C’est une histoire assez peu ordinaire que celle de Marie-Anne et Jan-Guy Roelandts, fondateurs de la Chocolaterie de Puyricard. Bien que d’origine Belge, c’est au Congo qu’ils ont fait leurs débuts dans le monde du bonbon de chocolat, et c’est dans le petit village provençal de Puyricard, au milieu des lavandes, qu’ils ont installé leur premier atelier de fabrication.
Leur fils Tanguy et leur petite fille Solène gèrent aujourd’hui de concert l’entreprise familiale. La marque, synonyme de chocolat d’excellence et d’artisanat sans concession, rayonne dans tout le Sud Est et jusqu’à Paris à travers son réseau de 21 boutiques, et s’exporte à l’étranger. Retour en quelques dates sur les étapes de ce succès gourmand incontestable !
Les débuts au Congo Belge
L’histoire commence à la rencontre et au mariage de Marie-Anne et Jan-Guy au Congo Belge en 1958. C’est pour avoir les moyens de s’échapper du pays où la situation est instable, que Jan Guy confie à sa femme la tâche d’apprendre les secrets du chocolat. Le jeune couple fonde à la fois une famille, et une chocolaterie. Ces deux aventures restent à ce jour intimement liées.
Les deux premiers bonbons de chocolat créés par Marie-Anne portent d’ailleurs le nom de ses deux filles : Christelle et Isabelle. La ténacité dans l’apprentissage, et les efforts de Marie-Anne pour satisfaire une clientèle variée dans un pays où elle est la seule à fabriquer du chocolat, payent rapidement. Elle s’éloigne des recettes belges que ses formations lui ont apprises, pour développer ses propres chocolats, moins gras et moins sucrés.
L’accent est déjà mis sur des fournisseurs de qualité et une présentation soignée des ballotins. Ses chocolats deviennent un cadeau de luxe que les diplomates aiment offrir à leurs hôtes étrangers. Malgré le succès naissant de leur entreprise, le couple est contraint de quitter le pays.
L'installation à Puyricard
De grands espaces et un beau climat qui ne les dépaysera pas trop du Congo: le village de Puyricard est l’endroit où ils décident de commencer leur nouvelle vie. Une ancienne usine de construction de matériaux sur le plateau de Puyricard deviendra leur premier atelier et leur première boutique. Très attachés à ce petit "coin de paradis", ils en feront même le nom de leur entreprise.
La Chocolaterie de Puyricard est née. Dès 1970, une deuxième boutique ouvre à Marseille. Ces années-là, Marie-Anne obtient une recette de Calisson qui lui semble à la hauteur de la qualité de ses bonbons de chocolats. Cette incontournable gourmandise provençale rejoint ainsi la gamme Puyricard en 1975, de même que les truffes au chocolat.
Marie-Anne fait évoluer ses recettes vers plus de puissance et d’amertume, et élabore avec le fournisseur Callebaut un nouveau chocolat de couverture, qui lui permet de créer une gamme de chocolats moins sucrés. Jan-Guy installe la chocolaterie à « La Plantation », un parc aménagé de plusieurs hectares, avec une unité de production plus grande.
Les choix de la Chocolaterie de Puyricard de rester sur une production haut de gamme lui permet d’obtenir de nombreux prix dans le monde du Chocolat. Tanguy Roelandts, Maître Chocolatier et fils de Marie-Anne et Jan-Guy prend en 1995 la direction de l’entreprise et préserve ce précieux héritage. La Chocolaterie obtient le label EPV (Entreprise du Patrimoine Vivant) qui récompense le savoir-faire artisanal d’excellence.
Tanguy Roelandts reste le garant de ce savoir-faire artisanal, tout en élargissant la gamme de gourmandises que propose la Chocolaterie. Il élabore également une gamme de glaces et de sorbets, des biscuits aux saveurs provençales, et un premier œuf de Pâques en chocolat bio.
Solène Roelandts, la fille de Tanguy, a rejoint l’entreprise en 2016, perpétuant ainsi l’histoire familiale de la Chocolaterie. Pour les 50 ans de la Chocolaterie, elle prend en charge la création d’une nouvelle identité visuelle pour la marque Puyricard, et donne un nouveau souffle à l’entreprise en tant que Directrice Générale.
Tournée vers l’international, elle crée un service export. Tournée vers l’avenir, elle étoffe le service digital et entame la transformation digitale de l’entreprise. A 35 ans, elle succède à son père, Tanguy Roelandts, depuis 27 ans à la tête de l'entreprise.
Solène Roelandts représente la troisième génération à faire perdurer cette histoire familiale. Dernière née de la Chocolaterie de Puyricard, la boutique de Salon-de-Provence est ouverte depuis le 22 septembre 2018. Elle se situe en cœur de ville, sur le très fréquenté cours Victor Hugo, à quelques pas de l’Hôtel de ville.
