Antivol sur Viande: Méthodes de Prévention et Défis Actuels

Les rayons des commerces recèlent des trésors convoités par des voleurs habiles, qui ciblent avec précision les produits les plus rentables et faciles à dissimuler. Chaque année en France, les voleurs ciblent principalement des objets faciles à dissimuler et à revendre.

Les Objets les Plus Dérobés

Les magasins voient disparaître régulièrement des sacs à main, des bijoux, des parfums, ainsi que des lunettes de soleil. Les produits électroniques occupent de plus le haut du classement. Tablettes, téléphones portables et ordinateurs se volatilisent à grande vitesse en raison de leur popularité sur le marché de la revente. Les accessoires de mode et les produits de beauté complètent ce palmarès.

Le fromage s’impose comme le produit alimentaire le plus volé au monde, et la France ne fait pas exception. Sa petite taille, sa forte demande et la facilité de dissimulation expliquent ce phénomène. Derrière le fromage, la viande, la charcuterie et les boissons alcoolisées subissent aussi ces disparitions. Ces aliments, prisés pour leur valeur et leur consommation rapide, figurent en tête des pertes dans la grande distribution.

La saisonnalité accentue ce phénomène, surtout pendant l’hiver où la fréquentation des magasins explose. Les objets les plus dérobés partagent des caractéristiques communes : petite taille, forte valeur marchande et grande facilité de revente.

Professionnalisation des Vols et Impact Financier

La professionnalisation des vols en magasin explique la sophistication des méthodes utilisées. Les bandes organisées ciblent les produits à forte demande, les collectent en grande quantité et les revendent rapidement sur des réseaux parallèles. Les rayons high-tech, beauté, textile et alimentaire concentrent jusqu’à 10 % des pertes.

En France, la démarque inconnue atteint près de 0,81 % du chiffre d’affaires, représentant plus de 3,5 milliards d’euros par an. La disparition d’articles fragilise la rentabilité des points de vente. La démarque inconnue pèse lourdement sur les marges, surtout dans un contexte où les coûts de fonctionnement augmentent. Les pertes liées au vol à l’étalage forcent les commerçants à réviser leurs stratégies de gestion, à ajuster les prix et à renforcer les contrôles internes.

La réduction des stocks disponibles entraîne des ruptures, créant une frustration chez les clients réguliers. Les articles les plus ciblés, souvent absents des rayons, impactent l’image du magasin. Les responsables de magasin jonglent alors entre la nécessité de proposer une offre attractive et la contrainte de protéger les produits sensibles.

Méthodes de Vol et Adaptation des Stratégies de Prévention

Les méthodes employées par les voleurs évoluent rapidement. L’utilisation de sacs doublés de matériaux isolants, la complicité entre plusieurs individus et la dissimulation d’objets dans des vêtements ou poussettes illustrent la créativité déployée pour contourner les dispositifs de sécurité. La typologie du point de vente conditionne les objets les plus convoités. Les supermarchés subissent davantage de vols alimentaires, tandis que les boutiques spécialisées voient disparaître des accessoires de mode ou des produits électroniques.

Les promotions et soldes accentuent les risques de vol. L’afflux de clients, la multiplication des offres alléchantes et la densité des rayons créent des opportunités pour les voleurs. Les articles placés en tête de gondole ou en libre accès deviennent des cibles privilégiées. La compréhension des objets les plus volés guide l’adaptation des stratégies de prévention dans chaque commerce.

Solutions de Sécurité et Technologies Innovantes

Face à la multiplication des vols, les magasins adoptent des dispositifs de sécurité innovants. Les portiques antivol équipés de détecteurs d’aimants et d’aluminium se généralisent, rendant la tâche plus complexe pour les voleurs. La formation du personnel, la surveillance accrue des rayons sensibles et la sensibilisation des clients contribuent de plus à limiter la démarque.

Les innovations technologiques transforment la lutte contre le vol à l’étalage. Les caméras intelligentes, l’analyse comportementale et les étiquettes électroniques permettent de repérer plus rapidement les comportements suspects.

L'arrivée du numérique a ouvert de nouvelles possibilités de ripostes. Les caméras sont plus sophistiquées. « Certaines détectent les comportements suspects grâce à des algorithmes puissants », précise Stéphanie Bergouignan, directrice générale de la société de sécurité Uniprotect. Si les araignées métalliques et les macarons en plastique ont encore de beaux jours devant eux, l'arrivée des étiquettes RFID, avec une puce à code unique qui permet de localiser en temps réel la marchandise, a changé la donne.

Ces étiquettes sont intégrées dès la fabrication du produit, en partenariat avec les fournisseurs. Depuis 2014, l'enseigne Decathlon a choisi d'en équiper l'ensemble de ses produits et de ses magasins. D'abord parce que cette technologie permet de mieux gérer les stocks. « Nous pouvons faire des inventaires quotidiens, explique Jean-Charles Loyau, chez Decathlon. Il suffit que nos employés passent le long d'un rayonnage en pointant une douchette informatique, quand ils devaient avant scanner une à une les étiquettes des produits. Nous pouvons ainsi prévenir les ruptures de stocks. » Mais la RFID est aussi une arme efficace contre le vol. « Nous pouvons repérer très rapidement les produits les plus dérobés, et ainsi mieux les protéger. »

Si toutes les enseignes n'en sont pas encore équipées, la RFID les convainc une à une, son coût tendant à s'amoindrir. « C'est l'avenir. Les cinq plus grandes enseignes du textile européen H&M, Decathlon, Zara, C&A et Marks & Spencer sont en train de l'adopter », souligne Matthieu Le Taillandier, codirecteur général de Stanley Security. Mais cette technologie n'est pas adaptée à tous les produits. Parfaite sur le textile ou l'électronique, elle est inutile sur les yaourts par exemple. Sur la viande et les produits surgelés, le sujet fait débat.

