La Blonde d’Aquitaine est une race bovine française, originaire du sud-ouest de la France, reconnue pour sa robustesse et ses qualités bouchères. Rencontre avec Damien Blanc, éleveur de Blondes d’Aquitaine à Montdurausse, qui partage sa passion et son expertise sur cette race à viande.
L'histoire d'un élevage familial
L'histoire de la ferme des Viarnels, située à Montdurausse, commence avec Michel Blanc, le grand-père de Damien. Dans les années 50, il s'installe dans une commune voisine et confie la ferme à des métayers. Le père de Damien, ingénieur meunier de formation, décide d'acheter quelques vaches et de les élever en plein air intégral, trouvant dommage que la propriété reste inoccupée.
L'adaptation de la Blonde d'Aquitaine à sa région
La Blonde d’Aquitaine est une race bien adaptée à la région du Sud-Ouest. Dans les années 70, le père de Damien a commencé par acheter quelques bêtes et à les mettre en plein air intégral. Il a rapidement compris que la portance de leurs sols, plutôt argileux, n’était pas très bonne pour ses vaches. Une blonde d’Aquitaine peut peser une tonne, quand le taureau peut dépasser une tonne et demie. Il a fallu investir.
Le père de Damien s’est ensuite passionné pour la génétique, achetant des bêtes inscrites à l’herd-book, et participant à des concours. En 1985, il a même gagné le prix d’ensemble au concours national de la Blonde d’Aquitaine, pour sa première participation, en présentant un lot de sept bêtes adultes avec les petits. Ce qui a donné une certaine renommée à notre élevage.
Damien Blanc s'occupe des vaches laissées par son père quand il est devenu directeur de la station raciale. Finalement, en 2004, après son BTA, il s'est installé officiellement et a modernisé les bâtiments, agrandi le troupeau à environ 50 vaches. Tout confondu, il a aujourd’hui un troupeau de 120 à 140 animaux à l’année, avec les veaux et les taureaux. Il fait naître environ 45 veaux par an.
Le métier de naisseur et sélectionneur
Damien Blanc est naisseur. Son métier consiste à faire naître et élever des vaches, jusqu’à l’âge d’un an à un an et demi. Ses meilleures génisses et ses meilleurs taureaux sont vendus pour devenir des mères et des taureaux de reproduction. Avec ses meilleurs sujets, il fait des concours de beauté, et cela permet de rester en haut de l’affiche, de les vendre à meilleur prix auprès d’éleveurs. Il garde aussi des génisses pour renouveler son propre troupeau.
Il produit également de quoi les nourrir, principalement à base d’herbes, de foin, durant l’hiver et les périodes de sécheresse, et de luzerne qui apporte des protéines. Comme il n'est pas autonome en céréales, il n’engraisse pas ses vaches sur place, mais il les vends à des engraisseurs.
Les critères de qualité
Les critères de qualité incluent des aspects de phénotype, les mensurations de l’animal, et le rendement musculaire. On cherche un compromis entre les qualités bouchères et les qualités d’élevage, comme un bon bassin, avec une bonne position, et large qui permet aux mères de vêler sans problème. En concours, on juge ces critères à l’œil. La génétique joue un rôle clé pour améliorer ces traits et assurer la pérennité de l’élevage. L’évaluation rigoureuse et la sélection des meilleurs reproducteurs permettent de maintenir un niveau élevé de qualité et de performance au sein du troupeau.
Les qualités bouchères de la Blonde d'Aquitaine
La Blonde d’Aquitaine est dans le haut du panier. Elle est réputée pour sa viande tendre et peu grasse. On met plus de temps à obtenir du persillé, mais avec un engraissement lent, on obtient une viande de haute qualité. Plus un animal est dessiné, plus on dit que sa fibre musculaire est fine, et particulièrement tendre et de grande qualité. Nous exposons chaque année au Salon de l’Agriculture pour promouvoir ces qualités bouchères, notamment pour faire des rôtis et des steaks. L’association Blonde Pays d’Oc expose chaque année des vaches destinées à la boucherie. Damien s’occupe d’organiser cette présentation et il sélectionne les 5 vaches qui sont présentées.
Les défis et l'avenir de l'élevage
C’est difficile, surtout quand les gens généralisent sans connaître nos pratiques et notre métier. Nos vaches mangent de l’herbe tout le temps. Nous élevons nos animaux principalement dehors, en stockant des fourrages pour les périodes de sécheresse. Nous sommes conscients des enjeux environnementaux et faisons tout notre possible pour produire de manière durable. Cependant, l’image de la viande reste souvent stigmatisée dans les médias et cela nous affecte. On entend aussi des inepties. On souffre d’un manque de considération qui est difficile à vivre.
Il faut expliquer que l’élevage extensif comme le nôtre a un impact bien moindre sur l’environnement que l’élevage intensif pratiqué dans d’autres pays, comme les Etats-Unis. Par exemple, nos méthodes favorisent la biodiversité des prairies, aident à la séquestration du carbone dans les sols et jouent un rôle très important dans la préservation des paysages. C’est à nous aussi de mieux communiquer sur nos pratiques et les spécificités de notre élevage français.
Chaque été, les vaches montent à l’estive en montagne, pour une grande partie des cheptels des Blonde d’Aquitaine du Piémont pyrénéen. Cette pratique traditionnelle permet aux animaux de bénéficier de pâturages riches et naturels pendant la belle saison. C’est un moment important car cela contribue à la préservation des prairies d’altitude. Cette pratique aide à préserver les paysages montagnards et maintient des pratiques agricoles traditionnelles qui ont un faible impact environnemental. La transhumance permet également de réduire la pression sur nos propres pâturages en plaine, leur donnant ainsi le temps de se régénérer.
Damien Blanc fait partie d’une association d’éleveurs de Blonde d’Aquitaine d’Occitanie. Cela nous permet de partager des dynamiques commerciales et génétiques. Cela nous permet de ne pas rester seuls dans nos fermes. On travaille bien. Je souhaite que la lumière soit faite sur la qualité de notre travail, c’est-à-dire qu’un jour notre savoir-faire soit reconnu à nouveau comme il le mérite.
Le retour à la polyculture
Avec les évolutions climatiques et économiques, nous nous rendons compte que la spécialisation extrême n’est pas toujours durable. Cela se faisait il y a 40 ans. Revenir à la polyculture - élevage est une manière de diversifier nos activités et de rendre notre exploitation plus résiliente. En combinant l’élevage avec la culture de différentes céréales et fourrages, nous pouvons mieux gérer les risques liés aux aléas climatiques et économiques, sur des exploitations plus petites d’une cinquantaine d’hectares. Cette diversification nous permet aussi de créer un système plus autonome et équilibré, d’exploiter nos sols les plus pauvres. Par exemple, les cultures peuvent fournir une partie de l’alimentation pour les animaux, ce qui réduit notre dépendance aux achats extérieurs. Cela nous permet aussi de valoriser au mieux nos terres.
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