En France, le gaspillage alimentaire est un enjeu majeur sur les plans économique, environnemental et social. Les quantités de nourriture gaspillées chaque année sont considérables, mais des solutions existent pour limiter le gaspillage et valoriser les déchets alimentaires. Selon l’Ademe, le “gaspillage alimentaire est défini comme étant toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée”.
L'ampleur du gaspillage alimentaire en France
En France, chaque année près de 20% de la nourriture produite finit à la poubelle. En d’autres termes, c’est aussi chaque année 10 millions de tonnes de nourriture gâchée, soit 16 milliards d’euros et 15 millions de tonnes équivalent CO2, soit 3% des émissions de gaz à effet de serre de l’activité nationale.
Les chiffres clés du gaspillage alimentaire
Selon les chiffres publiés par l'ADEME, le gaspillage alimentaire en France représente 10 millions de tonnes de nourriture gaspillée chaque année, dont 7 millions de tonnes pour la restauration collective et les ménages. Cela représente une perte économique de 16 milliards d'euros par an pour l'ensemble de la chaîne alimentaire.
Selon le ministère de l’agriculture, en 2020, le gaspillage alimentaire s’élevait à plus de 8,7 millions de tonnes. En 2021, 8,8 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France, soit 129 kg par personne. Parmi ces déchets, 4,5 millions de tonnes sont non comestibles (os, épluchures…). Le gaspillage alimentaire représente donc près de 4,3 millions tonnes de déchets issues des parties comestibles des aliments (aliments non-consommés encore emballés, restes de repas, etc.).
En 2022, 9,4 millions de tonnes de déchets alimentaires ont été produits en France sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les ménages contribuent de manière conséquente aux déchets alimentaires en France : ils génèrent à eux seuls 42% des déchets alimentaires totaux. Les industries agro-alimentaires produisent quant à elles 25% des déchets alimentaires totaux. Les secteurs de la production primaire et de la restauration ont généré respectivement 12% de déchets alimentaires.
Répartition du gaspillage alimentaire en France :
- Ménages : 44%
- Restaurants et restauration collective : 39%
- Commerces de détail (supermarchés, boulangeries, épiceries) : 14%
- Production agricole et alimentaire : 3%
La valeur économique du gaspillage
Le gaspillage alimentaire en France représente une valeur économique de 16 milliards d'euros par an. Cette perte économique est liée aux usagers qui jettent de la nourriture dans leur assiette, mais aussi aux pertes sur le champ et les terres agricoles.
Les Causes du gaspillage alimentaire
Les causes du gaspillage alimentaire sont multiples et peuvent varier selon les secteurs concernés. Voici les principales causes identifiées :
- Surproduction : les producteurs agricoles, les fabricants alimentaires et les distributeurs peuvent surproduire ou surcommander des quantités de nourriture supérieures à la demande réelle, ce qui entraîne des excédents et des résidus alimentaires.
- Dates de péremption : les dates de péremption et de consommation optimale sont souvent confondues par les consommateurs, qui jettent alors des aliments encore consommables.
- Mauvaise gestion des stocks : la mauvaise organisation des stocks peut entraîner des aliments perdus, notamment dans la restauration collective ou les commerces de détail.
- Habitudes de consommation : les habitudes de consommation des ménages peuvent contribuer au gaspillage alimentaire, en achetant plus que nécessaire ou en jetant des restes de nourriture.
- Défauts de fabrication : les défauts de fabrication, tels que les produits mal étiquetés, mal conditionnés ou mal cuisinés, peuvent conduire à des détritus de nourriture.
- Problèmes logistiques : les problèmes logistiques, tels que les retards de livraison ou les ruptures de stock, peuvent également entraîner des pertes alimentaires.
- Contraintes réglementaires : certaines réglementations en matière d'hygiène et de sécurité alimentaire peuvent également contribuer au gaspillage alimentaire, en imposant des normes strictes de qualité ou de conditionnement.
Conséquences Environnementales et Sociales
Sur le plan environnemental, le gaspillage alimentaire est responsable de l'émission de gaz à effet de serre, notamment le méthane, qui contribue au réchauffement climatique. De plus, le gaspillage alimentaire nécessite des ressources naturelles pour la production, le transport, la transformation et la distribution des aliments, qui sont gaspillées lorsque les aliments sont jetés.
Sur le plan social, le gaspillage alimentaire a également des conséquences importantes. Alors que des millions de personnes en France vivent dans la précarité alimentaire, le gaspillage alimentaire apparaît comme un paradoxe. De plus, le gaspillage alimentaire est une source de gaspillage de l'argent public pour les collectivités locales qui financent la collecte et le traitement des débris alimentaires.
