Le régime des groupes sanguins : avis scientifique

Au rayon des régimes pour perdre du poids, on trouve de tout : jeûne intermittent, régime Dukan, régime Natman, régime méditerranéen, régime à points, "rééquilibrage alimentaire", plats préparés, régime cétogène, diètes hypocaloriques ou hyperprotéinées... Il y a du bon comme du moins bon.

Le régime des groupes sanguins, lui, appartient plutôt à la seconde catégorie. Développé par un naturopathe américain dans les années 1990, il considère que chaque groupe sanguin (O, A, B, AB) devait suivre un régime alimentaire particulier basé sur "l'évolution humaine".

Ainsi, les gens du groupe O devraient adopter un régime riche en viande ; ceux du groupe A devraient devenir végétariens, ceux du groupe B devraient privilégier les produits laitiers, tandis que ceux du groupe AB devraient se composer une alimentation mélangeant les principes des régimes A et B.

Un régime bidon... qui donne l'illusion de la personnalisation

Bizarre ? Oui. Mais est-ce que ça fonctionne pour perdre du poids et améliorer son état de santé ?

Non, répond la diététicienne-nutritionniste du sport Nouchka Simic : "cette théorie ne repose sur aucune preuve solide. Une revue systématique publiée dans l'American Journal of Clinical Nutrition (2013) n'a trouvé aucun lien entre le groupe sanguin et l'alimentation. De même, une étude canadienne menée en 2014 a montré que les bienfaits observés chez les participants étaient liés à une meilleure alimentation générale, et non au groupe sanguin lui-même" explique-t-elle dans une vidéo récemment parue sur Instagram.

En résumé ? "Le lien entre groupe sanguin et alimentation est un mythe. Aucune étude scientifique sérieuse ne valide cette théorie."

Pourquoi a-t-on néanmoins envie d'y croire ? "Parce que les régimes basés sur les groupes sanguins donnent l'illusion de la personnalisation ! analyse la diététicienne-nutritionniste. On s'identifie à son groupe, on y croit et on est plus motivé à suivre un régime structuré… Mais en réalité, les résultats (quand il y en a) viennent de changements alimentaires classiques : plus de légumes, moins de sucre, moins de produits transformés."

Le régime des groupes sanguins, popularisé par le naturopathe Peter D’Adamo dans son livre Eat Right for Your Type publié en 1996, est basé sur l'idée que nos besoins alimentaires et notre métabolisme dépendent de notre groupe sanguin (O, A, B, ou AB). Selon cette théorie, adopter une alimentation adaptée à son groupe sanguin permettrait d'améliorer la digestion, de perdre du poids, et de prévenir certaines maladies.

Mais cette méthode est-elle vraiment efficace ?

Depuis de nombreuses années, l’immense potentiel de la nutrition a été profondément limité par l’incapacité de la science moderne à apporter des solutions diététiques personnalisées à chaque individu. Aujourd’hui, les scientifiques ont une approche physiologique nouvelle d’une nutrition adaptée à chacun.

Cependant, une controverse existe concernant la définition d’une alimentation saine. Quelques experts ont longtemps soutenu la thèse d’un régime pauvre en graisses et protéines et riche en glucides comme seul capable de combattre les maladies modernes telles que l’athérosclérose, l’hypertension, l’obésité ou d’autres maladies dégénératives.

D’autres, au contraire, revendiquent une alimentation avec plus de graisses, riche en protéines et pauvre en hydrates de carbone comme constituant la seule voie efficace de perdre du poids et de protéger la santé cardiovasculaire.

Contrairement à ce que nous avons tous été conditionnés à croire, l’effet de l’alimentation dépend de la capacité de chacun à la métaboliser. Le naturopathe Peter J. D’Adamo est peut-être l’un des pionniers dans ce domaine avec sa théorie des groupes sanguins et des lectines. Il met en avant l’individualité et la construction génétique, facteurs clés de la définition d’une alimentation personnalisée.

De nombreux facteurs influencent l’équilibre biochimique unique d’une personne et ses besoins nutritionnels. Notre groupe sanguin (O, A, B ou AB) en serait la clé. Certains aliments, selon notre groupe, auraient une action positive ou négative sur notre santé, notre énergie, notre poids et notre espérance de vie.

