Les Myriapodes : Tout Savoir sur les Mille-Pattes

Les myriapodes font partie de l’embranchement des Arthropodes et sont plus connus sous le nom de « mille-pattes » bien qu’il n’en possède rarement plus d’une centaine. Communément appelés mille-pattes, les myriapodes (du grec “dix mille pieds”) s’illustrent par leurs très nombreux membres. Au sein de ce sous-embranchement des arthropodes, on trouve plus de 16 000 espèces répertoriées ; malgré leur nom, aucune n’a réellement mille pattes.

Certaines en ont moins d’une dizaine au minimum, mais celle qui détient le record est Illacme plenipes avec 750 pattes au maximum (486 à 750 pour les femelles, et 318 à 562 pour les mâles). Si l’on a baptisé ainsi les mille-pattes, c’est plus pour illustrer l’abondance de leurs membres que dans un souci d’exactitude numérique.

Répartition géographique et morphologie

On les retrouve dans presque toutes les régions du monde. Leur corps est composé d’une tête suivie de nombreux segments portant soit une (Chilopodes) ou deux paires de pattes (Diplopodes). Le plus long mille-pattes rencontré en France est le Himantarium gabrielis. Il peut posséder 177 paires de pattes et mesurer 22 centimètres de long.

Certains myriapodes peuvent être facilement confondus avec les cloportes par leur morphologie mais aussi par leur comportement.

Biologie et régime alimentaire

Les myriapodes sont des animaux terrestres et la grande majorité ont des mœurs nocturnes. Ce sont des animaux dont le régime alimentaire est plutôt spécialisé. Ainsi certaines sont exclusivement saprophytes, ne se nourrissant que de feuilles mortes, de champignons et d’autres végétaux pendant que d’autres sont carnivores, se nourrissant d’insectes, de larves et d’autres petits animaux.

Les espèces communes en France

En France, nous connaissons particulièrement bien les iules, un ordre de mille-pattes diplopodes, dont les pattes sont organisées par paires. On observe souvent ces longues et fines créatures gris anthracite à noires sur les murs des maisons. Leur corps est fait d’anneaux portant chacun deux paires de pattes. À chaque mue, les iules gagnent quatre à cinq anneaux ; plus ils sont vieux, plus ils ont de membres, le maximum se situant généralement autour de 100 paires.

Scolopendres et scutigères

D’autres mille-pattes à la forme bien différente nous sont familiers : les scolopendres et les scutigères. Celles-ci appartiennent à la classe des centipèdes (cent pieds) et ne possèdent qu’une paire de pattes par anneau.

La scutigère véloce (Scutigera coleoptrata)

Une fois arrivée à l’âge adulte, la scutigère véloce compte quinze paires de pattes. Ce n’est donc pas un insecte qui, lui, n’en possède que trois. Cela lui permet de se déplacer à une vitesse d’un peu moins 1,5 km/h, ce qui correspond à une distance de 40 cm en une seconde. La scutigère véloce (Scutigera coleoptrata) possède une quinzaine de longues pattes fragiles qui se détachent facilement ; on la rencontre fréquemment dans les habitations où elle s’enfuit à toute vitesse au moindre danger. Elle se nourrit d’autres arthropodes et d’insectes et elle est, à ce titre, plutôt une bonne compagne de maison, comme les araignées. Elle dépasse rarement la longueur de 5 cm.

Elle appartient à la classe des chilopodes, classe caractérisée par le fait que chaque paire de pattes est portée par un segment de corps, le premier portant une paire de crochets à venin appelés “forcipules”. Elle ne s’en sert pour se défendre que lorsque la première solution, qui consiste à dégager une odeur désagréable, ne fonctionne pas.

Au niveau de l’être humain, le centipède peut causer un œdème avec rougeur, réaction semblable à une piqûre de guêpe qui s’apaise spontanément au bout de 48h. Quelques rares personnes déclenchent une réaction allergique au venin qui amplifiera la réaction. Le nom “scutigère” est composé de deux termes latins : scutum qui signifie bouclier, et gero, qui signifie porter.

En France, on trouve plus fréquemment le centipède dans les régions méditerranéennes. Les centipèdes fuient la lumière mais apprécient les lieux humides. Dans les milieux naturels, c’est donc sous les pierres ou les écorces, mais aussi dans le sol qu’ils s’installent. Ils se nourrissent des insectes et autres petites bêtes présentes dans leur environnement. Cela signifie qu’il chasse les araignées, les mouches et autres petits insectes et leurs larves tels que moustiques, punaises des lits, fourmis, blattes et poissons d’argent. Si vous avez vu des scutigères véloces, c’est que ces autres bêtes sont aussi présentes. Le centipède de France n’est donc pas nuisible mais simplement incommodant.

