La principale mission de la Banque Alimentaire est la collecte de denrées alimentaires auprès de divers donateurs et leur redistribution en faveur des populations nécessiteuses via un tissu d’associations et d’établissements de protection sociale à travers le pays.
Actions de Solidarité pendant le Ramadan
En cette période de Ramadan, synonyme de générosité et de compassion, nous nous sommes mobilisés aux côtés de Muslim Aid Australia - MAA International pour venir en aide aux familles sinistrées de la région d’El Haouz, 900 paniers alimentaires ont été distribués, apportant réconfort et espoir à ceux qui en ont le plus besoin. Ce mois béni nous rappelle l'importance du partage. Un immense merci à Muslim Aid Australia - MAA International, ainsi qu'à nos donateurs, bénévoles et partenaires qui rendent ces actions possibles.
In response to the challenges faced by disaster-affected families in the El Haouz region, Muslim Aid Australia - MAA International, in partnership with the Bank Food Morocco, has provided essential and concrete support to those who need it the most. Thanks to this wave of generosity, we were able to distribute 1,000 food baskets, bringing some comfort and hope to these families during this difficult time. We extend our heartfelt thanks to Muslim Aid Australia - MAA International, as well as to all the individuals who make these initiatives possible : donors, volunteers, and partners. Together, we make a difference !
Face aux défis auxquels sont confrontées les familles sinistrées de la région d’El Haouz, Muslim Aid Australia - MAA International, en partenariat avec la Banque Alimentaire, a apporté un soutien concret et essentiel à celles et ceux qui en ont le plus besoin. Grâce à cet élan de générosité, nous avons pu organiser des distributions de 1000 paniers alimentaires, offrant un peu de réconfort et d'espoir à ces familles touchées par cette période difficile. Nous remercions chaleureusement Muslim Aid Australia - MAA International ! Ainsi que toutes les personnes qui rendent ces initiatives possibles : donateurs, bénévoles et partenaires. Ensemble, nous faisons la différence !
Célébration du Nouvel An Amazigh
À l’occasion du Nouvel An Amazigh, la Banque Alimentaire célèbre les traditions, les valeurs d’unité et de partage qui nous unissent. Que cette année soit synonyme de prospérité, de solidarité et d’espoir pour toutes et tous.
Contradictions des Politiques Alimentaires au Maroc
Le Maroc constitue un exemple particulièrement instructif pour prendre la mesure des contradictions actuelles des politiques alimentaires en contexte autoritaire. La principale tension oppose un référentiel de « modernisation » issu du (néo) libéralisme et un référentiel « conservateur » de préservation de l’ordre social. Le premier vise la création de nouveaux marchés de gros occidentalisés, la « mise à niveau » des produits alimentaires dans une logique d’exportation, la traçabilité et la sécurisation sanitaire des produits, la lutte contre le commerce de « vrac » et l’appui à la grande distribution. Le second vise quant à lui à prévenir et « réparer » certains effets du premier : les risques d’augmentation des prix et de déstabilisation politique et sociale, la modification de l’offre alimentaire en inéquation avec la demande, la formation de mouvements contestataires émanant notamment des marchands et les vendeurs informels.
Ces tensions sont aujourd’hui à l’œuvre dans la gouvernance de l’approvisionnement des villes, qui oppose notamment le ministère de l’Intérieur, dont l’objectif est de préserver la stabilité sociale et politique du pays, aux tenants du référentiel « modernisateur » émanant initialement des bailleurs de fonds et de la Commission européenne, et actuellement relayé par une partie des acteurs locaux. La montée en puissance de ces derniers sur les questions alimentaires découle des réformes de décentralisation introduites au Maroc et plus généralement en Afrique. Sans aller jusqu’à déboucher sur la mise en œuvre de véritables « politiques alimentaires locales » dans un régime étroitement centralisé, la progression des acteurs locaux n’en est pas moins synonyme d’une évolution de la gouvernance, dans le sens d’un approfondissement de cette contradiction.
