La constipation se définit comme une difficulté ou un retard d’évacuation de selles. On parle de constipation lorsqu’une personne défèque moins de trois fois par semaine. Ses selles sont souvent dures et difficiles à évacuer. Ces dernières sont moins fréquentes que d’ordinaire et elles sont moins abondantes et plus dures. À partir du moment où une personne va moins de 3 fois par semaine aux toilettes, on dit qu’elle est constipée.
Dans le cadre de ce trouble, la fréquence ne suffit pas à déterminer un état de constipation. Il faut également tenir compte des autres symptômes. La constipation peut, en outre, se traduire par la difficulté éprouvée par un individu au cours de l’évacuation des selles. Lorsque ces dernières sont expulsées, elles sont généralement de consistance assez solide et en petites quantités. Ce symptôme est déjà assez significatif. Il peut aussi s’associer à un ballonnement ou à des douleurs abdominales. Dans la plupart des cas, ce trouble est passager.
Causes de la constipation
- Une hydratation insuffisante : pour combler le manque d’eau, l’organisme absorbe celle des selles.
- Certains médicaments peuvent provoquer une constipation occasionnelle, dont certains d’usage assez courant.
- Certaines maladies neurologiques peuvent aussi altérer le fait d’aller à la selle normalement. Généralement, elles perturbent le fonctionnement normal des muscles intestinaux, du côlon et du rectum, la personne ne ressent plus le besoin d’aller aux toilettes. On parle là de constipation chronique.
Traitements et solutions
Pour le relancer, différents médicaments laxatifs sont utiles. Comment les choisir ? Combien de temps les prendre ?
Mesures hygiéno-diététiques
Il est important de rappeler certains réflexes et mesures de prévention pour éviter la constipation. La première démarche à faire consiste à adopter au quotidien une alimentation riche en fibres, afin d’améliorer le transit et l’évacuation des selles. Fruits, légumes et céréales complètes sont les meilleures sources de fibres et permettent de prévenir la constipation naturellement. Dans l’idéal, il est conseillé de consommer entre 15 et 40 grammes de fibres par jour. Ensuite, il faut veiller à boire suffisamment au cours de la journée, au minimum 1,5 litre d’eau, pour améliorer la consistance des selles. Chaque jour, pratiquez une activité physique modérée (marche, jardinage, jeux avec les enfants) afin de stimuler le système digestif, en particulier le côlon. Les tisanes et infusions à base de plantes comme la rhubarbe, la mauve, le desmodium, la sauge ou l’artichaut permettent également de prévenir les troubles digestifs, notamment la constipation. Prendre des probiotiques peut aussi vous aider à prévenir ce désagrément en renforçant votre flore intestinale. Privilégiez une cure de 1 à 3 mois, et consultez votre médecin si vos problèmes de constipation persistent. Enfin, il est important d’avoir de bonnes habitudes aux toilettes, en y allant à des horaires réguliers et dès que le besoin s’en fait sentir.
Il est possible de modifier son alimentation et ainsi se servir des bienfaits de certains aliments qui sont des laxatifs naturels. Si augmenter son apport en fibres alimentaires permet le plus souvent de débloquer la situation au bout de plusieurs jours, on peut avoir besoin d’un laxatif pour agir plus rapidement.
Aliments riches en fibres
- Les légumineuses et fruits secs : haricots blancs, flageolets, lentilles, amandes avec peau, dattes, figues (8 à 14 g de fibres/100 g).
- Les produits céréaliers : pain complet et flocons d’avoine (7 à 10 g/100 g).
- Les fruits et légumes : artichauts, petits pois, pruneaux notamment, épinards et haricots verts… (3 à 8 g/100 g).
Une consommation de 25 à 30 g par jour, à introduire progressivement, a une action prouvée sur la constipation. « On peut aussi boire une eau riche en magnésium qui améliore également le transit », explique le Dr Scanzi. Par exemple : Rozana, Hépar, Badoit… (D’après la table Ciqual de l’Anses).
Types de laxatifs
Pour lutter contre la constipation, les thérapeutes préconisent des laxatifs. En cas d’échec des mesures hygiénodiététiques, le médecin peut prescrire un traitement médicamenteux par laxatifs. Les laxatifs ont pour objectif de faciliter le transit et l’émission des selles. Ils se différencient par leur mode d'action.
