Colorants alimentaires : Utilisation et dangers

Les colorants alimentaires sont utilisés depuis des siècles pour améliorer l'apparence des aliments et des boissons. Ils sont couramment ajoutés aux produits transformés pour leur donner des couleurs attrayantes et uniformes. Cependant, leur sécurité a souvent été remise en question.

Types de colorants alimentaires

Les colorants naturels sont extraits de sources végétales, animales ou minérales. Les colorants artificiels sont fabriqués grâce à des procédés chimiques, généralement à partir de pétrole.

La FDA a approuvé vingt-sept colorants alimentaires naturels dérivés de plantes telles que la betterave ou le curcuma et neufs colorants artificiels fabriqués grâce à des procédés chimiques ; généralement à partir de pétrole. S’ils portent de nombreux noms qui diffèrent souvent selon les pays, les neufs colorants approuvés aux États-Unis sont le bleu brillant FCF (E133 ; Blue 1), le carmin d’indigo (E132 ; Blue 2), le vert solide FCF (E143 ; Green 3), l’orange GGN (E111 ; interdit dans les aliments dans l’UE), la tartrazine (E102 ; Yellow 5), le jaune orangé S (E110 ; Yellow 6), l’amarante (E123 ; Red 2), l’érythrosine (E127 ; Red 3) et le rouge allura AC (E129 ; Red 40).

Réglementation des colorants alimentaires

Les colorants alimentaires sont réglementés par diverses agences à travers le monde pour garantir leur sécurité. Ces agences évaluent les colorants alimentaires en fonction de leur toxicité, de leur potentiel allergène et de leur effet sur la santé à long terme.

Aux États-Unis, la FDA régule les colorants alimentaires en exigeant des tests de sécurité rigoureux avant leur approbation. En Europe, l'EFSA est responsable de l'évaluation de la sécurité des colorants alimentaires. L'EFSA publie des avis scientifiques et établit des limites maximales de résidus pour chaque colorant. Le Codex Alimentarius, un ensemble de normes alimentaires internationales, fournit des directives sur l'utilisation sûre des colorants alimentaires. En vertu de la législation européenne, tous les additifs alimentaires, dont les colorants, doivent faire l’objet d'une procédure d'autorisation avant de pouvoir être utilisés dans les aliments.

Risques potentiels pour la santé

Des études ont montré que certains colorants artificiels peuvent poser des risques pour la santé. Les colorants naturels sont généralement considérés comme plus sûrs que les colorants artificiels. Les études sur les animaux ont montré que certains colorants artificiels peuvent avoir des effets toxiques à long terme. Les études sur les humains sont plus limitées et souvent moins concluantes.

Hyperactivité chez les enfants

Une étude célèbre de 2007, connue sous le nom d'étude Southampton, a suggéré un lien entre la consommation de certains colorants artificiels et une augmentation des comportements hyperactifs chez les enfants. Une autre met en évidence un lien entre les colorants et des comportements tels que l’hyperactivité, indépendamment du fait qu’un enfant se soit vu ou non diagnostiquer un trouble du comportement tel que le TDAH. De plus, une étude des plus importantes et du plus haut niveau sur le sujet montre « que les colorants ont un effet indésirable faible mais significatif sur les facultés intellectuelles et le comportement des enfants, qu’importe qu’ils aient un TDAH ou non », rappelle Eugene Arnold.

En 2016, une étude avait montré que près de 30 % des produits d’alimentation destinés aux enfants contiennent le colorant E129. Ceci a son importance, car les enfants sont ceux dont on pense que le comportement est le plus affecté par les choix alimentaires, ainsi que le montre un large corpus d’études portant sur une multitude d’ingrédients et d’additifs.

Cependant, corrélation ne signifie pas nécessairement lien causal, et il existe des contraintes liées à l’âge, à la taille de l’échantillon étudié, à la portée des études et même aux lieux où la majorité des recherches ont été réalisées.

Autres risques

L’exposition permanente des travailleurs à des colorants et pigments induit des effets pathologiques variés et certaines molécules, les amines aromatiques et sels métalliques notamment, peuvent avoir une grave toxicité. Par inhalation sous forme de poussières ou par contact cutané, les colorants et pigments peuvent être responsables de pathologies respiratoires, de cancer des voies urinaires et du poumon, d’effets nocifs sur les globules rouges, d’effets cutanés allergiques...

Les colorants issus de la chimie organique sont de loin les plus nombreux, et sont responsables, pour certains d’entre eux, d'eczéma, urticaire, et d’asthme et peuvent libérer des substances cancérigènes : les colorants contenant de l’auramine, des amines aromatiques... Les amines aromatiques, telles que la 2-naphtylamine, la benzidine, le 4-amino-diphényle, la 4-chloro-ortho-toluidine, l’ortho-dianisidine ...

Les autres colorants anthraquinoniques, polyméthiniques, di et triphénylméthane, indigoïdes, phtalocyanines ... peuvent causer des irritations cutanées, oculaires et respiratoires et également causer des dommages permanents à la cornée et sa conjonctive, en particulier pour les employés à la pesée et au mélange de ces colorants en poudre.

Colorant E129 et maladies intestinales

Une récente étude associe le colorant alimentaire E129 au développement de colites, chez des modèles expérimentaux de souris. En raison de ses potentiels effets néfastes sur la santé, il est interdit dans plusieurs pays européens (Allemagne, le Danemark ou la Suisse). En France, il reste autorisé. Des études scientifiques ont déjà suggéré un rôle de ce colorant dans les allergies et les troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)chez les enfants. Il serait également neurotoxique et cancérigène.

