Le nourrissement est un vaste sujet. À quel moment estime-t-on en voir vraiment besoin? Quel sirop choisir? Comment faire son propre sirop? Pourquoi ne pas nourrir avec du miel? Cette liste n'est pas exhaustive.
On peut partir de cette évidence : le sirop n'est pas l'aliment naturel de l'abeille. Malgré tous les efforts possibles pour s'en approcher, le miel est un produit complexe qui ne peut pas être reproduit par l'homme. Malheureusement, si au moyen-âge on trouvait un peu partout des abeilles domestiques dans la nature qui s'en sortaient très bien sans apport de sirop, la situation actuelle est bien différente.
L'environnement a radicalement changé, le tout s'accélérant depuis les années 1970, et les ressources, en quantité et en qualité se sont énormément réduites (moins de haies, baisse de biodiversité, parcelles en monocluture, présence de phytosanitaires...etc...). Il vous faudra donc parfois nourrir vos colonies, ou à défaut les laisser mourir de faim. L'abeille, c'est compliqué. Et l'environnement, c'est compliqué également. Et comme l'abeille dépend de son environnement, le travail de l'apiculteur est deux fois plus compliqué !
Les ressources disponibles sont évidemment une des clés pour ne pas avoir à compléter la nourriture de vos colonies. Soyez attentif à l'environnement autour de votre rucher. Listez rapidement ce qui va pouvoir les nourrir dans un rayon d'un kilomètre autour, et jusqu'à trois kilomètres si besoin. N'hésitez pas à utiliser des outils comme BEEGiS (développé par l'ITSAP) ou le Géoportail pour vous faire une idée de ce qui sera disponible.
Il est évident qu'une colonie malade ne sera pas assez productive pour subvenir à ses besoins. Soignez-là au plus vite, ou éliminez-là si besoin. Vous devez être très attentif à l'état du couvain, et au dynamisme de la colonie. Il vous faut une bonne reine.
L'apport de sirop en cours de saison peut être proscrit, sauf mauvais temps exceptionnel, creux de miellée ou création d'essaims. Si votre colonie n'engrange pas assez de miel pour tenir l'hiver, elle devra être éliminée, cette souche n'est pas à garder. La sélection est un moyen très puissant pour limiter le nourrissement, si vous avez des colonies qui engrangent du miel en grande quantité pour l'hiver, et qui ont un bon cycle de ponte, elle sauront gérer leurs ressources.
La colonie n'aura pas le temps de récolter assez de miel pour l'hiver si vous récoltez trop tardivement. Ce paramètre peu varier selon l'environnement direct du rucher, il vous faudra étudier la question. En sédentaire, dans le sud de la manche, pour exemple, la récolte se fera fin juillet, début août.
Vous pouvez acheter votre sirop, ou le bricoler vous même. Favorisez les sucres simples, issues de la betterave ou de la canne à sucre, assimilables plus facilement pour l'abeille. Faire soi-même son sirop est plus économique en deça d'une certaine quantité, mais plus coûteux en temps de travail. Il vous faudra tout simplement du sucre et de l'eau. Pour un nourrissement d'automne (compléter le miel pour l'hivernage de la colonie), 2 kg de sucre pour un litre d'eau. L'eau chaude du robinet est suffisante en température, ajouter le sucre petit à petit en remuant en permanence... Le sirop est prêt.
J'utilise pour le moment très peu d'additifs (uniquement vinaigre et thym), mais d'autres apiculteurs en sont friands.
- Le vinaigre de cidre : Ne sert pas à invertir le sucre comme on le lit parfois, mais peut être efficace pour acidifier le sirop et retarder sa fermentation.
- Le thym :Il semble être efficace pour faciliter l'assimilation du sirop par l'abeille.
- Argent colloïdal :Permet de lutter contre les virus, les bactéries, les champignons.
- La propolis :Des apiculteurs argentins disent avoir traité le Varroa et la loque américaine de cette manière.
