Les belles sagas commencent souvent par l'histoire d'un passionné. La cocotte-minute fête ses soixante-dix ans. Une invention qui a changé notre quotidien, et qui symbolise à la fois l’accélération moderne et la chaleur familière du foyer.
Les Origines de l'Autocuiseur
S’il a connu son heure de gloire pendant les Trente Glorieuses, avec l’émergence de la société de consommation, l’autocuiseur est en réalité une invention vieille de plusieurs siècles.
Dès 1679, le mathématicien, philosophe et inventeur français Denis Papin travaille sur des expériences de compression et a l’idée d’une méthode de cuisson sous pression qui permettrait d’éviter la dispersion de la chaleur. Le « Digesteur » est né. L’invention végètera (ou mijotera) ensuite. Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que les premiers autocuiseurs soient commercialisés, par la société De Dietrich notamment.
En 1926, l’« Auto-Thermos » des Ateliers de Boulogne, dévoilé lors du Salon des arts ménagers, remporte le concours Lépine qui récompense les inventions. En 1929, l’entreprise Manufrance crée une « marmite automatique ». Ces premières cocottes se diffusent essentiellement dans les milieux populaires, comme l’explique Claire Leymonerie dans son article « Dompter la cocotte-minute ».
L'Évolution de SEB et la Super Cocotte
En 165 ans d’histoire, le Groupe SEB a su s’imposer comme le compagnon idéal des foyers, transformant le quotidien de milliards de consommateurs dans le monde. Né d’un atelier de ferblanterie créé en 1857 par Antoine Lescure, repris et développé par ses descendants, le Groupe SEB a étendu ses activités à tous les segments du Petit Equipement Domestique et à l’ensemble des continents jusqu’à devenir la référence mondiale de son domaine. Tout a commencé par un mariage. Son fils Jean puis son petit-fils René lui succèdent et mécanisent la production.
Dans les années 50, la France entre dans la modernité. Les classes moyennes s’affirment. Le confort ne relève plus du luxe, il devient un besoin afin d’économiser du temps et de l’effort. SEB utilise alors les propriétés de l’emboutissage, qu’elle maîtrise sur le bout des doigts, pour concevoir une nouvelle génération d’autocuiseurs. C’est en 1953 que naît la Super Cocotte SEB.
Sûre, belle, efficace, rapide et solide, celle-ci se vend à des milliers d’exemplaires, offre une nouvelle notoriété à l’entreprise et ouvre les portes de l’international aux frères Lescure. Dans les années 60, SEB est à un tournant de son existence : il lui faut réussir le défi de la croissance. La société doit renforcer sa présence sur le marché de l’équipement domestique, en conservant l’expertise culinaire qui a fait sa renommée. Dans le même temps, elle va racheter deux entreprises prestigieuses : Tefal en 1968 et Calor en 1972. Ces acquisitions donnent à la société une dimension de groupe.
Au cours des années 1990, le monde change de visage : abaissement des frontières, ouverture d’immenses marchés, constitution et montée en flèche des classes moyennes dans les pays dits « émergents ». Dans les années 2000, Thierry de La Tour d’Artaise devient PDG du Groupe et signe le rachat de Moulinex un an plus tard. A cette période, le Groupe doit faire face à une forte concurrence de produits asiatiques à bas prix et réorganise son outil industriel pour rester compétitif.
Avec une telle frénésie de développement, le Groupe se dote d’équipements de premier plan pour accompagner sa croissance. D’où la construction d’un nouveau siège mondial à Ecully : le Campus SEB. Implanté sur 6 hectares, le Campus est organisé autour d’un ensemble de bâtiments modernes et innovants qui reflètent les valeurs et ambitions du Groupe notamment en matière de qualité de vie au travail et de développement durable. Puis en 2021, le Groupe SEB investit dans des travaux d’aménagements et de construction pour son Pôle Mondial d’Innovation basé sur le Campus SEB.
En parallèle, le Groupe continue sa croissance dans le marché professionnel avec l’américain Wilbur Curtis, le français Krampouz, qui signifie crêpe en breton. La poursuite de son développement et le renforcement de son leadership traduisent une volonté de garantir la pérennité du Groupe. Cela passe aussi par l’évolution de sa gouvernance.
Aujourd’hui, les produits et services du Groupe accompagnent les consommateurs dans plus de 150 pays et s’étendent à tous les domaines du quotidien : robots cuiseurs multifonctions, aspirateurs sans fil, machines à café automatiques et connectées, articles culinaires, épilateurs ou systèmes de repassage dernier cri !...
