Biscuit Brun : Une Histoire de Goût et d'Innovation

Saviez-vous que la marque de petits gâteaux avait des origines iséroises ? En effet, l'histoire de la biscuiterie Brun est riche et complexe. Beaucoup d’habitants de l’agglomération grenobloise se souviennent de la bonne odeur de biscuit qui flottait du côté du quartier de la Croix Rouge à Saint Martin d’Hères, là où était implantée la biscuiterie Brun.

Les Débuts et l'Ascension de Brun

Brun, c’est une histoire qui débute à la fin du 19ème siècle, d’abord à Claix, puis à Grenoble, avant d’arriver à Saint Martin d’Hères durant la première guerre mondiale. En 1915, l’entreprise déménage à Saint-Martin-d’Hères, avenue Ambroise-Croizat, et devient un fleuron industriel sous l’impulsion de Gaétan Brun. C’est une histoire dont le point de départ est commun à celui de la SACER, entreprise d’entretien des routes (devenue Colas). En 1923, Claire Darré-Touche, veuve d’un grand minotier marseillais et mécène visionnaire, prend la tête de l’entreprise.

L'Ère de la Seconde Guerre Mondiale

Mme Darré-Touche entretient d’excellentes relations avec Vichy. Elle est une amie d’enfance de Mme Pétain et sa propriété à Villeneuve-Loubet est à côté de celle du couple Pétain. Son épouse est accueillie par un « Vive la maréchale » lors de la visite de l’usine. Pétain est à Grenoble en mars 1941. Dans l’usine Brun, la Résistance est active. Raymond Bank, journaliste interdit professionnel par Vichy, résistant et chef d’état-major, a travaillé dans l’usine.

Collaboration et Libération

Après la Libération de Grenoble le 22 Août 1944, la question se pose : Mme Darré-Touche (elle a alors 70 ans) a-t-elle collaboré ? Cette question complexe est étudiée, et il faut distinguer collaboration directe et indirecte. Les ventes de la distillerie : une collaboration indirecte, dans la mesure où l’alcool était vendu à des entreprises qui livraient l’Allemagne ? Mme Darré-Touche préfère partir en Suisse dès la libération (l’opinion publique était dressée contre elle), ses biens sont mis sous séquestre. Un comité « ouvrier » de gestion est désigné le 1er octobre 1944. Le 30 octobre 1947 l’avis du garde des Sceaux blanchit Mme Darré-Touche, à la fois de l’infraction pour collaboration économique et du crime d’indignité nationale.

L'Après-Guerre et l'Âge d'Or

Après la Seconde Guerre mondiale, Brun est racheté par Pierre Forgeot, un ancien ministre de la IIIe République. Dans les années 1950-60, l'usine compte jusqu'à 1500 salariés. En 1952, les français ont mangé 250 millions de biscuits Thé Brun.

L'Association avec LU et la Fermeture

L'année 1968 est importante, puisque les biscuits Brun sont les sponsors officiels des Jeux olympiques de Grenoble. En 1968, la biscuiterie est choisie comme fournisseur officiel des Jeux Olympiques. Cette même année, Pierre Forgeot décide de s'associer à Patrick Lefèvre-Utile, des biscuits LU de Nantes. Brun s’associe à Lu, puis BSN rachète Lu-Brun. Après la fusion avec LU, une relocalisation de la production à Reims, puis à proximité de Nantes, l'usine grenobloise ferme définitivement le 31 décembre 1989. Des manifestations ont lieu en mai 1972, un plan social est annoncé en 1985 (signé seulement par FO). À Saint-Martin-d’Hères, les anciens locaux ont laissé place à des logements étudiants et à la Maison communale.

L'Héritage de LU et le Petit Beurre

Vous ne le savez peut-être pas mais la forme du Petit Beurre de Lu cache une signification ! Observez-bien les 4 gros angles, les 52 dents et les 24 points qui composent le biscuit. Non, vous ne rêvez pas, il s'agit bien d'une allégorie du temps : les 4 saisons par an, les 52 semaines de l'année et les 24 heures de la journée. L'idée que voulait transmettre Louis Lefèvre-Utile, le créateur du Petit-Beurre de LU ? Louis Lefèvre-Utile avait un objectif : faire passer le message que son biscuit pouvait se consommer toute l’année et à tout moment. Pour y arriver il utilise la forme de son gâteau.

Jugez plutôt :

  • Il y a 4 angles sur un véritable petit beurre LU… qui correspondent aux 4 saisons de l’année
  • Il y a 48 dents autour du biscuit, en comptant les 4 angles, ça fait 52… qui correspondent aux 52 semaines dans une année.
  • Il y 24 points sur la face du biscuit… qui correspondent aux 24h dans une journée.