Le Cas Spécifique de la Viande et des Produits Alimentaires

Des clients d'un magasin Match ont découvert stupéfaits des antivols sous forme de macaron sur des emballages de viande de la marque Charal. Entre la baisse du pouvoir d'achat et la crise, le vol de denrées alimentaires augmente dans les magasins. Le sujet est délicat. Il s'agit de nourriture et non d'articles high-tech ou de cosmétique.

Pourtant, « il y a des étiquettes antivol disposées sur quelques produits de grandes valeurs comme la viande, le foie gras et le saumon fumé à l'approche des fêtes », explique Cédric Brossard, responsable marketing chez Checkpoint, une entreprise spécialisée dans la sécurité des magasins et la prévention du vol. Plusieurs autres fournisseurs d'équipements de sécurité affirment même vendre de plus en plus d'étiquettes antivol à destination des rayons alimentaires. C'est le cas de la société S.Detect, expert en systèmes antivol de magasin, implantée à Lille.

Même constat pour Philippe Lefèvre, directeur commercial chez Antivol Système EAS, qui enregistre une « demande importante » des supérettes et magasins de petite surface. « On protège surtout de la viande vendue à la découpe en disposant une étiquette antivol directement sur l'emballage », explique-t-il. De son côté, Alban Perreul, gérant d'Advanced Electronic System, vend surtout des antivols pour des produits surgelés.

Parmi les produits les plus dérobés, le fromage enregistre un taux supérieur à la moyenne (3,90%), devant les confiseries (2,45%), la viande fraîche (2,35%) et le poisson (2,70%).

Motivations des Voleurs et Mesures Sociales

Au Secours populaire, on reste sensible au sujet. « Je ne cherche pas à les excuser mais il y a des gens qui ne mangent pas à leur faim », rappelle Vincent Lauprêtre, le président de l'association. « Nous avons distribué 181 millions de repas rien qu'en 2011 et aidé 2,5 millions de personnes, dont 150.000 jeunes », poursuit-il.

Les motivations des voleurs d'opportunité sont, quant à elles, assez variables. Si certains « amateurs » le font parce qu'ils sont dans le besoin, cela reste minoritaire. Chez les adolescents, le chapardage prend souvent l'allure d'un rite initiatique. Certains adultes arguent de leur colère contre la grande distribution qui s'enrichirait sur leur dos. D'autres le font « pour éprouver des sensations - excitation, peur - ou pour lutter contre l'angoisse », explique le psychiatre Yann L'Hégaret.

Statistiques et Tendances Internationales

Les derniers chiffres indiquent que le taux de démarque inconnue (variation entre le chiffre d'affaires constaté à la fin de l'année et le chiffre d'affaires théorique) a augmenté de 2,9% en France entre 2010 et 2011, d'après le baromètre du vol réalisé depuis cinq ans par le Centre de recherche de distribution.

Alors que l'inflation ne reflue pas au Royaume-Uni, l'Association des magasins de proximité britannique a mesuré 1,1 million de vols à l'étalage dans le pays en 2022. Les articles les plus souvent volés sont "la viande, l'alcool et les confiseries, des articles à forte valeur qui peuvent être revendus par ceux qui ont un problème d'addiction à l'alcool ou aux drogues, ou par des groupes de crime organisée", ajoute ce rapport.

Tableau Récapitulatif des Produits les Plus Volés

Catégorie de Produits Exemples Raisons du Vol
Alimentaire Fromage, Viande, Charcuterie, Boissons Alcoolisées Petite taille, forte demande, facilité de dissimulation, valeur élevée
Mode et Beauté Sacs à main, Bijoux, Parfums, Lunettes de soleil Facilité de revente, forte valeur marchande
Électronique Tablettes, Téléphones portables, Ordinateurs Popularité sur le marché de la revente

Stratégies Globales de Prévention

La diversité des produits ciblés, la sophistication des méthodes employées et l’impact sur la rentabilité imposent une vigilance constante et une approche personnalisée. La mobilisation des équipes, l’intégration de solutions technologiques et l’analyse régulière des tendances de vol permettent de préserver la sécurité des magasins et d’anticiper les nouveaux défis liés à la démarque.

Lutter contre le vol en interne est bien plus délicat : les directeurs doivent garder la confiance de leurs employés, et la surveillance des salariés est très encadrée en France. « Certains directeurs pensent qu'il est possible de mettre un agent infiltré dans les zones de stockage. Nous leur expliquons que c'est illégal, s'amuse Stéphanie Bergouignan. Cette lutte passe par l'instauration d'une vraie culture de sécurité dans l'entreprise. »

Cependant, toute cette technologie est inutile sans hommes. « Si ça sonne et qu'il n'y a personne pour courir après le voleur, ça ne sert à rien », observe Stéphanie Bergouignan. Et embaucher un agent de sécurité coûte cher.

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