La coloration de la chevelure est un usage cosmétique de tous les âges, et pas seulement chez les femmes. En France, une femme sur deux se colore les cheveux.
Les Risques Associés aux Teintures Capillaires Chimiques
Souvent très chargées en substances sensibilisantes, les teintures pour cheveux sont à l’origine de réactions allergiques fréquentes. Plusieurs de ces colorants sont qualifiés de sensibilisants extrêmes, et peuvent provoquer de spectaculaires allergies. En décembre dernier, le cas d’une jeune fille victime d’une réaction allergique impressionnante à une coloration capillaire avait fait grand bruit. Pourtant, la présence de substances extrêmement allergisantes dans ce type de produits n’est pas un scoop. Depuis des années, nous alertons nos lectrices et lecteurs sur ce point et lors de notre dernier test de teintures pour cheveux, nous avions renoncé à distinguer un meilleur choix pour cette raison.
La coloration répétée des cheveux avec des ingrédients chimiques pourrait représenter des dangers pour la santé des consommateurs et des consommatrices. Certains experts mettent en cause des composants des produits qui seraient responsables d’allergies ou d’autres maladies comme le cancer de la vessie ou du sein.
Ingrédients à Surveiller
- Paraphénylène-diamine (PPD): Un allergène notoire de la famille des amines aromatiques qui permet les colorations foncées et la couverture des cheveux blancs. Les allergies à la PPD peuvent être sévères, avec notamment l’apparition d’un eczéma sur le visage et le cuir chevelu. Les fabricants s’engagent à réduire son taux (2 %) dans les colorations, mais pas à la supprimer.
- Résorcinol: Incriminé dans des cas d’allergies à la coloration. Son rôle ? Soulever les écailles et permettre aux pigments colorants d’agir. Le résorcinol est en voie de classement comme perturbateur endocrinien.
- Ammoniaque: Entraîne des irritations de la peau et des malaises respiratoires. S’il est désormais souvent remplacé, il reste assez présent dans les colorations chimiques permanentes.
La plupart des ingrédients contenus dans les colorants capillaires sont classés à risque élevé dans la réglementation des cosmétiques.
Le Test d'Essai Cutané: Limites et Risques
Pour éviter les réactions à leurs produits, les fabricants conseillent de faire une touche d’essai sur la peau avant utilisation. Mais la procédure n’est pas encadrée et les conseils varient selon les marques (temps de pose et localisation de la touche d’essai, délai d’attente avant la lecture du résultat, etc.). L’organisme professionnel Cosmetics Europe a donc proposé une méthode standardisée, sur laquelle le SCCS (Scientific Committee on Consumer Safety, Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs) vient de se prononcer.
Les experts européens pointent plusieurs limites à ce test. D’abord, le risque de faux négatif n’est pas écarté : on peut faire une touche d’essai sans qu’aucune réaction ne se produise et déclencher une allergie lors de la coloration elle-même. En conséquence, précise l’avis, « le comité ne peut, à ce stade, approuver son utilisation comme alerte pour les allergies de contact aux colorants capillaires chez les consommateurs ». Plus grave, l’habitude pourrait être contre-productive puisque le risque de déclencher une allergie est corrélé avec le nombre de mises en contact avec l’allergène. « Le test comporte le même risque fondamental de sensibilisation que l'utilisation d'un colorant capillaire par un consommateur. S’il est utilisé régulièrement avant la teinture des cheveux, il augmentera inévitablement le nombre d'expositions, ce qui peut augmenter le risque de sensibilisation », ajoute le comité. Enfin, les experts soulignent que les colorations capillaires ne sont pas supposées, selon la réglementation encadrant les cosmétiques, être utilisées sur la peau.
Types de Colorations Capillaires et Leurs Risques
Il existe plusieurs types de colorations pour les cheveux :
- Les colorations permanentes: Ce sont les plus largement utilisées en Europe et aux États-Unis et aussi les plus toxiques selon les études. Elles contiennent "des substances qui réagissent au peroxyde d’oxygène", indique la Fondation contre le cancer (source 1). Elles contiennent souvent des amines aromatiques, de l’ammoniaque et d’autres substances comme des métaux lourds, des parabènes, etc.
- Les colorations semi-permanentes: Elles contiennent des substances chimiques mais à plus faible dose que les colorations permanentes, elles sont sans substances oxydantes ou agissent par faible oxydation, par ailleurs la teinture ne pénètre pas dans la cuticule du cheveu contrairement à la coloration permanente - mais l’enrobe. La teinture s’estompe après six ou sept semaines ;
- Les colorations temporaires ou de courte durée: Elles contiennent des substances chimiques mais à plus faible dose que les colorations permanentes - et ne durent que 6 à 7 shampooings. "Les coiffeurs emploient peu ces produits, qui s’éliminent avec un shampooing. Ils sont fabriqués à base de colorants acides ou basiques solubles dans l’eau. La couleur se dépose sur le cheveu sans y pénétrer", indique la Fondation contre le cancer.
- Les colorations végétales ou naturelles: C’est probablement la coloration végétale qui est la moins nocive, car elle ne contient pas de produits chimiques potentiellement dangereux pour la santé et l’environnement.
Attention toutefois, car bien qu’estampillées végétales ou naturelles, des produits chimiques se glissent souvent dans la liste des ingrédients. Lisez bien l’emballage du produit avant de l’acheter.
Alternatives et Précautions
Quant aux consommateurs et consommatrices, ils devraient à tout prix éviter de se teindre les cheveux s’ils ont un terrain allergique. Leur emploi est d’ailleurs formellement déconseillé avant 16 ans.
"Les alternatives sont trompeuses", rappelle un article de l’Association de consommateurs UFC-Que Choisir Nantes (source 3). "Les appellations comme 'végétale', 'naturelle' ou 'aux plantes' peuvent être tout aussi dangereuses. En tout cas, elles ne garantissent rien, ou seront inefficaces sur des cheveux blancs. La vente en magasin bio n’offre pas davantage de certitudes, à défaut de réglementation comparable à celle de l’alimentaire".
Nos experts s’accordent sur un point : même si certaines teintures comme les temporaires ou les semi-permanentes présentent de plus faibles doses de substances chimiques, c’est en réalité la chronicité qui fait le risque.
Le Pr Dominique Belpomme, cancérologue, fervent partisan des produits naturels, explique : "la peau n’est pas une barrière de protection, elle favorise la pénétration des actifs. Pour preuve, en médecine, on se sert de patch cutané pour faire passer des actifs, car la peau agit comme un diffuseur. Et ces actifs cancérigènes contenus dans la coloration - principalement les amines aromatiques - présentent un danger réel en raison de leur faible dose. Car c’est justement ces faibles doses, mais répétées de façon chronique, qui augmentent le risque".
Une femme qui cache des cheveux blancs à 35/40 ans va refaire une coloration chaque mois, pendant des années. "S’il y a bien une mesure de prudence à prendre, c’est vis-à-vis des jeunes filles, qui se colorent les cheveux de plus en plus tôt", explique Marie-France Corre, consultante spécialisée en produits de consommation. "Plus tard arrive la première coloration, mieux c’est. Même conseil de prudence vis-à-vis des femmes enceintes". C’est un peu comme si l’on avait un capital toxique dont on userait avec le maximum de parcimonie.
En résumé, pour éviter le mauvais choix de coloration, il est conseillé de :
- Ne plus acheter de colorations vendues en hypermarché.
- Éviter les colorations chez les coiffeurs de circuit classique.
- Préférer les produits vendus en poudre, biologiques et ayurvédiques, certifiés.
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