Alimentation et colite inflammatoire : Guide complet

Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI), telles que la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, sont des affections complexes qui peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie. Bien qu'il n'existe pas de régime unique qui convienne à tous, l'alimentation joue un rôle crucial dans la gestion des symptômes et la réduction de l'inflammation intestinale.

Relation entre alimentation, symptômes et inflammation intestinale

Il existe une relation entre le régime alimentaire, les symptômes et l’inflammation intestinale. Les régimes les plus courants associés à un risque accru de MICI sont les régimes riches en graisses animales et faibles en fruits et légumes. Plusieurs aliments « transformés et additifs » du régime alimentaire occidental ont alors des effets néfastes sur l’intestin et le microbiote, ce qui constitue un risque accru de développer une MICI.

Recommandation : Un régime alimentaire bien équilibré et sain (faible en gras et en sucre) préparé à partir d’aliments frais, en excluant les aliments qui sont associés à des symptômes abdominaux.

Impact du régime occidental et de la restriction alimentaire

Plusieurs études se sont penchées sur l'impact du régime occidental et de la restriction alimentaire sur l'inflammation intestinale. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que la restriction alimentaire peut être une approche optionnelle pour le traitement de la colite, seule ou en association avec des agents immunosuppresseurs, ou comme traitement de secours pour les patients qui ne répondent pas ou deviennent moins sensibles aux traitements médicaux.

En effet, « les cycles de restriction alimentaire personnalisée et de réalimentation peuvent améliorer ou inverser les symptômes et la pathologie associés aux MICI dans un modèle de souris DSS chroniques, en partie par la modulation du microbiome intestinal. »

⇒ Cercle non vertueux de dénutrition : lésions intestinales favorisées par le régime occidental

Régime pauvre en FODMAPs et MICI

Le régime pauvre en FODMAPs peut être proposé chez des patients atteint d’une MICI en rémission avec des symptômes digestifs persistants.

Les FODMAPs (Fermentable Oligosaccharides Disaccharides Monosaccharides And Polyols) sont des glucides non digérés par les intestins et fermentescibles rapidement par les bactéries du côlon (fructanes et galactanes, lactose, fructose en excès, polyols). Leur digestion favorise la production de gaz intestinaux provoquant des irritations des muqueuses coliques et des troubles digestifs comme les ballonnements.

Les trois phases du régime pauvre en FODMAPs

Le régime pauvre en FODMAPs doit être réalisé avec l'aide d'un professionnel de santé spécialisé en nutrition (diététicien-nutritionniste ou médecin nutritionniste). En effet, s'il est mal réalisé, ce régime peut être source de carence micronutritionnelle, d'isolement social et de dysbiose intestinale (déséquilibre de la flore intestinale). De ce fait, ce régime se déroule en trois phases :

  1. Une première phase d’atténuation des symptômes de 4 à 6 semaines minimum dans laquelle il est recommandé d’éliminer partiellement ou totalement les aliments riches en FODMAPs susceptibles d’être à la source des symptômes. Il est recommandé d'attendre quelques jours sans symptômes avant de commencer la phase de réintroduction.
  2. Une deuxième phase de réintroduction progressive des aliments pour tester la tolérance. En effet, le but est de réintroduire ces aliments afin d’écarter tous risques de carences micronutritionnelles, d’exclusion sociale et de déclin de la qualité de vie à cause de ces intolérances. De plus, ces fibres sont essentielles à la santé du microbiote intestinal, car elles agissent comme des prébiotiques. Il est donc impératif de les réintroduire. Par ailleurs, des études ont prouvé que l’amélioration des symptômes demeuraient même après réintroduction des FODMAPs.
  3. Une troisième phase de personnalisation de l'alimentation en fonction du patient.

Exemple de réintroduction des FODMAPs

La réintroduction des FODMAPs se fait via un test d’ingestion d’un groupe de FODMAP en petite quantité, par exemple le lait pour les Disaccharides (lactose). Il faut tester la tolérance au lait en petite quantité et augmenter les doses de manière croissante en 3 temps afin de définir un seuil pour chacun, tout en alternant avec un jour de repos en chaque prise. Il est recommandé de les réintroduire en dehors des repas pour identifier facilement les symptômes et pour ne pas confondre avec un autre aliment. Si les symptômes ressentis sont modérés, on stoppe la réintroduction et on passe à un autre aliment.

Jour Lait (Disaccharides) Miel (Monosaccharides)
1 100 mL 1 g
2 Repos Repos
3 200 mL 2 g
4 Repos Repos
5 300 mL 3 g

Conseils diététiques généraux pour les MICI

Il n’existe pas de régime spécifique dont l’efficacité soit avérée pour tous mais la « healthy diet » peut s’appliquer aux MICI :

  • Privilégier les produits frais de saison et éviter les produits industrialisés et les plats préparés trop salés et sucrés comprenant souvent des additifs alimentaires et des conservateurs.
  • Préférer la consommation de poissons, de fruits de mer plus riche en oméga 3, de viande blanche et plutôt limiter la consommation de viande rouge.
  • Cuisiner « maison » en privilégiant les cuissons vapeur, four ou plancha à l’huile d’olive.
  • Adopter la consommation de protéines végétales.

Nutrition anti-inflammatoire et MICI

Un régime sain riche en fruits, légumes, vitamine D et limité en calories (sucre et graisse) favorise une fonction immunitaire normale.

L’accompagnement par un(e) diététicien(e) est recommandé.

Que faire en cas de poussée inflammatoire ?

En cas de poussée inflammatoire sévère, préférer un régime sans résidu pendant quelques jours afin de réduire le nombre de selles et les douleurs abdominales peut être utile pour diminuer le volume des selles et leur nombre.

En cas de diarrhée abondante et d’inconfort digestif, il faudra pour un temps éviter certains types d’aliments : les aliments trop gras, les repas trop copieux, les fibres, donc les fruits et les légumes, les produits laitiers. En effet, dans cette situation, ils vont majorer les symptômes.

Autres régimes et approches nutritionnelles

Les régimes végétariens ou sans gluten chez les patients atteints d’une maladie inflammatoire de l’intestin sont associés à un bien-être psychologique inférieur et à un microbiote intestinal différent, mais aucun effet bénéfique sur l’évolution de la maladie.

Mais l’étude soulève une association significative avec un bien-être psychologique inférieur chez les malades aux régimes végétariens ou sans gluten.

Restriction calorique :Avantages du jeûne prolongé (au moins 3 jours) :Propriétés anti-inflammatoires ⇒ lien possible avec l’immuno-modulation produite par le jeûnePsychisme et bien-être : introspection, stabilisation émotionnelle, positivité de l’humeur, baisse du stress, vitalité accrue

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