Le marché au cadran de Plérin, désormais connu sous le nom de Marché du Porc Français (MPF), est un lieu central dans la filière porcine française. Il est considéré comme l'endroit qui fixe le prix de référence du porc pour toute la France.
Qu'est-ce que le Marché au Cadran ?
Le Marché du porc breton (MPB) est emblématique, car c'est l'un des premiers « marchés au cadran » à avoir été créé en France, en 1972, pour réguler les transactions entre vendeurs et acheteurs. Il se tient deux fois par semaine, le lundi et le jeudi, à Plérin (Côtes-d'Armor) et rassemble les producteurs et les acheteurs.
Les prix du porc s'affichent sur un cadran électronique, d'où le nom de marché au cadran. Chaque semaine, des dizaines de milliers de porcs sont vendus à Plérin.
Déroulement des Ventes
Aucun cochon n'est présent physiquement au MPB. Les bêtes sont présentées sur catalogue avec leurs caractéristiques, comme l’âge, le poids, la provenance. Les lots de porcs sont présentés sur catalogue aux acheteurs, avec des fiches techniques spécifiant l'âge, le poids, l'éleveur, l'origine géographique, etc.
Avant chaque séance, les acheteurs s'engagent sur un prix de retrait, c'est-à-dire un prix minimum auquel ils s'engagent à acheter les invendus. Ensuite, un prix maximum de vente est fixé, puis des enchères électroniques dégressives commencent, avec deux enchères possibles par lot.
Les lots refusés sont reportés au marché suivant et les lots invendus sans enchères sont attribués, en fin de séance, au prix moyen des différents lots qui fixe la cotation du jour. Le prix de Plérin, calculé en vif, est parfois inférieur au prix touché au final par l'éleveur, en raison des primes « de qualité » qui lui sont octroyées selon le type de produit.
Volume des Transactions
Le lundi, 10 000 à 15 000 porcs y sont vendus en moyenne. Le jeudi, ce chiffre grimpe à 50 000, voire à 60 000. Au total, ce volume représente 22 % de la production bretonne, une région qui fournit 60 % de la production nationale.
Le prix qui est fixé à Plérin va ensuite d'appliquer à l'ensemble de la filière, donc à des porcs qui n'ont pas été forcément négociés en Bretagne. Mais le prix qui est fixé à Plérin sert de référence nationale pour le porc standard et est utilisé pour les comparaisons internationales.
Toutefois, ce prix n'est pas contraignant : rien n'oblige un acheteur se fournissant ailleurs qu'à Plérin à l'utiliser.
Rôle et Importance du MPB
Quand le marché au cadran a été lancé en 1972, l'idée était de réguler les transactions entre vendeurs et acheteurs de porc, c’est à dire entre les éleveurs et les industriels de la viande, ceux qui abattent les porcs, puis transforment et conditionnent la viande.
« Les abatteurs et négociants qui achètent au Marché du porc breton acceptent la Convention de mise en marché de porcs charcutiers », rappelle Pascal Le Duot, le directeur du MPB. Dans celle-ci figure une procédure formelle pour qui veut se désengager, procédure qui débute par la réception d’une lettre recommandée.
« Quoi de plus normal me direz-vous quand on sait que le prix affiché en fin de séances de vente sert de référence à toute la filière française » ajoute François Pot.
Certains sont séduits par le modèle du MPF. Olivier Fagoo, éleveur de porcs originaire des Hauts-de-France et administrateur de la fédération nationale porcine, nous dit vouloir rejoindre la structure pour son « outillage collectif ». « On aimerait aussi participer avec vous au marché. Je fais du lobbying chez les groupements d’éleveurs de ma région ».
Défis et Crises
Mais ce système est sérieusement malmené actuellement. Dans toute l'Europe, il y a surproduction de porcs et, parallèlement, sa consommation a baissé pendant l'été en France, ce qui fait reculer les prix.
Les acheteurs français (industriels de la viande) demandent des prix plus bas et reprochent au Marché du porc breton d'être déconnecté des prix européens quand les éleveurs demandent 1,40 euro/kg pendant l’été 2015.
