Production de Porc en Europe: Chiffres Clés et Tendances Actuelles

La production de viande de porc dans l'UE a connu une légère augmentation au cours des trois premiers mois de l'année par rapport à 2023. La production totale de janvier à mars 2024 s'est établie à 5,42 millions de tonnes, marquant une progression minime de 0,3 % (18 200 tonnes) par rapport à la même période en 2023.

La majorité des gains de production sont venus de la Pologne, qui a connu une croissance de 31 000 tonnes pour atteindre 485 000 tonnes, et de l'Allemagne, en hausse de 10 400 tonnes pour atteindre 1,07 million de tonnes.

Impact des Baisses de Production sur les Exportations

Les baisses de production de l'UE ont limité les possibilités d'exportation, les exportations totales de viande porcine (incluant les abats) ayant chuté de 6 % par rapport à 2023 au cours de l'année écoulée (janvier-avril), pour s'établir à un peu plus de 1,3 million de tonnes. La majeure partie de cette baisse provient de la chute des exportations vers la Chine, qui ont diminué de 83 000 tonnes au cours des quatre premiers mois de 2024, pour s'établir à 363 000 tonnes. D'autres baisses de volume notables ont été enregistrées au Japon, avec 13 200 tonnes de moins en 2024 qu'en 2023.

Les importations de l'UE ont totalisé 46 000 tonnes au cours de cette période en 2024, avec des baisses de volumes en provenance du Royaume-Uni et de la Suisse.

Les Défis Posés par la Peste Porcine Africaine (PPA)

Les récents foyers de PPA en Allemagne continuent de provoquer d'énormes perturbations, des restrictions ayant été imposées aux exploitations agricoles, aux abattoirs et aux boucheries.

Amélioration des Résultats des Exploitations Porcines en 2022

Malgré l’augmentation du prix de l’aliment tout au long de l’année, le prix de vente du porc profite d’une réduction de l’offre européenne. Il permet alors de faire face à l’augmentation des charges. Il est en hausse de plus de 8 cts en un an.

L’augmentation du prix de l’aliment consommé, débutée au second semestre 2021, se poursuit tout au long de l’année 2022. Le prix de l’aliment sur 12 mois passe de 277 € la tonne au premier trimestre à 351 € la tonne au dernier trimestre 2022 (soit + 74 € / t ou + 26 %). Sur cette période, les éleveurs ont vendu leurs porcs charcutiers à 1,656 € le kg de carcasse, soit 14 cts de mieux qu’un an auparavant.

En 2022, la tendance sur le prix de l’aliment est guidée par la baisse de l’offre mondiale de céréales et d’oléagineux à la récolte 2021. La réduction des cheptels en Europe entraine de moindres besoins pour l’alimentation animale. En Europe, les utilisations de céréales pour l’alimentation animale ne captent plus que 52 % des volumes utilisés sur la campagne 2022/23.

Or, malgré une demande chinoise qui s’est fortement contractée en 2022 (baisse des exports européens vers cette destination de 40 %), le prix du porc en France a bénéficié de la déprise des filières nord européennes, suite à l’épisode de fièvre porcine africaine en Allemagne et la moindre croissance de la production espagnole.

Ces écarts de tendance entre les deux principaux indicateurs de conjoncture porcine peuvent mettre ponctuellement en difficulté les producteurs. L’énergie représentait en moyenne 3 % des charges d’une exploitation porcine spécialisée, soit 3 à 4 cts du kg de carcasse.

Si les premiers signes d’une reprise estivale de la consommation européenne se manifestent, l’inflation sur les prix des pièces et de la charcuterie en magasin conditionne les volumes de vente. Les GMS pourraient alors être tentées de s’approvisionner à partir de produits importés moins chers, mettant un peu plus en difficulté les salaisonniers français.

Quant à l’espoir d’une reprise des exportations européennes vers la Chine en 2023, il apparait limité. Malgré un prix de vente du porc au-dessus des deux euros le kilogramme, l’avenir de certains producteurs de porcs reste incertain.

En atelier naisseur engraisseur, la marge brute moyenne se situe à 0,455 € du kg de carcasse produit ou 1 000 € par truie présente. En atelier engraisseur, la marge brute moyenne s’élève à 19 € par porc.

On constate également des écarts conséquents de marges brutes entre quart inférieur et quart supérieur. Malgré une faible augmentation des annuités entre 2021 et 2022, la pression financière décroit pour laisser davantage de revenu disponible aux éleveurs. Celui-ci est principalement utilisé pour financer les stocks supplémentaires et un surcroit d’investissement dans les bâtiments.

La conjoncture porcine de fin d’année 2022 et du premier semestre 2023 plutôt favorable doit permettre d’améliorer encore les fonds de roulement des exploitations, et d’envisager une modernisation des équipements.

La Filière Porcine Française

La filière porcine française représente près de 22 300 entreprises au total : alimentation animale, élevages, abattage /découpe et charcuterie / salaison, distribution. Les éleveurs sont les plus nombreux : ils sont 10 000, dont 8 400 possédant plus de 20 truies. Il s’agit de fermes familiales pour la plupart réunies au sein de coopératives agricoles (90 % de la production).

De plus, la filière française se distingue par les nombreuses recettes de charcuterie : plus de 450, proposées par les 300 entreprises de charcuteries et les milliers d’artisans charcutiers. Avec une moyenne de 214 truies, soit environ 5 000 porcs produits par an, la taille des élevages porcins français est l’une des plus faibles en Europe.

Les élevages de porcs français sont implantés sur des fermes qui se distinguent par leurs surfaces conséquentes : en moyenne 102 ha. Cette vaste étendue de terres présente deux atouts notables : les fermes ont la possibilité de cultiver leurs propres céréales et des protéagineux pour nourrir les porcs sur place.

L'Engagement de la Filière Porcine Française

La filière porcine est engagée dans une démarche de progrès continu en matière de conditions sanitaires et de bien-être animal. La France est en particulier un des deux seuls pays d’Europe à procéder à une anesthésie locale en cas de castration des porcs. Elle a en effet interdit la castration à vif depuis le 1er janvier 2022.

Elle a également réduit l’utilisation des antibiotiques de -58,5 % en 10 ans, de 2011 à 2021, au-delà de la moyenne de l’ensemble des animaux d’élevages, située à 47 %. Mobilisée pour continuer les avancées en la matière, la filière travaille aujourd’hui en étroite collaboration avec le Gouvernement sur le projet de nouvelle réglementation européenne et a même déjà entamé la mise en place des cases liberté pour les truies.

Une généralisation qui prendra du temps et ne sera pas possible sans un accompagnement financier car son coût est évalué à environ 2 milliards d’euros.

Production de viande de porc dans certains pays de l'UE (janvier-mars)

Pays Production (tonnes)
Pologne 485 000
Allemagne 1 07 million

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