Autant utiliser des laxatifs « doux » dont le mode d’action n’induit pas (ou très peu) d’effets indésirables. Les laxatifs doux sont toujours à essayer en premier, d’autres peuvent aussi être nécessaires.
Laxatifs de lest
Les laxatifs de lest (Psyllia, Spagulax) contiennent des extraits de végétaux riches en mucilages, des substances qui vont ramollir les selles et augmenter leur volume, ce qui facilite leur évacuation. Ce sont tout simplement les fibres que l’on trouve dans les plantes et qu’on appelle aussi des laxatifs « de lest ». Elles sont insolubles, en grande quantité dans le son de blé, ou solubles comme les pectines de fruits, la gomme de guar ou les graines de psyllium (appelé aussi ispaghul). Seul ce dernier est un médicament.
« Les études montrent qu’il est plus efficace et mieux toléré que les autres fibres, insolubles ou solubles, qui entraînent davantage de douleurs ou de ballonnements », explique la Dre Émilie Malezieux, gastro-entérologue au CHU de Montpellier.
Les laxatifs de lest modifient la consistance des selles en augmentant leur teneur en fibres et autres constituants non digestibles qui retiennent l’eau dans les selles. Ils produisent des selles plus volumineuses et plus molles. Les fibres alimentaires sont les constituants cellulosiques et ligneux des aliments. Les mucilages sont des substances d'origine biologique principalement extraites de graines (psyllium, ispaghul).
Le psyllium doit être pris en même temps qu’un ou deux grands verres d’eau car il doit gonfler pour être efficace. Le psyllium a un délai d’action un peu plus long, de 2 à 3 jours. « Il fonctionne bien chez les personnes qui ont un transit irrégulier, alternant des selles dures et parfois liquides », note la Dre Malezieux. C’est un régulateur de transit intéressant par son mode d’action naturel et doux.
Laxatifs osmotiques
Ceux qui hydratent les selles. Le pharmacien vous parlera de laxatifs « osmotiques », qui retiennent l’eau dans l’intestin et rendent les selles plus molles. Les laxatifs osmotiques (Duphalac, Importal, Forlax, Magnesie San Pellegrino, Microlax, Chlorumagene, Transipeg) agissent en attirant l’eau dans l’intestin. Les selles vont être hydratées par l'eau ainsi déplacée et devenir plus molles et gagner en masse. Ils contiennent généralement du macrogol, du sorbitol, du lactilol, du lactulose ou de l’hydroxyde de magnésium.
Les plus utilisés sont les macrogols, de grosses molécules de synthèse, plus efficaces et mieux tolérés que les sucres (Lactulose, Duphalac…). Les macrogols agissent le plus vite, en 1 à 2 jours. « Je les préconise en première intention », indique le Dr Julien Scanzi. Les macrogols sont recommandés en raison de leur bonne tolérance.
Les laxatifs osmotiques ramollissent les selles par un appel d’eau dans l’intestin. Les selles sont évacuées plus facilement. Elles sont abondantes et molles. Le lactulose (DUPHALAC et génériques), le sorbitol (SORBITOL RICHARD et SORBITOL DELALANDE) et le lactitol (IMPORTAL) sont des substances qui ne sont ni digérées, ni absorbées par l'intestin. L'effet laxatif est dépendant de la dose ingérée. Le macrogol ou polyéthylène glycol (FORLAX, TRANSIPEG) entraîne aussi un appel d'eau dans l'intestin et n’est pas absorbé.
Laxatifs lubrifiants
Les laxatifs lubrifiants (Lansoÿl, Transulose et Melaxose) sont des substances huileuses qui vont entourer les selles, leur permettant de retenir l’eau, et lubrifier les muqueuses de l’intestin. Parmi les substances utilisées, on trouve l’huile de paraffine. Elle est parfois retrouvée dans d’autres types de laxatifs. Leur délai d’action est le même que celui des irritants : 6 à 10 heures. L’huile de paraffine peut entraîner des fuites anales qu’elle teinte en orange ainsi qu’une malabsorption des vitamines liposolubles. De plus, il ne faut pas se coucher après l’ingestion de ce type de laxatifs ; il y a risque de passage dans les poumons, ce qui pourrait conduire à des pneumopathies d’inhalation.