Pendant la saison estivale, la boutique de salon bénéficie d'une terrasse, où vous pourrez notamment déguster les Plaisirs Givrés de la Chocolaterie, nos glaces et sorbets maison fabriqués à partir de fruits frais ou de nos propres gourmandises.
L'influence des savonniers de Salon-de-Provence
Salon-de-Provence a été pour la 1ère fois ville d’arrivée du Tour de France le 21 juillet 2017. Vainqueur d’étape: le norvégien Edvald Boasson Hagen. Une petite quarantaine de maisons de savonnier seraient présentes sur Salon-de-Provence. Il s'agit là du nom attribué aux luxueuses demeures érigées à la fin du XIXe siècle, lorsqu’ émerge une nouvelle bourgeoisie industrielle composée de négociants en huiles et savons.
Ces derniers provenaient plutôt du Val de Cuech, près des moulins à huile et du Canal de Craponne : leurs propriétaires étant des agriculteurs locaux ou bien originaires du Luberon. Par la suite, ces familles se sont naturellement rapprochées du centre-ville où venait d’apparaître en 1871 la gare de Salon, le chemin de fer devenant l'outil indispensable au développement commercial de leur industrie.
Grâce à l'arrivée du train dans toute la France, ces familles de négociants salonais ont pu distribuer leurs produits dans les épiceries de toutes les communes françaises, voire jusqu'à l'international via les ports ! Leur prospérité allait ainsi être assurée, durant des décennies, par le négoce d'huiles et de savons bien sûr, mais aussi par la vente de chocolat, de café et de tout autre produit de consommation pouvant bénéficier du vaste réseau de distribution de leur savonnerie.
Cette industrie employait alors une bonne partie de la ville de Salon, main d’œuvre féminine et infantile incluse : fabrique de caisses à savon, d'emballages, de tonneaux, de contenants en fer, etc. Cependant, contrairement à Marseille où les opulentes villas de savonnier s'implantaient loin des usines du Vieux-Port, à Salon-de-Provence, les usines étaient attenantes aux luxueuses maisons de leur propriétaire.
À cette époque, ces savons d'Alep (popularisés en Europe sous l’appellation "de Marseille" selon une recette dictée par Colbert en 1688) servaient encore principalement au lavage de la laine de mouton, puis à celui du linge de maison. Au fur et à mesure que son coût diminuait, son usage s'est ensuite progressivement étendu à l'hygiène corporelle de toute la population, et ce jusqu'au XXe siècle.
Hélas, les deux guerres mondiales et leurs pénuries furent fatales à la majorité de ces savonniers salonais, incapables de concurrencer, dès les années 1930, la production de masse contemporaine de nouveaux savons parfumés à base de tensioactifs synthétiques, tout comme celle du café moulu.
Aujourd'hui, la plupart des héritiers ont dû se séparer à contre-cœur de ces dispendieux morceaux d'architecture de style italien, oriental, versaillais ou parisien. Rarement protégé et sous pression foncière, ce patrimoine historique salonais serait donc menacé de disparition.
Heureusement, la majorité de leurs nouveaux propriétaires ont à cœur de restaurer et de préserver ces magnifiques demeures. Une louable entreprise qui se révèle toutefois particulièrement délicate à parachever.
Les chocolatiers de Salon-de-Provence aujourd'hui
A mi-chemin de la maison où Nostradamus a reçu la visite de Catherine de Médicis et Charles IX et de la tour astronomique, la petite boutique gourmande tenue par Myriam Lachal et Aurélie Debellis pourrait presque passer inaperçue. Mais les bonnes odeurs qui flottent à ses abords donnent des indices sur ce qui attend le visiteur.
Un tableau multicolore, des pots, des photos en noir et blanc. Quelques tables. Une gazinière sur laquelle Aurélie s’active. Devant elle, une boisson magique est en train de voir le jour. Fruit du travail d’orfèvre de maîtres chocolatiers. Myriam vous souhaite la bienvenue, vous invitant à prendre place.
« Ce lieu, c’est un moyen pour nous de réaliser notre rêve ». Myriam Lachal, la maman, et Aurélie Debellis, sa fille, ont eu cette idée folle de redonner vie à une tradition familiale. « Mon grand-père était chocolatier confiseur, mais les aléas de la vie nous avaient éloignées de cette tradition », indique Aurélie.
Myriam a travaillé durant 25 ans dans une jardinerie. Aurélie a d’abord été éducatrice de jeunes enfants. Or, tout en exerçant leur profession respective, les deux femmes avaient une petite idée en tête. « Nous voulions retrouver le contact, la discussion, les rencontres avec les gens. » Et pourquoi pas relancer la tradition chocolatière ?
« Mon père, Louis Lachal a été compagnon du devoir et a été consacré maître chocolatier », confie Myriam. Celui qu’on appelait P’tit Louis dans le métier avait lui-même fait son Tour de France, en sept ans, apprenant les secrets de la confection du chocolat auprès des plus grands.
