Alimentation et taux INR : comprendre l'interaction

Les antivitamines K (AVK) sont une famille d'anticoagulants oraux, incluant des spécialités comme Sintrom®, Minisintrom®, Coumadine® ou Previscan®. Ces médicaments sont prescrits pour prévenir la formation de caillots sanguins dans le cœur ou les vaisseaux, ainsi que pour traiter la phlébite, l'embolie pulmonaire et certains troubles du rythme cardiaque.

La vitamine K joue un rôle essentiel dans la coagulation sanguine, car elle contrôle la production de protéines par le foie. La dose d'AVK nécessaire varie d'un patient à l'autre et peut être influencée par divers facteurs, tels que d'autres maladies, la prise d'autres médicaments ou l'alimentation.

Qu'est-ce que l'INR et pourquoi est-il important ?

Pour évaluer l'efficacité des AVK et ajuster la posologie, les médecins mesurent le taux de prothrombine dans le sang, exprimé en INR (International Normalised Ratio). L'INR est un mode d'expression normalisé, équivalent pour tous les laboratoires. Quand votre INR est égale à 2, cela veut dire que votre sang coagule environ 2 fois plus lentement que celui d’une personne qui ne prend pas d’anticoagulant.

La détermination de l'INR nécessite des prises de sang régulières, ce qui peut être contraignant pour les patients. Votre médecin a déterminé votre zone thérapeutique, par exemple entre 2 et 3.

  • Si votre INR est franchement en dessous de votre zone thérapeutique, cela signifie que vous n’êtes pas assez protégé contre le risque de faire un caillot.
  • A l’inverse, si votre INR est franchement au-dessus de votre zone thérapeutique, cela signifie que, en cas de blessure, votre sang risque de mettre beaucoup de temps à fabriquer un caillot.

L’objectif est que votre INR soit le plus souvent possible dans votre zone thérapeutique (ZT).

L'influence de l'alimentation sur l'INR

Certains aliments contiennent de la vitamine K en grande quantité, ce qui peut modifier l'INR en s'opposant à l'action des AVK. La vitamine K, en plus de son rôle dans la coagulation sanguine, est importante pour la minéralisation des os et la prévention des risques cardiovasculaires.

La plupart des agences sanitaires recommandent un apport de 1 µg de vitamine K par kilo de poids corporel et par jour. Il est donc hors de question d'éliminer complètement cette vitamine de votre alimentation.

En général, plus l'apport alimentaire en vitamine K est élevé, plus la dose d'AVK nécessaire est importante. Le médecin ajuste la dose d'AVK en fonction de votre alimentation habituelle. Il ne faut donc pas éliminer du jour au lendemain tous les aliments riches en vitamine K, surtout si vous en consommez régulièrement, ni en manger de grandes quantités d'un coup, au risque de déstabiliser l'INR. Le plus important est de maintenir une alimentation stable dans le temps.

Votre traitement appartient à la famille des anti-vitamines K. Or, on trouve de la vitamine K dans certains aliments comme les légumes verts. Toutefois, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, les études scientifiques ont montré qu’il était inutile de modifier le régime alimentaire des personnes mises sous anticoagulant. Epinards, brocolis, laitue, persil, tomates, avocats… aucun aliment n’est interdit. Seule une modification majeure de votre régime alimentaire peut avoir une influence sur votre INR.

Aliments à surveiller

Bien qu'il ne soit pas nécessaire de supprimer complètement ces aliments, il est important de les consommer avec modération et d'éviter les changements brusques dans vos habitudes alimentaires. Voici quelques exemples d'aliments riches en vitamine K : brocolis, laitue, épinards, choux, choux-fleurs, choux de Bruxelles.

Autres facteurs influençant l'INR

En très grande quantité, le pamplemousse peut bloquer la destruction naturelle des AVK et donc faire monter votre INR. De même, l'alcool étant toxique pour le foie, une consommation abusive peut altérer la capacité du foie à synthétiser les facteurs de coagulation, augmentant ainsi l'INR. Le tabagisme active la coagulation sanguine, ce qui peut également influencer l'INR.

Conseils pratiques pour gérer son traitement AVK et son alimentation

  • Consultez régulièrement votre médecin : Il est essentiel de suivre les recommandations de votre médecin et de réaliser les contrôles d'INR prescrits.
  • Gardez une alimentation stable : Évitez les changements brusques dans votre consommation d'aliments riches en vitamine K.
  • Signalez tout changement à votre médecin : Informez votre médecin de tout changement dans votre alimentation, de la prise d'autres médicaments ou de l'apparition de saignements inhabituels.
  • Soyez prudent avec l'automédication : Ne prenez aucun médicament sans l'avis de votre médecin.

Que faire en cas d'oubli de prise d'AVK ?

Il ne faut jamais prendre deux prises d’anti-vitamine K dans la même journée (risque d’hémorragie). La prise médicamenteuse « oubliée » peut être « rattrapée » dans un délai de 8 heures après l’heure habituelle d’administration.

Afin d’éviter tout oubli, il est recommandé d’utiliser un pilulier-semainier.

Les risques liés à la prise d'AVK pendant la grossesse

La réévaluation récente de données concernant les AVK (fluindione, warfarine et acénocoumarol) montrent qu’ils peuvent, en cas de prise pendant la grossesse, nuire gravement au foetus et à l’enfant à naître : risque d’avortements spontanés, de morts intra-utérines, de malformations (notamment de la face, du squelette et du cerveau), de retard de croissance et d’hémorragies chez l’enfant à naître ou le nouveau-né.

Tableau d'équivalence des AVK

Médicament DCI (Dénomination Commune Internationale)
Coumadine® Warfarine
Previscan® Fluindione
Sintrom® Acénocoumarol

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