Sous forme d’huile ou de gelée, elle lubrifie les selles et facilite leur progression, ce qui la rend intéressante en cas de selles dures et douloureuses à évacuer « ou après une chirurgie anale », indique le Dr Thierry Higuero, gastro-entérologue et proctologue. Elle agit plutôt vite, en une journée généralement, mais a l’inconvénient d’induire un suintement anal ce qui peut rendre son usage désagréable. La paraffine est aussi une option durant quelques jours, ou, ponctuellement, un suppositoire à la glycérine.
Les laxatifs lubrifiants agissent en facilitant l’émission des selles à l’aide de corps « gras » (paraffine liquide). Leur utilisation prolongée peut réduire l'absorption de certaines vitamines (A, D, E, K).
Laxatifs irritants
Lorsque les douleurs abdominales et l’inconfort augmentent intensément, on peut s’aider d’un laxatif stimulant ou par voie rectale. Les laxatifs irritants (Dulcolax, Contalax, Modane, Boldoflorine) stimulent la muqueuse de l’intestin, ce qui augmente la motricité intestinale et aide à lutter contre la constipation. Ils intègrent du bisacodyl ou des plantes : bourdaine, cascara et séné. Il leur faut 6 à 10 heures pour agir. Ils peuvent être à l’origine d’une coloration des urines et de la paroi de l’intestin, en raison des dérivés anthracéniques qu’ils contiennent. Ils peuvent également entraîner des pertes de potassium.
« Leur action est puissante, parfois en quelques heures, mais occasionne souvent des crampes et des douleurs abdominales », prévient la Dre Malezieux. Les laxatifs stimulants augmentent la motricité de l’intestin.
Laxatifs par voie rectale
Les suppositoires à la glycérine ou libérant du gaz carbonique (Eductyl) agissent en 5 à 30 minutes. « Ils s’adressent aussi aux personnes qui ont un sentiment d’évacuation incomplète malgré la prise de laxatifs doux », précise le Dr Higuero. Ils peuvent toutefois être irritants localement. Le mode d’emploi : une seule utilisation voire deux suffit le plus souvent à débloquer le transit.
Les laxatifs administrés par voie rectale (aussi appelés laxatifs de contact) se présentent sous forme de suppositoire ou de microlavements. Ils provoquent l'expulsion des selles par stimulant la muqueuse rectale.
Durée d'utilisation des laxatifs
On les prend 7 à 10 jours au moins le temps que tout rentre dans l’ordre. Les laxatifs produisent des selles plus volumineuses et plus molles. Ces médicaments anti constipation ne doivent pas être utilisés plus d’une semaine d’affilée, sauf constipation chronique.
Quand consulter ?
On appelle son médecin si la constipation récidive malgré l’utilisation d’un laxatif doux, en présence de sang ou de glaires dans les selles ou de modification brutale et persistante de son transit.
Risque de dépendance
Oui, si l’on a un transit qui coince régulièrement ou si l’on souffre de crises hémorroïdaires car les efforts fréquents de poussée favorisent ces dernières. C’est également nécessaire au cours de certaines maladies chroniques (diabète, maladies neurologiques…) et traitements (opiacés) favorisant une constipation. L’objectif : maintenir un transit confortable pour éviter des gênes et des efforts de poussée. Contrairement à ce que l’on pensait, aucune étude ne montre un risque de dépendance à un laxatif.
C’est une crainte fréquente que soulèvent beaucoup de mes patients. Je leur explique qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Le piège est au contraire d’arrêter un laxatif trop tôt et de voir la constipation se réinstaller. Dre Émilie Malezieux, gastro-entérologue au CHU de Montpellier.
Surveillance médicale
« Une surveillance médicale est indispensable au long cours car des effets indésirables sont possibles : par exemple, des troubles ioniques qui favorisent une déshydratation avec les laxatifs stimulants mais aussi les macrogols utilisés de façon excessive », détaille le Dr Higuero.
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