Recette et Importance du Sirop 70/30 pour l'Apiculture

L’élaboration du sirop lourd, parfois désigné sous le nom de sirop 2/3-1/3 en apiculture, constitue une étape essentielle pour assurer la survie des colonies d’abeilles durant la saison hivernale. Les abeilles stockent rapidement ce sirop épais, similaire en consistance au miel, en prévision des mois hivernaux.

Préparation du Sirop Lourd (70/30)

Dans un récipient approprié, mélangez 2/3 de sucre avec 1/3 d’eau. Utilisez un fouet pour dissoudre le sucre complètement dans l’eau. Si nécessaire, vous pouvez chauffer légèrement le mélange à feu doux pour faciliter la dissolution. Puis, ajoutez une cuillère à soupe de vinaigre de cidre par kilogramme de sucre. Le vinaigre de cidre ne sert pas à invertir le sucre comme on le lit parfois, mais peut être efficace pour acidifier le sirop et retarder sa fermentation.

Avantages et Inconvénients du Sirop Lourd

Il est important de noter que certains apiculteurs préfèrent ne pas utiliser ce sirop épais, car il demande du temps et peut fatiguer les abeilles, principalement parce que le sucre n’est pas inversé. Néanmoins, il demeure un moyen vital pour s’assurer que les colonies d’abeilles aient un approvisionnement adéquat de nourriture pour traverser sans encombre les mois hivernaux rigoureux.

Alternatives et Compléments au Nourrissement

Vaste sujet que le nourrissement. A quel moment estime-t-on en voir vraiment besoin? Quel sirop choisir? Comment faire son propre sirop? Pourquoi ne pas nourrir avec du miel? Cette liste n'est pas exhaustive.

On peut partir de cette évidence : le sirop n'est pas l'aliment naturel de l'abeille. Malgré tous les efforts possibles pour s'en approcher, le miel est un produit complexe qui ne peut pas être reproduit par l'homme. Malheureusement, si au moyen-âge on trouvait un peu partout des abeilles domestiques dans la nature qui s'en sortaient très bien sans apport de sirop, la situation actuelle est bien différente. L'environnement a radicalement changé, le tout s'accélérant depuis les années 1970, et les ressources, en quantité et en qualité se sont énormément réduites (moins de haies, baisse de biodiversité, parcelles en monocluture, présence de phytosanitaires...etc...). Il vous faudra donc parfois nourrir vos colonies, ou à défaut les laisser mourir de faim.

L'abeille, c'est compliqué. Et l'environnement, c'est compliqué également. Et comme l'abeille dépend de son environnement, le travail de l'apiculteur est deux fois plus compliqué !

Importance de l'Environnement et de la Santé des Abeilles

Les ressources disponibles sont évidemment une des clés pour ne pas avoir à compléter la nourriture de vos colonies. Soyez attentif à l'environnement autour de votre rucher. Listez rapidement ce qui va pouvoir les nourrir dans un rayon d'un kilomètre autour, et jusqu'à trois kilomètres si besoin. N'hésitez pas à utiliser des outils comme BEEGiS (développé par l'ITSAP) ou le Géoportail pour vous faire une idée de ce qui sera disponible. Il est évident qu'une colonie malade ne sera pas assez productive pour subvenir à ses besoins. Soignez-là au plus vite, ou éliminez-là si besoin. Vous devez être très attentif à l'état du couvain, et au dynamisme de la colonie. Il vous faut une bonne reine.

Quand et Comment Nourrir

L'apport de sirop en cours de saison peut être proscrit, sauf mauvais temps exceptionnel, creux de miellée ou création d'essaims. Si votre colonie n'engrange pas assez de miel pour tenir l'hiver, elle devra être éliminée, cette souche n'est pas à garder. La sélection est un moyen très puissant pour limiter le nourrissement, si vous avez des colonies qui engrangent du miel en grande quantité pour l'hiver, et qui ont un bon cycle de ponte, elle sauront gérer leurs ressources. La colonie n'aura pas le temps de récolter assez de miel pour l'hiver si vous récoltez trop tardivement. Ce paramètre peu varier selon l'environnement direct du rucher, il vous faudra étudier la question. En sédentaire, dans le sud de la manche, pour exemple, la récolte se fera fin juillet, début août.

Types de Sirop et Additifs

Vous pouvez acheter votre sirop, ou le bricoler vous même. Favorisez les sucres simples, issues de la betterave ou de la canne à sucre, assimilables plus facilement pour l'abeille. Faire soi-même son sirop est plus économique en deça d'une certaine quantité, mais plus coûteux en temps de travail. Il vous faudra tout simplement du sucre et de l'eau.

