L'Alimentation des Lacs et la Qualité de l'Eau : Focus sur les Lacs de Savoie

Un ensemble de cours d’eau de 10 000 km, une centaine de lacs et milieux aquatiques caractérisent le réseau hydrographique savoyard. Ce réseau très diversifié est composé à la fois de simples torrents de montagne mais aussi des principaux cours d’eau du Département, l’Isère longue de 286 km et son affluent l’Arc, long de 127 km. Ces milieux aquatiques sont des milieux souvent fragiles qu’il faut préserver d’un point de vue de la qualité et de la quantité.

Surveillance et Amélioration de la Qualité de l'Eau

Une démarche d’amélioration de la connaissance sur la qualité des cours d’eau de la Savoie a été initiée par le Département afin de suivre son évolution depuis 1996. 4 campagnes de mesures annuelles sont effectuées. Cette démarche est en lien avec les actions et politiques d’amélioration et de gestion des milieux et de la ressource en eau. Le suivi régulier de la qualité des cours d’eau du bassin versant du lac du Bourget est assuré directement par le Comité Intersyndical d’Assainissement du Lac du Bourget (CISALB).

L'Alimentation en Eau Potable

Le lac d’Aiguebelette constitue une ressource essentielle et de qualité pour l’alimentation en eau potable (AEP) des communes de l’Avant-Pays Savoyard. La prise d’eau (avec crépine) est située à une centaine de mètres de la berge du lac (au nord du secteur du Sougey) à une profondeur de 21,6 mètres, soit 4,4 mètres au-dessus de la zone de fond correspondante. Les eaux collectées sont envoyées dans un tuyau de 400 mm et atteignent, par le principe des vases communicants, une bâche double servant de réservoir de pompage. Les eaux sont ensuite aspirées par un groupe de pompage situé dans les locaux techniques du Syndicat des Eaux du Thiers. Chaque année ce sont plus de 700 000 m3 d’eau qui sont directement pompés dans le lac. Un autre pompage direct des eaux du lac existe au niveau de la commune de Lépin-le-Lac. Ce pompage est principalement utilisé en période estivale pour compenser la baisse de production des sources captées sur les hauteurs du lac et répondre à l’accroissement de population. Le lac n’est cependant pas la seule ressource en eau potable permettant d’alimenter les habitants de la CCLA et au-delà.

Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPI)

Depuis janvier 2018, la Communauté de Communes porte la compétence GEMAPI, Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations. Mais elle agit concrètement sur les cours d’eau du territoire des Sources du lac d’Annecy depuis plus de 20 ans. Ces travaux découlent de plusieurs années d’études qui ont permis d’identifier une stratégie globale d’intervention à l’échelle du bassin versant de l’Arly. Ces travaux consistent à remettre le cours d’eau dans un état proche de son fonctionnement naturel.

Restauration de la Chaise

En effet, la configuration du lit de la Chaise a été fortement modifiée au cours des dernières décennies, notamment par le glissement de terrain du Champey en 1995. Près de 100 000 m3 de matériaux s’étaient alors déversés dans le lit de la rivière, modifiant notablement son fonctionnement hydrologique et la morphologie de la plaine des Bossons. Cet évènement historique engendrait plusieurs problématiques qu’il devenait urgent de résoudre. La priorité est d’assurer la sécurité des biens et des personnes en cas de crues torrentielles. Cet enjeu est d’autant plus important que le glissement de terrain du Champey s’est réactivé depuis 2020. Si ce phénomène devait se reproduire, la Chaise est aujourd’hui en capacité d’évacuer naturellement un volume important de matériaux afin d’éviter la création d’un barrage et l’inondation du village de Saint-Ferréol. C’est dans cet objectif que son lit a été significativement élargi. Son tracé sinueux « en tresse » a également été rétabli car il permet de ralentir le débit lors des crues et de réduire le risque d’inondation plus en aval.

A contrario, en période sèche, lorsqu’il y a peu d’eau dans la rivière, un niveau d’eau suffisant doit être maintenu dans le biel car il est le lieu de vie d’une truite fario de souche autochtone. En parallèle, un débit minimum doit être préservé dans la Chaise. Tout comme l’eau et les sédiments, les poissons ont besoin de circuler dans la rivière, notamment pour la remonter en période de reproduction. Pour cela, une passe à poisson a été aménagée au niveau du seuil de la prise d’eau du biel.

Concrètement, le lit de la Chaise a été élargi pour atteindre 40 à 60 mètres de large par endroit, ce qui se rapproche de l’état naturel de la rivière. La Chaise restaurée avec son lit élargi et son profil en tresse (printemps 2024).

  • Travaux sur 900 m.
  • Elargissement du lit de la Chaise pour passer d’une dizaine de mètres jusqu’à 40 à 60 m.
  • Berges végétalisées sur 760 m.

La Communauté de Communes conduit une politique forte pour restaurer le fonctionnement de ses cours d'eau.

