Bernard Haller et le Sketch de Kiki la Cocotte : Une Initiation à la Sérigraphie

Cet extrait de sketch de Bernard Haller m'est venu instantanément à l'énoncé du nom des animateurs de ce stage court d'initiation à la sérigraphie :

« Coco, le concasseur de cacao, courtisait Kiki la cocotte. Kiki la cocotte convoitait un caraco kaki à col de caracul; mais Coco, le concasseur de cacao, ne pouvait offrir à Kiki la cocotte qu'un caraco kaki sans col de caracul. »

J'avais une bonne idée de ce en quoi consiste la sérigraphie mais y aller voir de plus près et essayer moi-même m'a vraiment tentée.

Le programme des deux mois d'été comprend quelques animations tournant en boucle au fil des semaines. Vous vous rappelez la Villa Rohannec'h que je vous avais présentée ? La sérigraphie n'est, hélas, pas reconduite en août : il fallait donc s'inscrire sans hésiter.

Le principe de participation : s'égayer dans le domaine de Rohannec'h (ou plus loin pour les plus courageux car il faut se refaire le trajet de retour ensuite) et rapporter une collecte de produit choisi pour la réduire en poudre et en faire un pigment. Pour le fun, il fallait signaler le lieu de prélèvement afin qu'il soit géolocalisé (cela permettra une mémoire des lieux pour des stages futurs). Le challenge était de faire en sorte d'obtenir, après "concassage", la valeur d'un bol de matière.

Même si j'ai hésité avec la Berce, c'est l'oseille sauvage qui a emporté ma faveur. Le Rumex L. (dont je sais à présent que les racines peuvent peut-être m'intéresser pour une teinture jaune), présentait l'avantage de donner beaucoup de matière en un même endroit. Après avoir passé les graines sous le pilon d'abord puis sous le mixer, j'ai obtenu cette espèce de bouillie que j'ai dû allonger d'eau. Hélas, la mixture est bien verte tant que la matière est éparse dans l'eau mais la couleur tend à disparaître quand le mélange se sépare après décantation.

Le Principe de Réalisation de la Sérigraphie

Le principe de réalisation : un cadre de bois est tendu d'un nylon très fin au tissage serré. Désormais, il est rare qu'il s'agisse de soie (qui a donné la racine du mot séri graphie) mais la préparation de la toile reste la même. Il faut "épargner" le motif que l'on souhaite encrer et on "occulte" le reste de toute la zone à l'aide d'un produit photosensible qui sèche et obstrue les interstices du tissage. Ce produit est visible en bleu.

Quant au motif, il est proposé en tête-bêche sur deux cadres qui se complèteront donc pour obtenir un rond entier muni d'un carré au centre avec deux zones qui se superposeront donc. On repousse d'abord l'encre vers l'extrémité du cadre (le soulever empêche une coloration partielle du papier que l'on placera dessous). Pour cet atelier il s'agissait de sérigraphier un motif sur une feuille de papier en faisant deux passages d'encres de couleurs distinctes.

Mais en lieu et place du papier, l'on aurait pu tout aussi bien sérigraphier un tissu à condition qu'il soit bien tendu sur la table.

Les Matériaux et les Couleurs

Les animateurs se sont efforcés de faire un premier passage avec une teinture sombre (les écorces, finement poncées, ont donné une poussière qui, une fois mélangée au produit, est devenue une pâte onctueuse ressemblant à une crème dessert -vous savez celle pour laquelle on se lève !-), mais deux résultats ont été particulièrement spectaculaires : les coquilles de moules qui ont donné une sorte de talc blanc violine devenu beige sur le papier, les gravillons qui, pillés, ont donné aussi un pigment grège des plus intéressants.

Une autre écorce, laissée trop liquide après mélange parce que moins réduite en poussière, a coulé en donnant un graphisme bulleux très décoratif. Plus la matière est grossière, moins "l'encre" est onctueuse et lisse. Plus la matière est grossière, plus l'encre est liquide et passe vite au travers de l'écran.

L'ensemble des résultats donne une jolie exposition.... Le gris-beige de la première feuille est le résultat du passage des coquilles de moule dans le mortier. Le vieux rose clair a été obtenu à partir d'une poudre de brique dans laquelle il restait des particules de plâtre. La brique pure donne un ocre rouge plus affirmé. Le noir est issu de charbon (peut-être de charbon de bois ?) réduit en poudre.

Voilà donc en quoi consistait cette initiation à la sérigraphie.

Et je saurai que les végétaux ne deviennent pas les pigments qui conviennent à ce type d'exercice et des ombellifères en pleine floraison. Mais, cependant, je me demande tout de même si les graines de Berce, pillées dans le mortier de marbre.....

Bernard Haller : Un Artiste du Comique

Il n'a jamais été une véritable star mais il fut un impeccable artisan du comique, sorte de funambule sur le fil du rire. Le comédien et humoriste suisse Bernard Haller est mort hier à Genève à l'âge de 75 ans à la suite d'un problème pulmonaire. Il a offert à la France des années 80 de grands «one man shows» dans lesquels il était à la fois poète, mime, artiste de cirque et acteur.

«Comme Raymond Devos, je suis un clown de l'absurde», disait cet amuseur solitaire. Bernard Haller s'était fait remarquer en maîtrisant l'allitération, répétition de sons, dont le fameux sketch du «Concasseur de Cacao» est l'illustration la plus célèbre. Il avait aussi été la voix de «Pollux» dans «Le Manège enchanté». Bernard Haller s'était également illustré dans de nombreux rôles au théâtre, au cinéma et à la télévision. En 1972, il avait été récompensé par le Prix du Brigadier, distinguant l'affiche théâtrale la plus marquante, pour sa pièce «Et alors».

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