Le sirop est également une manière d'administrer de l'homéopathie aux abeilles. Mais l'homéopathie étant composée de sucre, on peut considérer que le sirop en contient déjà beaucoup...
Nourrir au miel reste évidemment l'idéal. Mais c'est très difficile à mettre en place. Il m'est arrivé de garder quelques cadres de hausse après la récolte, les mettre de côté pour le nourrissement. Mais la récolte se faisant fin juillet, et le nourrissement fin septembre, voir octobre, il est très difficile de prévoir le nombre de cadres à mettre de côté (j'ai noté un très bon hivernage cette année-là cela dit).Plus on augmente le nombre de ruches, plus l'exercice est compliqué, c'est quasiment impossible pour un professionnel.
Selon la littérature, pour survivre à l’hiver, une colonie dans sa ruche Dadant 10 cadres à besoin de 4 à 5 pleins cadres de miel, soit environ 12 à 18 kilos (10 kilos pour une ruchette). Si vous ajoutez le poids de la ruche, des abeilles et de la cire, vous obtenez entre 30 et 35 kg. En réalité, j'ai constaté que des colonies hivernaient facilement avec un poids total de 25 kg, parfois moins. Vous n'avez peut-être pas le matériel pour peser. Si vous avez un doute, mieux vaut un peu plus qu'un peu moins.
Une ruche nourrie en automne ne doit pas être touchée jusqu'au printemps! Si vous avez bien nourrit.
L’eau est rarement considérée comme un aliment. Il n’en est pas de même des deux autres : il suffit de voir l’armada de butineuses rentrant à la ruche chargées de pelotes de pollen au printemps ou l’activité fébrile, et le remplissage des hausses, lors de la miellée pour en prendre conscience si besoin était. Cet aspect du nourrissement ne fera pas l’objet de cet article qui ne se consacrera donc qu’au nourrissement glucidique (apport de « sucre »), le plus vital d’ailleurs car, si les provisions en glucides viennent à manquer, la colonie meurt dans les heures qui suivent.
Car, en effet, à vouloir trop bien faire, le remède risque d’être pire que le mal. Par exemple trop nourrir une ruche à l’automne ou, la nourrir alors que cela n’est pas nécessaire, contraindra au printemps à retirer des cadres de provisions (d’où problèmes de conservation de ces cadres, fausse teigne etc.
Si on admet, et il faut le faire !, que la saison apicole commence avec la mise en hivernage le premier nourrissement pourra donc avoir lieu en fin d’été, dès la mi-août. Le nourrissement sera de type stimulant : sirop léger (1/1 c’est à dire 1 kg de sucre cristallisé pour 1 l d’eau) à donner en faible quantité et en plusieurs fois. En général 0,5 l à 3 reprises, espacées de 3 à 4 jours.
Ou nourrissement de soutien intervient plus tard en saison, (ou tôt en début d’année si on considère l’année civile). Son objectif est d’apporter un complément en cas de réserves insuffisantes, souvent en février, mars (mauvaise estimation des réserves à la mise en hivernage, surconsommation, hiver long, conditions météorologiques défavorables au printemps…). Cet apport se fait sous forme d’un pain de candi. La consommation du candi est par ailleurs un bon indicateur de l’état général de la colonie. Il est à utiliser avec circonspection et demande une bonne expérience, non pas dans sa mise en œuvre - qui est très simple - mais dans son opportunité.
L’objectif est de stimuler l’élevage pour obtenir une population importante à un moment précis, miellée en l’occurrence. Ces apports doivent simuler des apports de nectar. Un nourrissement stimulant n’aura sa pleine efficacité que si la reine est capable d’accroître sa ponte (donc reine jeune et de qualité) et si les nourrices sont capables de nourrir les larves (donc produisent beaucoup de gelée royale, ce qui implique qu’elles aient du pollen - de qualité si possible !