Les responsables majeurs seraient les lectines (du latin choisir) que l’on trouve dans les végétaux et les animaux et qui, dans notre organisme, vont être attirées par certaines cellules plutôt que par d’autres. Ces substances (protéines) sont susceptibles d’interagir avec les antigènes de surface des cellules de l’organisme pour provoquer un processus d’agglutination.

La plupart des aliments contiennent des lectines dont certaines sont capables d’agresser un groupe sanguin en raison de leur ressemblance avec les antigènes d’un autre groupe. Par exemple, les lectines du lait s’apparentent aux antigènes du groupe B. Donc, dès qu’une personne des groupes O ou A absorbe du lait, son organisme provoque une agglutination pour les rejeter.

Les systèmes nerveux, cardiovasculaire, digestif ou hormonale peuvent alors être affectés. Généralement, 95 % des lectines sont neutralisées par l’organisme. Toutefois, près de 5 % traversent la barrière intestinale pour arriver dans le sang où elles attaquent et détruisent les globules blancs et rouges engendrant ainsi, à long terme, un certain nombre de problèmes de santé.

Certaines lectines, selon les groupes sanguins et les aliments, ont des effets mimétiques de l’insuline et vont donc accroître certains problèmes de santé :

  • Fringales, grignotages, maux de tête
  • Prise de poids en graisse et en eau
  • Augmentation du cholestérol LDL
  • Humeur désagréable, tendance à la mélancolie
  • Hypoglycémie, « coup de pompe ».

Les lectines rencontrent d’abord les cellules du système digestif. Elles produisent, au cours de la digestion, une certaine quantité d’indoles et de polyamines (putrescine, spermidine et cadavérine). Les lectines de blé intensifient la production de polyamines chez tous les groupes sanguins d’où une diminution de la digestibilité et de l’utilisation des protéines dans l’intestin.

Les lectines se détectent par le test d’Indican qui les mesure dans les urines (l’Indican est un produit issu de la dégradation des protéines dans l’intestin).

Le Groupe O

Le groupe O est le plus ancien et le plus répandu des groupes sanguins circulant dans les veines de l’homme d’aujourd’hui. Il est apparu il y a environ 50 000 ans. 50 à 55 % de l’Humanité serait du groupe O. Ce groupe est peu présent en Asie mais se retrouve un peu partout dans le monde. D’après une étude scientifique allemande datant de la fin des années 60, il y aurait plus de personnes du groupe O dépassant l’âge de 75 ans que dans les autres groupes.

C’est le groupe sanguin qui réagit le plus efficacement aux modifications des habitudes alimentaires en raison d’une « reprogrammation » nutritionnelle de son code génétique adapté initialement aux protéines maigres (viandes maigres et poissons) et aux glucides de basse densité (fruits et légumes).

Les personnes de ce groupe digèrent et métabolisent bien les protéines car elles disposent d’un bon taux d’acidité gastrique (HCL) et de l’enzyme intestinale « phosphatase alcaline ». Toutefois, les personnes du groupe O ont une tendance à l’hypothyroïdie ainsi qu’aux dépressions bipolaires (maniaco-dépressives) et profondes.

Le Groupe A

Le groupe A est apparu plus tard, il y a 10000 à 20000ans. Il représente aujourd’hui près de 30 à 35 % de la population mondiale. A partir du néolithique, l’homme se sédentarise. Du chasseur-cueilleur solitaire qu’il était, il devient cultivateur et éleveur d’animaux. L’alimentation change au profit des céréales et des légumineux tandis que le niveau d’activité physique diminue. Les variations alimentaires et l’augmentation de la population accroissent considérablement les infections.

Parallèlement, la physiologie de l’homme se modifie. Un nouveau type de sang apparaît alors : le groupe A. Le nombre de personnes du groupe A est très élevé en Amérique du Nord, au Japon, en Europe de l’Ouest et autour de la mer Méditerranée, notamment près de l’Adriatique.

Les personnes de ce groupe, génétiquement mieux adaptées aux glucides, peuvent se permettre d’en consommer de plus grandes quantités que celles du groupe O. Toutefois, elles digèrent moins bien les protéines, leurs taux d’acidité gastrique (HCL) et d’enzyme intestinale « phosphatase alcaline » étant faibles. Elles ont généralement des concentrations de graisse corporelle plus faibles que la moyenne et possèdent un FTG (Facteur de Tolérance aux Glucides) plus élevé que la normale.

Leur taux de cortisol génétiquement élevé les prédispose aux risques cardiovasculaires et aux cancers ainsi qu’aux TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs). Elles supportent mal les situations de stress.

Le Groupe B

Le groupe B est apparu il y a 5 000 ou 10 000 ans et représente aujourd’hui 10 à 15 % de la population mondiale. Il s’est développé en réponse aux changements climatiques, conséquence des déplacements vers le nord de l’Eurasie. Les concentrations du groupe B sont plus importantes dans la communauté juive ainsi qu’en Europe de l’Est et en Asie centrale (Mongolie, Russie, Inde, Chine du Nord, etc.) que dans le reste du monde.

Le groupe B est le seul groupe sanguin vraiment adapté aux produits laitiers. Le programme nutritionnel idéal des personnes du groupe B est équilibré et autorise un immense éventail d’aliments. Toutefois, comme les personnes du groupe O, elles doivent éviter le gluten, la gliadine (protéines) du germe de blé et les produits à base de blé complet (ralentissement du métabolisme et de la digestion des protéines).

Contrairement aux groupes sanguins O et A, le groupe B supporte relativement bien les produits laitiers allégés consommés en quantité modérée mais tolère mal le poulet, le maïs et le sarrasin.

Le Groupe AB

Ce groupe sanguin, plus récent, n’existe pas depuis plus de 1 000ans et ne représente guère plus de 2 à 5 % de la population dans le monde (sauf en Inde où la proportion atteint 8,5 %). Les personnes appartenant à ce groupe, qui constitue un mariage des trois autres, ont l’avantage d’être des receveurs universels.

Le groupe AB est complexe car il peut ressembler au groupe A comme au groupe B et même, parfois, par certains aspects, au groupe O. Les personnes de ce groupe possèdent un mélange des codes génétiques des individus des groupes A et B. La consommation de viandes doit être modérée parce qu’elles possèdent un faible taux d’acide gastrique et d’enzyme intestinale « phosphatase alcaline ».

Au même titre que les personnes du groupe B, le poulet, le maïs ou le sarrasin ne leur conviennent pas. Comme celles des groupes O et B, elles doivent éviter le gluten, la gliadine du germe de blé et les produits à base de blé complet.

Les produits laitiers allégés sont, par contre, recommandés.

Le régime des groupes sanguins a été inventé par le Dr Peter Adamo. Il stipule que chaque groupe sanguin humain est la conséquence d’une évolution et que chaque groupe sanguin est adapté à une alimentation spécifique. Le fait de suivre une alimentation adaptée à notre groupe sanguin permettrait d’être en meilleure santé.

Depuis l’existence du régime des groupes sanguins les spéculations vont bon train mais très peu d’études scientifiques avaient été menées sur la question.

Récemment, des chercheurs en nutrition de la faculté de médecine de l’université de Toronto (Canada) ont recruté 1455 adultes jeunes et en bonne santé.

Mais ces différences étaient les mêmes quel que soit le groupe sanguin de la personne !

Les chercheurs expliquent : “La manière dont chacun répond à l’alimentation des groupes sanguins n’a strictement aucun rapport avec le groupe sanguin de la personne. La plupart des personnes qui ont suivi l’alimentation des groupes sanguins constatent souvent une sensation d’amélioration de leur santé.

En effet, la diminution de la consommation de viandes industrielles, l’augmentation de la consommation de fruits et légumes et la diminution massive de céréales contenant du gluten amène nécessairement un mieux être. Mais en réalité, on peut faire beaucoup mieux : tout simplement en supprimant complètement le gluten de son alimentation.

De même, au lieu de diminuer la consommation de viandes industrielles, on peut faire mieux : supprimer totalement les viandes issues d’élevages industriels.

Aucune étude majeure n’a confirmé l’efficacité du régime des groupes sanguins pour améliorer la santé ou favoriser la perte de poids. Le régime des groupes sanguins est séduisant par son aspect personnalisé et ses promesses, mais il reste peu soutenu scientifiquement. Avant de vous lancer, il est essentiel d’évaluer vos objectifs et vos besoins réels.

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