La scolopendre méditerranéenne (Scolopendra cingulata)

La scolopendre méditerranéenne (Scolopendra cingulata), qui ne se trouve pour sa part que dans le sud de la France, est nettement plus impressionnante, pouvant mesurer 15 cm de longueur. Son corps épais est bordé d’une vingtaine de paires de pattes, dont une est modifiée pour servir de crochets à venin. Si sa morsure n’est pas dangereuse pour l’homme, elle est extrêmement douloureuse.

Gestion de la présence des mille-pattes dans votre maison

La présence d’un insecte dans son intérieur a souvent le don d’allumer un soupçon d’inquiétude en nous : est-ce qu’il peut piquer ? est-il le seul ? est-ce que le domicile est mal entretenu ? Le centipède fait partie de ces petites bêtes repoussantes que l’on peut croiser dans nos maisons et dont on souhaite se débarrasser. Il existe 3 500 espèces de centipèdes dans le monde. La longueur de son corps varie généralement entre 2,5 et 5 cm.

Les mille-pattes domestiques (Scutigera coleoptrata) peuvent donner des frissons à leur simple évocation, et encore plus lorsqu’ils apparaissent chez vous. Bien que les araignées provoquent une réaction similaire, il faut savoir que ces créatures, ainsi que les puces, cafards, termites, poissons d’argent et mites, sont des proies de choix pour les mille-pattes. Néanmoins, cohabiter avec eux peut être rebutant. Pour contrôler leur présence, voici quelques conseils :

  1. Il faut d’abord réduire le taux d’humidité de votre maison en réparant les fuites de robinet, en ventilant fréquemment les salles de bains et sous-sols, et en utilisant un déshumidificateur si le taux d’humidité est particulièrement élevé. Les mille-pattes aiment l’obscurité et les zones humides. Si votre maison a une humidité élevée, surtout dans le sous-sol ou les appartements en rez-de-jardin, vous les verrez probablement plus souvent. Maintenir une humidité entre 30 et 50 % est idéal pour éviter de créer un environnement propice à ces nuisibles.
  2. Le désordre offre des cachettes confortables pour les mille-pattes. En débarrassant votre maison des vieilles choses et en la maintenant propre et bien rangée, vous réduirez leur nombre.
  3. Les mille-pattes sont carnivores et se nourrissent de nombreux insectes, comme les araignées et les cafards. En éliminant ces insectes, vous réduirez la source de nourriture des mille-pattes, les incitant à chercher ailleurs.
  4. Empêchez les mille-pattes d’entrer en créant une barrière autour de votre maison.
  5. Après avoir créé une barrière, scellez toutes les fissures et trous dans les murs, fenêtres et portes. Utilisez du calfeutrage pour fermer les espaces et empêcher les mille-pattes d’entrer et de pondre leurs œufs.
  6. Les pièges collants sont efficaces pour capturer les mille-pattes et autres insectes rampants. Placez-les près des plinthes et dans les coins de la pièce.
  7. Introduisez des prédateurs naturels comme les oiseaux, grenouilles et lézards dans votre jardin pour réduire la population de mille-pattes.
  8. Certaines huiles essentielles comme le poivre de Cayenne, lavande, citronnelle et tea tree sont efficaces pour repousser les mille-pattes.
  9. Si toutes ces méthodes échouent ou si vous faites face à une infestation sévère, il est temps de faire appel à des professionnels.

En appliquant ces dix méthodes, vous devriez pouvoir réduire considérablement la présence de mille-pattes dans votre maison et retrouver un environnement plus agréable.

Les Chilopodes : Un groupe méconnu

Les Chilopodes (une des classes de Milles-pattes) sont très méconnues en France, et plus encore dans la région alors qu’ils font l’objet d’une importante dynamique nationale, avec notamment un travail de liste rouge national en cours ! Pour tous ceux que qui souhaitent contribuer, il suffit de capturer des individus en alcool (avec les données de localités et dates habituelles) et de les envoyer (retour systématique de sa part bien sur) à Clovis Quindroit.

Les Chilopodes sont une des classes de l’Ordre des Myriapodes (Milles-Pattes) caractérisés par des forcipules placés sous la tête, des organes modifiés en forme de mâchoire pouvant injecter du venin dans leur victime (mais non dangereux pour l’homme). De fait, les espèces sont toutes carnivores. Vous avez tous déjà vu ces milles-pattes qui s’enfuient en courant rapidement lorsqu’on soulève pierres, bouts de bois ou détritus.