Le MPB a déjà vécu une crise assez similaire à celle d'aujourd'hui en 1988. Déjà un soubresaut en 2015 avec le boycott du marché du porc Breton par la Cooperl et Bigard.
Boycott et Suspension du Marché
Alors en aout, le numéro 1 français de la viande le groupe Bigard, qui possède notamment les marques Charal et Socopa, a boycotté le marché de Plérin. Un autre groupe agroalimentaire Cooperl a fait la même chose. Ceux qui disent qu'ils partent… « À ce jour, nous n’avons reçu aucune lettre officielle de la Cooperl », affirment le directeur et son président François Pot.
Si Cooperl n’achète effectivement plus de porc au Cadran, il demeure soumis à la procédure d’affectation des lots sans enchères, telle qu’elle est également définie par la Convention.
Le marché au cadran a été suspendu pendant sept semaines. Conséquence, il n'y avait plus de prix de référence et les négociations se sont faites de gré à gré. Il y avait autant de prix que d’abattoirs et ce sont les industriels qui ont imposé leur prix aux éleveurs pendant cette période.
Finalement, le marché au cadran de Plérin a repris le lundi 23 novembre en l'absence du groupe Bigard. Mais entretemps, les cours avaient encore dévissé. Et jeudi 26 novembre, le prix du porc est tombé à 1,08 euro/kilo.
Évolution et Adaptation
Cette volonté du marché de se doter d’une assise nationale s’affirme désormais dans son nouveau nom : le Marché du porc français . Depuis 52 ans, le marché du porc breton fixe le prix du porc pour toute la filière en France. Alors le MPB franchit les frontières bretonnes. Et devient le marché du porc français.
Le prix du porc est stable à 2 003 euros au marché du porc breton ce jeudi 6 juin 2024. Mais l’information était ailleurs à Plérin où se tenait l’assemblée générale de la structure. « L’heure est venue de nous ouvrir à tout le monde », clame le président du MPB François Pot en annonçant le changement de nom du MPB qui devient le marché du porc français.
Preuve en est de l’importance du moment, la présence d’Olivier Fagoo, éleveur de Verlinghem, dans les Hauts de France, membre de la fédération nationale porcine qui entend rallier ses collègues au nouveau marché français : « Il y a 1,7 million de porcs qui viennent des Hauts de France et je ferai tout pour qu’ils passent par le marché de Plérin ».
Et malgré le retrait de la Cooperl, de Bigard, le président François Pot se veut optimiste. « Tradivel, Vallegrain, Holvia porc, eux, nous ont rejoint. Ils ont compris l’intérêt du marché au cadran », qui a affiché un cours moyen à 2 115 € en 2023, soit 39 centimes de plus qu’en 2022 pour 1,340 million de porcs passés par le marché breton. « Un prix respecté par la filière, insiste Michel Bloch, président de l’UGPVB (union des groupements de producteurs de viande de Bretagne).
« L’économie tient en 2 mots : “ être compétitif ” , affirme François Pot, éleveur et président du Marché au porc breton . Nous sommes dans une économie de marché, ouverte sur l’Europe et sur le monde, nous n’évoluons pas dans un monde de Bisounours ! » Alors que la production porcine recule en Europe de 7,6 % en 2023, la France a limité la contraction de ses abattages à - 4,9 %. François Pot y voit « la preuve de la résilience de nos modèles » et estime que « cela relève de notre capacité à nous organiser autour des outils collectifs, dont le marché au Cadran ».
Un marché qui a pris ces derniers mois une dimension nationale avec l’arrivée de 3 nouveaux acheteurs implantés hors les frontières de la Bretagne : Tradival, Vallegrain et Holvia Porcs.
Principaux Acheteurs au Premier Semestre 2015
Au premier semestre 2015, les principaux acheteurs étaient :
- Le groupe Kermené, filiale du distributeur E. Leclerc, avec un tiers des achats.
- La Cooperl représentait 19 % des achats.
- Le groupe Bigard 7 %.
TAG: #Porc