Les Français consomment de plus en plus de compléments alimentaires à base de plantes, de vitamines, de minéraux ou d’autres substances utilisées pour des applications très diverses comme la minceur, la digestion ou la beauté. Cependant, l’Anses enregistre fréquemment des cas d’allergies liés à la consommation de compléments alimentaires.
Comprendre la Rhinite Allergique
La rhinite allergique est une maladie inflammatoire chronique affectant la muqueuse nasale, provoquée par un allergène. Elle est à l’origine de symptômes désagréables au quotidien : éternuements, démangeaisons, nez qui coule… S’ils ne présentent pas un caractère de gravité, ils altèrent grandement la qualité de vie. Ils se manifestent de façon continue si l’allergène est constamment présent dans l’environnement, ou fluctuent au cours des saisons.
Venir à bout d’une rhinite allergique est un véritable défi. Les traitements de désensibilisation visent à habituer l’organisme à l’allergène pour qu’il le tolère. Les médicaments anti-histaminiques visent à neutraliser l’histamine, l’une des molécules impliquées dans la réaction allergique, pour calmer les symptômes. En parallèle de cette approche classique, de nombreuses équipes de recherche s’intéressent à des composés naturels pour combattre la maladie.
La survenue d’une allergie résulte de plusieurs facteurs, à la fois génétiques, mais aussi liés à l’environnement. L’équipe du Professeur Knekt de l’Institut de santé publique d’Helsinki en Finlande s’est intéressée à cette question, menant une grande enquête sur les habitudes alimentaires d’un peu plus de 10 000 personnes, mises en lien avec la présence de diverses maladies.
Recommandations Alimentaires
Que préconiser au niveau alimentaire ? Aucun régime alimentaire n’a fait la preuve de son efficacité dans les allergies saisonnières mais il est désormais admis que des réactions croisées peuvent apparaître entre des substances présentes dans les aliments et des pollens spécifiques.
Toutefois, chaque personne allergique réagit différemment et il est probable que la consommation de ces aliments ne pose aucun problème, mais dans le doute, il faut parfois essayer.
Compléments Alimentaires Spécifiques Recommandés
Que recommander comme compléments spécifiques ? Les compléments à visée dépurative (radis noir, sève de bouleau, aubier de tilleul…) et ceux permettant d’agir sur l’intégrité de la paroi intestinale (L-glutamine) et sur la flore intestinale (probiotiques) sont à recommander en priorité, avant même le changement de saison.
La Quercétine
Naturellement présente dans les oignons, les pommes, le thé, le raisin, l’ail ou le brocoli, elle renforce les petits vaisseaux sanguins, possède des vertus antioxydantes et anti-inflammatoires naturelles, comme tous les flavonoïdes, mais son atout supplémentaire est sa puissante action antihistaminique. En effet, elle stabilise les membranes des cellules responsables de la libération d’histamine : les mastocytes et les basophiles. De 500 à 1500 mg par jour sont souvent nécessaires, à répartir sur la journée.
En cas de rhinite allergique, la muqueuse nasale est envahie par des cellules immunitaires - des mastocytes, basophiles et éosinophiles - activées à cause de la présence de l’allergène. Parmi l’arsenal médicamenteux disponible, rare sont les candidats capables de stabiliser les mastocytes pour apaiser les réactions allergiques.
Une équipe de l’université Tufts dans le Massachusetts (États-Unis) dirigée par le Professeur Weng, a entrepris des travaux pour déterminer si la quercétine ne pouvait pas faire mieux que le médicament. Les deux composés sont parvenus à bloquer la production d’histamine, de leucotriène et de prostaglandine D2. La quercétine s’est montrée plus efficace que le médicament pour bloquer la production de certains messagers promoteurs des réactions inflammatoires, l’IL-8 et le TNF. Elle a aussi diminué la sécrétion d’IL-6 de façon d’autant plus marquée qu’elle est utilisée en forte concentration.
Une étude menée au sein de l’université de Gifu au Japon par le Professeur Kimata a confirmé ce même effet d’inhibition de la production d’histamine, de leucotriènes et de prostaglandine D2 grâce à la quercétine.
La quercétine exerce également une autre action qui lui confère des propriétés anti-allergiques, mise en lumière par des chercheurs de l’université Showa de Yokohama au Japon. Les animaux, atteints de rhinite allergique, ont reçu une fois par jour pendant 5 jours de la quercétine (20 mg par kg). Les chercheurs les ont exposés à l’allergène, puis ont compté le nombre d’éternuements et le nombre de fois où ils se frottaient le nez avec leurs pattes, sur une durée de 10 minutes après l’exposition. Le traitement s’est avéré efficace : il a prévenu l’apparition des symptômes. Les sécrétions nasales des souris traitées avec la quercétine présentaient une quantité accrue d’une substance, la thiorédoxine.
La mise en contact des cellules nasales avec la quercétine conduit également à la production accrue de ce même composé.
