Les boîtes à biscuits métalliques ont une longue et riche histoire, étroitement liée à l'évolution de la conservation des aliments et des techniques d'emballage. Cet article explore l'histoire de ces boîtes, leurs différents types, leur processus de fabrication et leur impact environnemental.
Les Origines du Fer-Blanc
Les origines du fer blanc remontent à la fin du Moyen Âge. Il est prouvé qu’en 1240, en Bohême (Allemagne), il était déjà utilisé pour fabriquer des ustensiles, très appréciés pour leurs propriétés anticorrosives. Mais ce n’est qu’au XIVe siècle que l’évolution du produit a commencé, jusqu’à ce qu’il atteigne la forme sous laquelle il est connu aujourd’hui. Dans la région de Dresde et au XVIIe siècle, une importante industrie basée sur l’étamage s’est développée, principalement pour l’exportation. Sa fabrication industrielle a débuté en Angleterre (sud du Pays de Galles) au début du 18e siècle.
À l’époque, les principales contributions étaient le laminage mécanique de l’acier et son décapage. Progressivement, cette technologie s’est répandue en Europe et dans le Nouveau Monde. Le procédé de fabrication consistait à immerger des tôles d’acier dans des bains d’étain en fusion et a reçu le nom de fer blanc « coke » ou « hot dip ». Cette technique a été améliorée par l’Allemand M. Schlöter au début du XXe siècle.
Il a mis au point le dépôt d’étain sur l’acier à l’aide de bains électrolytiques. Puis, des années « 50 » à nos jours, cette industrie n’a cessé d’innover : lignes de coulée continue, recuit continu, fer blanc « doublement réduit », TFS (tin free steel), LTS (low coated steel) etc.etc.
L'Histoire de la Conservation des Aliments
Depuis les temps préhistoriques les plus reculés, l’homme est conscient de l’impossibilité de conserver longtemps et dans de bonnes conditions des aliments frais. Toutes les cultures ont développé des techniques artisanales pour conserver certains aliments de base pendant un certain temps. Les éléments de base utilisés à cette fin étaient la combinaison d’un climat adéquat (température et humidité) et du sel. C’est en Méditerranée orientale, origine de tant de progrès culturels de l’homme, que les premiers pas dans la conservation des aliments ont été détectés.
Une autre option que l’homme a utilisée très tôt est le froid comme élément conservateur. À l’époque historique de l’humanité, les progrès se sont additionnés jusqu’à nos jours. L’Antiquité et le Moyen Âge ont déjà apporté de bonnes avancées pour améliorer la conservation des aliments. Ainsi, les Romains ont introduit la saumure et le vinaigre comme conservateurs, inventant la marinade.
L’Europe médiévale a ajouté le tabac et avec lui, un autre additif de conservation, l’aldéhyde formique, présent dans la fumée de bois. Elle commercialise des produits tels que le café et le cacao, qu’elle importe d’Amérique, et fabrique du chocolat. Elle consomme de grandes quantités de sucre, dont elle connaît les propriétés conservatrices, pour produire des bonbons, des confitures et des marmelades.
L'Évolution des Conteneurs Métalliques
L’industrie de la fabrication de conteneurs métalliques a toujours été liée à l’industrie de l’emballage. Tout nouveau développement dans l’un a influencé l’autre, de sorte que leurs histoires sont liées, surtout au début. Le premier a également influencé la croissance d’autres industries, telles que l’acier, l’étain, l’équipement, le transport. L’évolution a commencé en 1765, lorsque Spallanzani, en Italie, a réussi à conserver des aliments en chauffant des récipients hermétiques contenant divers produits. Cette découverte n’a pas été suivie d’effet ; il a fallu attendre 1795.
Nicolas Appert, un pâtissier parisien, a participé au concours et a gagné, obtenant le prix en 1809. Son succès est dû à l’utilisation de trois facteurs : la bonne préparation des aliments, le fait d’avoir un récipient hermétique et enfin, le fait de chauffer le tout au bon moment et à la bonne température. Appert était une personne méthodique et conservait des données sur les temps, les températures et les procédures des différents produits avec lesquels il travaillait et a ensuite publié un livre sur le sujet.
En 1810, Peter Durand, dans l’Angleterre de George III, a breveté l’idée d’utiliser des récipients en étain pour développer le procédé de Nicolas Appert. Elle présente de nombreux avantages : conduction thermique aisée, légèreté, résistance mécanique …. Un an plus tard - 1811 - la première opération commerciale d’emballage est enregistrée dans le même pays, utilisant des conteneurs en fer blanc pour contenir de la viande et des légumes, destinés à l’Amirauté anglaise.
Les premières utilisations commerciales ont été de contenir des biscuits et des gâteaux, initialement en fer blanc nu - non décoré -. Le récipient métallique a été introduit en Amérique du Nord en 1817 comme moyen de conservation des aliments. C’est l’Anglais William Underwood qui, à cette époque, a établi la première conserverie à la Nouvelle-Orléans.