La tension entre volonté de modernisation, qui se concrétise notamment par la progressive montée en puissance concomitante des acteurs locaux et du secteur privé, et maintien de structures institutionnelles fortement centralisées et visant la stabilité sociale et politique (le makhzen), se reflète par exemple dans l’approche du commerce informel et la « culture du vrac », centrale dans le modèle d’approvisionnement marocain. D’une part, des règlementations voient le jour pour limiter le vrac et renforcer l’étiquetage, l’emballage et la traçabilité des produits. De l’autre, la tolérance envers un secteur jugé comme « une importante soupape » sociale (fonction encore récemment rappelée par le Printemps arabe dans lequel les vendeurs informels ont souvent joué un rôle important) s’accroît parallèlement.
Pour analyser cette contradiction caractérisant aujourd’hui la politique d’approvisionnement des villes marocaines, nous proposons une réflexion en deux parties. Dans une première partie, nous en exposons tout d’abord la genèse, par le biais d’un retour sur les grandes évolutions de la politique alimentaire marocaine depuis l’indépendance. Puis nous présentons les principaux acteurs de la gouvernance de la politique d’approvisionnement des villes. Nous montrons que celle-ci reste aujourd’hui dominée par le ministère de l’Intérieur, mais que la territorialisation de l’action publique est susceptible de favoriser la montée en puissance du référentiel modernisateur. Dans une seconde partie, nous mettons en lumière cette tension entre les acteurs centraux « conservateurs » et les acteurs locaux « modernisateurs » en analysant la controverse actuelle à propos de la réforme des marchés de gros de Casablanca et de Rabat, enjeu crucial pour l’approvisionnement des villes.
Comprendre la situation actuelle nécessite de prendre la mesure des grandes évolutions de la politique alimentaire marocaine depuis l’indépendance : à un référentiel « conservateur » teintant cette politique conçue par une monarchie déstabilisée dès le lendemain de l’indépendance se superpose - mais sans lui succéder - un référentiel néolibéral introduit par la Banque Mondiale et le FMI au tournant des années 1980. Cette longue évolution est à l’origine de la tension actuelle entre logique « conservatrice » et logique « modernisatrice ». Si le référentiel conservateur est dominant, la territorialisation des politiques publiques favorise actuellement la montée en puissance de nouveaux acteurs porteurs du référentiel modernisateur.
Évolutions de la Politique Alimentaire Post-Coloniale
À la fin du Protectorat, le Maroc a mis en œuvre une politique de planification alimentaire, qui relevait en fait d’une simple planification agricole : la satisfaction des besoins alimentaires était considérée comme un résultat mécanique du développement agricole. À partir de 1970 et à l’instar des autres pays du Maghreb, l’État se dote ensuite d’une politique de subventions aux produits de base visant à compléter la politique d’approvisionnement (en amont) par une politique de consommation (en aval) [Laraki, 1989]. Cette stratégie se développe dans un contexte régional post-colonial marqué par le nationalisme et la protection des industries. L’autosuffisance alimentaire ainsi que l’accroissement des exportations agricoles, objectifs des plans quinquennaux des décennies post-indépendance, devaient découler de la hausse de la productivité des agriculteurs, protégés de la concurrence internationale.
Au Maroc, cette vision a pris la forme de la « politique des barrages », l’État concentrant dès les années 1960 des investissements massifs sur des périmètres irrigués, organisant l’exploitation des terres, distribuant subventions et abattements fiscaux, et assurant la distribution des produits (Akeski, 2013). Toutefois, ce choix en faveur d’un développement axé sur l’agriculture relevait également d’une stratégie politique de la monarchie marocaine, confrontée à une opposition politique très implantée dans les grandes villes (Leveau, 1976). La « politique des barrages » constituait un élément clé de ce contrôle stratégique des territoires ruraux (Kuper, 2011) alors que la Caisse de Compensation, créée en 1941 afin d’assurer l’approvisionnement du marché des produits de base par la maîtrise des prix, limitait les risques de troubles dans les quartiers clandestins des grandes villes.
