Aliments à éviter en cas de cirrhose : Guide complet pour protéger votre foie

Lorsqu’une cirrhose a été diagnostiquée, qu’elle soit due à une hépatite virale ou à l’alcool, même si la cause a été traitée avec succès (hépatite C), ou contrôlée (hépatite B) ou arrêtée (alcool), la cirrhose reste bel et bien là. Une amélioration de l’alimentation peut aider les personnes vivant avec une hépatite virale et/ou avec une cirrhose à mieux respecter leur foie, à ne pas aggraver cette cirrhose, voire l’améliorer. Bien se nourrir et faire un peu d’exercice est aussi important que de prendre les médicaments prescrits.

L’hépatologue gère et prescrit les examens de suivi, le dépistage des varices œsophagiennes et le dépistage du cancer du foie tous les 6 mois par une échographie. Nous parlons ici de cirrhoses non décompensées, sans ascite (liquide dans la cavité abdominale), sans encéphalopathie (troubles neurologiques liés à la baisse des fonctions du foie).

Le rôle crucial du foie dans la nutrition

Le foie est un organe qu'il faut préserver car il est essentiel pour plus de 300 fonctions biologiques. Le foie intervient directement dans les processus nutritionnels (transformation, détoxification, stockage du glucose et des vitamines liposolubles (A, D, E, K)). Une alimentation équilibrée et adaptée peut aider le foie à mieux fonctionner et lui éviter un surcroît de travail. Le foie en cirrhose est « handicapé », rigidifié et son espace devient limité.

Le foie capture, rend inoffensif et élimine les toxiques contenus dans les aliments, l’alcool, les médicaments. Quand le foie n’est pas malade, il est capable de métaboliser et d’éliminer l’alcool ou les déchets des médicaments et de l’alimentation. Mais cette fonction diminue énormément lorsque le foie est en cirrhose et l’alcool est son pire ennemi.

Un foie malade est un organe encrassé par les toxines. "Lorsqu'il est endommagé, le foie ne parvient plus à traiter les graisses. Ces dernières s'accumulent dans le foie et cette surcharge - appelée stéatose - peut entraîner une inflammation du tissu hépatique et des lésions cellulaires au niveau du foie, mais aussi des complications hépatiques graves, alerte le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l'hôpital Beaujon et président de l'APHC (Association pour l'amélioration de la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques du foie). Seul le fait de modifier son hygiène de vie (manger moins gras, moins sucré, faire plus d'activité physique, marcher plus...) permet de faire fondre la graisse du foie, d'améliorer l'état de santé d'un foie malade et de diminuer les risques de complications. En revanche, si on ne change pas ses habitudes alimentaires, une stéatose peut évoluer en fibrose, en cirrhose voire en cancer du foie".

Principes de base d'une alimentation saine pour la cirrhose

La base alimentaire santé, c’est le régime crétois ou diète méditerranéenne. Elle est valable pour les personnes en bonne santé et qui veulent le rester et elle est valable dans le cas des pathologies chroniques comme le VIH, les hépatites, la cirrhose, l’excès de cholestérol, le diabète, mais il faut l’adapter aux particularités de chacun et de chaque maladie… La cirrhose est plus ou moins bien supportée selon son stade, selon les personnes, leur mode de vie, leur acceptation de la maladie, leur moral, le fait de faire de l’exercice physique ou pas.

Si vous n’avez pas de surpoids, pas de diabète, pas de stéatose (foie gras), pas ou peu de baisse d’appétit, en route pour la Crête, en augmentant juste un peu les apports en protéines. Les experts préconisent un apport en protéines de 1 à 1,5 g de protéines/kg/jour lors des cirrhoses (pour un poids de 60 kg, il faut de 60 g à 90 g de protéines par jour), pour ne pas perdre de muscles et éviter la malnutrition. Votre spécialiste (ou diététicien) doit déterminer votre taux idéal, selon votre état de santé. Il faut donc manger des protéines à chaque repas, mais pas forcément de la viande, les légumes secs, le soja, le fromage blanc, les céréales complètes et les œufs apportent des protéines.

L'alimentation chez les patients ayant un foie malade repose ainsi sur des repas sains, équilibrés, parfois fractionnés pour "fatiguer" le foie le moins possible. Elle doit être accompagnée d'une activité physique régulière.

Conseils pour gérer la baisse d'appétit et les nausées

Il est souvent conseillé d’adopter un rythme de repas différent, soit de fréquents petits repas, 4 à 6 par jour, incluant une collation en soirée. Pour les éviter ou les diminuer, il est conseillé de manger sans se forcer, au moment de la faim, quelle que soit l’heure. Les aliments secs, froids et un peu fades (blanc de volaille, crackers, fromage type gouda) sont plus faciles à avaler que les aliments frits, épicés et chauds qui peuvent rendre nauséeux. Il est vital de boire de l’eau (en infusions aussi, thé vert) et hors repas.