Le Petit-Beurre compte en effet 52 dents (en comptant les quatre grosses aux angles coins), ce qui représente les 52 semaines de l’année. Les quatre « oreilles », elles, symbolisent les quatre saisons. Et les 24 points qui le perforent évoquent les 24 heures de la journée.

Petit Beurre de LU : une success story familiale

En 1846, deux artisans biscuitiers Pauline-Isabelle Utile et Jean-Romain Lefèvre fondent une pâtisserie artisanale du côté de Nantes. En 1882, Louis Lefèvre-Utile, leur plus jeune fils, rachète l’entreprise familiale et décide d’industrialiser la production de biscuits. En 1886, il crée le célèbre Petit Beurre et en 1887, il fonde la société LU (les initiales de Lefèvre-Utile). Depuis, ce biscuit, toujours fabriqué à l’usine LU de l’Haye-Fuassière en Loire-Atlantique, n’a jamais changé de forme. Et pour cause : il recèle un secret bien gardé.

Si un Petit Beurre de LU nous fait spontanément penser aux napperons sur lesquels on servait le thé auparavant, sa signification est bien plus profonde et ne doit rien au hasard. Célèbre pour son biscuit dentelé, la marque LU et sa farandole de recettes inimitables ont souvent la préférence à l’heure du goûter. Croustillante encore et toujours, le succès de la marque LU l’emporte grâce au changement de statut de la cité des Ducs. Au cours du XIXe siècle, Nantes était un port maritime et industriel où fleurissaient de nombreuses industries. Avec en chef de file et faisant le bonheur de tout un chacun, l’industrie agroalimentaire.

Les baisses du prix des matières premières ont également permis de faire transiter le biscuit de la boulangerie vers la pâtisserie. Il n’en serait rien de l’histoire de LU sans la venue à Nantes en 1846 de Jean-Romain Lefèvre, alors pâtissier de formation. D’abord engagé dans une pâtisserie rue Boileau, il épouse Pauline-Isabelle Utile en 1850. Ensuite, le couple décide de racheter le commerce pour qu’il devienne une « Fabrique de biscuits de Reims et de bonbons secs ». En 1882, son créateur, Jean-Romain se voit même attribuer la médaille d’or lors de l’Exposition industrielle de Nantes pour la qualité de ses biscuits. Très vite, la marque sort du lot grâce à ses boîtes métalliques stylisées plus modernes. Jusqu’en 1886, année au cours de laquelle Louis dessine ce qui sera sans contexte son plus grand succès. À savoir Le Petit-Beurre LU Nantes.

Le 1er février 1997, Louis Lefèvre-Utile et son beau-frère Ernest Lefièvre fondent officiellement la société Lefèvre-Utile. Si bien qu’au début du XXe siècle, l’entreprise LU propose un catalogue alléchant de 200 biscuits. Avec la qualité pour mot d’ordre, avant la Première Guerre mondiale, l’entreprise compte 500 ouvriers et presque autant d’ouvrières travaillant à l’usine. Aux côtés des trois principales fabriques de biscuits de Nantes, LU participe à l’effort de guerre. Aussi leurs usines se mettent à produire du pain de guerre, du « hard bread ». Néanmoins, LU se trouve en mauvaise posture, notamment à cause du vieillissement des machines et de la concurrence nationale. Dès 1947 et grâce aux aides de l’État, l’entreprise se modernise pour faire face à la « bataille de production » engagée entre les plus grandes biscuiteries nationales. Au début des années 60, c’est l’invasion de produits américains sur le marché qui prend le relais des menaces. Cette première restructuration d’une longue série annonce en même temps la fin de l’entreprise familiale.

Alors amateurs de biscuits en herbe, connaissiez-vous l’histoire de l’entreprise LU ? Une autre biscuiterie qui fait tourner les têtes ? Découvrez l’histoire de la biscuiterie Saint-Michel !

Il y a plus de 30 ans que la bonne odeur de biscuits ne flotte plus dans l'air à Saint Martin d'Hères. Mais la fabrication de biscuits, ce n'était pas que du gâteau! Beaucoup d’habitants de l’agglomération grenobloise se souviennent de la bonne odeur de biscuit qui flottait du côté du quartier de la Croix Rouge à Saint Martin d’Hères, là où était implantée la biscuiterie Brun.

La biscuiterie Brun a fermé ses portes le 31 décembre 1989 après un long combat menée par les ouvrières et ouvriers pour faire vivre une usine menacée de fermeture lors des différentes fusions qui se sont succedées depuis les années 50.

Brun, c’est une histoire qui rime avec militantisme social de la part d’ouvriers et d’ouvrières à qui les directions successives de l’usine n’ont pas fait de cadeaux, loin s’en faut.

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