La recherche de l’autosuffisance alimentaire visait à limiter le recours aux importations (Padilla, 1995), mais elle se heurtait à deux critiques majeures : d’une part, elle favorisait l’exploitation de rentes par les intermédiaires, et d’autre part, elle profitait davantage aux couches favorisées, qui consomment davantage, qu’aux populations défavorisées. Basé sur des subventions à la production et à la consommation, le système de compensation est devenu de plus en plus controversé. Dans un contexte de difficultés économiques croissantes, cette stratégie se heurta aux préconisations du Programme d’ajustement structurel (PAS) de la Banque mondiale et du FMI et déboucha, dès le début des années 1980, sur l’abandon de l’objectif d’autosuffisance alimentaire au profit d’un objectif de sécurité alimentaire pouvant être obtenue sur le marché international par le jeu des exportations et des importations (Akesbi, 2013). La décompensation préconisée par le PAS se traduisit par une hausse brutale des prix des aliments de base et les « émeutes de la faim » qui concernèrent les grandes villes marocaines tout au long des années 1980 (une cinquantaine de villes en 1984, Fès en 1990). Le souvenir de ces émeutes violentes nourrit le référentiel conservateur qui teinte la politique d’approvisionnement encore aujourd’hui, et notamment de son acteur central, le ministère de l’Intérieur.
Aujourd’hui encore, la principale stratégie agricole du pays, le plan Maroc Vert, montre que le réengagement de l’État dans l’agriculture vise davantage le renforcement de la compétitivité de l’agriculture marocaine que la lutte contre la pauvreté rurale ou l’insécurité alimentaire. Élaborée en quelques mois par un cabinet de conseil international sans concertation avec les acteurs du monde agricole marocain, cette stratégie privilégie ainsi une agriculture de type capitaliste, avec une priorité conférée aux filières destinées à l’exportation (Mahdi, 2014).
L’Approvisionnement des Villes et le Rôle du Ministère de l’Intérieur
Le gouvernement marocain est confronté à une double contrainte : d’une part, une contrainte politique et sociale qui lui interdit de porter brutalement atteinte aux intérêts des populations urbaines pauvres et instables, et d’autre part, une contrainte financière causée par le désengagement de l’État dans la lignée du PAS (Leveau, 1987). Cette double contrainte explique la recherche constante d’un compromis délicat sur la question alimentaire, qui débouche sur le maintien du soutien public jusqu’à aujourd’hui à deux denrées alimentaires considérées comme vitales pour les populations urbaines pauvres : la farine de blé tendre (pain) et le sucre.
L’échelle nationale reste donc toujours prédominante dans la gouvernance de l’approvisionnement des villes. La question de la sécurité alimentaire urbaine pour autant ne fait pas l’objet d’une politisation : elle fait plutôt l’objet d’un « phagocytage » par la question de l’accessibilité, qui découle directement des émeutes de la faim des années 1980 et à la reprise en main par le makhzen. Dans l’ensemble, pour les partis politiques marocains, sur les questions d’alimentation, c’est donc surtout « la dimension sociale qui fait débat2 ». Plus précisément, les débats politiques nationaux portent essentiellement sur la décompensation de l’aide à l’alimentation, un sujet toujours sensible politiquement en raison du souvenir des émeutes urbaines.