Il est curieux qu’à l’origine des conteneurs métalliques, aucune disposition n’ait été prise quant à la manière de les ouvrir. Ce n’est que lorsque les récipients en acier plus fins avec un rebord sur le dessus se sont répandus - à la fin des années 1850 - que l’ouvre-boîte a pu se présenter comme un instrument relativement simple.
Procédure de Fabrication Améliorée
Les ferblantiers de l’époque ont tracé sur la feuille de métal, le rectangle correspondant au développement du cylindre qui allait former le corps, ainsi que les circonférences des couvercles et les ont découpés à la cisaille manuelle. Les gabarits des corps ainsi définis étaient enroulés autour d’un tambour, leurs extrémités se chevauchant d’environ 6 millimètres. Cette zone a ensuite été soudée à la main - avec le fer à souder classique que nous avons vu les ferblantiers utiliser dans leur enfance - ce qui a permis d’obtenir une couture latérale.
Dans les années suivantes, la procédure a été améliorée : le corps était plié en faisant passer les gabarits par un système de rouleaux ou une machine à rouler. Ainsi, en 1883, la Norton Brothers Company de Chicago invente un carrossier semi-automatique, avec une soudeuse de joints latéraux intégrée, atteignant une capacité de production de 40 carrosseries/minute.
Pour fabriquer les couvercles, les disques d’étain étaient tirés et découpés plus grands que l’ouverture aux extrémités du corps, de sorte que leurs bords pouvaient être repliés pour former une « jupe ». En 1847, Allen Taylor aux États-Unis a mis au point une presse qui, avec un outil adapté, permettait de réaliser la jupe ou la collerette du disque. Pour relier le capuchon à bride au corps, celui-ci était placé sur un support ou un mandrin, puis le capuchon était inséré dans l’extrémité du corps et l’ensemble était soudé à la main.
Fer-Blanc: Composition et Types
Le fer-blanc est un produit en acier doux ou extra doux laminé (la teneur en carbone est inférieure à 0,08 %) recouvert d’une couche d’étain. Le fer-blanc, obtenu par voie électrolytique, est constitué de plusieurs couches. A l’extérieur des boîtes en fer-blanc, l’étain joue seulement un rôle de barrière physique à la corrosion de l’acier.
Différents types de fer-blanc existent, en fonction des taux d’étamage qui sont identiques ou différents sur les deux faces. Actuellement, des feuilles d’acier de 0,09 mm commencent à être utilisées, ainsi que des quantités déposées d’étain réduites à 0,5 g/m2. Certaines lignes électrolytiques peuvent permettre de fabriquer du fer blanc ou du fer chromé.
Fer chromé (ECCS : Electrolytic Chromium/oxide Coated Steel ou TFS : Tin Free Steel) : L’acier de base est le même, mais au lieu d’être revêtu d’étain, il est recouvert de chrome (épaisseur : 10 nm, 60 mg/m2), d’oxyde de chrome (épaisseur : 5 nm, 15 mg/m2) et d’huile (3-6 mg/m2).
Processus de Fabrication du Fer-Blanc
La coulée continue de l’acier fournit des brames qui sont laminées à chaud jusqu’à atteindre une épaisseur de l’ordre de 2 mm. La couche d’oxyde est enlevée par décapage à l’acide chlorhydrique (l’attaque dure 30 s). Après lavage et séchage, la bande d’acier est laminée à froid, en passant entre plusieurs jeux de cylindres (cages), jusqu’à 0,20 mm, par exemple.
Après dégraissage, le métal qui est fortement écroui par le laminage, est recuit à 630°C en étant protégé de l’oxydation par du diazote ou du dihydrogène. Un léger laminage à froid (skin-pass) permet un écrouissage de surface améliorant les qualités mécaniques. Lorsque la réduction d’épaisseur est poussée jusqu’à 30 %, ce dernier laminage permet d’obtenir des bandes d’épaisseur de 0,10 mm. L’acier ainsi obtenu est alors appelé « double réduction ».
Avant étamage, la surface de la bande subit un dégraissage puis un décapage à l’acide sulfurique. L’électrolyte est composé d’acide 4-hydroxybenzènesulfonique (HO-C6H4-SO3H) et de divers produits d’addition. Après rinçage, le fer-blanc subit une refusion vers 300°C où il prend un aspect brillant et au cours de laquelle, se forme l’alliage FeSn2 à l’interface Fe-Sn, par diffusion de Sn dans l’acier.
Afin d’éviter l’oxydation de l’étain, une passivation chimique est réalisée dans une solution de dichromate de sodium (20-30 g/L à 50°C) qui donne un dépôt d’oxyde de chrome de 0,10 μg/cm2 qui permet une bonne adhérence des vernis mais ne protège pas de la sulfuration. Une couche d’huile, monomoléculaire, en général de dioctylsébaçate (DOS), permet de réduire les dommages créés par abrasion.
