Pendant la grossesse, il est crucial de prendre des précautions alimentaires pour éviter certaines infections qui pourraient être dangereuses pour le bébé. Parmi ces infections, la toxoplasmose est l'une des plus préoccupantes. Cet article vous guide à travers les aliments à éviter et les mesures à prendre pour une grossesse en toute sécurité.
Toxoplasmose, une menace pour les femmes enceintes
La toxoplasmose est une maladie liée à un parasite appelé Toxoplasma gondii. Elle se contracte lors d’un contact avec un chat porteur du parasite ou après avoir consommé des aliments contaminés. Cette infection parasitaire est fréquente en France puisqu’environ 50 % de la population adulte est infectée sans toutefois présenter de symptômes. Selon l’Agence Nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), 200 000 à 300 000 nouvelles infections surviennent chaque année en France.
La toxoplasmose est une maladie généralement bénigne. « Chez les personnes présentant des symptômes, la maladie ressemble à un syndrome grippal. Elles ont de la fièvre, les ganglions enflés, des courbatures, une altération de l’état général… », indique le Dr Chicheportiche-Ayache. En revanche, la toxoplasmose peut être dangereuse chez les personnes immunodéprimées et chez les femmes enceintes non immunisées (qui n’ont jamais été contaminées par le parasite). En effet, en cas d’infection d’une mère pendant sa grossesse, le fœtus peut lui aussi être infecté. On parle alors de toxoplasmose congénitale. Plus la contamination par le parasite survient tôt durant la grossesse, plus la toxoplasmose congénitale est grave.
Cette infection expose le fœtus à un risque de choriorétinite, une inflammation qui touche l’œil et qui peut être responsable de déficit visuel. La toxoplasmose congénitale peut aussi entraîner d’autres complications graves comme une mort in utero, un accouchement prématuré ou encore des séquelles neurologiques (retard psychomoteur, anomalies de développement du cerveau…).
« Deux sources de contamination alimentaires sont possibles : le contact avec un végétal porteur de terre elle-même contaminée, ou la consommation de viande n’ayant pas subi de traitement thermique. Les réservoirs du parasite Toxoplasma gondii sont les muscles des animaux, essentiellement le bœuf, le mouton et le porc », explique le Dr Chicheportiche-Ayache.
Aliments à éviter pour les femmes enceintes
Afin d’éviter la toxoplasmose, la listériose et la salmonellose, il convient de limiter la consommation de certains aliments possiblement contaminants, voire de les éviter totalement. Les femmes concernées par les mesures nutritionnelles préventives sont celles dont la sérologie de la toxoplasmose est négative. Au tout début de la grossesse, les femmes enceintes sont invitées à faire une prise de sang pour savoir si elles sont immunisées contre la toxoplasmose. Quand on l’a déjà eue, on ne risque rien.
A l’inverse, si vous êtes enceinte et que vous n’avez jamais eu la toxoplasmose, vous devez :
- Éviter la viande crue (en tartare, fumée ou marinée) ou peu cuite. Pendant la grossesse, il est recommandé de manger sa viande bien cuite (pas de présence de sang quand vous la coupez) et si possible de congeler votre viande pour détruire les kystes du parasite à une température de - 12 °C à cœur, pendant 3 jours minimum.
- Nettoyer abondamment à l’eau les végétaux qui viennent de la terre (fraises, carottes…) et les herbes aromatiques, avant de les consommer.
- Éviter les fruits et légumes crus à l’extérieur sauf si vous êtes certaine de la rigueur du nettoyage.
- Évitez de consommer les aliments suivants :
- fromages non pasteurisés, fromages à pâte molle, croûtes de fromage, fromages râpés en sachet.
- charcuterie artisanale (privilégiez le jambon préemballé).
- aliments servis à la coupe.
- poissons fumés ou crus.
- surimi vendu en vrac, tarama.
- coquillages crus.
- viande crue.
- graines germées crues.
Pour limiter le risque de contamination, les femmes enceintes non immunisées sont également invitées à se laver les mains avec brossage des ongles, avant et après avoir manipulé des aliments, après avoir jardiné ou touché des objets souillés par de la terre. Enfin, il est recommandé de laver soigneusement les surfaces et ustensiles utilisés après chaque manipulation d’aliments.