Ce nourrissement de secours se fera par apport d’un sirop de concentration légèrement plus élevée (3/2) et en faible quantité (1 kg à renouveler si nécessaire). Le miel est fréquemment déplacé par les abeilles d’un endroit à l’autre dans la ruche. Il s’agit du sucre de canne ou de betterave qu’on trouve dans le commerce, vendu sous forme cristallisée. Le chauffage facilite l’opération et est même parfois indispensable (obtention de sirops très concentrés). Soit l’exemple d’un sirop 3/2 : on utilise 3 kg de sucre et 2 l d’eau. Au-delà du rapport 2/1 le sirop recristallise partiellement lors du refroidissement. C’est tout particulièrement le cas des sirops dits H.F.C.S. (High Fructose Corn Sirup) ; ce sont des sirops dérivés de l’amidon du maïs, riches en fructose, (par exemple Butiforce, Apirève).
Même si les colonies d’abeilles sont aptes à réguler leurs besoins en nourriture et font preuve par là de facultés d’adaptations étonnantes, ce que d’aucuns appellent « l’esprit de la ruche », il n’empêche que tout apiculteur qui veut pratiquer une apiculture rationnelle et moderne ne peut faire l’impasse du nourrissement.
La préparation du sirop de stimulation, également connu sous le nom de sirop 50-50, est une compétence essentielle pour tout apiculteur soucieux de la santé de ses abeilles. Ce liquide sucré imite le nectar que nos précieuses butineuses récoltent dans la nature. La spécificité du sirop 50-50 réside dans son utilisation stratégique en début d’année, notamment au printemps. Contrairement au sirop lourd, plus concentré en sucre, le sirop 50-50 est spécialement formulé pour stimuler la ponte des abeilles. Cette stimulation précoce favorise le développement rapide de la colonie au moment où les réserves hivernales sont épuisées.
Recette de base du sirop de stimulation 50-50
La recette de base est relativement simple mais demande une précision importante : pour chaque portion de sucre, ajoutez une portion d’eau et une cuillère à soupe de vinaigre de cidre par kilogramme d’eau. Dans un récipient propre, mélangez l’eau et le sucre. Il est essentiel de remuer vigoureusement pour dissoudre complètement le sucre dans l’eau. Si besoin est, vous pouvez chauffer légèrement le mélange à feu doux pour accélérer la dissolution complète du sucre. Assurez-vous toutefois que le sucre se dissolve entièrement.À la fin de la dissolution du sucre, ajoutez la cuillère à soupe de vinaigre de cidre. Cette étape est cruciale pour acidifier le mélange, ce qui le rend plus assimilable par les abeilles, tout en contribuant à sa conservation.Une fois que le sirop a refroidi à température ambiante, transférez-le dans un bidon ou une bouteille en plastique propre et bien fermée pour le stockage.
Concentrations de sirop de sucre pour abeilles
Il existe plusieurs concentrations de sirop sucre pour abeilles.
Sirop 50-50
- 50% d’eau, 50% de sucre.
- Cette concentration est ni un sirop léger ni un sirop lourd.
- C’est une concentration passe partout qui est plus élevée que le nectar.
- On l’obtient tout simplement en mélangeant 1kg de sucre en poudre et 1 litre d’eau.
Je l’utilise pour que les ruchettes avec des essaims artificiels. Quand la ponte est bien démarrée, il me sert à booster mes essaims artificiels. Comme je partitionne mes ruchettes, il faut bien veiller à avoir toujours des cadres non construits. Le but est de faciliter le travail des abeilles, et aussi de les stimuler par la même occasion.
Cette concentration de sirop de sucre pour abeilles peut s’utiliser en cas de disette. Il faut mettre un litre et ajuster suivant la météo capricieuse du printemps. Je l’utilise aussi en stimulation en fin d’hivers. Cette stimulation est spéculative: elle doit avoir lieu 40 jours avant la miellée. C’est pour cette raison que je me suis fait un historique de la période de floraison de plantes mellifères de ma région. En principe, cette stimulation, je ne l’effectue que sur les colonies que je souhaite diviser et créer des essaims artificiels avec.