L’équipe de Min Young Seo de l’université de Ansan en Corée du Sud a testé l’efficacité d’un autre mode d’administration. Plutôt de que faire ingérer des flavonoïdes, ils ont administré un extrait d’oignon rouge, une des sources alimentaires les plus riches en quercétine, directement par voie nasale. Les souris souffrant de rhinite allergique ainsi traitées ont présenté des quantités d’éosinophiles réduites, ainsi que de messagers inflammatoires.
Les données recueillies au cours des expériences en éprouvettes et chez l’animal sur la capacité de la quercétine à atténuer les manifestations de la rhinite allergique sont concluantes.
Autres Extraits et Études
Un essai clinique a été mené par le laboratoire de la brasserie japonaise Sapporo Breweries. Le Professeur Segawa et son équipe ont recruté 39 personnes souffrant d’allergie au pollen du cèdre du Japon (Cryptomerica japonica). Les participants ont consommé une boisson contenant 100 mg d’extrait de houblon ou un placebo pendant 12 semaines, en plein cœur de la période critique. À l’issue du traitement, des différences sont apparues entre les deux groupes, au niveau des symptômes ressentis et du besoin en médicaments anti-allergie. Les personnes ayant bénéficié de l’extrait de houblon ont présenté moins de gonflement au niveau des muqueuses nasales, leur nez était moins rouge, et la quantité d’écoulement nasal réduite.
Une équipe de l’université d’Osaka au Japon, conduite par le Professeur Hirano, a étudié les effets d’un dérivé de quercétine à la biodisponibilité augmenté, l’isoquercitrine modifiée par voie enzymatique, en cas d’allergie au pollen de cèdre du Japon comme précédemment. Les résultats ont montré une diminution des symptômes oculaires et du recours à la médication classique dans le groupe recevant la quercétine.
Pour expliquer cette différence d’efficacité sur les yeux et le nez, les auteurs indiquent que les manifestations allergiques affectant le nez sont plus complexes que celles affectant les yeux, avec une inflammation plus intense au niveau nasal.
D’autres extraits à base de flavonoïdes ont été testés chez l’Homme. L’efficacité d’un extrait de plante médicinale, le basilic japonais (Perilla frutescens), riche en acide rosmarinique a été évalué chez des personnes souffrant de rhinite et conjonctivite saisonnière. Le traitement a permis de réduire les quantités de cellules immunitaires (neutrophiles et éosinophiles) présentes dans les sécrétions nasales.
L’extrait de tomate s’avère également bénéfique, grâce à la présence de naringénine chalcone, un flavonoïde présent dans la peau de ce fruit.
Une étude dirigée par le Professeur Kishi de l’Institut de recherche sur les nutraceutiques Otsu à Shiga au Japon s’est intéressée aux effets des polyphénols de pomme. Ce fruit renferme en effet un cocktail de composés phénoliques (procyanidines, tannins, catéchines, épicatéchines, phlorizine, acide chlorogénique…). Les chercheurs ont recruté 36 hommes souffrant d’allergie au pollen de cèdre. Ils ont reçu 500 mg de polyphénols de pommes ou un placebo pendant 12 semaines, commençant le traitement deux semaines avant la dispersion des pollens. Le traitement à base de polyphénols s’est avéré efficace, réduisant les éternuements aussi bien pendant la phase initiale de la saison des pollens qu’en plein cœur de celle-ci.
Bromélaïne
Extraite le plus souvent de la tige d’ananas, ce groupe de protéines protéolytiques possède une action antioedémateuse spécifique. Cette enzyme agit de concert avec la quercétine en renforçant son assimilation et en limitant les phénomènes inflammatoires par réduction de la libération des prostaglandines qui provoquent l’inflammation.
Extrait d'Ortie
Comme nous venons de le voir, il joue un rôle important dans le déclenchement de la libération d’histamine. Ses propriétés antiallergiques sont reconnues en Extrême-Orient depuis plus d’une centaine d’année, mais ce n’est que maintenant que l’on s’intéresse à elle et plus particulièrement à la lutéoline et à l’acide rosmarinique qu’elle contient dans ses feuilles. En effet, la lutéoline, un flavonoïde, est un puissant inhibiteur de la production par les mastocytes d’histamine et de substances inflammatoires.
Spiruline
Une étude menée en 2008 par des chercheurs turcs a démontré que les patients qui prenaient cette cyanobactérie avaient observé une amélioration de la congestion nasale, des éternuements et des démangeaisons.
Produits de la Ruche : Attention aux Allergies
On désigne par « produits de la ruche » les produits issus de fleurs ou de végétaux et transformés par les abeilles. Depuis quelques années, les produits de la ruche font l’objet d’un intérêt croissant de la part du grand public en raison de leurs nombreuses vertus. Energétiques, cicatrisants, antibactériens, nombreuses sont les propriétés qu’on leur prête.
