Voilà bien une idée farfelue ! Pourquoi vouloir produire l’aliment des truites alors que des entreprises fournissent à volonté des granulés formulés sur mesure, sûrs, performants, et à un prix raisonnable pour un particulier?
Pour une entreprise commerciale, cette question est incongrue, car une alimentation « maison » devra être agréée pour pouvoir vendre la production de poisson. Pour un particulier, il en va autrement. D’une idée folle peut naître une innovation et c’est bien ce qui est passionnant.
Besoins Nutritionnels des Truites
Très grossièrement, l’aliment des truites doit être riche en protéines (entre 40 et 50 % de la matière sèche de la ration ). Ces protéines doivent avoir un profil d’acides aminés essentiels non carencé par rapport aux exigences de la truite. Par ailleurs, cette dernière a besoin d’acides gras de la famille des omégas 3, et plus particulièrement les acides gras EPA (20-5 n3) et DHA (22-6 n3) et des omégas 6 ARA (20-4 n6).
Pour les détails, voir le tableau des besoins alimentaire des truites. Les aliments du commerce contiennent actuellement environ 20% de farines de poisson pour fournir les acides aminés essentiels et 10% d’huiles de poisson pour apporter les acides gras EPA, DHA et ARA. Sachant qu’il faut 5 kg de poisson pour 1 kg de farine de poisson et 20 kg de poisson pour 1 litre d’huile. Soit au final de 2.5 à 3 kg de poissons fourrages pour produire 1 kg de truite.
EPA et DHA sont très important sur le plan santé humaine. La consommation de poisson gras une à deux fois par semaine permet de combler les besoins, sous réserve que ces poissons soient nourris avec un aliment suffisamment riche en EPA et DHA. Or la stagnation des captures de poissons fourrage en mer et l’explosion des besoins dans les élevages piscicoles conduisent à proposer un poisson de plus en plus pauvre en EPA et DHA.
Alternatives aux Aliments Traditionnels
Il est nécessaire de conserver une part d’aliment du commerce pour au moins 50% de la ration, voire 70%. Sous réserve de faire les choses dans l’ordre, à commencer par l’état de l’art sur la question posée, ce que j’ai zappé en lançant rapidement un élevage de vers de farine produisant 200 g de vers de farine par jour et un élevage de vers de compost. Cette ration composite devait couvrir les besoins alimentaires des truites. Or il n’est pas possible de nourrir correctement des truites avec seulement des vers de farine et des vers de compost.
Les vers de farine ont un profil d’acides aminés très proche de celui de la farine de poisson, excepté pour la taurine. C’est leur principal intérêt. Deux voies sont privilégiées pour la production de novo de DHA, EPA ou ARA : les oléagineux transgéniques (caméline) et les microalgues marines ou d’eau douce. Dans la nature, tout commence par les microalgues qui vont nourrir la chaine alimentaire, du plancton aux poissons.
Une combinaison vers de farine (pour les protéines) et microalgue (pour EPA, DHA et ARA) peut-elle constituer une ration de substitution à 100% de l’aliment du commerce, tout en garantissant des performances en quantité et qualité acceptables en aquaponie familiale ?
La Truite : Une Alternative au Saumon ?
Le saumon alimentaire est aujourd’hui coincé dans un dilemme. Sauvage, il est nutritionnellement idéal mais en voie de disparition. D’élevage, on le produit en grande quantité mais avec des qualités nutritionnelles, écologiques et éthiques contestables. La truite, poisson de la même famille, se prête également à l’aquaculture. Elle est proposée en alternative.
Les truites regroupent diverses espèces de la famille des salmonidées. Elles ont longtemps peuplé les eaux claires de plusieurs continents. Leur durée de vie dépasse naturellement 7 ans et peut se prolonger bien au-delà. Elles atteignent facilement 5 kg et peuvent aller jusqu’à 15 kg dans certains lacs ! Ce sont des poissons carnivores qui se nourrissent essentiellement de vers et d’insectes, de petits poissons quand elles sont plus grosses.
La truite fario (Salmo trutta) est l’espèce qui peuplait naturellement les cours d’eau européens et certains lacs de montagne. La truite arc en ciel ou truite rose (Oncorhynchus mykiss) est une espèce américaine, introduite en Europe pour approvisionner des zones de pêche. Elles ne se développe naturellement en devenant « sauvages » que dans de rares endroits.