En France, les ressources en eau sont gérées par grand bassin versant hydrographiques à l'aide de Schémas Directeurs d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) déclinés au niveau local en Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE).

Les Lacs Naturels des Volcans d'Auvergne

D’origine glaciaire ou volcanique, les lacs naturels des Volcans d'Auvergne tous sont fragiles. La plupart montre des signes d’une eutrophisation accélérée : un développement d’algues lié à un enrichissement en nutriments, notamment le phosphore provenant des activités humaines (assainissement domestique, activités agricoles ou industrielles). Afin de limiter l’apport de ces nutriments dans les lacs, de vastes programmes d'actions sont conduits par le Syndicat mixte du Parc.

Le Lac d'Annecy

Le lac d’Annecy est le deuxième lac français de par sa superficie, après celui du Bourget (exception faite de la partie française du lac Léman). Le lac d’Annecy est aujourd’hui en excellente santé, son équilibre biologique est stable. En complément du suivi annuel du lac, le SILA initie également des études spécifiques pour mieux diagnostiquer la situation actuelle du plan d’eau, comme par exemple la présence des HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques). Afin d’apporter une aide à la décision pour la gestion des questions environnementales, le SILA a constitué un réseau de scientifiques référents et de structures de recherche.

Gestion de la Fréquentation Nautique

C’est dans le cadre de la Commission Lac qu’un groupe de travail consacré à la fréquentation nautique a été constitué, sur la base du volontariat. Les indicateurs de l’Observatoire ainsi que les méthodologies retenues afin d’y répondre ont été définis et validés par les participants. Un premier groupe concerne des indicateurs liés au nombre d’embarcations en stationnement sur le lac. Ils sont principalement mesurés grâce aux données de la DDT et celles des communes riveraines. Il est rappelé que ce rapport ne présente que les données des indicateurs validés par le groupe de travail.

L'Alimentation en Eau du Lac et son Renouvellement

L’alimentation en eau du lac provient très majoritairement des cours d’eau (affluents) qui s’écoulent sur son bassin versant*. La majeure partie de ces affluents se situent sur les versants Nord, Ouest et Sud, aux pentes plus douces que le versant Est de la montagne de l’Epine. Certains affluents ruissellent sur des formations peu perméables, ce qui rend possible leur assèchement en été. Le ruisseau de La Leysse situé en partie nord, forme le principal affluent du lac. L’unique exutoire du lac est constitué par le ruisseau du Thiers, en partie sud-ouest, qui fait le lien avec le bassin versant de la rivière Guiers. Le débit moyen annuel du Thiers est estimé à 1 700 litres/seconde. À partir des études hydrologiques réalisées sur le bassin versant, le temps de séjour des eaux du lac est estimé à 3 ans, c’est à dire qu’il faut 3 ans pour que les eaux du lac se renouvellent intégralement.

Impact du Changement Climatique

L’évolution climatique est un facteur important qui peut bien évidemment avoir une incidence sensible sur le fonctionnement du lac et de son écosystème. Le changement climatique en cours se traduit notamment par une augmentation des températures moyennes avec des étés plus chauds et des hivers plus doux. Cette évolution est un élément qui est maintenant pris en compte dans l’analyse des évolutions du milieu lacustre. Un bilan climatologique à l’échelle des Alpes du Nord est réalisé chaque année par l’Agence Alpine des Territoires (AGATE), nous vous invitons à télécharger le dernier bilan 2018 ou à vous rendre sur leur site.

Par ailleurs la CCLA dispose d’une station météorologique installée sur la base départementale d’aviron qui a été installée en 2004 et qui permet d’avoir des données spécifiques au territoire. Pour le secteur du lac d’Aiguebelette, la tendance suit celle observée à l’échelle des Alpes du Nord. Le réchauffement continue à s’accélérer. Concernant les précipitations, les pluies sont “importantes” et réparties sur toute l’année. L’orientation du massif de l’Epine a tendance à faire barrage aux dépressions venant de l’Ouest et donc à renforcer les précipitations. Des différences sensibles sont donc observées avec des secteurs pourtant assez proches. À titre d’exemple, le cumul pluviométrique annuel moyen (station de Novalaise) est compris entre 1350 et 1400 mm, pour 125 à 130 jours de pluie.

Au niveau du vent, le territoire est sous la dominance des vents d’Ouest mais le contexte topographique a tendance à protéger la cuvette lacustre. Cela se traduit la majorité du temps par une absence de vent sur le lac ou des vents très légers. Ce phénomène permet d’expliquer le fait que le réchauffement des eaux de surfaces du lac d’Aiguebelette peut être assez rapide comparativement à d’autres plans d’eau. Un phénomène marquant est lié à l’existence d’un vent local qui peut être parfois très violent. Dénommé le Farou qui “descend” de la montagne de l’Epine en soufflant depuis la partie Sud-Est du Lac. Ce type de vent est qualifié de catabatique.