Précautions supplémentaires
Les chats peuvent véhiculer le parasite Toxoplasma gondii. Celui-ci se retrouve dans leurs excréments. Si vous avez un chat, faites laver son bac à litière par une autre personne, de préférence tous les jours et avec de l’eau bouillante. Si vous devez le faire, portez des gants. Le nettoyage à l’eau de javel n’est pas nécessaire. Ne vous inquiétez pas si votre chat vous a griffé ou vous a mordu, la toxoplasmose ne se transmit pas par griffure ou morsure.
« Le risque de contamination par un chat est plus élevé avec les chats sauvages se nourrissant par eux-mêmes. Le risque est moindre avec les chats domestiques car ils mangent généralement de la nourriture industrielle traitée par la chaleur », précise notre experte.
Si votre sérologie toxoplasmique est positive, vous n’avez pas besoin de mettre en place les mesures nutritionnelles et d’hygiène citées précédemment. Une seule contamination permet une immunité définitive.
« Toutefois, il conviendra de réaliser une prise de sang tous les mois afin de vérifier que les anticorps ne s’élèvent pas, signe d’une mise en contact avec le parasite durant la grossesse. Dans ce cas, la prise en charge par l’équipe médicale définira les modalités thérapeutiques (traitement antibiotique et anti-inflammatoire) et de surveillance de la grossesse (échographie, IRM, etc.) », détaille la médecin nutritionniste.
Si vous n’êtes pas immunisée contre la toxoplasmose, vous devez effectuer une prise de sang tous les mois pour vérifier votre sérologie. Cela consiste à rechercher des anticorps témoins de l’immunisation de votre corps contre le parasite. Si votre sérologie devient positive au cours de la grossesse (révélée par une prise de sang de contrôle), cela signifie que vous avez été en contact avec le parasite.
Vérifier que le bébé va bien
Dans ce cas, il est possible (après trois mois et demi de grossesse) de réaliser une amniocentèse pour déterminer si le fœtus a été contaminé. Le gynécologue qui vous suit peut également vous prescrire des échographies à pratiquer toutes les deux semaines pour rechercher d’éventuelles lésions au niveau du cerveau et des yeux du fœtus. En cas de doute, une IRM est pratiquée.
Mettre en place des traitements
Un traitement antibiotique et anti-inflammatoire adapté est mis en place dès la découverte de la contamination.
Autres règles de l'alimentation de la femme enceinte
Afin d'éviter tout risque durant la grossesse, il est important de surveiller son alimentation, et d’adopter des précautions alimentaires de base quand on est enceinte.
- Contrôler les dates de péremption des aliments
- Éviter de manger les restes ou faites-les bien réchauffer
- Se laver les mains avant de préparer le repas et de se mettre à table
- Veiller à ce que les endroits où les aliments sont stockés restent propres (réfrigérateur et placards nettoyés régulièrement avec de la javel).
N'oublions pas que la consommation d’alcool est interdite pendant toute la durée de la grossesse. Les boissons excitantes et riches en caféine sont à limiter.
L’acide folique (vitamine B9), appelé aussi folates, est essentielle à la croissance de votre bébé. Mais ne pratiquez pas l'automédication et ne prenez pas de compléments alimentaires sans en parler à votre médecin ou à votre sage-femme.
Le calcium est essentiel pour la construction du squelette de votre bébé, surtout au cours du troisième trimestre. Si vous n'en fournissez pas assez, votre bébé n'hésitera pas à piocher dans vos propres réserves. Consommez trois laitages par jour : lait, yaourt, fromage blanc, fromage... Vous n'aimez pas les produits laitiers ? La vitamine D facilite l'absorption du calcium. Cette vitamine est essentiellement fabriquée par l'organisme sous l'action des rayons du soleil sur la peau.
Les besoins en fer sont augmentés chez la femme enceinte. Le fer est indispensable, surtout en fin de grossesse pour éviter tout risque de carence responsable d'anémie.
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