Depuis l'Arrêté du 12 juillet, les préparations à base de codéine sont délivrées exclusivement sur ordonnance. Cette décision de la ministre de la santé, prise sous pression médiatique, n’a pas été préparée avec les médecins généralistes, les pharmaciens, les CSAPA, ou les associations d’usagers. Elle a plongé un grand nombre d’usagers dépendants à la codéine dans le manque et le désarroi, ne pouvant plus aller chercher leurs cachets sans ordonnance. Mais la ministre a été jusqu’à nier le problème.
La mise sous ordonnance de la codéine devait empêcher les ados de consommer leur « lean » (mélange de codéine et de sprite), mais elle a déstabilisé une autre population, adulte et dépendante à la codéine souvent depuis des années. En témoigne Muriel qui l’utilise contre des migraines : « J’ai toujours eu des maux de tête, même gamine. Il y a 7 ou 8 ans, j’appelle SOS médecin pour une migraine qui m’empêche d’aller bosser. Ca m’était déjà arrivé j’avais eu un scanner qui n’avait rien révélé, ma tête est ok. Rien ne me soulage : aspirine, paracétamol, ibuprofène. Ce docteur me prescrit un anti-vomitif et du Dafalgan codéiné. Et enfin je suis soulagée.
Ou encore de The Chesshirecat : « On est très nombreux à se servir de la codéine comme un anxiolytique au quotidien, un ptit coup de pouce qui nous aide dans notre vie de Mr/Mme tout le monde. Je serais intéressé de savoir combien de codéinomanes étaient consommateurs d’autres drogues en parallèle (en excluant tabac et alcool): à mon avis, il y en a peu (je fais partie des peu >>) » ou encore comme Nathaniel : « Mais si, vous savez, cette béquille qui vous permet de supporter le taf en vous disant » ce soir je prendrais ma petite dose de plaisir, alors relativisons ! ». Cette béquille qui vous permet de vous forcer à faire des choses qui vous dérangent. Cette béquille qui vous permet de vous motiver. Cette béquille qui est toujours là, dans votre sac ou votre tiroir. Cette béquille était devenue le point de repère de ma vie. La mise sous ordonnance a bouleversé ces vies.
Sur Psychoactif.org, une plateforme consacrée aux témoignages sur les usages de produits psychoactifs, plus de 3500 posts et témoignages sont arrivés en moins d’un mois. Beaucoup racontent comment leur monde s’écroule. Comme’Anonyme95 : « Salut à tous. Comme toi, La Guêpe, j’ai été contrainte d’arrêter net ma consommation de codé mi juillet. Je tournais à 3 boîtes par jour, rarement moins et parfois plus, depuis 2 ans mais consommation quotidienne depuis 8 à 10 ans. J’ai 42 ans et ce sevrage forcé m’a fait prendre 20 ans. À l’heure actuelle, j’ai encore des douleurs (dos, hanche et jambes). Au départ, j’ai tellement souffert physiquement que je ne pensais à rien d’autre que cette torture associée à une insomnie qui a duré plus de 20 jours : l’enfer. Puis les symptômes se sont amoindris avec le temps et là, le néant, le vide, la quasi absence d’émotion, aucune motivation, aucune envie à l’exception de larver dans mon canapé. Et cette envie de codéine qui ne me quitte que rarement. Je suis sous AD (anti-dépresseurs) depuis 3 semaines, prescrit par le doc du CASPA.
Ou encore comme Dreamyn : « Avec la codéine, j’ai repris mes études, je venais tous les jours au taf, je m’étais remise à faire du sport. Je faisais du karaté deux à trois fois par semaine et les jours d’entraînement, je ne prenais rien pendant la journée puisque je pouvais tenir 24h sans rien avant les premiers symptômes physiques. J’avais une vie « normale ». Maintenant, je deviens incapable de prévoir mes conso, quand je chope je fais des calculs et je me dis c’est bon là je suis tranquille pour 3 jours mais quand je me réveille le lendemain et que je constate ce que j’ai pris la veille, je me dis qu’il faut encore que je trouve un nouveau plan. Je suis souvent trop défoncée pour gérer une vie « normale ». Puis, courir les médecins c’est beaucoup plus chronophage et plus énergivore que de courir les pharmacies.