Ces deux espèces ne vivent le plus souvent qu’en eau douce. Parfois, elles peuvent passer une partie de leur vie dans l’océan et remonter les rivières pour se reproduire, comme les saumons. Les truites sauvages état devenues rares, leur commercialisation est interdite. Certaines variétés sélectionnées, principalement de truites arc-en-ciel, sont propices à la pisciculture. Celle-ci peut se faire intégralement en au douce, ou se terminer pendant quelques mois en milieu marin. Les truites de mer obtenues sont nettement plus grosses et peuvent atteindre 1 kg.
Les élevages se sont développés, avec une nourriture composée de poissons et de végétaux, et l’ajout de caroténoïdes donnant la couleur rose-orangée. Les truites saumonées produites par les diverses formes de pisciculture sont commercialisées entières chez les poissonniers, ou en filets fumés dans la grande distribution.
L’exigence des truites du point de vue de la densité de population et de pureté de l’eau devrait en principe garantir une certaine qualité. Il y a cependant une opacité sur les conditions d’élevage et les variants hybrides, voire transgéniques utilisées. Les truites triploïdes produites artificiellement (procédés mis au point par l’INRA en 1980) sont stériles et atteignent rapidement une taille supérieure aux espèces naturelles. Leur rentabilité est donc nettement améliorée.
Comme pour les saumons, l’alimentation en élevage n’est pas l’alimentation naturelle de l’espèce. Les poissons issus de la pêche en mer sont la base. Il faut environ 2,5 kg de poissons aliment pour produire 1 kg de truite, ce qui pose question quand on connaît les limites du potentiel de pêche en mer dans les années à venir.
Des produits végétaux occupent déjà une part importante. Les éleveurs tentent d’augmenter pour réduire les coûts et limiter le pillage du milieu marin. Les truites ont une composition alimentaire comparable au saumon. On y trouve des protéines de bonne qualité, des micronutriments dont les vitamines spécifiques des produits animaux (A, B12, D).
Les lipides ont un niveau d’insaturation intéressant avec une forte proportion d’oméga 3 (EPA, DHA). Ce sont cependant des poissons nettement moins gras que le saumon, avec donc un apport moins conséquent en EPA et DHA.
Elevage et qualité
Du point de vue écologique, les élevages ne reproduisent pas les conditions indécentes imposées aux saumons (entassement dans des cages marines). Le label « aquaculture de nos régions » en France garantit un respect minimal de l’environnement et de la condition animale, mais il ne figure pas forcément sur les produits concernés. Les produits Biologiques ou label rouge ont les cahiers des charges les plus exigeants. Il s’agit néanmoins de conditions éloignées de leur cadre de vie naturel, notamment leur alimentation, qui en plus contribue à l’épuisement des océans. Certains élevages privilégient une très haute qualité en reproduisant dans la configuration de leurs bassins des conditions aussi proches que possible du cadre naturel de ces poissons.
Du point de vue diététique, étant moins riches en lipides, les truites sont moins intéressantes que les saumons et les petits poissons gras pêchés sur les côtes.
Recherche sur les Ingrédients Alternatifs
Les ingrédients végétaux représentent au moins 90 % des aliments des poissons d’élevage, y compris des espèces carnivores comme la truite arc-en-ciel. Cependant, ces aliments ne sont pas encore assez performants pour garantir un juste revenu aux aquaculteurs. De nombreux travaux de recherche ont été menés pour évaluer l'efficacité d'une large gamme d'ingrédients alternatifs aux végétaux, depuis les ingrédients unicellulaires jusqu'aux sous-produits animaux.
L'objectif de cette étude était de tester la pertinence de l'utilisation d'un mélange de levures, de microalgues et d’insectes, pour alimenter des lignées de truites sélectionnées ou non sur leurs performances de croissance avec les régimes végétaux, avec une évaluation des performances et des effets sur le métabolisme des poissons.
Des truites arc-en-ciel ont été nourries avec différents régimes : 3 régimes à base de plantes uniquement (P1, P2, P3) et ces mêmes régimes complétés avec des insectes (I), de la spiruline (S) et de la levure (L). Ces régimes expérimentaux, à base de végétaux, ont été comparés à des régimes de type commercial comprenant des ingrédients marins* dans deux expériences distinctes.