Sirop lourd
- C’est un sirop lourd et c’est la plus forte concentration que vous pourrez obtenir en liquide, c’est-à-dire, le sucre est totalement dissous.
- Il suffit de mélanger 3kg de sucre avec 2 litres d’eau.
Je l’utilise pour faire les réserves de mes abeilles à la fin de l’été et en essayant de ne pas dépasser la date du 15 septembre.
Sirop 1-2
- 33% de sucre 67% d’eau.
- Pour obtenir cette concentration, on mélange 1kg de sucre avec 2 litres d’eau.
- C’est un sirop léger utilisé essentiellement pour stimuler la ponte de la reine.
Soit avec une ruche mère que l’on a divisé, soit en fin de saison, afin d’aider les ruches faibles à passer l’hiver: le but est d’augmenter les réserves de miel, ainsi que le nombre d’abeilles d’hiver. Afin de limiter les manipulations, je ne l’utilise plus.
Processus de préparation
Voici le processus que j’utilise, assez facile à mettre en oeuvre. Je verse 1 kg de sucre à l’aide d’un entonnoir fait maison (bouteille coupée). Je verse un litre d’eau. Au début, j’utilisais de l’eau tiède, cela facilite la dissolution du sucre, mais, maintenant, en secouant davantage, j’obtiens le même résultat avec de l’eau froide. Avant de le verser dans le nourrisseur, il faut juste vérifier que le sucre est bien dissous.
Au début, j’utilisais un verre doseur maison (une trace au marqueur a été réalisée sur une bouteille d’eau de 1,5L à l’aide d’une véritable verre doseur ou d’une balance). Du coup, je remplis directement la bouteille de 3 litres avec le robinet d’eau. Ensuite, je secoue jusqu’à dissolution complète. J’attends un peu (quelques minutes), le sucre se dépose au fond, puis je secoue de nouveau. La dissolution est presque parfaite.
Pour réaliser un litre de sirop 50-50, il suffit de mélanger 600g de sucre en poudre avec 600mL ou 600g d’eau. Vous obtenez 1 litre de sirop, et vous avez plus qu’à ajouter 40g d’acide oxalique dihydraté. Pour la concentration 33-67 ou 1-2, il suffit de rajouter un litre d’eau dans le mélange précédent, après que le sucre soit bien dissous. Sinon, vous aurez du mal à secouer et à dissoudre le sucre. Maintenant, je n’utilise plus cette concentration.
Pour cette concentration, vous devez verser 3kg de sucre puis 2 litres d’eau. Le plus simple que j’ai trouvé est un bidon de 5L vendu en général avec de l’eau déminéralisée ou de l’alcool de vinaigre. Le protocole est le même qu’avec la concentration 50-50 et la bouteille d’eau de 3L. Vous commencez par verser les 3kg de sucre en poudre, puis 1 litre d’eau. Ensuite, vous secouez longtemps puis vous versez le reste. L’inconvénient est que votre bidon est bien rempli et c’est difficile à secouer. A une telle concentration, le sucre peut se déposer au fond au bout de quelques heures. C’est pour cela que cela reste la plus forte concentration que vous pouvez obtenir.
Comme j’utilise cette concentration uniquement en fin de saison, et bien avant de retirer le nourrisseur de la ruche, je verse dedans un peu d’eau chaude. Et voilà, plus qu’à donner aux abeilles. Le soir, c’est plus simple, et elles sont endormies. Dans ce cas, j’y vais sans protection.
Avantages et inconvénients de la fabrication maison
Le principal intérêt de fabrique son sirop de sucre pour nourrir ses abeilles est tout simplement le prix. Le temps de préparation est le plus gros inconvénient ainsi que la DLC. En effet, le sirop de sucre fabriqué artisanalement par l’apiculteur ne se conserve pas. Un autre avantage d’acheter son sirop de sucre est la qualité.
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