En janvier 1953, la première cocotte-minute voyait le jour et était commercialisée, en octobre de cette même année. Il faut revenir un an avant, en 1952, là où tout se dessine. À l’époque, Camille Philippe a 23 ans. Il est ouvrier ajusteur dans l’usine SEB, à Selongey. Titulaire d’un CAP (certificat d’aptitude professionnelle), sans contrat de travail, il est payé au quart d’heure. « Je pointais à l’horloge », se souvient le retraité selongéen. « Mon travail à la SEB consistait à entretenir des presses à emboutir. »
Sa vie change après une note de service. « Cette dernière fait savoir que la SEB a décidé de fabriquer un autocuiseur en tous points semblable à un produit suisse. La société propose à ses ouvriers de tester des cocottes chez eux », rappelle Camille Philippe.
« Chez moi, à mon domicile, je conçois et je réalise, à l’aide du faitout de mon épouse, ma maquette d’un...
Le Creuset: Forme et Couleur au Fil des Modes
Après la Seconde Guerre mondiale, Le Creuset fait évoluer la forme et les couleurs de sa cocotte au gré des modes. En 1958, elle devient rectangulaire, avec la Coquelle, dessinée par Raymond Loewy, puis ovale en 1981.
Staub: L'Art de Mijoter et d'Arroser
La cocotte Staub fête ses 40 ans, et présente pour l'occasion sa petite sœur la Chistera. Francis Staub se penche sur l'une des problématiques des cuistots : lorsque les ingrédients mijotent, l'eau s'évapore sous l'effet de la chaleur, desséchant parfois le plat.
Avec un couvercle bombé, l'eau se condense sur la base du couvercle, puis s'écoule sur les côtés. Le centre du plat est alors plus sec que les bords, naturellement arrosés de jus. Ce sont ses échanges avec les chefs cuisiniers qu'il côtoie, qui inspirent à Francis Staub la création des picots, en 1978 : d'une part, les couvercles de ses cocottes sont plats ; d'autre part, le dessous des couvercles est en relief, de telle sorte que l'eau évaporée se condense le long de ces picots, et retombe uniformément sur toute la préparation.
Parmi les grands noms de la cuisine que fréquente Francis Staub, l'on compte le chef lyonnais Paul Bocuse, qui a découvert très tôt les cocottes du créateur alsacien. "Bocuse travaille souvent dans des grandes casseroles, nous explique Nathalie Chabert. Or, plus le contenant est grand, plus le centre du plat risque d'être sec".
Francis Staub choisit la fonte pour sa capacité à diffuser la chaleur lentement et de manière homogène. Une vraie ode à la cuisine "à l'ancienne", où les ingrédients mijotent longuement, tout en étant constamment arrosés par leur propre jus. Les cocottes en fonte ont l'avantage de passer sur tous les feux même l'induction, mais aussi directement de la plaque au four.
"Très rapidement, il crée une véritable gamme de couleurs, que nous continuons à élargir au fil des saisons", souligne Nathalie Chabert. A côté du noir traditionnel, l'on trouve donc des cocottes bleues, rouges, grises, jaunes, vertes, bordeaux, etc. "Les cocottes Staub ont toujours été fabriquées en France", nous assure Nathalie Chabert. En témoigne, le ruban bleu-blanc-rouge qu'arborent tous les produits de la marque.
Au-delà du rapide succès de Staub partout en France, la marque s'exporte très bien depuis son rachat en 2008 par Zwilling, la marque allemande spécialisée dans les accessoires de cuisine. Depuis 1974, l'entreprise a diversifié son offre : cocottes de différentes tailles, y compris des petits formats pour des portions individuelles, ou encore de formes originales (coeur, vache, etc.), mais aussi des poêles, grills, sauteuses, woks, plats ou théières.
"A ses débuts, Staub vendait essentiellement aux professionnels, mais aujourd'hui les ventes sont équilibrées entre particuliers et hôtellerie", indique Nathalie Chabert. Mis à part de nouveaux coloris et des accessoires, comme le panier vapeur, la mythique cocotte de Staub n'a pas changé d'un picot depuis 40 ans.
"L'idée était de transposer la technologie des picots traditionnels, en forme de stalactites, sur un couvercle non plus plat mais bombé, avec le risque que l'eau condensée ne s'écoule sur les côtés", nous explique Nathalie Chabert. Le designer basque s'est inspiré de la forme des chisteras, ces paniers courbes utilisés à la pelote basque pour renvoyer la balle.
L'Importance de l'Emplacement Stratégique
L’emplacement était stratégique, car il se situait au carrefour des routes de transport des matières premières, le charbon, le fer et le sable.
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