La première expérience (Expérience A) consistait à comparer au témoin commercial COM-A, l’effet de deux régimes végétaux (P1 et P2) et leur contrepartie complétée, P1ISL, P2ISL, sur une lignée non sélectionnée. La seconde expérience (Expérience B) consistait à tester un autre régime végétal (P3) et sa contrepartie complétée P3IY, comparés au témoin commercial COM-B, sur une lignée sélectionnée, adaptée à un régime à base de plantes, comparée à une lignée témoin non sélectionnée.
Dans l'expérience B, la lignée sélectionnée a montré de meilleurs performances de croissance avec les régimes à base de plantes et supplémentés par rapport à la lignée non sélectionnée. L’analyse du métabolome*** plasmatique dans ces deux expériences a démontré une stabilité des niveaux relatifs des métabolites chez les poissons nourris avec des régimes à base de plantes (supplémentés ou non), avec une accumulation d'acides aminés et un taux moindre de glucose, par rapport à ceux nourris avec des régimes commerciaux.
Les deux stratégies testées ont permis d'améliorer les performances de croissance des poissons nourris avec des régimes à base de plantes, même si elles n'atteignent pas toujours celles des poissons nourris avec un régime incluant des matières premières d’origine marine. Les analyses du métabolome plasmatique mettent donc en évidence une "signature métabolique" spécifique des aliments végétaux, y compris supplémentés (accumulation d’acides aminés vs déplétion de glucose) dans le plasma par rapport aux aliments marins.
La supplémentation des régimes végétaux par des mélanges d’ingrédients alternatifs, ainsi que la sélection génétique, modifient le profil des métabolites. L’hypothèse est que cette modification métabolique est liée aux altérations du fonctionnement du système digestif, notamment en lien avec le microbiote.
**Indice de conversion alimentaire : l'I.C. est le rapport entre la quantité d'aliment distribué et le gain de masse du poisson. ***Le métabolome correspond à l'ensemble des métabolites (sucres, acides aminés, acides gras, etc…) retrouvés dans un échantillon biologique, et leur concentration.
Ce travail a été soutenu par le projet FUI NINAqua (Nouveaux Ingrédients pour de Nouveaux Aliments Aquacoles) et MetaboHUB. Roques, S.; Deborde, C.; Skiba-Cassy, S.; Médale, F.; Dupont-Nivet, M.; Lefevre, F.; Bugeon, J.; Labbé, L.; Marchand, Y.; Moing, A.; Fauconneau, B., 2023. New alternative ingredients and genetic selection are the next game changers in rainbow trout nutrition: a metabolomics appraisal.
Truite Arc-en-Ciel Bio : Composition Nutritionnelle
2 pavés de truite arc-en-ciel Bio, avec peau, sans arête, de 125g environ. Conserver la peau permet une meilleure tenue du pavé, et facilite la cuisson à l'unilatérale à la poêle. Truites issues du seul élevage de truites bio en mer, qui leur confère un goût fin et iodé, sans aucun goût de terre. Des nutriments essentiels : omégas 3(1.8g pour 100g),vitamines B3, B12 et vitamine D. La couleur de la chair peut varier naturellement du beige clair à un bel orange.
Composition : Truite* Arc en ciel 100%*Issus de l'agriculture biologique Allergènes : Poissons et produits à base de poissons Traces de : Néant
Valeurs nutritionnelles pour 100g/100ml
- Valeur énergétique (kj pour 100g/100ml) 730 kj
- Calories (kcal pour 100g/100ml) 175 kcal
- Matières grasses (g pour 100g/100ml) 11 g
- dont Acides gras saturés (g pour 100g/100ml) 0.6 g
- Glucides (g pour 100g/100ml) Traces g
- dont Sucres (g pour 100g/100ml) Traces g
- Protéines (g pour 100g/100ml) 19 g
- Sel (g pour 100g/100ml) 0.11 g
Conseils d’utilisation : Conditions de conservation 24 h au réfrigérateur, 3 jours dans le compartiment à glace du réfrigérateur, au congélateur à -18°. Température de conservation -18°C
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