Ou comme Elisa777 : « Migraineuse j’ai toujours consommé épisodiquement de la codéine mais vers 2014 elle a commencé à s’imposer à moi comme un remède. Après avoir stoppé le xanax seule, sans suivi médical et à vrai dire sans problème de manque, j’étais à nouveau en proie à des attaques de panique, phobie sociale etc. La codéine m’a changé la vie, j’ai mené une vie fabuleusement normale grâce à elle. Aujourd’hui, je me sens attaquée personnellement par cet arrêté. Ces usagers de codéine se sont tournés vers toutes toutes les options légales ou illégales : le sevrage avec passage sous benzodiazépine ou antidépresseurs, l’achat de codéine au marché noir via le deep web, l’achat de codéine en pharmacie en Espagne, le nomadisme médical, le passage au kratom (une plante opiacée qu’on peut acheter sur internet), et même la falsification des ordonnances.
: « Le nomadisme médical m’était inconnu avant l’arrêté du 12/07. « je suis ( enfin j’étais ^^) consommatrice de codéine et occasionnellement de tramadol depuis maintenant 3 années environ jusqu’à ce que cette chère Agnès vienne foutre le dawa dans ma vie !! Jusqu’ici je n’emmerdais personne ( peut être le pharmacien de temps en temps lol ) je prenais mes deux petits cachetons de codéine bien docilement matin midi et soir et Tout allait bien dans le meilleur des mondes pour moi ! Nous avons accueilli tranquilou notre troisième enfant en debut d’année ( merci la cod pour m’avoir aidé a traverser les nuits blanches les crises de pré ado etc etc) et puis du coup du jour au lendemain L’HORREUUUUUR à la maison !
Mais en pleine période des congés d’été, les CSAPA n’ont pas toujours pu anticiper les conséquences de la mesure : en sous effectifs médicaux, ils ont renvoyé les rendez-vous à fin août, laissant les usagers sans rien. Ce manque de disponibilité a été accentué par les préjugés sur les TSO, vus comme des « molécules extrêmes des drogués de l’enfer » et la difficulté pour des personnes non étiquetées « tox » de reconnaître leur addiction . Lepeapothem évoque ce que serait pour elle d’aller en CSAPA : « Je pense que se serait d’accepter le fait que j’ai « un problème » et puis un peu honte de moi aussi d’être accro !
Cette décision sans concertation des acteurs de la santé communautaire, de l’auto-support et des fédérations de professionnels a des contre-exemples en Australie et au Canada, ou des décisions similaires ont été longuement préparées, avec tous ces acteurs. En Australie, où plus d’un million de personnes utilise la codéine en vente libre, on se prépare à la mise sous ordonnance de la codéine, prévue pour février 2018. Cela fait 18 mois qu’a été mis en place un système de surveillance « MedsASSIST ». Plus de 8,9 millions de transactions ont été enregistrées. Au Canada, le ministère de la santé a organisé une grande consultation sur un projet de réglementation visant à exiger que tous les produits contenant de la codéine ne soient vendus que sur ordonnance. Les Canadiens ont jusqu’au 8 novembre prochain pour faire part de leurs observations à Santé Canada.
Comparé à l’Australie et au Canada, le raté français signe la faiblesse de notre réflexion sur les addictions. Comment a-t-on pu prendre une décision qui bouleverse autant de vies sans interroger les fédérations de professionnels et les acteurs de la santé communautaire ou de l’auto-support ? Pourquoi se limiter aux agences et aux directions des services, quelles que soient leurs qualités ? La stigmatisation de l’addiction rends les addicts peu entendables et la leçon du Sida semble vite oubliée : on décide pour eux et sans eux !
Le ministère de la Santé rend obligatoire la prescription sur ordonnance pour acheter des médicaments contenant de la codéine, dérivé de l’opium. Jusqu'à présent, ces médicaments (des anti-douleurs et des sirops pour la toux) pouvaient être délivrés sans ordonnance s'ils contenaient une quantité de principe actif inférieure à un certain seuil. Sous forme de comprimés ou de sirops, certaines substances codéinées sont vendues entre 2 et 5 euros. Pour les adolescents, c'est une façon simple et économique de se droguer. Dans cette tranche d’âge, la mode du "Purple Drank", cocktails à base de codéine, d’antihistaminique et de soda, est à la hausse.
Le refus de vente était préconisé par l’Agence nationale du médicament (ANSM). Depuis le début de l'année 2017, celle-ci a reçu quatorze signalements d'abus de codéine chez des jeunes. Parmi eux, deux en sont morts et ces chiffres ne reflètent sans doute pas la réalité comme le confiait au Magazine de la Santé Nathalie Richard, directrice adjointe du service Médicaments du système nerveux central à l'ANSM : "Il y a une sous-notification des cas déclarés à l'Agence du médicament.
