L’insécurité alimentaire, soit « l’accès restreint, inadéquat ou incertain des personnes et des ménages à des aliments sains, nutritifs et personnellement acceptables, tant sur le plan de la quantité que sur celui de la qualité pour leur permettre de combler leurs besoins énergétiques et de mener une vie saine et productive » est aujourd’hui reconnue comme un grave problème de santé publique et social, car il peut affecter le bien-être et la santé des personnes.
L'insécurité alimentaire au Canada
Plusieurs personnes n'ont pas suffisamment d'argent pour se nourrir convenablement ou pour nourrir convenablement leur famille. Les hausses significatives et constantes du coût de la vie (épicerie, chauffage, loyers, etc.) fragilisent des familles entières, les forçant à recourir aux comptoirs d'aide. Malgré la reprise des activités commerciales des derniers mois, la proportion des ménages en situation d'insécurité alimentaire demeure élevée au Québec. Son niveau de sévérité a même augmenté depuis un an, ce qui montre que la situation financière de nombreux ménages ne s'améliore pas.
Les banques alimentaires du pays ont connu une hausse d'achalandage jamais vue depuis longtemps cette année. 1,3 million de Canadiens ont visité une banque alimentaire en mars dernier, une augmentation de 20% par rapport à mars 2019. Banques alimentaires Canada anticipe une nouvelle augmentation des visites cette année. En mars 2021, 21,6% plus de personnes fréquentaient les banques alimentaires. Le réseau des Banques alimentaires du Québec a aidé 21,6% plus de personnes en 2021 qu'en 2019.
La région métropolitaine de Montréal est particulièrement concernée par cette problématique. En 2013 et 2014, 13 % de ses ménages avaient été confrontés à de l’insécurité alimentaire, ce qui est légèrement au-dessus de la moyenne canadienne et québécoise de 12 %. Le problème ne semble pas avoir diminué depuis 2005. Plus inquiétant encore, l’insécurité alimentaire grave, qui implique chez la majorité des ménages touchés d’avoir dû réduire leurs portions ou sauter des repas parce qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour acheter de la nourriture, n’a pas diminué depuis 2007. Dans un récent bilan de l’organisme Moisson Montréal pour l’année 2019, 567 317 demandes d’aides alimentaires ont été comblées chaque mois par des organismes accrédités sur le territoire de la ville de Montréal et 122 811 dépannages alimentaires distribués. Parmi les bénéficiaires du dépannage alimentaire, environ 35 % étaient des enfants et près de 40 %, des personnes vivant seules. Les prestataires d’aide sociale représentent quant à eux 53 % des bénéficiaires des programmes de dépannage alimentaire des Banques alimentaires du Québec et on constate, ces dernières années, une hausse des personnes en emploi, ayant une pension d’invalidité ou de vieillesse.
Le rôle de l'organisation communautaire
Alors que les réponses au problème de l’insécurité alimentaire se font communément par le biais d’approches individuelles et assistancielles, un mode d’intervention met plutôt de l’avant une approche collective : l’organisation communautaire. Au Québec, l’organisation communautaire se définit comme une intervention de soutien professionnel et d’influence dans une communauté permettant d’agir sur les facteurs collectifs qui ont une incidence sur la santé et le bien-être. Elle s’adresse prioritairement aux populations précarisées dans une perspective de justice sociale.
Cet article fait état d’une recherche exploratoire s’appuyant sur une démarche de réflexivité collective menée avec cinq organisatrices et un organisateur communautaires regroupées au sein d’un comité d’échange sur les enjeux en sécurité alimentaire et les pratiques de soutien aux actions collectives dans ce champ. Cette recherche vise plus spécifiquement à documenter la pratique d’organisation communautaire dans le champ de la sécurité alimentaire en y explorant les rôles et les défis de ces OC exerçant au sein d’un Centre intégré universitaire de santé et services sociaux (CIUSSS) montréalais, ainsi que les impacts de leur pratique sur les inégalités sociales.
De manière générale, le terme d’organisation communautaire fait écho à un mode d’intervention sociale mettant en avant une approche collective des problèmes sociaux. Nous nous référerons ici de manière plus spécifique à l’organisation communautaire qui se pratique au sein des Centres intégrés universitaires de santé et services sociaux (CIUSSS).
Plusieurs tendances marquent l’évolution de la pratique. Historiquement, les OC proviennent de l’action sociale ou syndicale et des mouvements communautaires issus de la Révolution tranquille (années 1960-1970) durant laquelle se construit le socle de l’État social québécois. Présente depuis plus de quarante ans dans le Réseau de la santé et des services sociaux (RSSS), l’organisation communautaire est un service professionnel qui a fortement évolué, notamment sous l’influence de la santé publique et de la Nouvelle gestion publique. Par exemple, au cours des années 1980, alors qu’émerge l’insécurité alimentaire comme problème social, l’organisation communautaire est active dans la mise en place de projets de dépannage alimentaire et des premières banques alimentaires.