Une réserve de boissons nutritives (compléments hyperprotéinés, avec ou sans sucre, Clinutren, Resource, Nutrigil, etc.) peut être faite et servira en cas de nausées ou de baisse d’appétit (délivrables avec une ordonnance et remboursées par la sécurité sociale en France). Gardées au réfrigérateur et consommées fraiches, elles donnent moins de nausées. Si ces boissons ne passent pas, essayez les crèmes desserts au soja, bien protéinées. Les aliments déclencheurs de nausées (le goût, l’odeur) seront identifiés et évités ou préparés différemment. Les œufs peuvent dégoûter tels quels, mais bien passer dans un riz au lait ou un cake. Le lait, pas très digeste pour les adultes, peut être remplacé par du lait d’amandes, de soja ou d’avoine.

Pour pallier la baisse d’appétit, une des solutions est de manger des portions plus petites et plus fréquentes (fractionner les apports en 6 petites collations plutôt que 3 gros repas, dont une collation le soir pour éviter un long jeune nocturne), de varier les goûts (amer, acide, salé, sucré) pour aiguiser l’appétit. Pour les collations entre les repas, boire des jus de fruits ou des boissons au soja, des smoothies, manger des fruits, des bananes, des amandes et utiliser si besoin des boissons nutritives. Évitez de boire pendant les repas et avalez les médicaments à la fin des repas, pour ne pas couper l’appétit.

Faire un peu d’exercice avant les repas, une petite marche par exemple peut réveiller l’appétit. Les épices et aromates ouvrent l’appétit : le cumin (un peu de gouda au cumin avant la marche), la cannelle, la coriandre, le fenouil, le gingembre, le fenugrec, etc.). Si la viande a un goût amer, le poulet, le poisson, les lentilles, le tofu (soja) peuvent la remplacer, ainsi que le fromage, le yaourt, les œufs. La viande, le poulet, le poisson et les œufs peuvent être mangés froids (un cake aux œufs et au thon ou au tofu).

Si la fatigue est constante, le médecin doit vérifier le statut vitaminique (A, B, C, D, E) et protéique car les carences sont fréquentes. Pour les vitamines, faites pousser des graines germées, pleines de protéines et de vitamines. Si le moral est en berne, il est conseillé d’aller voir un psychologue, pour identifier une dépression ou ne pas la laisser s’installer, car c’est une cause supplémentaire de baisse d’appétit et donc ensuite de malnutrition.

Aliments à éviter en cas de cirrhose

Certains aliments peuvent accroître les dommages causés aux cellules hépatiques. Règle numéro 1 : arrêter l’alcool, même en faible dose. Que la cirrhose soit alcoolique (75% des cas) ou virale (due à une infection de type hépatite B ou hépatite C), la consommation d’alcool est à bannir de ses habitudes.

Il n’existe pas de régime alimentaire restrictif particulier pour traiter la cirrhose. La raison est simple : en cas de cirrhose, le foie puise dans ses réserves de protéines et consomme beaucoup d’énergie. Le malade a donc tendance à perdre de la masse musculaire. Inutile donc d’aggraver cette fonte protéique avec un régime strict. Toutefois, une alimentation équilibrée est recommandée : pas trop de graisses, suffisamment de fruits et légumes, des féculents à chaque repas (pour apporter de l’énergie) et un minimum de sel.

Finalement, un apport trop élevé en sodium pourrait aussi avoir des impacts négatifs sur le foie. Achetez des aliments non salés ou faibles en sodium. Éviter la salière à la table.

Stéatose et cirrhose : les liens et les précautions

Si vous êtes en surpoids et/ou avez de la stéatose (graisse dans le foie), l’hépatologue a dû vous dire de freiner sur les kebabs et de perdre du poids pour diminuer la stéatose, car elle accélère la vitesse de progression de la fibrose et multiplie par deux le risque de cancer du foie. La stéatose du foie est fréquente chez les personnes ayant une hépatite C. Chez certains, ayant un virus de génotype 3, la stéatose est due au virus lui-même. Mais pour les autres, la stéatose semble reliée au surpoids et surtout à l’adiposité viscérale (accumulation de tissu adipeux entourant les viscères à l’intérieur du ventre), souvent relié aussi au diabète de type 2 et/ou au syndrome métabolique (tension, glycémie et triglycérides élevés, bon cholestérol bas, tour de taille supérieur à 102 cm chez les hommes et à 88 cm chez les femmes, etc.). Il est possible de cumuler les deux, stéatose virale + stéatose métabolique.

La stéatose est due aux triglycérides en excès dans le sang, venant d’une alimentation trop riche en sucres, graisses et alcool (le whisky serait un bon pourvoyeur de stéatose, ainsi que les alcools forts). L’augmentation du risque de cancer du foie pourrait s’expliquer par le fait que ce tissu graisseux produit des facteurs de croissance jouant un rôle dans le développement des cellules tumorales.

