Sirop de Grenouille : Composition et Bienfaits des Apéritifs au Quinquina

Le quinquina, quina ou kina fut un médicament avant de devenir un apéritif. Négligé, voire oublié depuis quelques décennies, il revient discrètement, en ajustant son faux col.

Qu'est-ce que le Quinquina ?

Au sens premier, le quinquina est une écorce importée du Pérou depuis le 17ème siècle afin de soigner le paludisme et d’autres formes de fièvre. Ainsi, le «vin au quinquina» fut d’abord un breuvage médicinal, tonique et apéritif obtenu par macération de cette écorce et d’autres plantes dans du vin fortifié.

De l’officine des apothicaires, il gagna vite le zinc des cafés, tandis que les médecins continuaient de le prescrire sur ordonnance aux estomacs fatigués. Les 19ème et 20ème siècles furent la grande époque du quinquina, immortalisé par la publicité. Malgré sa dégaine de boisson de grand-père, il n’a pas dit son dernier mot.

Quelques Marques Emblématiques

Voici quelques exemples de marques de quinquina qui ont marqué l'histoire :

  • Byrrh : Tonique et hygiénique, à base de vins généreux, ce grand seigneur des quinquinas fut créé en 1866 par les frères Violet, merciers et marchands de vin. Rouge sombre, doté de notes torréfiées et épicées (cacao, café, orange, figue sèche, pain grillé), Byrrh existe en versions classique, Tradition, Grand Quinquina et Rare Assemblage (vendu en épicerie fine).
  • Kina Karo : Non contente d’être un kina blanc créé dans l’Aude en 1928, cette très jolie bouteille est aussi du patrimoine. Ressuscitée par Aurélien Carrelas, la recette inclut treize plantes aromatiques dont la cannelle et l’orange amère d’Haïti. Aussi apéritif que digestif, le Kina Karo est à la fois sec et frais, aromatique et épicé.
  • Dubonnet : «Garçon, un chat couché !» C’est ainsi qu’on commande un Dubonnet. Créé par Joseph Dubonnet en 1846 pour lutter contre le paludisme, il fut d’abord un médicament, très prisé des soldats de la Légion étrangère. Recette : vins du Roussillon, écorces d’orange, quinquina, café vert, et quoi d’autre ? C’est un secret. Existe en rouge et en blanc.
  • Saint Raphaël : L’apéritif au nom d’archange, créé par le Dr Adémar Juppet (ça ne s’invente pas), se porte plutôt bien depuis 1830. Très populaire dans les années 50, il offre un bel accord de douceur et d’amertume. Existe en rouge ou ambré, version classique ou quina (proche des recettes originelles).
  • Bonal : Le fameux apéritif savoyard créé en 1865 et commercialisé par la maison Dolin sert aussi de liqueur digestive et d’amer pour cocktails. Il doit son existence à un ancien moine chartreux, Hippolyte Bonal, qui associa, entre autres ingrédients, racines de quinquina, gentiane et orange. D’un beau rouge ambré, il possède une saveur tourbée, balsamique et complexe.
  • Cap Corse Mattei : Le quinquina de l’île de Beauté, créé en 1872, est l’œuvre de Louis-Napoléon Mattei. Finement aromatique, bourré de charme méditerranéen, il se compose de mistelles de cépages muscat et vermentino et d’une quinzaine de plantes aromatiques. Existe en rouge et en blanc, classique et grande réserve.
  • Duhomard : À Thouars (Poitou), l’équipe de bons vivants qui préside aux destinées de Duhomard brandit fièrement son crustacé, icône de la marque depuis 1926, et ne se prend nullement au sérieux. Qu’il soit rouge (belle amertume de gentiane), blanc (agrumes et cacao) ou même cerise (fruité, robe corail brillant), on en pince pour Duhomard.
  • Lillet : Abondamment vanté par les réclames luxuriantes des Années folles (il s’appelait alors «Kina Lillet»), le plus vineux, le moins médicinal des quinquinas est fabriqué à Podensac (Gironde) depuis sa création en 1872. Rouge, rond et velouté, rosé tendre aux notes d’orange ou blanc résineux et solaire, il séduit par sa finesse et son fruité.
  • Le Stim' : Nous terminons par un quinquina suisse, créé à Morges (canton de Vaud) en 1860. Rebaptisé Le Stim’, il exprime une noble amertume, des notes d’agrumes, de fruits et de cacao.

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