Cycle Thermique et Oxygénation du Lac

Du printemps à l’été, le lac se réchauffe. Ce réchauffement touche principalement la zone de surface qui peut atteindre plus de 27°C. Avec l’automne puis l’hiver, les eaux de surface se refroidissent. Compte tenu des caractéristiques physiques particulières de l’eau qui devient plus dense quand la température diminue, les eaux de surface deviennent plus lourdes. Elles vont alors s’enfoncer entraînant un lent phénomène de brassage. Ce phénomène s’amplifie jusqu’à ce que les températures deviennent homogène. En termes de température le lac passe donc d’un état dit stratifié en été, à un état homogène en hiver.

Il existe un lien étroit entre le cycle thermique du lac et son oxygénation. La phase de mélange hivernal (“retournement du lac”) entraîne le brassage de la masse d’eau et donc l’oxygénation des eaux profondes par la plongée des eaux de surface chargées en oxygène. Quand la stratification thermique se remet en place à partir du printemps, les zones profondes ne sont plus alimentées en oxygène. Elles vont progressivement se désoxygéner du fait notamment de la minéralisation de la matière organique jusqu’à atteindre des concentrations quasi nulles en oxygène à proximité du fond.

Dynamique des Écosystèmes Lacustres

Les écosystèmes lacustres sont des milieux dynamiques. Sous l’effet du vent, des mouvements d’eau apparaissent en surface de l’eau et se propagent en profondeur. Dans les lacs profonds, une circulation complexe de l’eau se met en place à différentes échelles. Lorsque la profondeur est suffisante, les plans d’eau peuvent-être sujets à une stratification temporaire de l’eau : des couches d'eau de température différente se forment et ne sont plus mélangées. En été, l'eau froide et dense s'accumule dans le fond, alors que l'eau chauffée par le soleil est moins dense et reste en surface.

Les étangs et les marais ne subissent généralement aucune stratification du fait de leur faible profondeur. En revanche, les grands lacs sont particulièrement exposés à ce phénomène, entraînant des conséquences sur l’écosystème. En particulier, les organismes vivant dans les sédiments (essentiellement des bactéries) consomment l’oxygène des eaux froides et profondes en été. Cette eau devient alors très pauvre en oxygène, rendant impossible la vie des espèces animales jusqu’à ce que le brassage automnal intervienne.

Eutrophisation et Transformation des Plans d'Eau

Les plans d’eau sont en perpétuelle transformation. Écosystèmes initialement pauvres, ils s’enrichissent progressivement en éléments nutritifs : c’est le processus d’eutrophisation. Ces nutriments, qui proviennent du bassin versant, permettent le développement d’une vie végétale et animale de plus en plus abondante. Lorsque ces organismes meurent, leurs débris se dégradent et s’accumulent sur le fond. Lentement, le plan d’eau s’enrichit, sa profondeur diminue, et il se transforme en marais. Ce phénomène d’eutrophisation est naturel, et peut être assimilé à un "vieillissement" de l’écosystème. Il s’étale sur plusieurs milliers d’années dans les grands lacs, mais peut être plus rapide pour les petits plans d’eau. Les étangs artificiels sont particulièrement sensibles et peuvent se combler en quelques dizaines d’années.

Les activités humaines exercées dans le bassin versant peuvent augmenter la quantité de nutriments et de sédiments qui arrivent au plan d’eau, contribuant ainsi à son enrichissement. Il en résulte un vieillissement du milieu accéléré.

Zones d'un Plan d'Eau

La zone littorale couvre les bords, depuis la rive, vers le centre du plan d'eau. Le fond du plan d'eau constitue la zone benthique. La zone d'eau libre au centre du plan d'eau est appelée la zone pélagique. Dans sa partie profonde, la quantité de lumière qui y pénètre est trop faible pour permettre la photosynthèse. Les limites des trois zones varient en fonction des plans d’eau. Les étangs peu profonds sont ainsi dénués de zone pélagique. Les mouvements d’eau (vagues, brassage) et le déplacement des organismes mobiles (les poissons notamment) permettent la connexion des différentes zones entre elles. La zone littorale joue par ailleurs le rôle d’interface avec les milieux environnants, terrestres et humides. Les données d’inventaire d’habitats (dont les habitats aquatiques) sont accessibles sur le site de l’INPN.

  • Zone littorale: La faible profondeur permet le développement d’une végétation enracinée sur le fond.
  • Zone pélagique: Les seules espèces qui s’y développent flottent librement dans l’eau - c’est le cas des lentilles d’eau.
  • Zone benthique: Les sédiments de la zone benthique ne sont pas dénués de vie : ils accueillent une quantité importante de bactéries.

De par leur mobilité, les poissons exploitent l’ensemble du milieu. Ils se reproduisent et trouvent refuge dans la végétation de la zone littorale, mais peuvent trouver leur nourriture dans le reste du plan d’eau (plancton de la zone pélagique, invertébrés de la zone benthique). Les milieux lacustres sont enfin un lieu de repos et d’hivernage pour de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs.

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