La perte de poids, liée à une alimentation saine (régime crétois) et à la pratique d’une activité physique (au moins 3 heures d’exercice par semaine) amène une amélioration de l’état du foie, une diminution de la stéatose et une baisse de la graisse viscérale.

Aliments bénéfiques pour le foie

Pour se régénérer, le foie a besoin d'antioxydants. Et parmi les aliments qui en contiennent le plus, il y a le cacao. "Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le chocolat est bon pour le foie. Oui, à condition qu'il soit noir et avec une teneur en cacao supérieure à 70%", précise notre interlocuteur. Les antioxydants permettent de retarder le vieillissement des cellules du foie, de les nettoyer des graisses et de limiter l'inflammation.

Pour se détoxifier, le foie a également besoin de phosphore, un sel minéral qui a de nombreux bienfaits sur le foie. "Les noix (du Brésil, de pécan, de cajou...) et les noisettes, sont très riches en phosphore, ce qui permet au foie de mieux digérer les graisses qu'il absorbe, d'éviter qu'elle ne s'accumulent trop dans ses cellules et ainsi de le détoxifier", précise l'hépatologue. Sans phosphore, le foie serait dans l'incapacité de digérer les graisses et cela favoriserait à terme leur accumulation.

Pour bien fonctionner, les cellules du foie ont besoin de fer. "Oui, mais juste la quantité nécessaire, assure le Pr Marcellin. En cas de carence en fer, le système immunitaire est affaibli et les cellules du foie peuvent légèrement dysfonctionner. A l'inverse, un excès en fer peut gêner la fabrication de la transferrine, une protéine synthétisée par le foie qui transporte le fer et qui contribue à la fabrication de l'hémoglobine des globules rouges. Dans tous les cas, une surcharge ou une carence en fer favorisent l'inflammation, et augmentent ainsi le risque d'hépatite ou de cirrhose.".

"Les agrumes comme l'orange, le citron ou le pamplemousse sont particulièrement riches en vitamine C, ce qui est très bénéfique pour améliorer la santé du foie et lutter contre l'oxydation des cellules hépatiques", indique notre expert. Surtout, la vitamine C stimule la synthèse du glutathion, un puissant antioxydant qui protège les cellules des radicaux libres (toxines qui peuvent s'accumuler au niveau du foie et qui peuvent l'endommager) et qui renforce le système immunitaire. Consommer l'équivalent d'un à deux grammes par jour de vitamine C contribuerait ainsi à réduire l'inflammation et les lésions des cellules du foie. Par ailleurs, les fruits rouges (myrtilles, cassis, fraise...) et les légumes crucifères (chou, cresson, choux de Bruxelles, brocoli, chou-fleur...) sont également très riches en vitamine C.

Des apports insuffisants en sélénium sont associés à un risque accru de développer une maladie du foie. "Les patients atteints d'alcoolisme chronique ou de cirrhose présentent généralement des taux sanguins de sélénium très faibles", indique l'expert. Cet oligo-élément assure une protection des cellules hépatiques contre l'oxydation et prévient l'inflammation du foie. On le trouve dans l'ail (5.1 µg pour 100 g) et surtout les noix de Saint-Jacques (61.4 µg pour 100 g).

Les céréales complètes (blé complet, riz sauvage, riz brun, boulgour, quinoa, épeautre, millet, sarrasin...) sont des céréales qui contiennent des grains entiers (son et germe de blé). Elles sont très riches en vitamine E, en sélénium, en magnésium et en fer, des nutriments aux propriétés antioxydantes très puissantes. Elles contribuent à réduire le risque d'inflammation et de lésion du foie.

Du café : "Deux à trois tasses de café non sucré par jour stimulent le fonctionnement des cellules hépatiques. Nous parlons ici de cirrhoses non décompensées, sans ascite (liquide dans la cavité abdominale), sans encéphalopathie (troubles neurologiques liés à la baisse des fonctions du foie). Les conseils nutritionnels deviennent souvent des restrictions diététiques (pas ou très peu de sel, moins de protéines) imposées par les complications et doivent être donnés par le spécialiste, au cas par cas.

Importance du suivi médical et de la vaccination

Puisque la cirrhose est un état qui favorise le cancer du foie, un suivi médical régulier est plus que recommandé. Tous les six mois, un rendez-vous chez le médecin est nécessaire pour une échographie du foie afin de dépister de potentielles tumeurs. Au plus tôt elles sont dépistées, plus grandes sont les chances de les traiter efficacement.

De plus, en cas de cirrhose, il est important d’être à jour au niveau des vaccins, en particulier ceux contre la grippe et l’hépatite B.

Tableau récapitulatif des recommandations nutritionnelles

Recommandation Détails
Apport en protéines 1 à 1,5 g de protéines/kg/jour
Rythme des repas 4 à 6 petits repas par jour, incluant une collation en soirée
Hydratation Boire de l’eau (en infusions aussi, thé vert) et hors repas
Alcool Arrêt total de la consommation d'alcool
Sodium Limiter l'apport en sodium

TAG:

En savoir plus sur le sujet: