L'Histoire de Monin et l'Innovation Écologique à Tours

Georges Monin (1893-1944) débute en 1912 dans le commerce de vins et spiritueux place des Marronniers à Bourges. Il diversifie peu à peu son activité en ajoutant à son commerce, la fabrication de liqueur et de sirops. L'entreprise est alors prospère et possède deux succursales à Nevers et à Tours. Après la guerre, les liqueurs et les sirops sont diffusés dans toute la France. La branche vin est supprimée dans la décennie 1960, en même temps que l'entreprise s'ouvre à l'exportation.

Une méthode révolutionnaire est en développement dans l'usine Monin près de Bourges. C'est une première en France. "Le zéro rejet en industrie agroalimentaire" c'est le grand défi qui anime actuellement l'une des usines Monin installée à Bourges. Intitulé ZEUS, le projet s'inscrit dans le programme Life de la Commission Européenne associée à l'entreprise française.

Récupérer des effluents industriels pour obtenir une eau apte au contact alimentaire, tel est l’objectif du projet Life Zeus (Zero Liquid discharge water reUse), dont l’inauguration du démonstrateur industriel aura lieu mardi 8 octobre. Le bâtiment se situe sur le site de l’usine Monin de Bourges (Cher), qui a produit 55 millions de litres de sirop et de boissons à base de fruits en 2023.

L'Engagement de Monin envers la Réduction de la Consommation d'Eau

Pour Monin, l’idée d’une réutilisation de l’eau de process remonte à 2014, lorsque le déménagement de l’usine historique du centre-ville vers la périphérie de Bourges a été initié, pour une inauguration trois ans plus tard. «Nous utilisons beaucoup d’eau dans notre process de lavage, principalement pour rincer nos installations entre nos différentes productions. La tension sur l’eau est grandissante depuis plusieurs années. Le fabricant de sirops avait déjà engagé une réduction de sa consommation d’eau. En 2017, Monin revendiquait 2,9 litres d’eau consommés par litre de sirop fabriqué, comprenant à la fois l’eau incluse dans le produit et l’eau utilisée pour le lavage, et 1,8 litre en 2023.

38 000 mètres cubes d'eau. C'est la quantité qui était jusqu'alors rejetée chaque année par la seule usine de Bourges. L'objectif est de tout réutiliser pour que plus aucun effluent ne soit rejeté en station d'épuration. À terme, les usines Monin au nombre de 8 dans le monde (France, États-Unis, Brésil, Inde, Malaisie) seront équipées de ce système.

Le Processus de Filtration et de Réutilisation de l'Eau

Dans le Cher, une unité de réutilisation d'eau basée sur le principe de filtration a été installée. "Ça concerne principalement les eaux de lavages qu’on utilisait entre chaque fabrication de sirop" nous explique Ludovic Lanouguere, Chef de projet ZEUS Monin. La première étape, appelée "Micro filtration". Permet de retenir tous les résidus tels que des matières solides en suspension, qui provoquent le trouble de l'eau.

La deuxième étape, dite de la "Nano filtration" vise elle les particules infiniment plus petites. Elle se combine au processus "d'osmose inverse". Une technique qui consiste à faire passer l'eau dans une membrane. Pour autant, ces eaux devenues propres, ne seront pas destinées à la mise en bouteille et à la consommation.

Collaboration et Objectifs du Projet Life Zeus

Côté technique, le projet Life Zeus est porté par l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse (Haute-Garonne) et le fabricant d’équipements pour le traitement de l’eau Chemdoc Water Technologies, basé dans l’Hérault. Objectif : s’appuyer sur une technologie existante, la filtration membranaire, pour valoriser les trois flux que sont l’eau de process, les sels minéraux (pour recycler 65% du sodium jetés à l’égout suite au traitement des régénérations d’adoucisseurs), et un flux de charges organiques, qui sera valorisé en méthanisation avec un débouché déjà identifié.

«Nous terminons la phase 1 de traitement des effluents et de production d’eau. Nous produisons une eau osmosée, issue de la filtration des effluents. Avec une eau apte au contact alimentaire, nous allons devoir maîtriser 100% des risques, on devient traiteur d’eau. Il y a donc des enjeux d’hygiène, mais aussi des enjeux économiques, pour limiter les éventuels coûts supplémentaires. Les installations prennent place dans un bâtiment de plus de 350000 m². Afin de réaliser des contrôles qualité, l’eau ne sera pas versée dans le process avant le deuxième trimestre 2025. L’usine sera toujours branchée sur l’eau de la ville pour les recettes de ses produits, et pour compenser certains besoins.

Tableau Récapitulatif des Étapes Clés

Étape Description Objectif
Micro filtration Première étape du processus de filtration Retenir les résidus et matières solides en suspension
Nano filtration Deuxième étape du processus de filtration Cibler les particules infiniment petites
Osmose inverse Technique de filtration membranaire Purifier l'eau
Valorisation des flux Récupération des sels minéraux et des charges organiques Recycler le sodium et valoriser les charges organiques en méthanisation

TAG: #Sirop

En savoir plus sur le sujet: