Les antivitamines K (AVK) sont une famille d'anticoagulants oraux, dont les noms de spécialité sont Sintrom®, Minisintrom®, Coumadine® ou Previscan®. Ces médicaments sont prescrits pour prévenir la formation de caillots sanguins dans le cœur ou les vaisseaux sanguins, ainsi que pour traiter la phlébite, l'embolie pulmonaire et certains troubles du rythme cardiaque.
Le Rôle de la Vitamine K et des AVK
La vitamine K joue un rôle essentiel dans la production par le foie de protéines nécessaires à la coagulation sanguine. Les AVK agissent en s'opposant à l'action de la vitamine K, ce qui permet de ralentir la coagulation. La dose efficace d'AVK est délicate à déterminer, car de nombreux facteurs peuvent la faire varier, tels que la coexistence d'autres maladies, la prise d'autres médicaments ou l'alimentation.
Surveillance de l'INR
Pour évaluer l'efficacité des AVK et ajuster la posologie, les médecins demandent une mesure du taux sanguin de prothrombine exprimé en INR (International Normalised Ratio), un mode d'expression normalisé pour tous les laboratoires. La détermination de l'INR repose sur des prises de sang régulières, ce qui peut être contraignant pour les patients. Un INR trop élevé traduit un surdosage, avec un risque hémorragique, tandis qu'un INR trop bas indique un effet anticoagulant insuffisant, avec un risque de thrombose.
Les résultats de l'INR et les changements de posologies doivent être consignés dans un carnet de suivi mentionnant l'INR cible et les coordonnées du médecin traitant. Ce carnet peut être téléchargé depuis le site de l'ANSM. Il peut être utile de conseiller la prise du médicament à heure fixe, ainsi que l'utilisation d'un pilulier. En cas d'oubli de prise, le médecin traitant devra être prévenu rapidement.
Alimentation et Vitamine K
Certains aliments contiennent de la vitamine K en grande quantité et peuvent modifier l'INR en s'opposant à l'action des AVK. Il existe de nombreux tableaux accessibles sur internet précisant les aliments les plus riches en vitamine K, c'est-à-dire ceux dont vous devrez contrôler la consommation, ainsi que ceux moins riches en vitamine K que vous pourrez consommer sans restriction.
La vitamine K, en plus de jouer un rôle essentiel dans la coagulation sanguine, est importante pour la minéralisation des os et la prévention du risque cardiovasculaire. La plupart des agences sanitaires recommandent un apport de 1 µg par kilo de poids corporel et par jour ; l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fixé une valeur nutritionnelle de référence moyenne pour un adulte de 75 µg par jour. Il est donc hors de question d'éliminer tout apport alimentaire de cette précieuse vitamine.
En règle générale, plus l'apport alimentaire en vitamine K est élevé, plus la dose nécessaire de médicament AVK est élevée. Lorsque le médecin prescrit une certaine posologie, il détermine celle-ci sur la valeur de l'INR, voit ensuite comment le patient réagit au traitement, puis ajuste la dose en conséquence, jusqu'à stabiliser l'INR au niveau souhaité. Cela signifie que le médecin ajuste la dose selon votre alimentation habituelle. Il ne faut donc pas éliminer du jour au lendemain tous les aliments riches en vitamine K, surtout si vous en consommez régulièrement, ni au contraire en manger d'un coup de grandes quantités, au risque de déstabiliser l'INR. Le plus important est de garder une alimentation stable dans le temps.
Voici quelques exemples d'aliments riches en vitamine K à consommer avec modération :
- Chou
- Choucroute
- Chou-fleur
- Épinards
- Brocolis
- Persil
De même, il faut consommer avec modération, les aliments riches en vitamine K comme les tomates, carottes, salade, foie de veau ou de porc, huile de tournesol, mûres, fraises, pêches, haricots verts ou blancs, asperges, champignons.La règle est d’adopter une alimentation variée et équilibrée, qui en parallèle du traitement, est aussi un très bon moyen de prévenir la récidive de certaines pathologies. Il est recommandé de consommer chaque jour des fruits et des légumes, des viandes maigres, du poisson gras, des matières grasses végétales de bonne qualité, huile de colza, huile de noix, huile d’olive, margarine végétale…en quantité raisonnable, des œufs, des légumineuses, des légumes secs.
Interactions Médicamenteuses et Précautions
Les AVK interagissent avec de nombreuses substances, augmentant le risque d'hémorragie ou de thrombose. Il est crucial de ne jamais prendre un médicament sans en parler à son médecin, y compris les compléments alimentaires ou les produits à base de plantes. L'automédication est fortement déconseillée.
Il ne faut jamais associer plusieurs anticoagulants. Il faut faire très attention à l'aspirine ou aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) qui peuvent être consommés sans ordonnance contre les douleurs ou la fièvre. Ils ont une action anticoagulante qui peut s'ajouter à celle du traitement anticoagulant et créer un risque d'hémorragie. Les interactions médicamenteuses sont nombreuses avec les anticoagulants.
De façon générale, il est préférable de toujours demander l'avis de votre médecin ou pharmacien avant de commencer ou d'arrêter de prendre un complément nutritionnel. Les oméga-3 (EPA et DHA) sont excellents pour votre santé cardiovasculaire et n'affectent pas votre traitement par AVK.
Signes d'Alerte et Conduite à Tenir
Il y a un risque de saignement si des saignements apparaissent, même minimes : gencives, nez, yeux (œil rouge), sang dans les urines, règles anormalement abondantes, apparition de « bleus » (ecchymoses), selles noires ou couvertes de sang rouge, vomissements ou crachats sanglants, coupure ou blessure qui n’arrête pas de saigner, etc.
Si vous présentez un saignement, contactez rapidement votre médecin ou allez aux urgences les plus proches. Remplissez votre carnet de traitement à chaque prise de sang (résultat de l’INR, dose quotidienne effectivement prise depuis le précédent INR).
Voyages et Traitement AVK
Les voyages et les modifications des habitudes alimentaires augmentent le risque de fluctuation de l'INR. En déplacement, pensez à emporter votre ordonnance, votre traitement en quantité suffisante, ainsi que votre carnet de suivi : certains AVK ne sont commercialisés qu'en France. En cas de voyage avec décalage horaire, demandez conseil à votre médecin pour ajuster vos horaires de prise. Attention, la valeur de l'INR peut varier entre deux laboratoires d'analyses, en particulier dans des pays différents.
Suivi Médical et Accompagnement
La prescription d'un traitement par AVK implique une surveillance régulière de l'INR, si possible dans un même laboratoire, et peut nécessiter des adaptations de posologie. Les patients sous traitement au long cours par AVK peuvent bénéficier de conseils et d'un accompagnement par le pharmacien de leur choix. Les pharmaciens peuvent désormais être rémunérés pour ces entretiens (Journal officiel, juin 2013).
En plus du suivi médical assuré par le médecin traitant, le patient peut bénéficier de l'accompagnement d’un pharmacien. Ce dernier va lui donner des conseils sur le bon usage de ses médicaments en tenant compte de ses habitudes de vie. Il s’assure également, du suivi du traitement et peut si besoin diriger le patient vers votre médecin traitant.
Grossesse et Allaitement
L’utilisation des AVK est contre-indiquée pendant la grossesse et l’allaitement. Il existe d’autres types de traitement anticoagulant que le médecin peut prescrire en cas de besoin. En cas de prise d’un AVK pendant la grossesse, un diagnostic prénatal spécialisé (échographique voire IRM) adapté en fonction de la période d'exposition pendant la grossesse doit être instauré. L’allaitement est contre-indiqué pendant un traitement par fluindione.
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