Recyclage des Boîtes Métalliques
Les aciers pour emballages (contenant 99,7 % de fer) sont ferromagnétiques et donc très facilement récupérés par triage magnétique des ordures ménagères. Dans l’Union européenne plus la Norvège et la Suisse, en 2019, le taux de recyclage est de 84 %, avec plus de 2,7 millions de t d’aciers pour emballage recyclées. Le métal, utilisé pour fabriquer des boîtes de conserve, est un matériel permanent, recyclable à 100% et à l’infini.
Dans cette filière du recyclage, le métal fait figure de bon élève. Tout d’abord parce que c’est un produit recyclable à 100 % et ce à l’infini. Contrairement à d’autres matériaux (papier, plastique…) qui peuvent se dénaturer, l’acier comme l’aluminium qui constituent les boîtes de conserve, gardent leurs propriétés, leurs performances techniques.
Autre atout : le tri des emballages métalliques est automatique. Ils ont pour eux d’être, la plupart du temps, monomatériaux, et d’être récupérés aisément sur les tapis de tri. L’acier est attiré par de puissants électro-aimants. L’aluminium est, pour sa part, évacué de ces tapis par un champ magnétique à haute fréquence (grâce à une machine à courant de Foucault).
Taux de recyclage des emballages en acier dans certains pays (2019)
Pays | Taux de recyclage (%) |
---|---|
Belgique | 98.9 |
Pays-Bas | 95.6 |
Allemagne | 92.4 |
France | 90.6 |
Avantages du Recyclage
Le recyclage des emballages métalliques a une première positive conséquence évidente pour l’environnement : il permet de limiter la consommation de ressources naturelles (minerai de fer pour l’acier, bauxite pour l’aluminium). On estime à deux tonnes la quantité de matière première non renouvelable ainsi préservée lors du recyclage d’une tonne d’acier ou d’aluminium.
Les scientifiques ont œuvré à l’allégement de la boîte, afin de réduire son volume et, par conséquent, de limiter la consommation de matières premières. En parallèle de la réduction des volumes de matières premières extraites du sous-sol, la consommation d’énergie et la pollution ont, elles aussi, diminué. Le recyclage d’une tonne d’acier permet ainsi de réduire de 75 % les émissions de CO2 par rapport à la production d’acier à partir de minerai de fer.
L’usage d’une boîte de conserve permet enfin de limiter efficacement le gaspillage alimentaire. Cela en premier lieu du fait de sa très longue durée de conservation. Les produits, dont la fraîcheur est préservée, disposent d’une DDM (Date de Durabilité Minimale, ex-DLUO : Date limite d’utilisation optimale) longue, allant de 2 à 5 ans.
Les Boîtes Métalliques Décoratives et le Récepteur MCR1
Les premières boîtes à biscuits décoratives ont été créées par Huntley & Palmer's dans les années 1830, mais elles ont ensuite suscité un engouement pour les formes et les motifs originaux au début du XXe siècle. Le récepteur MCR1, surnommé « boîte à biscuit », est un appareil emblématique de la Seconde Guerre mondiale, conçu spécifiquement pour les opérateurs de la Résistance et les agents secrets du SOE (Special Operations Executive). Ce récepteur léger et portable a joué un rôle crucial dans la transmission d’informations vitales derrière les lignes ennemies.
Le récepteur n’émettait pas, ce qui permettait d’écouter sans risquer de se faire localiser par des détecteurs de signaux radio. Le MCR1 était principalement utilisé pour recevoir des messages envoyés par les alliés. Le MCR1 est devenu un symbole non seulement de la technologie de la guerre secrète, mais aussi de la détermination et du courage des opérateurs de la Résistance.
Réutilisation Créative des Boîtes à Biscuits
Une vieille boîte de biscuits a récemment connu une seconde vie inattendue : devenir un espace de stockage pour des sachets de graines. La boîte en question, datant probablement des années 1950-1960, présente un style campagnard typique des brocantes françaises. Son état de conservation exceptionnel, avec des motifs floraux et une patine authentique, en fait un objet décoratif autant qu’un outil fonctionnel.
Avant de l’utiliser, il est essentiel de nettoyer soigneusement la boîte pour éliminer toute trace de résidus alimentaires. La boîte doit être protégée de l’humidité pour préserver la viabilité des graines. Une solution consiste à placer un petit sachet de silica gel à l’intérieur, absorbant l’humidité ambiante.
Cette pratique s’inscrit dans une logique de zéro déchet. En évitant l’achat de boîtes neuves en plastique, on réduit sa consommation de matériaux non recyclables. Conserver les graines dans un objet chargé d’histoire (comme une boîte de biscuits héritée ou trouvée en brocante) renforce le sentiment de connexion avec la nature et les traditions.
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