Les vertus de la betterave fourragère ne sont plus à démontrer. Son appétence, la plus-value sur les taux du lait, la qualité des produits finis et la santé des animaux sont des arguments unanimement évoqués par les éleveurs. Voici un aperçu détaillé de ses avantages, de son itinéraire technique et de ses modes de récolte.
Les Avantages de la Betterave Fourragère
La betterave fourragère présente de nombreux avantages pour l'alimentation animale :
- Très productive : Son rendement de 14 à 19 tonnes de matière sèche par hectare (tMS/HA) avec des valeurs de 1,15 UFL (Unité Fourragère Lait) fait qu’elle produit 16 000 à 22 000 UFL/HA, soit environ 20% de plus qu’un maïs fourrage.
- Régulière : Avec son semis précoce et sa récolte tardive, son rendement est très régulier par rapport à d’autres fourrages qui fluctuent beaucoup selon la sécheresse. La betterave profite de la récupération avec les pluies de fin d’été.
- Un concentré produit sur la ferme : Faible encombrement, elle apporte de l’énergie sous forme de sucre et cellulose digestible, est très appétente et améliore le taux butyreux (TB) de 1 à 3 points et le taux protéique (TP) du lait de 1 à 1,5 point. Elle améliore également l’état sanitaire des animaux.
Itinéraire Technique
Pour optimiser le rendement de la betterave fourragère, il est essentiel de suivre un itinéraire technique précis :
La Parcelle
Choisir une parcelle saine, profonde avec peu de cailloux. Faire un travail de sol en profondeur (labour ou décompaction). La betterave valorise bien l’azote, donc un retournement de prairies est idéal.
Le Semis
Le semis se fait avec un semoir mono-graine sur sol ressuyé à 8°C, en général du 15 mars au 15 avril. La densité est de 2,5 doses/ha, à une profondeur de 2,5 cm. Un écartement de 45 cm est recommandé pour limiter le salissement.
Pour une bonne germination de vos semences, votre sol doit être finement travaillé et bien rappuyé puisque les graines de betteraves sont de petites tailles. Le semis peut ensuite débuter, dès le mois d'avril.
Désherbage
Surveiller la culture et intervenir dès l’apparition des adventices. Nécessite plusieurs passages espacés de 7 à 15 jours avec la possibilité d’alterner désherbage mécanique (binage) et chimique. La gestion des adventices est très importante car la betterave est sensible à la concurrence durant sa phase d’installation. Il est conseillé de désherber dès leur apparition en respectant un intervalle de 8 à 10 jours entre chaque passage.
Fertilisation
Récoltée en plante entière (racine + feuilles + collet), la betterave nécessite :
- 15 à 20 unités d’azote par T/MS, soit en moyenne 250 unités/Ha
- 8 à 9 unités de phosphore par T/MS, soit 130 unités/Ha
- 30 à 35 unités de potasse par T/MS, soit 480 unités/Ha
La betterave valorise très bien les engrais organiques. Il est également préférable d'apporter du bore de manière préventive pour éviter la maladie du coeur noir qui impacte sérieusement le rendement final. Enfin, attention aux carences en bore qui peuvent provoquer la maladie du coeur noir, très préjudiciable.
Récolte et Conservation
La récolte peut se faire de deux manières : mécanisée ou par pâturage.
Récolte Mécanisée
La récolte est possible dès que les feuilles de la base du collet se dessèchent, mais rien ne presse, car les racines se conservent bien dans le sol. Idéalement, utiliser une automotrice pour un effeuillage et un arrachage en un seul passage. La récolte à la machine s'opère dès que la maturité physiologique des plants est atteinte, soit lorsque les feuilles de la base du collet sont desséchées (généralement vers fin octobre-début novembre).
Pâturage
Pour profiter de cette espèce aux multiples vertus, faire pâturer son troupeau est une solution transposable presque partout en France. Il suffit de disposer d’une parcelle portante proche des bâtiments et de gérer une surface au sol d’environ 3m²/vache/jour en déplaçant quotidiennement un fil de clôture.
Le pâturage des betteraves fourragères permet de nourrir son troupeau avec un fourrage hautement qualitatif, riche en énergie et de manière très économique. Rappelons que c'est une culture à forte productivité (elle permet la production d'environ 20 000 UFL/ha) et que sa récolte - mécanisée - représente souvent la charge financière la plus importante.
Qu’il s’agisse d'élevage de vaches laitières ou allaitantes, voire de brebis, cette méthode de distribution fonctionne parfaitement bien. Les vaches arrachent les betteraves fourragères par les feuilles et consomment l’intégralité des plantes, tandis que les brebis vont plutôt consommer la racine de la betterave sur place (il faut dans ce cas accepter environ 15 % de perte).
Conservation
Pour assurer une bonne conservation, effeuillez les betteraves sans les décolleter puis stockez-les en silo (idéalement sur une aire bétonnée). Les racines se conservent en l’état, frais, en silos de taille raisonnable (3-4 m de large, 1,80 m de haut) pour permettre l’aération pendant les 4 à 5 mois de l’hiver.
Tableau Récapitulatif des Besoins en Fertilisants
| Élément fertilisant | Quantité par tonne de matière sèche (T/MS) | Quantité moyenne par hectare (Ha) |
|---|---|---|
| Azote (N) | 15-20 unités | 250 unités |
| Phosphore (P) | 8-9 unités | 130 unités |
| Potasse (K) | 30-35 unités | 480 unités |
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