Initiatives et Solutions pour Réduire le Gaspillage
Pour lutter contre le gaspillage alimentaire en France, plusieurs politiques publiques et réglementations ont été mises en place ces dernières années. La loi Garot, adoptée en 2016, oblige les grandes surfaces à donner leurs invendus alimentaires à des associations caritatives. La loi EGAlim de 2018, quant à elle, impose aux acteurs de la grande distribution de mettre en place des mesures pour lutter contre les gaspillages alimentaires.
En 2020, la loi AGEC a été adoptée, qui vise à réduire de 50% le gaspillage alimentaire d'ici 2025. Cette loi prévoit notamment la mise en place d'un "pacte national" entre les acteurs du système alimentaire pour lutter contre les gaspillages alimentaires. En parallèle, des conseils et astuces sont également proposés pour inciter chaque personne à agir contre le gaspillage alimentaire, comme la planification des achats, la réutilisation des restes ou encore la gestion des dates de péremption.
Actions des acteurs de la chaîne alimentaire
Les acteurs de la chaîne alimentaire, tels que les producteurs, les transformateurs, les distributeurs et les restaurateurs, ont un rôle crucial à jouer dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Voici quelques exemples d'actions qu'ils peuvent mettre en place pour limiter le gaspillage alimentaire :
- Les producteurs peuvent optimiser leurs méthodes de production pour éviter les déficits de récolte et les invendus.
- Les transformateurs peuvent optimiser leurs processus de transformation pour éviter les résidus et valoriser les sous-produits.
- Les distributeurs peuvent adopter des pratiques de gestion de stocks plus efficaces, afin de limiter les invendus liés à la date limite de consommation.
- Les restaurateurs peuvent proposer des portions adaptées aux appétits des clients, afin d'éviter les restes non consommés.
Valorisation des déchets alimentaires
Cette valorisation est une solution importante pour lutter contre le gaspillage alimentaire et réduire l'impact environnemental des détritus :
- Le compostage : il s'agit d'un processus de décomposition naturelle des déchets organiques qui permet de produire un compost riche en nutriments pour les sols.
- La méthanisation : il s'agit d'un processus de production de biogaz à partir de la fermentation des déchets organiques.
- La valorisation alimentaire : certains déchets alimentaires encore consommables peuvent être valorisés, par exemple en étant redistribués à des associations caritatives ou transformés en aliments pour animaux.
- La production d'énergie verte : les déchets alimentaires peuvent également être utilisés pour produire de l'électricité et de la chaleur, grâce à des installations de cogénération.
- La réutilisation : certains déchets alimentaires peuvent être réutilisés, par exemple en étant transformés en ingrédients pour l'industrie alimentaire ou pour la production de bioplastiques.
Astuces anti-gaspillage
Les astuces anti-gaspillage sont nombreuses et vous permettront de réduire votre empreinte écologique tout en réalisant des économies.
- Préférez l’achat en vrac pour contrôler les quantités… et limiter les emballages. Souvenez-vous que les fruits et légumes un peu tordus sont tout aussi bons que les autres !
- En cas de doute sur la péremption d’un produit, référez-vous à la Date Limite de Consommation (“à consommer jusqu’au”) sur les emballages.
- Ne jetez pas les restes ! Gardez les fanes de poireaux, de carottes ou encore de radis pour les mijoter et les incorporer à d’autres plats, ou les queues de fraises pour faire des sirops délicieux.
- La conservation des aliments est une des clefs pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le produit qui génère le plus de gaspillage alimentaire est le pain ! Pensez à le transformer en croûtons, pain perdu ou chapelure lorsqu’il durcit.
Comprendre les dates de consommation
D’après la Commission européenne, jusqu’à 10% du gaspillage alimentaire serait lié à une mauvaise compréhension des dates de consommation qui sont indiquées sur les emballages. Les produits alimentaires pré-emballés doivent indiquer un délai pour la consommation : la date limite de consommation (DLC)ou la date de durabilité minimale (DDM).
- La date limite de consommation (DLC) indique une limite impérative. Elle est signifiée par la mention « à consommer jusqu’au… » suivie du jour, du mois, et éventuellement de l’année. Elle s'applique à la majorité des produits à conserver au frais qui sont très périssables (viandes, les poissons, la charcuterie, les plats cuisinés, produits laitiers frais etc.). Une fois la DLC dépassée, les aliments concernés sont impropres à la consommation car ils présentent un caractère dangereux pour la santé.
- Pour les produits alimentaires qui ne sont pas soumises à la mention DLC, une date de durabilité minimale (DDM) est apposée, présentée sous la forme « à consommer de préférence avant… ». Celle-ci concerne les produits secs, stérilisés et déshydratés (café, lait, jus de fruit, gâteaux secs, boîtes de conserve, pâtes, riz, sucre, farine, etc.). Le dépassement de la DDM ne rend pas l'aliment dangereux pour la santé. Il peut en revanche avoir perdu son arôme ou sa consistance. Les aliments dont la DDM est dépassée, contrairement à ceux dont la DLC est dépassée, peuvent être commercialisés et consommés.
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