Interprétation Coranique du Verset sur le Porc

Le sujet de la consommation du porc n’est sans aucun doute source de controverse dans le monde musulman. Cependant, qu’en est-il du statut religieux ?

Traductions du Verset Coranique (2:173)

Plusieurs traductions du verset 2:173 du Coran mettent en lumière l'interdiction de consommer du porc :

  • Traduction classique (Oregon State University) : Certes, Il vous est interdit la chair d'une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre que Dieu.
  • Traduction Submission.org : Il ne vous interdit que la consommation d’animaux qui meurent d’eux-mêmes (sans interférence humaine), le sang, la viande de porc et les animaux dédiés à un autre que DIEU. Si quelqu’un est obligé (d’en manger), sans que ce soit criminel ou délibéré, il n’encourt aucun péché.
  • Traduction Droit Chemin : Il vous a seulement interdit la charogne, le sang, la chair du porc et ce qui a été dédié à un autre que Dieu. Mais si quelqu'un y est contraint, autrement que par désir ou transgression, alors nul péché ne lui sera imputé.
  • Traduction The Monotheist Group (Trad Google AN-->FR) : Il n'a rendu illégal pour vous que ce qui est déjà mort, et le sang, et la viande de porc, et ce qui était dédié à autre que Dieu. Mais quiconque est forcé de le faire, sans rechercher la désobéissance ou la transgression, alors il n'y a aucun péché sur lui.
  • Traduction mot à mot réarangée : Vraiment a été prohibé sur vous les animaux morts d'eux-mêmes, et le sang, et la viande du porc (l'infectées malodorantes ou avariées), et ce qui a été dédié avec cela à un autre que Allah (L'Idéal Absolu). Alors celui est contraint sans être volontaire et ni transgresseurs alors aucun méfait délibéré (péché) sur lui.

Interdiction du Porc dans le Christianisme et l'Islam

Nous retrouvons cette interdiction dans La Bible aussi, en particulier l’Ancien Testament. Il est explicitement énuméré la viande de porc comme une abomination à éviter par les fidèles.

…7 Mais vous ne mangerez pas de ceux qui ruminent seulement, ou qui ont la corne fendue et le pied fourchu seulement. Ainsi, vous ne mangerez pas le chameau, le lièvre et le daman, qui ruminent, mais qui n’ont pas la corne fendue : vous les regarderez comme impurs. 8 Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur. Vous ne mangerez pas de leur chair, et vous ne toucherez pas leurs corps morts.

Ceci dit, la majorité des branches du christianisme n’ont pas de restrictions alimentaires strictes comme celles que l’on trouve dans d’autres religions, telles que l’islam ou le judaïsme. De manière générale, et en vertu de leur foi, les chrétiens ne sont pas tenus de s’abstenir de manger du porc. Nous disons que les chrétiens n’ont pas le droit de manger de porc selon la Bible. Ceci pour les mêmes raisons évoquées dans l’Islam.

Risques pour la santé

Car il est important de rappeler les risques que le porc peut engendrer pour la santé de l’être humain et qu’il contient d’énorme méfaits.

Les Interdits Alimentaires en Islam

« Sont interdits pour vous les animaux qui meurent d'eux-mêmes, le sang, la viande de porc et les animaux dédiés à d'autres qu'Allah. Celles qui ont été étranglées, frappées avec un objet, tombées d'une hauteur, encornées, attaquées par un animal sauvage (…) ; ce qui a été immolé aux autels des idoles ; tout cela vous est défendu. Interdit aussi est le partage de la viande en consultant des flèches, car ceci est une impiété. »

Ainsi parle le Coran (sourate « Le festin » 5 ;3) : celui qui obéit à Allah ne doit manger ni bêtes mortes de maladie ou de vieillesse (en cela, rien d'étonnant), ni porc, ni encore moins de boudin puisqu'il ne faut pas manger de sang. Exit, donc, le canard au sang et autres recettes savoureuses.

Les interdits alimentaires en islam - en fait proches mais moins rigoureux de ceux du judaïsme - sont considérés comme suffisamment importants pour être traités par plusieurs sourates coraniques.

Un musulman mange « hallal » ou il n'est pas, assurent aujourd'hui les plus rigoristes, qui menacent même de l'enfer le pauvre affamé qui n'a pu résister à un morceau de jambon. Or, dans ce domaine (comme dans d'autres), rien n'est simple.

Quatre Catégories d'Aliments

Les juristes musulmans ont ainsi classé les aliments en quatre catégories : halal (licite), haram (interdit), mubah (permis), makruh (licite mais répugnant). La règle est que tout est licite, sauf ce qui est expressément interdit, sachant que les diverses écoles de droit islamique peuvent se montrer plus ou moins souples.

Les animaux doivent être tués en prononçant le nom d'Allah.

Le Statut du Vin

Comme l'a écrit joliment l'écrivain Kamel Daoud dans Le Point, « la poésie bacchanale a toujours été, chez nous les "Arabes", immense et plus fournie que les vins. Il y a plus de poèmes délicats sur le vin que de sortes de vins ». On a chanté le vin, sans toujours le boire.

Et quand on osait le faire, rappelle-t-il, « il fallait ruser : escamoter, par jeu de métaphores, la coupe et l'extase. Parler d'une cuite comme si on parlait d'une rencontre avec le divin. Dégrader l'ivresse sous la robe d'un cantique. C'était un moyen de faire lire et entendre le poème des vins sans se faire couper la tête ou la parole ».

Parce qu'il mène à l'ivresse, l'islam a condamné le vin. Mais le Coran tient des positions différentes selon les sourates. Ainsi, la sourate « Les femmes » (4 ;43) semble accepter le fait que le musulman boive de l'alcool : « Ô croyant, ne prie pas en état d'ivresse », ordonne-t-elle. Comme pour être ivre, il faut avoir bu, on peut donc en déduire que l'on a le droit de boire.

La sourate « La vache » (2;219) met dans le même panier le vin et les jeux de hasard, mais elle semble les considérer plus comme makruh que mubah." Dans les deux, il y a un grand péché et quelques avantages pour les gens ; mais dans les deux, le péché est plus grand que l'utilité. Bref, boire est un péché, mais ce n'est pas interdit.

La sourate « Le festin » (5, 90) est plus catégorique : « Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées (NDLR : les idoles), les flèches de divination ne sont qu'une abomination, oeuvre du diable. Écartez-vous-en afin que vous réussissiez. »

« Pour les exégètes et les juristes, le verset le plus récent supprime le plus ancien, règle classique d'interprétation coranique », rappelle le spécialiste du droit musulman Mohammed Hocine Benkheira dans Penser en islam, hier et aujourd'hui (Point Références, novembre-décembre 2015). Et, dans ce cas, il semble que ce soit la sourate 5 qui s'impose. Adieu, donc, effluves divines ?

Le vin n'a jamais quitté les terres d'islam, même si l'interdit rend sa consommation plus difficile, souvent triste, solitaire et entachée de culpabilité.

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