En 2002, soit la même année que la Loi 7 évoquée plus haut, le Regroupement des intervenants et intervenantes en action communautaire en CLSC et en centre de santé (RQIIAC) adopte son premier cadre de référence de l’organisation communautaire en CLSC. Ce cadre de référence nomme cinq « grands enjeux » : l’appauvrissement, l’emploi, l’environnement, l’avenir des territoires et la professionnalisation du social. C’est en lien avec l’enjeu « pauvreté » qu’est succinctement mentionnée la sécurité alimentaire. Elle est ici envisagée sous un angle revendicatif et présentée comme un champ d’intervention légitime pour l’organisation communautaire et son versant le plus politique, à savoir l’action sociale et la défense des droits.
Une nouvelle version du cadre de référence sera produite en 2010, ajustée aux réformes successives du RSSS, dont les fusions d’établissements (intégration des missions CLSC, hospitalière et hébergement), entamées en 2004 avec la création des Centres de santé et services sociaux (CSSS), était un aspect. Le RQIIAC définit les grands axes de l’offre de service en organisation communautaire, dont les actions transversales sur les déterminants de la santé. L’amélioration de la santé des populations passe d’abord par l’amélioration de leurs conditions de vie - un constat sur lequel s’appuie l’approche préventive mise de l’avant par l’Organisation mondiale de la santé, notamment depuis la Charte d’Ottawa (1986) - et que ces déterminants sont surtout de nature sociale. Pour le RQIIAC, certains dossiers sectoriels portant sur les déterminants sociaux de la santé, notamment le revenu, l’alimentation et le logement, exigent des actions dites transversales dans la mesure où elles impliquent plusieurs acteurs des collectivités locales et qu’elles ont des retombées dans plusieurs programmes et services des CSSS. L’alimentation est donc ici présentée, parmi d’autres dossiers, comme un dossier sectoriel portant sur les déterminants sociaux de la santé. Ces actions transversales ont pour finalité d’affirmer l’amélioration de la qualité de vie d’une communauté par des projets répondant aux besoins de base considérés comme des déterminants de la santé.
Méthodologie de l'étude
Notre étude exploratoire portant sur les pratiques d’organisation communautaire en sécurité alimentaire s’appuie sur une démarche de réflexivité collective entreprise dans le cadre d’une collaboration entre des chercheurs du CREMIS et des membres du Comité des organisateurs communautaires en sécurité alimentaire du CCSMTL. Le fait que le CREMIS soit un centre de recherche universitaire intégré au sein de cette institution facilite ce genre de rencontre qui mise sur la coconstruction des savoirs. Pour Whitehead, cette approche permet aux connaissances ainsi produites d’être plus fiables, plus riches et plus efficaces pour orienter l’action. L’intérêt est de pouvoir saisir la réalité en combinant diverses perspectives. Dans notre cas, il s’agissait de croiser les savoirs issus de la recherche (des sciences sociales) avec les savoirs professionnels des OC afin de faciliter la réflexivité. Cette notion est ici entendue comme une forme de réflexion dans et sur l’action. La réflexivité peut être agissante et transformer la pratique et le rapport des acteurs à celles-ci selon divers degrés possibles.
Notre approche de coconstruction a impliqué six OC du comité en sécurité alimentaire du CCSMTL à différentes étapes de notre recherche exploratoire pendant une période d’environ six mois. Deux réunions préliminaires ont eu lieu en amont avec ces membres et notre équipe de recherche afin de définir conjointement les objectifs, la méthodologie de recherche et le calendrier de travail. Il y a été convenu que chaque OC impliquée rédigerait un récit de pratique de maximum une page s’inspirant, au niveau de la forme, des récits concernant la sécurité alimentaire qui complètent les cadres de référence du RQIIAC (2003 & 2010) et d’un schéma narratif proposé par un OC du comité. Chacun des récits devait faire état d’une pratique (ou d’une action collective les impliquant) en lien avec la sécurité alimentaire et pertinente au regard des inégalités sociales.
Nous nous sommes ensuite inspirés de la méthode d’analyse en groupe, l’idée étant d’impliquer directement les OC du comité dans l’analyse de la pratique d’organisation communautaire en sécurité alimentaire. Pour ce faire, les cinq récits de pratique rédigés par les OC ont été envoyés au préalable aux participantes du groupe d’analyse. Chaque OC a présenté succinctement à l’oral son récit, point de départ des discussions que nous avons orientées selon trois axes : le rôle, les défis et les impacts des pratiques d’organisation communautaire en sécurité alimentaire. Pour ce dernier point, l’équipe de recherche a rappelé le cadre d’analyse en termes d’inégalités sociales que nous détaillons ci-dessous. Après avoir passé en revue les différents récits, nous avons dégagé plusieurs constats transversaux. Les thèmes émergents ont été synthétisés sur des tableaux blancs, afin de valider, au fur et à mesure, la compréhension commune des idées partagées. Lors des différents tours de table, l’équipe de recherche veillait à ce que chaque OC puisse prendre la parole, compléter ou nuancer les propos des autres participantes. Aucune dissension n’est apparue entre ces professionnelles qui sont habituées, de par leur rôle, à organiser la concertation, à animer des assemblées ou des réunions, ainsi qu’à rechercher le consensus.