Le pivot du makhzen, c’est-à-dire le ministère de l’Intérieur et ses services déconcentrés, apparaît ainsi toujours aujourd’hui comme l’acteur clé de la gouvernance des systèmes alimentaires urbains marocains. Comme l’explique un agent du ministère de l’Intérieur, « c’est le ministère de l’Intérieur qui a la plus importante compétence du suivi de l’approvisionnement », et « il intervient toujours dans tous les dossiers liés à l’approvisionnement alimentaire3 ». Il lui revient donc de coordonner les actions de contrôle des prix et de la qualité des produits, marchandises et services, d’élaborer les stratégies de contrôle et de suivre l’approvisionnement du marché national, notamment des produits de base (farine, sucre, fruits et légumes, viandes blanches et rouges, gaz butane et carburants, etc.). Enfin, le ministère de l’Intérieur est responsable de la coordination des acteurs de la chaîne, avec trois objectifs prioritaires : assurer la sécurité sanitaire, autrement dit « veiller à la préservation de l’intégrité physique du consommateur » ; assurer la régulation, c’est-à-dire « la bonne marche économique » et « la bonne concurrence » ; et enfin, assurer la protection du consommateur, un rôle perçu en termes de cohérence des prix4.
Si le ministère de l’intérieur, garant du référentiel « conservateur », reste ainsi l’acteur clé de la politique d’approvisionnement, la montée de nouveaux acteurs reflète néanmoins la poussée du référentiel « modernisateur » au sein de la gouvernance alimentaire marocaine. L’Agence de développement agricole (ADA), issue du Plan Maroc Vert est l’un de ces acteurs. Elle vise à remédier aux problèmes de commercialisation des petits producteurs et à limiter le pouvoir des intermédiaires et des spéculateurs, en préservant les marges des acteurs (notamment les producteurs). Mais le principal acteur qui monte actuellement en puissance au sein de la gouvernance alimentaire marocaine est l’Établissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE). Créé en 1986, il était initialement chargé de garantir la conformité des denrées alimentaires marocaines destinées à l’exportation avec les exigences des marchés internationaux - notamment en se conformant aux exigences, bien supérieures aux normes du marché intérieur, en termes de limites maximales de résidus et de contrôle des pesticides. Le rôle de l’EACCE a progressivement dépassé la seule exportation : il s’agit également de modifier les pratiques des producteurs et des distributeurs sur le marché intérieur (Ait Hou, Grazia et Malorgio 2015).
Toutefois, au-delà de l’espace ouvert par l’importance accrue conférée aux exportations, les difficultés générales rencontrées par deux acteurs pour infléchir la politique d’approvisionnement montrent les limites de la « modernisation » de l’approvisionnement. Ainsi, le ministère de l’Industrie et du Commerce peine à imposer sa vision axée sur l’expertise face au ministère de l’Intérieur, notamment en ce qui concerne la question des décisions relatives aux demandes d’implantations des supermarchés. Quant à l’Office national pour la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), pourtant créé dans la foulée de la loi sur la sécurité alimentaire, souffre d’une sous dotation démontrant la hiérarchie des priorités conférées par le régime entre la normalisation des produits destinés à l’export et ceux destinés au marché intérieur. La politique d’approvisionnement des villes reste encore dominée par le référentiel « conservateur » émanant du makhzen. Il est permis toutefois de considérer les effets sur la politique d’approvisionnement de la territorialisation (limitée) des politiques publiques marocaines comme allant dans le sens du référentiel « modernisateur ».
La Territorialisation, Vecteur de « Modernisation » de l’Approvisionnement ?
L’accès au trône de Mohammed VI s’est en effet accompagné de nouveaux discours sur la nécessaire « modernisation » du pays, avec notamment un recours au registre normatif de la « bonne gouvernance », qui vise à « mettre à niveau » le fonctionnement institutionnel en s’inspirant de « bonnes pratiques » internationales (Allal, 2007). Pourtant, la démocratisation reste incomplète, et le Maroc relève aujourd’hui davantage d’une « monarchie gouvernante » que d’une « monarchie parlementaire » (Bendourou, 2014a). Toutefois, ces nouveaux discours ont indéniablement débouché sur l’accélération d’une territorialisation de l’action publique entamée timidement dans les ...
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