Dans cette étude, les chercheurs ont travaillé sur des modèles expérimentaux de colite (une inflammation du côlon qui s’apparente aux phénomènes observés lors des maladies inflammatoires chroniques du côlon chez l’homme) chez la souris. L’exposition intermittente des souris au colorant E129 sur une période de 12 semaines ne modifiait pas la sensibilité des souris à la colite. Cette induction de la colite chez la souris exposée de manière chronique au colorant n’était pas retrouvée chez les souris dépourvues d’une enzyme intervenant dans la biosynthèse de la sérotonine. Enfin, en transférant du microbiote intestinal des souris exposées de manière chronique à l’E129 à des souris non exposées, la colite induite était de gravité supérieure. Ainsi, l’exposition chronique au colorant E129 provoque une colite chez la souris, en lien avec la sérotonine, mais sans lien avec le microbiote. Reste à déterminer si un tel effet peut exister chez l’homme.

Prévention et alternatives

Les colorants naturels sont une alternative populaire aux colorants artificiels. Les entreprises alimentaires peuvent reformuler leurs produits pour réduire ou éliminer les colorants alimentaires. Un étiquetage clair et transparent permet aux consommateurs de faire des choix éclairés sur les produits qu'ils achètent. Il est essentiel de lire les étiquettes des aliments pour identifier la présence de colorants alimentaires. Optez pour des produits qui utilisent des colorants naturels ou qui n'ont pas de colorants ajoutés. La modération est clé. Consommer des aliments contenant des colorants alimentaires de manière occasionnelle est peu susceptible de causer des problèmes de santé. Certaines personnes peuvent être plus sensibles aux colorants alimentaires que d'autres.

Pour réduire l’exposition aux agents cancérogènes ou aux métaux lourds, une surveillance périodique des travailleurs au moins une fois par an, instaurée par le médecin du travail est nécessaire : il faut réaliser des visites médicales régulières dans le cadre d’une surveillance médicale renforcée.

La première étape consiste à repérer en particulier les agents chimiques cancérogènes ou dangereux dans le cadre de l'évaluation des risques du Document Unique de Sécurité (DUS). - Le remplacement des couleurs au plomb et au cadmium par des couleurs qui en sont exemptes et moins dangereuses s’impose. - Restrictions d’utilisation ou interdictions de certaines amines aromatiques : 2-naphtylamine, 4-amino-diphényle, de benzidine, 4-nitrodiphényle, d’auramine... - Arrêté du 12 mai 1998 fixant la liste des travaux pour lesquels il ne peut pas être fait appel aux salariés sous contrat à durée déterminée ou aux salariés des entreprises de travail temporaire.

La ventilation et l’aération des lieux de travail jouent un rôle essentiel pour limiter la concentration de l'ensemble des poussières dans l'air ambiant et les évacuer des lieux de travail, de façon à respecter les valeurs limites fixées par les réglementations et éviter ainsi les conséquences sur la santé des travailleurs. La ventilation mécanique générale, extracteur d’air pour l’aspiration des fumées et poussières métalliques, doit assurer un renouvellement d'air en permanence afin de limiter les risques pour la santé, en évitant l’accumulation de substances nocives et explosives, par extraction et soufflage : l'air est transporté dans le local par un ventilateur de soufflage et extrait du local par un ventilateur d'évacuation.

Les dispositifs de captage à la source consistent à capter les polluants au plus près possible de leur point d’émission, avant qu’ils ne pénètrent dans la zone des voies respiratoires des travailleurs et ne soient dispersés dans toute l’atmosphère du local. - Il est important de choisir des ventilateurs de dimensions et de type appropriés afin d'assurer l'efficacité du système de ventilation. La ventilation générale des ateliers doit être déterminée en fonction des aspirations locales pour ne pas perturber l’efficacité des captages à la source. - la valeur limite moyenne d'exposition professionnelle au plomb sur 8 heures est de 0,1 mg/m3 (exprimée en plomb métallique).

Pour empêcher les projections, les déversements ou la contamination de l’atmosphère du lieu de travail par les poussières de colorants et pigments, il faut avant tout disposer d’ateliers convenablement conçus. Le process des grandes imprimeries, verreries, papeteries, tanneries ... industrielles est mécanisé et automatisé, ce qui réduit considérablement les risques : les travailleurs sont isolés dans des salles de contrôle ou des cabines pressurisées, climatisées et insonorisées. Toutefois, des incidents dans l’automatisation des opérations, des fuites, nécessitent des interventions de maintenance qui restent dangereuses.

Des installations sanitaires (WC, lavabos, douches) doivent être mises à disposition des travailleurs, correctement équipées et en nombre suffisant, permettant aux travailleurs de se nettoyer fréquemment les mains et le visage à l'eau et au savon et de se laver en fin de poste pour limiter l’incrustation des particules dans la peau.

Conclusion

Les colorants alimentaires, qu'ils soient naturels ou artificiels, jouent un rôle important dans l'industrie alimentaire en améliorant l'apparence des produits. Bien que les colorants naturels soient généralement considérés comme plus sûrs, les colorants artificiels sont soumis à des réglementations strictes pour garantir leur sécurité. Les consommateurs peuvent prendre des mesures pour réduire leur exposition aux colorants artificiels en lisant attentivement les étiquettes des aliments, en privilégiant les produits naturels et en modérant leur consommation de produits transformés. En fin de compte, la meilleure approche consiste à maintenir une alimentation équilibrée et variée, en se concentrant sur des aliments frais et naturels.

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