L’équipe de recherche a ensuite réalisé une analyse secondaire thématique des récits de pratique rédigés par les OC, de la transcription de l’analyse en groupe et des notes prises lors du groupe de discussion. Une classification des contenus a d’abord été générée - à l’aide du logiciel NVivo - de manière déductive à partir des objectifs de la démarche (rôle, défis, impacts sur les inégalités sociales). Ensuite, une analyse plus approfondie et selon une approche inductive a permis de générer des sous-thèmes.
Impact sur les inégalités sociales
Afin de mieux comprendre l’influence de ce mode d’intervention singulier, nous nous sommes questionnés sur l’impact des pratiques des OC, et ce, sous l’angle des inégalités sociales. Alors qu’au niveau de la recherche ou des dispositifs, l’insécurité alimentaire est généralement associée à la pauvreté, l’équipe de recherche souhaitait apporter un regard décalé en termes d’inégalités sociales pour deux raisons. D’une part, nous pensons que la pauvreté s’inscrit dans des rapports sociaux foncièrement inégaux et qu’il en va de même pour l’insécurité alimentaire.
S’il existe un aspect « objectif » des inégalités - l’accès inégal et socialement hiérarchisé entre groupes sociaux à des ressources - la composante « subjective » est à prendre en compte : ces inégalités n’existent que si elles sont socialement perçues comme telles. Pour notre part, cette composante subjective renvoie à la manière dont les OC conçoivent leur capacité d’agir sur les inégalités sociales. Ce cadre d’analyse s’inscrit dans la veine d’une sociologie compréhensive puisque nous nous intéressons au sens que ces intervenants donnent à leurs pratiques. Il inclut différentes dimensions des inégalités sociales.
La Grande Guignolée des médias
Depuis sa naissance en 2001, La guignolée des médias a récolté au-delà de 49 millions $ et des milliers de kilos de denrées au bénéfice de plusieurs dizaines d'organismes et de comptoirs d'aide alimentaire d'ici. Cette initiative se déroule partout au Qc, mais en 2002 M. Après une pause l'an dernier, la collecte de rue a eu lieu le jeudi 2 décembre dans la plupart des régions du Québec. Dans la grande région montréalaise, le déploiement de cette journée de solidarité s'étendra sur près de 70 points de collecte (île de Montréal, Laurentides, Laval et Longueuil). En ce qui attrait à La Grande Guignolée des médias de la Rive-Sud, les dons et les denrées non périssables seront récoltés jusqu’au 30 décembre. Au nom des six Caisses Desjardins participantes, la présidente de la Caisse Desjardins Charles-LeMoyne, Madame Lisa Baillargeon, a annoncé une contribution de 10, 000 $. S’ajoutent la ville de Longueuil avec une somme de 8 000 $, le député de Vachon et ministre des Affaires autochtones, Monsieur Yan Lafrenière pour une somme de 5 000 $. Un don de 2 000 $ provient du ministre délégué à la Sané et aux Services sociaux, Monsieur Lionel Carmant et député de Taillon, la députée de Laporte, Madame Nicole Ménard a remis également 2000 $.
Situation économique et aide alimentaire
La diminution des pressions inflationnistes ont permis à la Banque du Canada d’engager l’assouplissement de sa politique monétaire dès le milieu d’année 2024. L’économie canadienne a atterri en douceur, avec une croissance estimée à 1,3% en 2024. Bien que la situation économique soit meilleure qu’attendue, le Canada fait toujours face à des freins structurels (tensions sur le marché locatif, déficit de productivité) l’empêchant d’atteindre sa croissance potentielle.
Les mesures gouvernementales, telles que la suspension pour quelques mois des taxes à la consommation (TPS et TVH), combinées à la baisse des taux d’intérêt et à la résilience du marché du travail, ont soutenu la croissance du PIB au dernier trimestre 2024. Après avoir maintenu son taux directeur à 5% pendant presque un an entre juillet 2023 et juin 2024, le reflux de l’inflation observé en 2024 a permis à la Banque centrale d’entamer l’assouplissement de sa politique monétaire.
Le Canada devra en premier lieu répondre aux déséquilibres persistants sur le marché du logement. En 2023, la croissance démographique a atteint 3,2%, le niveau le plus élevé depuis le pic de croissance observé en 1957 (3,3%), avec l’arrivée de 1,3 M de personnes ; à 98%, cette croissance s’explique par l’immigration internationale. Parallèlement, les nouvelles mises en chantier ont diminué de 7%, en raison notamment du resserrement monétaire qui a renchéri le coût de l’endettement et du déclin de la productivité dans le secteur de la construction.
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