi Moinet entre 1930 et 1950. "C’est lui qui a créé la griffe Moinet. Il avait un sens aigu du marketing et a façonné l’identité visuelle de la marque. Ces boîtes au style Art Déco, Ancien Régime, médiéval ou féodal font le succès de l’entreprise depuis quelques années. "C’est ma mère qui a eu cette idée.
L'Avenir de la Confiserie
Lui est entré dans l’entreprise en 2017, en tant que responsable de production. Il reprendra les rênes de la confiserie, peut-être avec son frère, au moment de la retraite de ses parents dans quelques années. Avec l’ambition de pérenniser l’entreprise et de développer les produits sous la marque Moinet. "Nous envisageons aussi l’ouverture d’une ou plusieurs boutiques. On voit notamment que les pastilles séduisent les jeunes générations, qu’elles reviennent à la mode.
Elle est toujours dirigée par la même famille depuis 1852. La Maison Moinet jouit d’une forte notoriété grâce à la production de Pastilles du Bassin de Vichy. Elle propose également une large sélection de spécialités auvergnates ou régionales : sucres d’orge de Vichy, bonbons glacés du pays Bourbonnais, caramels, nougats, sucettes, gommes, sucres cuits, pâtes de fruits d’Auvergne, gels de fruits, pralines, menthe fondante, fondants aux fruits, marrons glacés, pastilles du Bassin de Vichy, chocolats et assortiments de spécialités.
Tableau Récapitulatif de la Production
Produit | Quantité Produite par Moinet | Quantité Produite par Carambar & Co |
---|---|---|
Pastilles de Vichy | 850 tonnes | 1300 tonnes |
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