Non ! Pas possible ! Alors, oui, il y a une nouvelle mode de défonce qui se développe et qui consiste à mélanger médicaments à la codéine et alcool. Vous allez me dire qu’il y a les médecins qui peuvent prescrire, les CAARUD, etc. Pourquoi ? À cause du « Purple Drank » qui est un cocktail à base de SODA, d’antihistaminique et de codéine. Finie l’époque où l’on entrait dans une pharmacie en posant 5,30 euro sur le comptoir, ce qui déclenchait automatiquement l’arrivée d’une boîte de néo-codion sur le dit comptoir. La pratique était pour le moins choquante, puisque les pharmacies pouvaient délivrer une boîte par jour et par patient. En effet, les codéinés en vente libre sont des traitements de substitution de bas seuil. Bien sûr, on fermait les yeux sur ce véritable outil de réduction des risques (RDR) à part entière. Alors, demandez-nous !
Treize spécialités contenant au maximum 20 mg de codéine par comprimé sont accessibles en France sans prescription. 915 questionnaires ont été proposés (seuls 10 % des patients ont refusé) et 407 ont été retournés remplis à l'Inserm. 383 ont été retenus. Sur les 107 patients utilisant le paracétamol, 4 ont été qualifiés de dépendants, puisqu'ils avaient besoin de doses plus élevées que recommandé pour obtenir un effet antalgique. Parmi les autres patients, 19 étaient utilisateurs quotidiens, et 10 d'entre eux depuis plus de 6 mois. Parmi les 118 patients prenant des médicaments sans ordonnance contenant ces 2 principes actifs, 30 (25,4 %) en utilisaient tous les jours, alors que la durée recommandée est normalement de 10 jours.
Par contre, le mésusage était bien plus fréquent : 72,2 % des utilisateurs de doxylamine en consomment tous les jours et 61,5 % depuis 6 mois, alors que la durée recommandée de traitement est de…. 5 jours. Cette étude comporte un biais important, lié à un remplissage du questionnaire dans différentes conditions (directement sur place, en pharmacie, ou à la maison). De plus, les patients utilisant la codéïne ou un anti-H1 sédatif ont rempli, proportionnellement, moins de questionnaires que ceux sous paracétamol seul, ce qui peut sous-estimer les problèmes rencontrés.
Malgré ces biais, cette étude comporte des résultats quantitatifs et qualitatifs intéressants, issus de patients venant de toute la France : les auteurs soulignent en particulier l'importance du nombre de patients semblants dépendants à la codéïne. "Ces résultats montrent qu'une dépendance s'installe effectivement chez de nombreux utilisateurs. Cela pose plusieurs problèmes, explique Anne Roussin interrogée par l'Inserm. D'abord, l'efficacité des antihistaminiques sédatifs a été évaluée sur du court terme et rien ne garantit leur efficacité au-delà de quelques jours ou quelques semaines. Pour les antalgiques codéinés, on sait même qu'au contraire, l'abus ou l'usage persistant contribue à l'installation de céphalées quotidiennes chroniques. Par ailleurs, ces deux types de médicaments entrainent des problèmes de vigilance.
Vers une augmentation des risques liée à une modification des usages ? Une sensibilisation qui pourrait permettre de minimiser les risques, d'autant que les usages à risque pourraient être en augmentation. En effet, le nombre d'utilisateurs de l'association codéine/paracétamol a augmenté de 131% entre 2007 et 2012, comme l'a constaté l'ANSM (voir notre article). Une hausse de la consommation liée, au moins en partie, au retrait du DI-ANTALVIC en mars 2011. - "Réunion du Comité technique de Pharmacovigilance - CT012013033 - Séance du 21 mai 2013". Compte-rendu mis en ligne sur le site de l'ANSM (fichier PDF) le 23 août 2013.
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) met en garde contre les risques de toxicité avec la prise d'Antarène codéine. 27 févr. ; mis à jour le 27 févr. « La codéine est une molécule opiacée, au même titre que la morphine. Elle expose donc à un risque d’abus et de dépendance dont les conséquences sur votre santé peuvent être graves. » L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) alerte dans un communiqué sur les dangers de l’Antarène codéine.Cet antidouleur qui combine ibuprofène et codéine peut, « en cas d’abus et de dépendance », provoquer une toxicité rénale et intestinale.
En France, tous les médicaments contenant de la codéine sont soumis à une prescription médicale obligatoire depuis 2017, mais dans d’autres pays européens, ce médicament est disponible sans ordonnance. Suite aux signalements d’effets indésirables rapportés dans les pays où l’Antarène codéine est disponible sans ordonnance, le comité de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) avait analysé les données de pharmacovigilance, en septembre 2022. Conclusion : l’association codéine-ibuprofène, à des doses supérieures à celles recommandées ou pendant une période prolongée, expose à des atteintes rénales, gastro-intestinales et métaboliques, parfois d’issue fatale, résume le site de référence sur le médicament pour le grand public, Vidal.fr.