En souvenir de P’tit Louis Myriam est allée au bout de sa démarche. Elle a passé son CAP de chocolatier-confiseur, diplôme qui va lui permettre de fabriquer ses propres bonbons de chocolat. Avec comme base un chocolat d’exception, à 75 % de cacao. Dans leur boutique salonaise, la mère et la fille proposent un tour du monde en 27 crus de cacao, produits par la maison Bonnat, authentique artisan de Voiron, en Isère.
Avec ce qui est considéré comme la Rolls-Royce de la tablette, elles offrent une déclinaison de boissons chaudes et diverses gourmandises. Porcelana du Venezuela, Criollo de Madagascar, Selva Maya, Ceylan ou encore Real Xoconazco, le cru de cacao par excellence, sont au rendez-vous. Chaque tablette a une histoire. Comme la Cuzco, qui a permis à toute une vallée du Pérou à plus de 3 500 mètres d’altitude, d’abandonner la culture de la coca pour se convertir au cacao.
Les deux femmes proposent également du chocolat d’un autre artisan, Barry, dont les goûts sont plus accessibles. Un chocolat noir, très peu sucré, qui permet aux diabétiques de se faire plaisir. Ainsi, chacun peut y trouver son bonheur. Avec, en prime, des produits tournant autour du chocolat, comme des pâtes à tartiner « Nos saveurs provençales », venant de l’Isle-sur-la-Sorgue, et des jus de fruits des « Pressoirs de Provence ».
Avec aussi un espace dédié aux expositions. « Nous souhaitions faire un lieu de rencontre, où les gens viennent se faire plaisir. » Aurélie et Myriam ont réussi leur pari. Avec un endroit où l’on peut apprendre une belle histoire, celle d’une saga familiale remise au goût du jour.
La chocolaterie Nostradamus, ouverte depuis 50 ans, est connue pour son fameux chocolat Nostradamus à la pâte d'amande et aux écorces d'orange confites recouvert d'une couche de chocolat blanc. Pour Hortense Dauvergne, propriétaire des lieux, il est important d'innover et de chercher de nouvelles idées, comme elle l'affirme : "Je m'ennuie si je fais tout le temps la même chose."
Hortense Dauvergne et son compagnon Matthieu ont repris cette chocolaterie il y a quatre ans. La jeune femme, qui travaillait dans le milieu de l'aviation, a décidé de recommencer des études en faisant un CAP d'un an en chocolaterie. "Le challenge et la gourmandise" l'ont embarquée dans cette aventure. Pour cette fille, petite-fille, sœur et nièce de restaurateur, le chocolat est "une drogue".
Son mari travaillant toujours chez Airbus, elle est accompagnée de sa belle-mère Brigitte et de trois jeunes filles pour la fabrication et la vente. En plus de travailler dans le chocolat cinq jours sur sept, Hortense dort, pense, vit chocolat. Même en vacances, elle fait le tour des chocolateries pour trouver l'inspiration.
Après les pâtes à tartiner, les chocolats à la liqueur ou les pralinés, la chocolaterie Nostradamus prépare déjà Pâques. Tortues, éléphants, licornes, cochons, voitures, et autres créations chocolatées vous attendent à partir du 10 mars.
La Chocolaterie de Provence et le marché casher
A l’heure du bilan 2014, l’optimisme est de mise à l’usine de Saint Menet qui semble être bien partie pour embaumer les quartiers Est de Marseille de sa bonne odeur de chocolat pendant longtemps. Après un avenir incertain suite à la décision de Nestlé de fermer le site en 2006 et la liquidation en 2011de son repreneur NetCacao, l’usine de Saint Menet a visiblement repris du poil de la bête depuis son rachat par le groupe russe Ivory Coast Cacao (ICC).
Pour éviter les écueils rencontrés par NetCacao, l’enseigne s’est détournée du marché français - déjà saturé, pour miser sur l’export et se lance dans un marché de niche où la concurrence est moins forte, le casher qui représente 80% de sa production. Avec 3 lignes de production labellisées par l’Orthodox Union, l’usine est l’un des rares sites de production de chocolat au monde à disposer de l’agrément des autorités religieuses juives.
Une stratégie qui a porté ses fruits puisque la production du site est passée de 1250 tonnes en 2013 à 2000 tonnes cette année, élargissant son effectif à 49 employés. En canalisant 85% de ses débouchés vers la Russie, l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Israël, la Chocolaterie de Provence double son chiffre d’affaire avec un résultat de 7,5 M€.
Indicateur | Valeur |
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Production en 2013 | 1250 tonnes |
Production en 2014 | 2000 tonnes |
Effectif | 49 employés |
Chiffre d'affaires | 7,5 M€ |
Part du marché casher | 80% |
Principaux marchés d'exportation | Russie, Allemagne, États-Unis, Israël |
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