Pour un nourrissement d'automne (compléter le miel pour l'hivernage de la colonie), 2 kg de sucre pour un litre d'eau. L'eau chaude du robinet est suffisante en température, ajouter le sucre petit à petit en remuant en permanence... Le sirop est prêt.

J'utilise pour le moment très peu d'additifs (uniquement vinaigre et thym), mais d'autres apiculteurs en sont friands.

  • Le thym : Il semble être efficace pour faciliter l'assimilation du sirop par l'abeille.
  • Argent colloïdal : Permet de lutter contre les virus, les bactéries, les champignons.
  • La propolis : Des apiculteurs argentins disent avoir traité le Varroa et la loque américaine de cette manière.

Le sirop est également une manière d'administrer de l'homéopathie aux abeilles. Mais l'homéopathie étant composée de sucre, on peut considérer que le sirop en contient déjà beaucoup...

Nourrir au miel reste évidemment l'idéal. Mais c'est très difficile à mettre en place. Il m'est arrivé de garder quelques cadres de hausse après la récolte, les mettre de côté pour le nourrissement. Mais la récolte se faisant fin juillet, et le nourrissement fin septembre, voir octobre, il est très difficile de prévoir le nombre de cadres à mettre de côté (j'ai noté un très bon hivernage cette année-là cela dit). Plus on augmente le nombre de ruches, plus l'exercice est compliqué, c'est quasiment impossible pour un professionnel.

Quantité de Miel Nécessaire et Période de Nourrissement

Selon la littérature, pour survivre à l’hiver, une colonie dans sa ruche Dadant 10 cadres à besoin de 4 à 5 pleins cadres de miel, soit environ 12 à 18 kilos (10 kilos pour une ruchette). Si vous ajoutez le poids de la ruche, des abeilles et de la cire, vous obtenez entre 30 et 35 kg. En réalité, j'ai constaté que des colonies hivernaient facilement avec un poids total de 25 kg, parfois moins. Vous n'avez peut-être pas le matériel pour peser. Si vous avez un doute, mieux vaut un peu plus qu'un peu moins. Une ruche nourrie en automne ne doit pas être touchée jusqu'au printemps! Si vous avez bien nourrit.

Le nourrissement peut être réalisé entre le mois de juillet et fin septembre. Il est préférable de l’effectuer le plus tôt possible et de manière échelonnée (tous les deux jours) pour que la transformation et le stockage ne soit pas accompli par les abeilles d’hiver.

En France, de nombreux apiculteurs ne nourissent pas les colonies faibles au mois de septembre considérant que ceci va à l'encontre de la nature. Quatre mois plus tard, ces mêmes apiculteurs donnent du candi à leurs colonies de peur de les perdre. Voilà ce qu’il ne faut surtout pas faire !! Il est préférable de donner un nourrissement suffisant en été pour ne pas avoir à fournir du candi aux colonies l’hiver. Les abeilles d’hiver, qu’il faut absolument "économiser", devraient transformer le saccharose et chercher l'eau pour dissoudre le candi. Je vous conseille de n’utiliser le candi qu’exceptionnellement (voir quand nourrir).

Comparaison des Sirops et Impact sur les Abeilles

On trouve de nombreux sirops dans le commerce. Ils ne se valent pas tous (voir tableau). Les sirops maison fait à partir de saccharose sont long à préparer. Leur pH plus haut et leur potentiel osmotique plus bas les rendent sensibles à la fermentation. Les sirops conduisent aussi à plus de pillage.

Les sirops du commence sont donc à haute teneur en fructose résultat de l'hydrolyse d'amidon de maïs (HFCS) ou de blé. L'amidon est transformé par des produits chimiques (NaOH, HCl) et des bactéries génétiquement modifiées produisant des enzymes comme l'α-amylase, et la glucoamylase, glucose isomerase. Ces sirops sont aussi utilisés dans l'alimentation humaine où ils conduisent à de nombreux problèmes comme le diabète et l'obésité.

Le tableau ci-dessous nous présente les résultats d'une expérience où les abeilles ont été nourries avec différents sirops (1/1) de saccharose, de miel et de raisin (riche en fructose). La LT50 représente le nombre de jours au bout duquel plus de 50% des abeilles sont mortes.

Type de Sirop LT50 (jours)
Saccharose 56,3
Miel 31,3
Raisin (Fructose) Diminution significative de la durée de vie

On peut observer que le saccharose permet une survie plus longue des abeilles : 56,3 jours, contre 31,3 jours pour le miel. Le sirop de raisin conduit à une forte diminution de la durée de vie des abeilles. Il est suspecté de contenir des galactosides toxiques et des sulfures. Les expériences en laboratoire montrent donc, à l’exception du saccharose, que la distribution de divers types de sucres comme le fructose ou le glucose sous forme solide ou dissoute ne convient pas en tant que nourriture. Ces solutions ont écourté la durée de vie des abeilles.

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