En France, l’Antarène codéine est le seul médicament associant de l’ibuprofène et de la codéine. Anti-inflammatoire non stéroïdien : ce qu'il faut savoir Le médicament Antarène codéine contient de l’ibuprofène et de la codéine. Elle consiste à mélanger avec de l’alcool fort des médicaments contenant de la codéine. Le mélange d’un médicament à base de codéine avec de l’alcool fort amplifie encore plus les effets cités et les risques sur la santé. Le décès d’une adolescente de 16 ans en mai 2017 a été le point de départ d’une pétition qui a alerté les pouvoirs publics.
Le risque n’est pourtant pas éliminé. Certains jeunes qui habitent en régions frontalières vont s’approvisionner dans les pays voisins. Autre zone frontalière à s’être alignée sur la France : la Principauté de Monaco. Il faut savoir que le système de santé monégasque n’est pas le même que celui de la France. La codéine est le composant le plus cité lorsqu’on parle du "Purple Drank". Mais d’autres dérivés de l’opium sont également utilisés. Le 17 juillet 2017, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) a publié la liste des médicaments concernés par cette nouvelle disposition.
Certains patients, notamment ceux qui souffrent de fréquentes migraines, ont vivement réagi à cette annonce. En effet, leurs douleurs ne peuvent parfois être soulagées que par les médicaments présents sur cette liste. Leur crainte est de ne plus pouvoir agir rapidement en cas de crise et en l’absence de médicaments. L'interdiction de la vente libre des médicaments contenant de la codéine a eu un impact significatif sur la santé publique en France.
Cette mesure, mise en place par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), vise à réduire les risques liés à l'usage détourné de ces substances. Les effets positifs de cette réglementation incluent :
- Une diminution des cas d'addiction chez les jeunes
- Une baisse des intoxications accidentelles
- Un meilleur contrôle de la consommation de codéine
Cependant, certains experts, comme le Dr. Face à cette restriction, les professionnels de santé ont dû adapter leurs pratiques. Le Pr. Cette évolution dans la prise en charge de la douleur s'inscrit dans un contexte plus large de vigilance accrue vis-à-vis des médicaments. Par ailleurs, cette mesure soulève la question de l'acceptation des traitements alternatifs par les patients.
Pour la codéine par exemple, les spécialités contenant jusqu'à 20 mg de substance active par unité de prise (et jusqu'à 300 mg de quantité totale remise au public) pouvaient être délivrées sans prescription médicale. Au-delà de cette dose, une prescription médicale était nécessaire. Les médicaments inscrits en liste I contiennent des substances "à risques pour la santé". Le renouvellement de ces médicaments est interdit sauf s'il est inscrit sur l'ordonnance. La noscapine est un dérivé opiacé. Elle entre dans la composition d'une seule spécialité antitussive, en association avec un anti-histaminique (prométhazine).
L'éthylmorphine, alcaloïde de l'opium, est uniquement utilisée dans le traitement des toux sèches. Voici les sirops contre la toux qui sont relistés en prescription médicale obligatoire. Pour mémoire, l'inscription en liste II permet le renouvellement de l'ordonnance sans mention spécifique du médecin en ce sens. Comme mentionné ci-dessus, l'usage détourné de codéine n'est pas récent. Mais la consommation s'est déplacée vers une population différente, plus jeune et sans antécédents connus d'addiction (hormis le cannabis), résume l'OFDT.
Les consommateurs s'approvisionnent en pharmacie, sous forme d'achats répétés. Les consommateurs de ces cocktails sont principalement les adolescents (dès 14 ans) et les jeunes adultes. La tranche d'âge 17 - 25 ans représente la population majoritaire. Selon les observations récentes issues du dispositif TREND, il ne semble pas y avoir de profil spécifique en fonction du cursus scolaire. En revanche, contrairement à d'autres drogues, la consommation des cocktails codéinés se fait plutôt dans le cadre de fêtes privées que de grandes soirées festives.
Le fait que ces produits codéinés soient des médicaments éclipse les dangers d'une utilisation inappropriée. A ces dangers liés à la codéine ou ses dérivés s'ajoutent une surexposition à d'autres molécules comme le paracétamol, en raison de l'association de ces substances dans les spécialités. Enfin, 2 adolescents sont décédés début 2017 après avoir consommé un cocktail codéiné. Mais elle impacte aussi les adultes, en particulier ceux qui s'automédiquent pour leurs douleurs, leurs toux. Il serait logique que ces patients consultent un médecin pour une prescription adaptée à leurs besoins, donc cela peut signifier une augmentation des consultations dans les prochaines semaines et mois...
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