Le pollen est la semence mâle des fleurs. Cette poussière jaune ou brune est à l’origine du rhume des foins, ou rhinite allergique. Le pollen est récolté par les abeilles qui l’utilisent comme nourriture. Selon les fleurs, il contient de 30 à 50 % de glucides, de 25 à 30 % de protéines et de 1 à 20 % de lipides.
Le pollen est censé augmenter les performances physiques et intellectuelles, stimuler la mémoire des personnes âgées, traiter les allergies saisonnières, soulager les troubles de la ménopause ainsi que ceux de la prostate (hyperplasie bénigne ou adénome). Les personnes qui souffrent d'allergie saisonnière (rhume des foins) doivent également éviter ce type de produit.
Le pollen est récolté dans les ruches où il est stocké sous forme de boulettes. Récemment, des pollens récoltés sans intervention des abeilles ont fait leur apparition dans les magasins. D’une manière générale, le pollen se présente tel que récolté dans la ruche mais aussi sous d’autres formes, poudre ou gélules par exemple. Du fait du risque allergique lié à la consommation de pollen, il est plus prudent de commencer avec des doses réduites et de surveiller ses réactions.
À savoir ! Plus globalement, l’Agence rappelle que les compléments alimentaires, comme les denrées alimentaires courantes, peuvent contenir tous types d’allergènes.
Sprays Nasaux et Compléments Alimentaires : Efficacité Limitée
Contre les allergies saisonnières, des compléments alimentaires et des sprays pour le nez à base de plantes sont proposés en vente libre. Les personnes souffrant d’allergies savent qu’on n’en guérit jamais et qu’il faut faire avec. Les traitements disponibles soulagent les symptômes, mais de façon imparfaite, et avec des effets indésirables.
S’il est compréhensible de se tourner vers des alternatives à base de plantes, mieux vaut garder à l’esprit que les produits pour le nez ou les capsules d’huile(s) essentielle(s) n’ont pas franchement fait leurs preuves.
Ils sont nombreux sur le marché à revendiquer une efficacité contre les allergies ! Mais attention, car aucun de ces produits n’est un vrai médicament : il s’agit, réglementairement parlant, de dispositifs médicaux (au même titre que les pansements, les préservatifs, les lunettes, les fauteuils roulants, les pacemakers, etc.). Ils ne nécessitent pas d’autorisation de mise sur le marché, donc pas de dossier prouvant leur supériorité sur les traitements existants, ni même sur un simple placebo…
Ça tombe bien : les plantes qui entrent dans leur composition ne sont pas pour grand-chose dans l’éventuel soulagement. Qu’il s’agisse du curcuma, de l’aloe vera, du thé vert, du ginseng, de la propolis, de l’échinacée, du lichen d’Islande, de l’eucalyptus, de la menthe poivrée, du niaouli ou de divers oligoéléments, aucun n’a d’impact documenté sur les manifestations allergiques nasales. Leur éventuel effet positif est plutôt à mettre sur le compte de l’action mécanique du liquide sur les parois internes du nez, qui peut contribuer à évacuer les particules allergisantes. Un peu de liquide physiologique, en spray ou en dosettes, fera aussi bien l’affaire.
L’option se tient d’autant plus qu’elle a le mérite de la simplicité, alors que les huiles essentielles qui entrent parfois dans la formulation des sprays peuvent elles-mêmes entraîner des allergies.
Deux produits mettent en avant l’effet protecteur d’un ou deux ingrédients particuliers. Pour le Phytoxil, c’est la glycérine, pour le Phytosun Arôms, la bentonite (une argile) et l’huile de sésame. Des études sont citées en appui de leur efficacité. Les tests, réalisés par les fabricants eux-mêmes, étaient toutefois basés sur de trop petits effectifs pour pouvoir en tirer une quelconque conclusion.
Il existe aussi un dispositif électronique basé sur la photothérapie intranasale (Humer Stop Allergie), à placer dans le nez deux fois par jour pendant 3 minutes. Les preuves sont minces et données sans comparaison avec les traitements de référence. Les effets à long terme de la lumière rouge ou infrarouge sur la muqueuse nasale demanderaient à être plus documentés.
Les huiles essentielles tiennent la vedette dans les compléments alimentaires proposés dans la rhinite allergique (Pastilles respiratoires aux huiles essentielles Naturactive, Pranarôm Allergoforce, Phyt’Allerg, Allergopolis de Aagaard, etc.). Comme pour les dispositifs médicaux, la réglementation des compléments alimentaires n’exige pas la preuve de leur efficacité avant commercialisation. Un usage traditionnel suffit. Les formules mettent en œuvre plantain, bourgeon de cassis, camomille, lichen d’Islande, etc. Or, aucune de ces plantes n’a montré d’action spécifique sur les symptômes de la rhinite allergique. En revanche, les huiles essentielles peuvent déclencher des allergies !
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