Cette classe présente une diversité modérée dans la région, avec de l’ordre de moins de 35-40 espèces attendus. L’identification nécessite pour la majorité des espèces, une collecte et l’examen sous loupe binoculaire. Ce groupe bénéficie depuis maintenant plus d’une décennie d’un intérêt important, porté par quelques passionnées, ayant rendu le groupe accessible.

Ainsi, il existe une clé d’identification du nord de la France bien illustré (Iorio, Labroche et Jacquemin, 2022 : Les chilopodes (Chilopoda) de la moitié nord de la France - version 2), une cartographie en progression rapide, et le groupe fait même l’objet d’un travail de liste rouge. Pour illustrer ce travail, on peut citer la région des Pays-de-la-Loire, qui sont la seule région ayant mis en place un inventaire et une cartographie régionale sur 10 ans ayant permis un énorme bond en avant dans la connaissance régionale.

Par opposition, certaines régions sont encore très méconnues d’un point de vu cartographique et même en connaissance de la composition de la faune et nombre d’espèce, dont celle de notre région. Les Chilopodes de France métropolitaine (Myriapoda, Chilopoda) : liste commentée des espèces avec état des connaissances et proposition de noms français (Iorio et Al.

Nous pouvons voir qu’au moins tous les départements de Picardie ont encore beaucoup de progrès à faire (mais aussi le Nord-Pas-de-Calais, bien que la marge de progression soit plus faible). Les Chilopodes de France métropolitaine (Myriapoda, Chilopoda) : liste commentée des espèces avec état des connaissances et proposition de noms français (Iorio et Al.

Parmi les questions les plus intéressantes se trouve la répartition des espèces littorales, puisque le groupe possède un important cortège d’espèce lié au trait de côte (schorre principalement, dans toute sa diversité) comparativement au nombre d’espèces (pas moins de 8 espèces sur la côte atlantique, dont pour l’instant une seule connue dans la région). Et parmi celles-ci, un bon nombre est endémique de France ou franco-ibérique, d’où l’importance majeures de la bonne connaissance de la répartition de ces espèces dans la responsabilité de notre pays dans leur survie.

Aussi, je profite de cet article pour lancer un appel aux bonnes volontés : je suis preneurs de toutes collectes en alcool pour identification permettant de « remplir les trous ». J’aiderai avec grand plaisir toute personne souhaitant se mettre à l’identification du groupe. A vos bonnes volontés ! Et des trouvailles sont à faire dans tous les milieux, même anthropisés ! Pour ceux qui ne souhaites pas collecter, nous sommes très vite limités dans les identifications.

Découverte sur l'Arthropleura

Une étude menée au LGL-TPE d'une tête complète lève le voile sur une partie du mystère entourant ce mille-pattes géant ayant vécu il y a 300 millions d'années. Cette publication a fait la une du dernier numéro de Science Advances. Il y a 300 millions d’années, les conditions de vie sur Terre ont favorisé l’émergence de spécimens impressionnants, tel que le myriapode carbonifère Arthropleura. Malgré tout, on sait encore peu de choses sur son anatomie, son mode de vie et sa place dans l’évolution.

En particulier car les scientifiques manquent d’informations sur la tête des Arthropleura, cet organe étant trop souvent absent des fossiles extraits. Ainsi, les relations phylogénétiques des Arthropleura sont évaluées en l'absence presque totale d'informations sur leur tête. Mais sans analyse des caractéristiques fondamentales telles que les antennes, les yeux, les pièces buccales, difficile de fournir une classification solide de ce groupe. La découverte réalisée au Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, Planètes, Environnement, lève donc le voile sur une partie du mystère entourant ce mille-pattes géant.

Des chercheurs ont ainsi découvert et analysé un fossile d’un juvénile Arthropleura de 5 cm entièrement conservé et extrait du site de Montceau-les-Mines (France). Les scientifiques ont ainsi mis en évidence que Arthropleura possédait à la fois des traits de millipèdes et de centipèdes, suggérant que ces deux groupes, auparavant considérés comme éloignés dans l’histoire évolutive des myriapodes, étaient en fait de proches parents, Arthropleura étant un millipède ancestral.

LHÉRITIER, Mickaël ; EDGECOMBE, Gregory D. ; GARWOOD, Russell J. ; BUISSON, Adrien ; GERBE, Alexis ; MONGIARDINO KOCH, Nicolás ; VANNIER, Jean ; ESCARGUEL, Gilles ; ADRIEN, Jérôme ; FERNANDEZ, Vincent ; BERGERET-MEDINA, Aude ; PERRIER, Vincent. Head anatomy and phylogenomics show the Carboniferous giant Arthropleura belonged to a millipede-centipede group. Science Advances, 9 octobre 2024, vol. 10, n°.

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